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Viticulture en Argentine

La viticulture en Argentine est originaire d'Espagne. En 1557, pendant la colonisation des Amériques, un certain Juan Cedrón (ou Cidrón) apporta les premiers ceps de vigne à Santiago del Estero, et la culture du raisin ainsi que la production de vin commença dans les environs, puis s'étendit progressivement à d'autres régions du pays.

La Bodega Tapiz, une des caves situées sur la Ruta del Vino dans la province de Mendoza.

Comme dans beaucoup de pays d'Amérique, elle fut d'abord tentée par des cépages locaux (Vitis labrusca, Vitis rupestris...) qui ne sont pas de la même souche que les cépages européens (Vitis vinifera). Ces cépages locaux donnent au vin un goût foxé (très rude et acide), qui n'est généralement pas très apprécié. Mais, rapidement, les moines franciscains firent venir d'Europe les meilleurs cépages.

Déjà vers le milieu du XIXe siècle, le vignoble était important et il n'a cessé de se développer, même si, de nos jours, les surfaces exploitées sont inférieures à celles des années 1970. Cette diminution est largement compensée par l'augmentation des rendements.

Historique

Vendanges sur hautains en Argentine au XIXe siècle.

Les vignes en hautains, sur espaliers ou en gobelets furent les trois méthodes les plus utilisées en viticulture à Mendoza et à San Juan, dès 1561, date de leurs fondations par les conquérants espagnols, et jusqu'à la modernisation de la viticulture argentine, dans les années 1870. L'étude menée par Pablo Lacoste a révélé que 97 % des ceps ont été cultivés en vignes basses et seulement 3 % en vignes hautes. Dans le premier cas, les trois-quarts étaient conduits en gobelet, pour le quart restant les sarments étaient liés à des tiges de saule et peuplier. Habituellement les cépages noirs étaient conduits en gobelets et les muscats blancs sur espaliers ou sur hautains[1].

Dans les années 1950, le comte français Robert-Jean de Vogüé, président de Moët & Chandon, souhaite développer d'autres activités que le champagne, tout en tirant profit du savoir-faire de la maison. Conscient qu'aucune extension du vignoble n'est possible autour de Reims et Épernay, il se tourne donc vers l'Amérique du Sud. Moët & Chandon choisit l'Argentine, qui possède une tradition viticole, ce qui n'est pas le cas d'autres pays du sous-continent. Invité à Buenos Aires par son neveu, le baron Bertrand de Ladoucette, il remarque que les Argentins des bars populaires boivent du vin blanc, agrémenté d'eau gazeuse et de glaçons. L'entreprise crée alors un mousseux, qui doit à terme concurrencer le champagne. Il ne s'agit pas seulement d'en faire un produit destiné aux célébrations familiales. Le mousseux Moët & Chandon s'immisce ainsi dans le quotidien des Argentins urbains, remplaçant le whisky. Plusieurs déclinaisons du produit sont lancées. En 2021, l'entreprise exploite plus de 500 ha en Argentine[2].

Production

Vin argentin.

De culture europĂ©enne, les Argentins sont des consommateurs de vin. Ils en consomment environ 45 litres par an et par personne. Ils ont rĂ©ussi l'exploit de se hisser au 5e rang mondial des producteurs de vins[3]. NĂ©anmoins, ils n'exportent qu'une petite quantitĂ© de leurs vins (Ă  peine 5 %).

Traditionnellement les viticulteurs argentins ont toujours privilégié la quantité plutôt que la qualité, et le pays consomme actuellement près des trois-quart de sa propre production[4]. Mais le besoin et le désir d'accroître les exportations ont été à la base d'une augmentation significative de la qualité, et les vins argentins ont commencé à s'exporter dès les années 1980 et surtout 1990. Leur renommée se développe fortement.

Actuellement, l'Argentine est le premier producteur sud-américain et le cinquième au niveau mondial, avec plus ou moins 12 millions d'hectolitres produits en 2003. Elle est le treizième exportateur mondial (en 2005) pour un montant de 431 millions de dollars (USD).

Il y a actuellement environ 220 000 hectares cultivĂ©s en vigne en Argentine[5], dont 8 000 hectares utilisĂ©s en raisin de table et raisins secs. Grâce Ă  la faible humiditĂ© de la plupart des rĂ©gions oĂą pousse la vigne, grâce aussi Ă  sa culture en des vallĂ©es Ă©levĂ©es, celle-ci est rarement attaquĂ©e par des insectes ou champignons ou autres maladies de la vigne, comme c'est le cas en d'autres rĂ©gions du monde. Donc, peu ou pas d'emploi de pesticides, ce qui permet d'obtenir des vins de haute qualitĂ© biologique, de plus en plus demandĂ©s par les consommateurs.

RĂ©gions productrices

RĂ©gions productrices d'Argentine.

C'est surtout au pied des Andes, Ă  une altitude comprise entre 800 et 1 700 mètres, que se trouvent les vignobles (bien qu'on en trouve jusqu'Ă  2 500 mètres). Un ingĂ©nieux système d'irrigation composĂ© de canaux et de bassins permet aux vignerons d'irriguer ces plantations.

Les plus importantes régions viticoles se trouvent dans les provinces de Mendoza et San Juan encore dénommées région du Cuyo, ainsi que dans celle de La Rioja.

Les provinces de Salta, Jujuy, Catamarca, Río Negro, Neuquén et Buenos Aires produisent également des raisins et du vin.

La province de Mendoza représente plus de 60 % de la production de vins argentins et est à l'origine de 84 % de leur valeur (pendant le premier trimestre 2006).

À noter que depuis le début des années 2000, on produit des vins blancs fins dans la province de Chubut, ce qui fait de cette dernière la région possédant les vignobles les plus méridionaux du monde.

CĂ©pages

Blancs

  • Les vins blancs en gĂ©nĂ©ral sont chardonnay, torrontĂ©s, sauvignon, chenin, viognier et sĂ©millon.
  • Le vin du cĂ©page TorrontĂ©s peut ĂŞtre du TorrontĂ©s Riojano, TorrontĂ©s Mendocino et TorrontĂ©s Sanjuanino. Le TorrontĂ©s, d'origine espagnole, produit des vins très rafraĂ®chissants, aux arĂ´mes muscatĂ©s, Ă©picĂ©s et d'agrumes rappelant parfois un peu le gewurztraminer.
  • Les vins basĂ©s sur le cĂ©page pedro ximĂ©nez sont produits Ă  Mendoza et Ă  La Rioja.

Rouges

Vins rouges "premium"
  • Les cĂ©pages malbec, bonarda, tempranillo et cabernet sauvignon (en moindre quantitĂ©) sont utilisĂ©s pour les vins rouges "premium" Ă  Mendoza, ce qui reprĂ©sente 25 % de sa production
  • Il y a une production moindre de cabernet/merlot, de variĂ©tĂ©s de pinot noir et de syrah.
  • A San Juan, il y a beaucoup de bons vins de Syrah.
  • Les raisins indigènes criolla grande et cereza sont utilisĂ©s pour 50 % de la production de la province de Mendoza, qui n'est pas exportĂ©e et donne des vins de bas prix et de moindre qualitĂ©.

Photographies

Notes et références

  1. De l'art de cultiver la vigne Ă  Mendoza et San Juan (1561-1869)
  2. Stéphane Reaynaud, « L'épopée argentine de Chandon », Le Figaro, cahier « Le Figaro et vous »,‎ 15-16 mai 2021, p. 30-31 (lire en ligne).
  3. Aude Villiers-Moriamé, « Face à la crise, le vin argentin contraint d'évoluer » Accès payant, sur Les échos, (consulté le )
  4. Flora Genoux, « « On ne peut pas se projeter » : les vignerons argentins pris au piège d’une inflation galopante » Accès payant, sur Le Monde, (consulté le )
  5. Cyril Tissot, Hervé Quenol et Mathias Rouan, « Adaptation de la viticulture argentine à la variabilité climatique : une approche par simulation dans la région de Mendoza », Norois, no 254,‎ , p. 91-108 (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

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