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ULAS J221728.18+001819.2

ULAS J221728.18+001819.2 (et ULAS J2217+0018) est la galaxie la plus lointaine identifiée grâce au télescope infrarouge du Royaume-Uni, et a été découverte en 2009 avec les données de ce dernier par Bret Lehmer, Sandra Chapman (en) et David Alexander[1]. Elle est située à une distance de 11,1 milliards d'années-lumière[2] dans la constellation du Verseau[3] et elle bat le record de distance, établi grâce à l'UKIRT, de la galaxie ULAS J081445.08+232630.4[4].

ULAS J221728.18+001819.2
Données d’observation
(Époque J2000.0)
Constellation Verseau
Ascension droite (α) 22h 17m 28,18s
Déclinaison (δ) +00° 18′ 19,1″
Décalage vers le rouge 2.44

Localisation dans la constellation : Verseau

(Voir situation dans la constellation : Verseau)
Astrométrie
Distance ∼11,1 milliards d'a.l. (∼3,4 Gpc)
Caractéristiques physiques
Type d'objet Galaxie spirale
Liste des galaxies spirales

Formation et évolution

Pendant une certaine durée après le Big Bang, l'Univers s'est trouvé dans un remarquable état d'homogénéité, comme le montre l'observation du fond diffus cosmologique. Ses fluctuations varient en effet de moins d'une partie pour cent mille. Il n'y avait pas ou peu de structures dans l'Univers, et donc pas de galaxies. On doit alors se demander comment l'univers uniformément réparti du CMB a pu devenir l'univers agglutiné que nous voyons aujourd'hui.

La théorie la mieux acceptée concernant la façon dont ces structures sont apparues veut que toutes les structures à grande échelle de l'Univers que nous observons aujourd'hui se soient formées consécutivement à l'accroissement de la fluctuation primordiale de densité. Il s'agit de changements locaux minimes de la densité de l'univers initial, alors confiné dans un volume réduit. Au fur et à mesure du refroidissement de l'Univers, des agrégats de matière noire ont commencé à se condenser, puis, à l'intérieur, du gaz a commencé sa condensation. Les fluctuations primordiales ont attiré par gravitation le gaz et la matière noire vers les zones les plus denses, ce qui a engendré les graines de ce qui allait plus tard devenir des galaxies. Ces structures ont constitué les premières galaxies. À ce stade, l'Univers était presque exclusivement constitué d'hydrogène, d'hélium et de matière noire. Peu après la formation des premières protogalaxies, l'hydrogène et l'hélium gazeux dont elles étaient constituées commencèrent à se condenser pour constituer les premières étoiles. Ainsi se formèrent les premières galaxies. En 2007, avec le télescope de l'observatoire W. M. Keck, une équipe du California Institute of Technology découvrit 6 étoiles en formation dans une galaxie située à 13,2 milliards d'années-lumière (mesure des distances en cosmologie), et donc créées lorsque l'Univers n'était âgé que de 500 millions d'années[5] - [6].

Dans ses premiers âges, l'Univers était le siège de phénomènes extrêmement violents, et les galaxies crûrent très rapidement, évoluant par accrétion de galaxies de masses inférieures. Le résultat de ce processus est l'empreinte laissée dans la distribution des galaxies de l'Univers proche (voir l'image du relevé 2dF Galaxy Redshift Survey). Les galaxies ne sont pas des objets isolés dans l'espace, mais se distribuent plutôt selon de grands réseaux cosmiques de filaments. Aux endroits où se rencontrent ces filaments, des amas de galaxies denses se constituent, qui ont commencé comme les petites fluctuations de densité. En conséquence, la distribution des galaxies est étroitement liée à la physique de l'Univers primordial.

Malgré ses nombreuses réussites, cette image ne suffit pas à expliquer la variété des structures que nous observons parmi les galaxies. Celles-ci apparaissent avec une grande variété de formes, depuis les galaxies elliptiques arrondies et sans particularité, jusqu'aux galaxies spirales dont la forme aplatie rappelle celles de crêpes[6].

Stade primitif

ULAS J2217+0018 est une galaxie de Wolf-Rayet située à haut décalage vers le rouge, dans une phase primitive de sa vie. Sa distance de 11,1 milliard d'années-lumière, estimée par décalage vers le rouge à partir des données spectroscopique de l'instrument ACIS de l'observatoire de rayons X Chandra, la place après la réionisation, dans la chronologie de l'univers. Dans cette phase de l'univers, les galaxies étaient encore composées en majeure partie de poussière et de jeune étoiles, formées il y a 2 milliards d'années pour les plus veilles. Les étoiles la composant sont des étoiles de population II et de jeunes objets stellaires.

Le fait que ULAS J2217+0018 soit une galaxie de Wolf-Rayet signifie qu'elle est en phase d'importante formation d'étoiles et qu'elle est encore composée de poussière interstellaire, puisqu'elles sont nécessaires à la formation de nouvelles étoiles. Sa morphologie est de type S, signifiant qu'elle est une galaxie spirale, un peu irrégulière[5]. Ce genre de galaxies est nommée "galaxie de Lyman-Break (en)" (Lyman-Break galaxy en anglais et est abrégé en LBG) et elles sont généralement des galaxies irrégulières en raison de nombreux sursauts de formation[7].

De plus, elle est une source de rayons X qui s'apparente à un noyau galactique actif. De ce fait, son étude par des télescopes tels que le XMM-Newton et Chandra offre une perspective intéressante pour observer, l'évolution cosmique des trous noirs supermassifs en phase d'accrétion, les rayons de hautes énergies émanant de galaxies non actives ainsi que l'évolution des gaz chauds dans le milieu interstellaire.

Des observations de Chandra ont aussi montré que ULAS J2217+0018 est un probable membre du protoamas SSA22 (en)[1], un protoamas qui se démarque par sa masse (1015 M☉) et sa densité de galaxies[8]. L'amas étant situé à un décalage vers le rouge de 3.09[1], la galaxie est ainsi située à ~300 millions d'années-lumière du centre de l'amas[2].

De plus, elle pourrait être considérée comme une petite galaxie, puisque sa taille apparente de 0,016 "[9] fait qu'elle mesure ~44 780 années-lumière de diamètre[alpha 1]. Elle peut aussi être considérée comme une galaxie très lumineuse en infrarouge, puisque sa magnitude absolue, dans le proche infrarouge, a été mesurée à -26.72 ± 0.61[9], ce qui se rapproche fortement de la luminosité émie par les quasars[alpha 2]. Sa vitesse par rapport au Soleil est de 191 867 km/s et sa vitesse radiale est de 191 509 km/s[9]. Sa magnitude apparente dans l'optique est mesurée (grâce au télescope Subaru) est de 23.91[3], tandis que sa magnitude apparente infrarouge (mesurée par le Wide-field Infrared Survey Explorer) est de 16.248. Son flux de rayons X est de 7,91−15 erg/s et elle dégage une luminosité X de 1,4536 W soit 3,789 L☉[9].

Galaxie lumineuse en infrarouge

La galaxie NGC 7674, une galaxie lumineuse en infrarouge.

Sa magnitude absolue de -26.72 ± 0.61 (correspondant à une luminosité intrinsèque de 4,1910 L☉[9]) fait qu'elle peut être considérée comme une galaxie lumineuse en infrarouge, même si dans ce cas, elle une galaxie faiblement lumineuse dans cette catégorie de galaxies. L'origine de cette forte luminosité peut provenir de sursauts de formation d'étoiles voire un noyau galactique actif. Cette luminosité est impliquée dans une variété de phénomènes astrophysiques intéressants comme la formation de quasars et de galaxies elliptiques. Les caractéristiques générales de ses galaxies font que ULAS J2217+0018 peut être plongée dans un halo de matière noire ayant une masse d'environ 10 000 milliards de masses solaires[10] - [11].

Distance

Sa distance a été estimée par méthode du décalage vers le rouge[1].

Le décalage vers le rouge (redshift en anglais) est un phénomène astronomique de décalage vers les grandes longueurs d'onde des raies spectrales et de l'ensemble du spectre — ce qui se traduit par un décalage vers le rouge pour le spectre visible — observé parmi les objets astronomiques lointains. Le décalage des raies spectrales des galaxies ou objets dont on mesure se décalage, un simple calcul permet d'estimer la distance nécessaire pour que les raies spectrales soient décalées dans l'infrarouge (pour ULAS J2217+0018) par l'effet Doppler.

Les premières estimations de son décalage vers le rouge ont été effectuées par photométrie avec les données infrarouge du télescope infrarouge du Royaume-Uni. Ses premières estimations ont donné un décalage vers le rouge de 0.64000[9], ce qui équivaut à une distance de 5,5 milliards d'années-lumière[2]. Les estimations par photométrie sont souvent fausses, puisque seule une spectroscopie peut confirmer la distance et le décalage des raies spectrales. La distance de 11,1 milliards d'années-lumière a été estimée par décalage vers le rouge spectroscopique, ce qui signifie que la mesure a été effectuée sur le décalage des raies spectrales de la galaxie. La mesure spectroscopique s'est faite avec le télescope spatial Chandra et son instrument ACIS, lors d'une étude de l'amas de galaxies SSA22 (en), et a donné une valeur de décalage de 2,44[1], qui équivaut à une distance 11,1 milliards d'années-lumière[2].

Notes et références

Notes

  1. On obtient le diamètre d'une galaxie par le produit de la distance qui nous en sépare et de l'angle, exprimé en radian, de sa plus grande dimension.
  2. Les quasars sont réputés pour être les objets célestes les plus lumineux de l'univers.

Références

  1. B. D. Lehmer, D. M. Alexander, S. C. Chapman et Ian Smail, « The Chandra Deep Protocluster Survey: point-source catalogues for a 400-ks observation of the z = 3.09 protocluster in SSA22 », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 400,‎ , p. 299–316 (ISSN 0035-8711, DOI 10.1111/j.1365-2966.2009.15449.x, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « The table below gives light travel times and distances for some sample values of Z », sur lco.global (consulté le )
  3. « Stellarium Web Online Star Map », sur stellarium-web.org (consulté le )
  4. A. Lawrence, A. G. Bruce, C. MacLeod et S. Gezari, « Slow-blue nuclear hypervariables in PanSTARRS-1 », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 463,‎ , p. 296–331 (ISSN 0035-8711, DOI 10.1093/mnras/stw1963, lire en ligne, consulté le )
  5. New Scientist, 14 juillet 2007
  6. BBC News
  7. D. Burgarella, S. Heinis, G. Magdis et R. Auld, « HerMES: Lyman Break Galaxies individually detected at 0.7 < z < 2.0 in GOODS-N with Herschel/SPIRE », The Astrophysical Journal, vol. 734, no 1,‎ , p. L12 (ISSN 2041-8205 et 2041-8213, DOI 10.1088/2041-8205/734/1/L12, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Erik B. Monson, Bret D. Lehmer, Keith Doore et Rafael T. Eufrasio, « On the Nature of AGN and Star Formation Enhancement in the z = 3.1 SSA22 Protocluster: The HST WFC3 IR View », The Astrophysical Journal, vol. 919, no 1,‎ , p. 51 (ISSN 0004-637X et 1538-4357, DOI 10.3847/1538-4357/ac0f84, lire en ligne, consulté le )
  9. « By Name | NASA/IPAC Extragalactic Database », sur ned.ipac.caltech.edu (consulté le )
  10. « Une galaxie qui brille comme 300.000 milliards de Soleils », sur Europe 1, (consulté le ).
  11. Joël Ignasse, « Voici la galaxie la plus lumineuse de l'Univers » Accès limité, sur sciencesetavenir.fr, (consulté le ).

Liens externes

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