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Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah

Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah est un film documentaire québécois réalisé par Catherine Hébert, sorti en 2018[1] - [2] - [3].

Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah
Description de l'image ZIVA POSTEC FR AFFICHE.jpg.
RĂ©alisation Catherine HĂ©bert
Scénario Catherine Hébert
Musique Ramachandra Borcar
Sociétés de production Les Films Camera Oscura
Pays de production Canada (Drapeau du Québec Québec)
Genre documentaire
DurĂ©e 92 minutes
Sortie 2018

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah retrace le travail de la monteuse Ziva Postec qui consacre six annĂ©es de sa vie au film Shoah de Claude Lanzmann, un documentaire d'une durĂ©e exceptionnelle (570 minutes dans sa version française) portant sur l'extermination des Juifs par les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale[2]. La monteuse dĂ©crit non seulement son expĂ©rience, mais les choix qu'elle dĂ»t faire pour Ă©laborer une trame narrative Ă  travers 350 heures d'entrevues filmĂ©es, et ce, sans scĂ©nario ni fil conducteur, si ce n'est quelques pages d'amorce. Ă€ cet Ă©gard, Ziva Postec dĂ©clare avoir bien vite compris qu'il fallait « tout, ou presque tout inventer »[4].

Le documentaire de Catherine Hébert souligne ainsi les nombreuses contributions de Postec à l'œuvre phare de Lanzmann, notamment lorsqu'elle convainc le réalisateur de retourner en Pologne pour filmer les paysages et les lieux hantés par les camps d'extermination nazis afin, dit-elle, « de procurer au film sa respiration particulière et ses interludes de silence qui font que Shoah est bien un film et non une succession de têtes parlantes »[2].

Au-delà de ce travail de montage colossal, Ziva Postec livre des réflexions plus intimes et pourtant, étroitement liées au film-fleuve : de ses origines juives à ses difficultés de concilier travail et famille, en passant par le manque de reconnaissance de Claude Lanzmann et des critiques de l'époque[3] - [4]. En réunissant des préoccupations à la fois personnelles et professionnelles, Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah représente un hommage au métier de monteur.

Fiche technique

Distribution

Distinctions

RĂ©compenses

  • Prix GĂ©meaux 2020 : Meilleur montage dans la catĂ©gorie « affaires publiques et documentaire – Émission »[8]
  • Prix Iris 2020 : Meilleur montage dans la catĂ©gorie « documentaire »[9]

Nominations et sélections

Accueil critique

André Duchesne, journaliste de La Presse écrit : « On dit souvent que le montage d'un film est la troisième écriture, après le scénario et le tournage. Fascinante mise en abyme, ce documentaire, reflet du sens comme de l'essence du cinéma, en est le meilleur témoin »[16]. Élie Castiel, alors rédacteur en chef de la revue Séquences, ajoute « Catherine Hébert démythifie l’exercice du montage en le situant parmi les actes nobles et bien sûr essentiels de la production cinématographique malgré, parfois, les risques encourus »[17].

Analyse

Dans Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah, l'utilisation de multiples travellings et de plans de chemins de fer, également rappelés hors-champs par des environnements sonores ferroviaires, témoignent de l'horreur de la Shoah et en particulier du fait qu'il s'agisse du seul génocide industrialisé de l'Histoire. Mais le documentaire décrit surtout la petite histoire dans la grande en réhabilitant le rôle qu'à joué Ziva Postec dans l'élaboration du film Shoah. À cet égard, la monteuse explique : « Faire le montage de Shoah, était-ce parler pour briser le silence de mes parents ? Leur donner une voix ? Dire pour eux, pour moi, pour ma fille ? Retrouver notre mémoire, l’assumer avec leur déchirure pour pouvoir aller au-delà sans jamais oublier ? Oui assurément, je peux le dire aujourd’hui »[18]. Cette émancipation, rendue possible par le travail de montage évoqué par Postec, se retrouve dans le montage d'Annie Jean qui alterne entre prises de vue réelles et images d'archives, créant ainsi un étrange rapport au temps où les spectres du passé rencontrent ceux du présent[1] - [19].

En filigrane, le documentaire Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah s'interroge quant au devenir des archives, puis qu'en combinant la mémoire de Ziva Postec aux archives du film Shoah, le montage d’Annie Jean leur donne un sens nouveau. À ce sujet, l’historienne Sylvie Lindeperg évoque la « puissance spectrale » des images d’archives afin d'évoquer leur « double temporalité » : « Par cette alliance entre éloignement et proximité, le temps qui nous sépare des images d’archives invite à renouer le dialogue avec ces hommes et ces femmes filmés au seuil de leur mort, passés à l’état de fantômes qui reviennent hanter notre présent »[20].

Autour du film

C'est en 2012, lorsque Catherine HĂ©bert rencontre RĂ©my Besson, chercheur Ă  l'UniversitĂ© de MontrĂ©al sur le point de complĂ©ter son doctorat sur le film Shoah, que l'idĂ©e du documentaire Ă©merge[3]. Lors d'un entretien, la documentariste explique : « RĂ©my m'a expliquĂ© la fabrication de ce film mythique et devenu une rĂ©fĂ©rence. [...] Il avait rencontrĂ© Ziva Postec et s'intĂ©ressait Ă  la relation entre le rĂ©alisateur et la monteuse »[1].

Ziva Postec, la monteuse derrière le film Shoah donne alors à voir des archives inédites tirées des rushes du film Shoah réalisé par Claude Lanzmann. Pour ce faire, Catherine Hébert a pu consulter le fonds d'archives rassemblant les rushes de tournage conservé au musée mémorial de l’Holocauste à Washington[21].

Notes et références

  1. André Lavoie (photogr. Valérian Mazataud), « Catherine Hébert consacre un film à Ziva Postec », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Jean-Philippe Gravel, « Celle qui apporta le cinéma à Lanzmann / Ziva Postec – La Monteuse derrière le film Shoah de Catherine Hébert », Ciné-Bulles, vol. 37, no 2,‎ , p. 53–53 (ISSN 0820-8921 et 1923-3221, lire en ligne, consulté le )
  3. André Duchesne (photogr. Hugo-Sébastien Aubert), « Ziva Postec et Shoah: entre destin et création », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. Ziva Postec et Évelyne Chauvet, « Rencontre avec Ziva Postec : « Comment j’ai monté le film Shoah, par Ziva Postec », suivi d’un entretien avec Évelyne Chauvet », Revue française de psychanalyse, vol. 84, no 4,‎ , p.953 (ISBN 9782130823728, ISSN 0035-2942, lire en ligne)
  5. « Ziva Postec. La monteuse derrière le film Shoah », sur film-documentaire.fr (consulté le )
  6. (fr + en) Rencontres internationales du documentaire de MontrĂ©al, « Programme et horaire » [PDF], sur Rencontres internationales du documentaire de MontrĂ©al, (consultĂ© le )
  7. « Ziva Postec. La monteuse derrière le film Shoah », sur Films Camera Oscura (consulté le )
  8. Académie canadienne du cinéma et de la télévision, « Prix Gémeaux trente-cinquième édition : Liste des lauréats » [PDF] (consulté le )
  9. « Les lauréats des prix Iris 2020 dévoilés », sur Le site officiel du Gala du cinéma québécois (consulté le )
  10. (en) « Ziva Postec. La monteuse derrière le film Shoah », sur Festival international du film de Rotterdam, (consulté le )
  11. (en) « Ziva Postec, The Editor Behind the Film Shoah », sur Jerusalem Film Festival (consulté le )
  12. (en) « Ziva Postec. The Editor Behind the Film Shoah (Ziva Postec. La monteuse derrière le film Shoah) », sur www.edfilmfest.org.uk (consulté le )
  13. (es) « Ziva Postec. La editora detrás de la película Shoah », sur Cinemateca Uruguaya (consulté le )
  14. « JEONJU Intl. Film Festival », sur eng.jiff.or.kr (consulté le )
  15. « Ziva Postec. La monteuse derrière le film Shoah », sur Québec Cinéma (consulté le )
  16. « Ziva Postec...: le sens et l'essence du cinéma ***1/2 », sur La Presse, (consulté le )
  17. www.ixmedia.com, « Ziva Postec : La monteuse derrière le film Shoah « Séquences – La revue de cinéma » (consulté le )
  18. Ziva Postec et Évelyne Chauvet, « Rencontre avec Ziva Postec : « Comment j’ai monté le film Shoah, par Ziva Postec », suivi d’un entretien avec Évelyne Chauvet », Revue française de psychanalyse, Presses Universitaires de France, vol. 84, no 4,‎ , p.943 (ISBN 9782130823728, ISSN 0035-2942, lire en ligne)
  19. Carlos Solano, « ZivaPostec : La monteuse derrière le film Shoah », 24 images,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Sylvie Lindeperg, « La voie des images. Valeur documentaire, puissance spectrale », Cinemas, vol. 24, nos 2-3 « Attrait de l’archive »,‎ , p. 65 (ISSN 1181-6945 et 1705-6500, lire en ligne, consulté le )
  21. Rémy Besson, « Le goût de l’archive : Une image d'archives, c'est une image des archives », Hors Champ,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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