Vaccinium myrtillus
La Myrtille (Vaccinium myrtillus) est un sous-arbrisseau de la famille des ĂricacĂ©es qui produit des fruits Ă©galement appelĂ©s myrtilles, appartenant au groupe des airelles.
La Myrtille est un vigoureux sous-arbrisseau vivace et rampant, de 20 à 60 cm, que l'on trouve en Eurasie et en Amérique du Nord et qui forme des fourrés nains en dressant des rameaux serrés aux tiges vertes à section triangulaire.
Habitats
Elle croĂźt jusqu'Ă 2 500 m d'altitude dans les forĂȘts de conifĂšres, les bois clairs, les landes et les tourbiĂšres, associĂ©e aux plantes acidophiles.
Statuts de protection, menaces
L'espĂšce n'est pas encore Ă©valuĂ©e Ă l'Ă©chelle mondiale par l'UICN. En Europe et en France elle est classĂ©e comme non prĂ©occupante [2]. Toutefois localement l'espĂšce peut se rarĂ©fier : elle est considĂ©rĂ©e Quasi menacĂ©e (NT), proche du seuil des espĂšces menacĂ©es ou qui pourrait ĂȘtre menacĂ©e si des mesures de conservation spĂ©cifiques n'Ă©taient pas prises, dans les rĂ©gions Picardie, Ăles-de-France et Nord-Pas-de-Calais.
DĂ©nominations
Le nom de myrtille, qui dĂ©signe aussi bien le vĂ©gĂ©tal que son fruit, se rapporte Ă l'origine uniquement Ă Vaccinium myrtillus, mais l'appellation de myrtille s'est Ă©tendue Ă d'autres espĂšces, notamment amĂ©ricaines, qui ont pu ĂȘtre dĂ©veloppĂ©es en culture.
La Myrtille commune porte de nombreux autres noms vernaculaires rĂ©gionaux : airelle myrtille, gueule noire, mauret, mouret, brimbelle, raisin des bois, bleuet ou bluet. La plante est parfois appelĂ©e myrtillier ou arbrĂȘtier[3].
Ătymologiquement, la myrtille est un myrte de petite taille, du latin myrtus lui-mĂȘme issu du grec murtos. MalgrĂ© leur vague ressemblance, le myrte et la myrtille n'ont pas de proche parentĂ© biologique.
Description
Les feuilles caduques, de 15 à 40 mm de long, sont ovales, finement dentées, luisantes, vert vif et rougissent en automne.
D'avril à juillet, s'épanouissent les fleurs de 3 à 6 mm de long, campanulées et pendantes, de couleur pùle, rosùtre ou verdùtre, axillaires, solitaires ou réunies par paire. En Belgique, elles sont visitées principalement par des reines de bourdons (Bombus pascuorum, B. cryptarum, B. pratorum, B. lucorum), d'autres hyménoptÚres dont l'abeille domestique et une série de syrphides (Jacquemart, 1993).
Les fruits sont des baies globuleuses de 6 Ă 10 mm de diamĂštre, qui, d'abord vertes, deviennent violettes puis bleu noir.
Liste des sous-espÚces et variétés
Selon Tropicos (29 janvier 2014)[1] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :
- Vaccinium muralis subsp. myrtillus
- Vaccinium myrtillus subsp. dostalii DostĂĄl
- Vaccinium myrtillus subsp. myrtillus
- Vaccinium myrtillus subsp. oreophilum (Rydb.) Ă. Löve, D. Löve & B.M. Kapoor
- Vaccinium myrtillus var. microphyllum Hook.
- Vaccinium myrtillus var. myrtillus
- Vaccinium myrtillus var. oreophilum (Rydb.) Dorn
Histoire
En Ardenne belge, la cueillette et le commerce des myrtilles (Vaccinium myrtillus) étaient couramment pratiqués aux XIXe et XXe siÚcles (Hoyois, 1949-1953).
Les myrtilles étaient destinées à la vente au détail, à la distillerie, à la coloration des vins, à la fabrication de confitures et de pùtisseries. Les villageois en conservaient aussi pour leurs besoins personnels, notamment dans leur pharmacopée en raison de leurs vertus principalement anticolibacillaire, mais aussi circulatoire, antidiabétique et diurétique. Sur ces hauts plateaux, la cueillette des myrtilles commençait la deuxiÚme semaine de juillet et durait un mois. Les baies étaient cueillies par les femmes et les enfants, souvent au moyen de peignes.
DâaprĂšs la tradition orale, la rĂ©colte Ă©tait en moyenne de 50 kilos par jour et par personne (C. Legros, com. pers.). Le produit, vendu en ville, a mĂȘme Ă©tĂ© exportĂ© vers la Grande-Bretagne ; oĂč les fruits fournissaient des produits colorants. Les cours des halles de Londres ou de Manchester Ă©taient communiquĂ©s Ă Zeebruges (Hesmans, 1926).
Le prix des myrtilles variait au cours de la saison et dâune annĂ©e Ă lâautre, suivant lâabondance et la qualitĂ© de la rĂ©colte, la demande du marchĂ© anglais et la concurrence des grossistes. Au XIXe siĂšcle, une cueilleuse pouvait gagner jusquâĂ 25 et 30 francs par jour, Ă©quivalant Ă peu prĂšs au prix de deux jambons fumĂ©s (Courtois, 1828 ; Hoyois, 1949-1953). Quand la vente Ă©tait rentable, il nâĂ©tait pas rare que des hommes quittent leur travail pour aller ainsi « aux myrtilles » (Hesmans, 1926).
La cueillette et le commerce des myrtilles ont cependant disparu progressivement aprÚs les années 1950. Les raisons principales de ce déclin sont la raréfaction des populations de myrtille due aux reboisements en épicéa, qui ne laissent pas filtrer de lumiÚre en suffisance, et l'instauration des congés payés en 1936, qui apportÚrent un supplément de rentrées financiÚres aux salariés, les dispensant peu à peu de ce travail saisonnier (Jacquemart et al., 2008).
Utilisations
Des fruits en alimentation
Les baies, sucrées, sont mangées fraßches ou sont utilisées dans diverses recettes. Leurs propriétés gustatives, nutritionnelles et médicinales sont développées dans l'article sur le fruit.
La confusion accidentelle avec les baies toxiques de Belladone s'est déjà produite[5].
De la plante pour la santé
Les racines et les feuilles contiennent des substances diurétiques, désinfectantes et astringentes et sont utilisées en phytothérapie pour des compresses, bains de pieds, gargarismes ou lotions. Les liens entre la consommation de myrtille et la santé des yeux sont un sujet à controverse. Bien que les derniÚres études de 2005-2006 menées sur 72 puis 59 personnes aient conclu qu'il n'y avait aucun lien à propos de l'amélioration de la vision nocturne ou le temps d'adaptation à l'obscurité (mais cependant une amélioration du temps de récupération aprÚs éblouissement)[6], une nouvelle étude de 2019 (sur 12 individus seulement néanmoins) expose des résultats montrant une amélioration du temps d'adaptation à l'obscurité[7].
Autres utilisations
Les fruits de la myrtille servaient autrefois Ă teindre les vĂȘtements d'une couleur bleu-violet. Ils servaient Ă©galement, particuliĂšrement en Scandinavie Ă teinter le vin.
Myrtille dans la culture populaire
Dans le langage des fleurs, la myrtille signifie que l'on recherche la solitude.
Calendrier
Le 29e jour du mois de germinal dans le calendrier républicain (généralement le 18 avril) est officiellement dénommé jour de la Myrtille[8].
Références
- Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 29 janvier 2014
- MNHN & OFB [Ed]. 2003-présent. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), Site web : https://inpn.mnhn.fr, consulté le 26 décembre 2021.
- « Arbretier ou vaccinium myrtillus », sur homejardin.com (consulté le ).
- « FAOSTAT », sur http://www.fao.org/home/fr/ (consulté le )
- François Couplan, Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Delachaux et Niestlé, , p. 377.
- Wilhelmina Kalt, Jane E. McDonald, Sherry A. E. Fillmore et Francois Tremblay, « Blueberry Effects on Dark Vision and Recovery after Photobleaching: Placebo-Controlled Crossover Studies », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 62, no 46,â , p. 11180â11189 (ISSN 0021-8561, DOI 10.1021/jf503689c, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Yuri Nomi, Keiko Iwasaki-Kurashige et Hitoshi Matsumoto, « Therapeutic Effects of Anthocyanins for Vision and Eye Health », Molecules, vol. 24, no 18,â , p. 3311 (DOI 10.3390/molecules24183311, lire en ligne, consultĂ© le )
- France et Fabre d'Ăglantine, Rapport fait Ă la Convention nationale, dans la sĂ©ance du 3 du second mois de la seconde annĂ©e de la RĂ©publique Française, au nom de la Commission chargĂ©e de la confection du Calendrier, , 31 p. (lire en ligne).
Voir aussi
Biographie
- Hoyois, G. 1949-1953. L'Ardenne et l'Ardennais, l'évolution économique et sociale d'une région. Culture et Civilisation, Bruxelles, 983 p.
- Jacquemart A.-L. 1993. Floral visitors of Vaccinium species in high Ardenne, Belgium. Flora 188: 263-273.
- Jacquemart A.-L., Angenot A., De Sloover JR, Iserentant I. 2008. La réserve naturelle domaniale du plateau des Tailles et ses milieux tourbeux. Approches géographique, historique et biologique. Glain et Salm, 62, 130p.
Articles connexes
Liens externes
Bases taxonomiques
- (en) Référence JSTOR Plants : Vaccinium myrtillus (consulté le )
- (fr) Référence Belles fleurs de France : Vaccinium myrtillus (consulté le )
- (en) Référence Flora of North America : Vaccinium myrtillus (consulté le )
- (en) Référence Flora of China : Vaccinium myrtillus (consulté le )
- (en) Référence GRIN : espÚce Vaccinium myrtillus L. (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Vaccinium myrtillus L. (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Vaccinium myrtillus (taxons inclus) (consulté le )
- (fr) Référence Tela Botanica (France métro) : Vaccinium myrtillus L. (consulté le )
- (en) Référence The Plant List : Vaccinium myrtillus L. (source : Tropicos.org) (consulté le )
- (en) Référence Tropicos : Vaccinium myrtillus L. (+ liste sous-taxons) (consulté le )
Autres liens externes
- Dossier de presse : MarchĂ© de la Myrtille 2013, publication du Parc Naturel RĂ©gional des Monts dâArdĂšche et de l'Association « La Myrtille Sauvage dâArdĂšche »