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Vitrocéramique

La vitrocéramique est une céramique constituée de microcristaux dispersés dans une phase vitreuse. Inventé en 1954, c'est un matériau récent comparativement au verre et à la céramique[1]. Cette structure particuliÚre procure aux vitrocéramiques des propriétés qui manquent aux céramiques cristallines comme la résistance aux chocs thermiques. Cela permet leur utilisation pour réaliser des plaques de cuisson ainsi que des miroirs géants pour télescopes.

Miroir primaire segmenté en hexagones du télescope Keck II de l'observatoire W. M. Keck, le miroir est en Zerodur une vitrocéramique développée par Schott AG.
Photographie infrarouge d'une plaque vitrocéramique en Ceran, matériau qui est transparent dans l'infrarouge.

Histoire

DĂ©couverte

Bien que l'idée d'une céramique élaborée à partir d'un verre qu'on fait cristalliser ait été déjà émise en 1739 par René-Antoine Ferchault de Réaumur, les moyens techniques nécessaires et la mise en pratique de ces idées ne virent le jour que plus de deux siÚcles plus tard[2].

De conception bien plus récente que le verre et la céramique, la vitrocéramique a pour origine une expérience ratée de S. Donald Stookey (en), un scientifique de Corning Inc, alors qu'il mettait au point ses expériences de photo-opalisation. En 1954, lors d'un cycle thermique permettant de traiter les plaques de verre opalisées, le four fut mal réglé à cause d'un régulateur de température en panne. La plaque de verre subit une température de 800 °C au lieu de 450[2], et une fois sortie du four, présentait un aspect opaque et une solidité largement supérieure au verre d'origine, la plaque de « vitrocéramique accidentelle » ayant chuté au sol sans se briser[1].

Cette plaque de verre se trouvait ĂȘtre un verre de lithium silicate dans lequel Stookey cherchait Ă  faire prĂ©cipiter des particules d'argent[2]. L'argent prĂ©sent dans le verre servit d'agent de nuclĂ©ation pour faire cristalliser le verre. En menant d'autres recherches, il remarqua que l'argent et les mĂ©taux colloĂŻdaux n'Ă©taient pas de bons agents de nuclĂ©ation[2], au contraire d'autres agents comme les oxydes de titane et de zirconium (TiO2 et ZrO2)[3].

DĂ©finition actuelle

Au cours des 60 derniÚres années, l'évolution de nouveaux modes de traitement du verre et de la céramique et l'apparition d'une pléthore de nouvelles compositions et de nano- et microstructures exotiques ont conduit à revoir la définition de la vitrocéramique : la vitrocéramique est un matériau inorganique et non métallique, préparé par cristallisation contrÎlée de verres via différents procédés de traitement. Ils contiennent au moins un type de phase cristalline fonctionnelle et un verre résiduel. La fraction volumique cristallisée peut varier du ppm à presque 100 %[4].

Fabrication

La vitrocĂ©ramique est obtenue aprĂšs le traitement thermique spĂ©cifique d'une pĂąte de verre spĂ©ciale nommĂ© « verre prĂ©curseur » dans lequel est introduit une faible concentration d'agent de nuclĂ©ation. Les agents doivent ĂȘtre rĂ©partis de la maniĂšre la plus homogĂšne possible de façon que la cristallisation le soit. Le rĂ©sultat est un matĂ©riau partiellement microcristallisĂ© et partiellement vitreux, le type et la configuration des cristaux dĂ©pendant largement de la composition du verre prĂ©curseur[5].

Une méthode plus récente cependant ne consiste plus à céramiser une pùte de verre mais à fritter et à faire cristalliser de la poudre de verre[6].

Verres précurseurs

Les verres prĂ©curseurs peuvent ĂȘtre subdivisĂ©s en plusieurs grandes catĂ©gories, chacune possĂ©dant ses familles et ses propriĂ©tĂ©s particuliĂšres, ces catĂ©gories sont les suivantes : les silicates de mĂ©taux alcalins et de mĂ©taux alcalino-terreux, les aluminosilicates, les fluorosilicates (en), les silicophosphates, la fayalite, des phosphates, des verres de structure similaire Ă  la pĂ©rovskite ou Ă  l'ilmĂ©nite, des ferrites de baryum (en) et des titanates de baryum[7].

Agents de nucléation

Il existe deux types d'agents de nucléation, ou nucléants[5] :

  • des mĂ©taux et des composĂ©s chimiques solubles, Ă  haute tempĂ©rature, dans le verre mais qui prĂ©cipitent lorsque la tempĂ©rature baisse ;
  • des oxydes qui agissent comme sĂ©parateurs de phase, l'interface entre les phases permettant la gĂ©nĂ©ration des cristaux.

Parmi les métaux solubles dans le verre précurseur, on trouve le cuivre, l'or, l'argent et le platine[8].

Applications

Matériel de cuisson en vitrocéramique blanche CorningWare.

Les vitrocĂ©ramiques sont utilisĂ©es dans des domaines extrĂȘmement divers, tous nĂ©cessitant une bonne rĂ©sistance aux chocs thermiques et une dĂ©formabilitĂ© trĂšs faible avec la chaleur.

Les vitrocĂ©ramiques furent trĂšs rapidement utilisĂ©es, un Ă  deux ans aprĂšs leur dĂ©couverte. Le Pyroceram (en), de Corning Glass Works, fut une vitrocĂ©ramique utilisĂ©e pour le radĂŽme d'un missile balistique. Le verre prĂ©curseur du Pyroceram est un eutectique du systĂšme ternaire MgO, Al2O3, SiO2, auquel on a ajoutĂ© de l'oxyde de titane comme agent de nuclĂ©ation, formant une vitrocĂ©ramique essentiellement composĂ©e de cordiĂ©rite (2 MgO, 2Al2O3, 5SiO2) avec un coefficient de dilatation thermique de 26 Ă— 10−7 K−1, des pertes diĂ©lectriques trĂšs faibles et une bonne rĂ©sistance Ă  l'abrasion[9].

Les vitrocĂ©ramiques CorningWare furent dĂ©veloppĂ©es vers la mĂȘme Ă©poque pour une utilisation en tant qu'ustensile de cuisine. Sous la forme de vaisselle blanche, cette vitrocĂ©ramique est basĂ©e sur le systĂšme ternaire LiO2, Al2O3, SiO2 dit « LAS »[9] sous la forme de ÎČ-spodumĂšne (LiO2 Al2O3 4SiO2)[10].

Notes et références

  1. J. M. Haussonne et al. 2005, p. 274
  2. Höland et Beall 2012, p. xvii
  3. J. M. Haussonne et al. 2005, p. 275
  4. (en) J. Deubener, M. Allix, M. J. Davis, A. Duran, T.Höche et al., « Updated definition of glass-ceramics », Journal of Non-Crystalline Solids, vol. 501,‎ , p. 3-10 (DOI 10.1016/j.jnoncrysol.2018.01.033).
  5. J. L. Barton et C. Guillemet 2005, p. 183
  6. Höland et Beall 2012, p. xx
  7. Höland et Beall 2012, p. 75-207
  8. J. L. Barton et C. Guillemet 2005, p. 306
  9. J. L. Barton et C. Guillemet 2005, p. 184
  10. Höland et Beall 2012, p. 269

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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