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Violence Ă©conomique

La violence économique se réfère aux actes de contrôle et de monitorage du comportement d’une femme en termes d’utilisation et de distribution de l’argent, avec la pérenne menace de priver des ressources économiques, à travers une exposition débitrice ou en l’empêchant d’avoir un travail et des recettes financières personnelles et d’utiliser ses propres ressources selon sa volonté[1].

La violence contre les femmes est une grave violation des droits de l’Homme. Elle est la cause et l’une des conséquences de l’inégalité entre les femmes et les hommes. Elle trouve son expression privilégiée au sein du couple et se manifeste dans le domaine conjugal[1].

La violence économique aggrave sensiblement la violence conjugale car elle amplifie l’atteinte volontaire à l’intégrité psychologique de l’autre créant ainsi une emprise, un conditionnement dont il est difficile de sortir lorsqu’on en est victime. Elle fait partie de l’héritage patriarcal qui est caractérisé par le déséquilibre des rapports de pouvoirs entre les sexes dans nos sociétés[1].

L’Escalade de la Violence Économique Conjugale

Les diverses enquêtes montrent que la violence économique est présente dans la majorité de cas de violence conjugale. Celle-ci aggrave la situation déjà précaire de la femme et se confirme comme le moyen « le plus commun » de l’exercice du pouvoir masculin dans le rapport de couple. La violence économique est exercée différemment selon les milieux sociaux[1].

Au début de la relation de couple, il n’est pas évident de s’apercevoir des comportements qui peuvent apparaître comme anodins. La violence économique connaît souvent une escalade. Il est possible d’identifier quatre phases :

La première phase concerne le contrôle administratif :

  • Avoir un compte courant joint, avec les signatures disjointes, mais s’occuper en exclusivitĂ© de sa gestion en excluant sa conjointe ou partenaire de tout choix ;
  • Permettre à̀ sa femme ou partenaire d’effectuer Ă  la banque les pratiques ordinaires, mais s’occuper des investissements et des opĂ©rations extraordinaires sans jamais demander son avis ;
  • PrĂ©tendre l’exercice de la procuration, « en accompagnant » la femme dans le dĂ©roulement des activitĂ©s[1].

La deuxième phase correspond au contrôle des ressources et de leur utilisation :

  • ReconnaĂ®tre une rĂ©munĂ©ration pĂ©riodique Ă  sa femme, partenaire ou concubine et exercer un contrĂ´le sur sa gestion ;
  • Exiger des relevĂ©s dĂ©taillĂ©s de chaque frais ;
  • Nier Ă  sa femme ou partenaire l’accès aux comptes courants et Ă  la gestion du budget familial ;
  • Cacher Ă  sa femme, partenaire ou concubine les revenus du foyer[1].

La privation des ressources économiques et de la liberté de choix est à la base de la troisième phase :

  • Donner Ă  sa femme, partenaire ou concubine exclusivement l’argent pour les courses de la famille, de façon hebdomadaire ou mensuelle, et de manière souvent insuffisante ;
  • Ne pas consentir Ă  la femme de faire les courses en lui niant le minimum nĂ©cessaire ;
  • Ne pas fournir les ressources pour les mĂ©dicaments ou les soins mĂ©dicaux ;
  • Faire les achats nĂ©cessaires pour la famille en les dĂ©cidant directement ;
  • L’empĂŞcher d’utiliser les cartes bancaires voire les soustraire Ă  son grĂ©[1].

Enfin, la quatrième phase concerne la violence économique mise en œuvre par la privation et le détournement de ressources économiques où l’auteur d’abus commet des actes illicites tels que :

  • Dilapider le patrimoine Ă  l’insu de la femme ou partenaire ;
  • Obliger ou convaincre la femme Ă  signer des documents sans en expliquer l’utilisation ;
  • Faire accĂ©der la femme aux prĂŞts, mĂŞme de peu intĂ©rĂŞt Ă©conomique, mais contraignants d’un point de vue de la solvabilitĂ© du crĂ©dit ;
  • Faire endetter sa femme, partenaire ou concubine pour les achats de biens qui seront mis au nom du conjoint, partenaire ou concubin ;
  • Faire signer Ă  sa femme, partenaire ou concubine des chèques sans provision ;
  • Faire souscrire Ă  sa femme, partenaire ou concubine des cautionnements Ă  son avantage ;
  • Vider le compte courant en vue de la sĂ©paration[1].

Le mécanisme de contrôle

En général, la violence économique au sein du couple a pour objet de déposséder la victime de toute possibilité d’autonomie financière à travers :

  • Le contrĂ´le total sur l’argent et son utilisation par la femme, mĂŞme quand cette dernière travaille et a des revenus personnels ;
  • La menace permanente de nier l’accès aux ressources Ă©conomiques du foyer ;
  • « L’interdiction de travailler » imposĂ©e par l’homme Ă  la femme[1].

La maltraitance économique souvent ne s’arrête pas avec la séparation et continue quand le conjoint se déclare sans ressources, modifie le revenu à la suite de la conclusion d’un accord pour la pension alimentaire des enfants ou ne contribue pas au bien- être matériel des enfants. Une fois que la victime a été privée de son indépendance économique, elle a un fort sentiment d’infériorité et d’inadaptation pour faire face à ses besoins et à ceux d’autrui[1].

Comment Prévenir la Violence Économique

Identifier les comportements « anormaux » de la part de son conjoint, partenaire ou concubin peut ne pas suffire pour prévenir la violence économique. Il faut être vigilante aussi sur son propre comportement, essayer de connaître des concepts utiles dans la vie quotidienne et mettre en pratique des astuces indispensables pour pouvoir préserver sa dignité de femme et son autonomie financière[1].

Développer et protéger son autonomie économique

  • Ouvrir un compte bancaire individuel Ă  son nom de jeune fille et y verser ses revenus personnels ;
  • Éviter de mettre Ă  disposition de la famille ses revenus globaux ;
  • Ouvrir un compte courant joint avec des signatures disjointes et possĂ©der une carte de crĂ©dit/dĂ©bit Ă  son propre nom ;
  • Souscrire, si possible, des polices d’assurance retraite ;
  • Garder une copie des documents financiers et lĂ©gaux les plus importants[2].

Protéger ses biens personnels et ses revenus, ainsi que le patrimoine familial

  • Éviter de dĂ©lĂ©guer la gestion de ses biens personnels au conjoint, partenaire ou concubin ;
  • ConnaĂ®tre les règles propres aux rĂ©gimes matrimoniaux, leur impact sur le rĂ©gime patrimonial du couple ;
  • ConnaĂ®tre les mesures d’urgence du code civil[2].

Éviter de s’exposer à un surendettement

  • Éviter de contracter des dettes importantes dans les comptes conjoints et/ou personnels ;
  • Éviter de signer des documents proposĂ©s par son « agresseur » sans s’informer sur les consĂ©quences financières et juridiques de ceux-ci[2].

Éviter la mainmise de l’homme sur la gestion des ressources du ménage et sur le patrimoine familial

  • Exiger de partager les choix Ă©conomiques concernant le foyer familial ;
  • VĂ©rifier le niveau exact des revenus familiaux, ainsi que des dĂ©penses[2].

LĂ©gislation

La violence conjugale se manifeste très souvent par cycles d’escalade de tension : agressions psychologiques, verbales, économiques, puis physiques. Pour cette raison, les États adoptent de plus en plus des législations définissant différentes formes de violence, comme celle sexuelle, physique, morale ou psychologique, d’ordre économique, concernant la propriété ou l’héritage. Toutefois, il est nécessaire de mentionner aussi les éventuels aspects négatifs d’un champ d’application si ample. Par exemple, la tutelle que le système judiciaire peut fournir aux victimes de violence psychologique ou économique n’est pas forcément adéquate, ou les preuves sont trop compliquées à apporter pour obtenir une décision juridictionnelle déclarant l’existence de comportements violents.

Union Européeenne

La violence économique est définie comme une forme de violence à l’égard des femmes, à l’article 3 de la Convention d’Istanbul, convention que le Conseil Européen a approuvée en 2011 pour combattre la violence fondée sur le genre, premier instrument international juridiquement contraignant en la matière[3].

L’article 3 définit la violence à l’égard des femmes comme "une violation des droits de l’homme et une forme de discrimination à l’égard des femmes, y compris tous les actes de violence fondés sur le genre qui causent ou sont susceptibles de causer des dommages ou des souffrances de nature physique ou sexuelle, psychologique ou économique, y compris les menaces de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, tant dans la vie publique que dans la vie privée"[3] et la violence domestique comme “tout acte de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique survenant au sein du ménage, ou entre conjoints ou partenaires actuels ou antérieurs, indépendamment du fait que l’auteur de ces actes partage ou ait partagé la même résidence avec la victime”[3].

En particulier, l’article 12 de la Convention prévoit le devoir de “prendre les mesures nécessaires pour promouvoir les changements dans les comportements socioculturels des femmes et des hommes, afin d’éliminer les préjugées, les mœurs, les traditions et toute autre pratique fondée sur l’idée de l’infériorité de la femme ou sur des modèles stéréotypés des rôles des femmes et des hommes”[4].

France

Il n’y a pas de définition juridique des violences économiques dans le couple. Elles ne sont pas définies en tant que telles dans le code pénal et le code civil mais constituent bien des violences.

Les recours pour réparer la violence économique sont de deux ordres : judiciaires et extrajudiciaires. Le code civil offre un éventail de mécanismes juridiques susceptibles de permettre de répondre aux difficultés rencontrées à la suite de la violence économique.

Recours judiciaires : justice civile et justice pénale[2].

Justice Civile

En ce qui concerne la justice civile, il y a deux voies qui peuvent être entreprises. Auprès du Juge aux affaires familiale diverses mesures d’urgence (articles 212 à 226 cc. et article 1070 à 1074 – 1 code de procédure civile) peuvent être engagées contre les dépenses inconsidérées en raison des interdictions i. sans le consentement de l’autre conjoint des actes de disposition sur ses propre biens mobiliers ou immobilier ou sur ceux du couple, ii. de contracter seul des dettes ou de vendre seul des biens immobiliers en cas d’addiction aux jeux d’argent, aux ventes à distance, aux drogues. Par contre, auprès du Juge d’Instance, l’article 215 offre protection du logement de famille tandis que les articles 214 cc. et articles 1069-1 à 1069-6 du NCPC veille sur la contribution aux charges du mariage[2].

Justice PĂ©nale

Pourtant, concernant la justice pénale on peut porter plainte pour l’abandon de famille auprès de la police, de la gendarmerie ou du Procureur de la République. En revanche, la citation directe pour abandon de famille aura lieu auprès du Tribunal correctionnel[2].

Au même temps, il y a aussi des recours extrajudiciaires pour réparer la violence économique : par le biais d’officier ministériels on peut effectuer procédures de paiement directe/saisi sur salaire tandis que par le biais de personnes privées, telles que Banques et Banque de France, il est possible de faire demandes de désolidarisation de crédit et obtenir dossières de surendettement[2].

Références

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