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Trois Femmes (film, 1977)

Trois Femmes (3 Women) est un film nord-américain de thriller, mystÚre et drame psychologique expérimenté indépendant sorti en 1977. Réalisée, écrit et produit par Robert Altman le film met en vedette les actrices Shelley Duvall, Sissy Spacek et Janice Rule. L'histoire accompagne le plus en plus bizarre relation entre deux collÚgues de travail et roommates et l'implémentation des deux dans la vie d'une autre femme dans une ville déserte du nord de la Californie.

Trois Femmes
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Desert Hot Springs, un site de tournage extérieur
Titre original 3 Women
RĂ©alisation Robert Altman
Scénario Robert Altman
Musique Gerald Busby (en)
Acteurs principaux
Sociétés de production Lions Gate Film
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Film dramatique
Thriller
Durée 124 min
Sortie 1977

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

La jeune Pinky Rose, arrivĂ©e en Californie depuis le fin fond de sa campagne texane, est engagĂ©e dans le centre thermal de rĂ©adaptation pour troisiĂšme Ăąge dirigĂ© par le docteur Mass et mademoiselle Bunweil. Ils confient son apprentissage Ă  « Millie » Lammoreaux, une autre Texane. C'est une jeune femme trĂšs sophistiquĂ©e qui s’identifie Ă  un svelte iris jaune, couleur qui compose tout son univers (sa garde-robe, son appartement et sa voiture). Millie rĂ©cite Ă  qui veut l’entendre ses trucs et recettes puisĂ©s dans des magazines fĂ©minins, et trouve en Pinky Rose un auditoire attentif et admiratif alors qu’elle vise vainement celui des messieurs-mĂ©decins du centre. Tous les midis, elle va les assommer avec ses palabres dans leur rĂ©fectoire oĂč, un jour, elle appose au tableau d’affichage sa recherche de colocataire (espĂ©rant la candidature d'un mĂ©decin du centre). C'est Pinky qui postule immĂ©diatement.

Fiche technique

  • Titre original : 3 Women
  • Titre français : Trois Femmes
  • RĂ©alisation : Robert Altman
  • ScĂ©nario : Robert Altman
  • Montage : Dennis M. Hill
  • Musique : Gerald Busby (en)
  • Direction artistique : James Dowell Vance
  • DĂ©cors : James Dowell Vance, Shelley Duvall[1]
  • Costumes : Jules Melillo
  • Peintures murales : Bodhi Wind[Note 1], assistĂ© de Dave Margolin
  • Maquillage : Monty Westmore
  • Coiffure : Kaye Pownall
  • Cadrage : John Bailey
  • Effets visuels : J. Allen Highfill (Modern Film Effects)
  • GĂ©nĂ©rique : Dan Perri
  • Son : Chris McLaughlin

Distribution

Production

GenĂšse

American Film Institute[4] : « Robert Altman a rĂȘvĂ© de l'histoire des Trois Femmes Ă  la mi-juillet 1976. À l'Ă©poque, Altman produisait Sissy Spacek dans le film Bienvenue Ă  Los Angeles[Note 2] (1976), et croyait que voir Spacek au quotidien suscitait son rĂȘve. [
] Spacek, interprĂšte de “Pinky”, et Shelley Duvall, celui de “Millie”, figuraient dans le rĂȘve d'Altman telles qu'elles apparaĂźtront finalement dans le film. Peu aprĂšs son rĂȘve. [
] Altman avait Ă©tĂ© intriguĂ© par un “dessin de grotesques crĂ©atures simiesques” vu chez un ami et avait contactĂ© l'artiste Bodhi Wind alors ĂągĂ© de 26 ans. À l'Ă©poque, Wind se dĂ©brouillait en “concevant des jaquettes, des dĂ©cors et des costumes pour des spectacles de rock”. Altman, qui peignait Ă©galement, a commandĂ© Ă  Wind la rĂ©alisation des fresques peintes par Janice Rule (Willie). Wind rapportait que l'histoire initiale d'Altman Ă©tait trĂšs diffĂ©rente de celle rĂ©alisĂ©e : par exemple, Pinky et Millie travaillaient dans un studio de montage plutĂŽt que dans un centre de rĂ©Ă©ducation physique. La seule indication d’Altman Ă  Wind Ă©tait de “rendre ses peintures moins effrayantes”. Wind a commencĂ© Ă  travailler trois semaines avant le dĂ©but des prises de vue et durant un mois dans une “tempĂ©rature de 48 degrĂ©s”[Note 3] sur le lieu de tournage, Palm Springs (Californie). [
] Le film apportait de nouvelles commandes Ă  Wind, notamment une d’Altman pour “des portes en verre dĂ©polies de couleurs et une autre peinture pour piscine”. »

Scénario

American Film Institute[4] : « Altman et les acteurs n’avaient utilisĂ© qu’un “plan dĂ©taillĂ©â€ au cours des six semaines de tournage. Altman a expliquĂ© : “Le film sera scĂ©narisĂ© au fur et Ă  mesure que les scĂšnes seront montĂ©es. Le script final ne sera terminĂ© que lorsque l’image sera terminĂ©e”. Pour assurer le contrĂŽle crĂ©atif de l'Ɠuvre, Altman a lui-mĂȘme financĂ© le budget avec 1,7 million de dollars. »

Tournage

  • Desert Hot Springs : centre de traitement thermal (source chaude Ă  35°) et vues gĂ©nĂ©rales.
  • Chambres de refroidissement, lits de transpiration et baignoires spĂ©cifiques du centre de traitement (carte postale 1930/1945).
    Chambres de refroidissement, lits de transpiration et baignoires spécifiques du centre de traitement (carte postale 1930/1945).
  • Salle des bains d'eau chaude (carte postale 1930/1945).
    Salle des bains d'eau chaude (carte postale 1930/1945).
  • VallĂ©e de Coachella.
  • DĂ©sert de la VallĂ©e de Coachella.
    Désert de la Vallée de Coachella.
  • Palm Springs et Thousand Palms vus du ciel.
    Palm Springs et Thousand Palms vus du ciel.

Promotion

American Film Institute[4] : « James D. Vance [directeur artistique] a rejetĂ© les premiĂšres publicitĂ©s imprimĂ©es qui dĂ©crivaient les trois femmes dans une formation distinctement phallique. Altman a acceptĂ© de repenser le matĂ©riel. Cependant, les affiches du film, qui contenaient Ă©galement l’image phallique, n’ont pas Ă©tĂ© touchĂ©es. »

Accueil

Dans le New York Daily News, le critique Rex Reed (en) critique ce film de Robert Altman, le qualifiant de « rĂȘve arrogant » et de « film rĂ©alisĂ© pour les critiques mais personnes d'autres »[6]. Dans cet article, il compare l'actrice au physique maigre et Ă©lancĂ© Ă  un arbre mais aussi Ă  Olive Oyl[6], rĂŽle qu'elle tiendra dans Popeye (1980) rĂ©alisĂ© par Altman.

  • AllMovie4/5 Ă©toiles[7] - [Note 4] : « Peu de rĂ©alisateurs Ă  part Luis Buñuel ont su faire meilleur usage des rĂȘves au cinĂ©ma que Robert Altman, et Trois Femmes est le film dans lequel il a rĂ©ussi le plus efficacement (de façon saisissante) Ă  capturer la logique brumeuse et les perspectives visuelles dĂ©calĂ©es de l’état inconscient. Shelley Duvall a livrĂ© la meilleure prestation de sa carriĂšre en interprĂ©tant une femme tellement superficielle que les gens se moquent d'elle dans son dos. Sissy Spacek est brillante dans le rĂŽle de Pinky, la fille naĂŻve qui l'adore. Leurs Ă©changes Ă©motionnels au moment oĂč elles commencent Ă  transfĂ©rer leurs identitĂ©s illustrent ce genre d'interprĂ©tations risquĂ©es, mais Altman sait tirer le meilleur de ses acteurs. La partition discrĂštement troublante et discordante de Gerald Busby (en) et l'illustration surrĂ©aliste de Bodhi Wind [artiste peintre de la fresque][Note 5] - [8] constituent un fond sonore et visuel tout Ă  fait appropriĂ©, tandis que la photographie de Charles Rosher Jr. superpose les images dans des labyrinthes enivrants de jaune et de bleu. [
] La conclusion de Trois Femmes est Ă  la fois vague et provocante — avons-nous Ă©tĂ© tĂ©moins des consĂ©quences d’une tragĂ©die, d’une descente dans la folie ou d’une passe d'armes discrĂšte, mais dĂ©fiante ? Altman ne le dit pas, mais on peut regarder Trois Femmes de plusieurs maniĂšres et toujours ĂȘtre convaincu que c'est la rĂ©sultante d'une vision singuliĂšre et du pouvoir Ă©motionnel de l'un des cinĂ©astes amĂ©ricains les plus douĂ©s de sa gĂ©nĂ©ration. »
  • Critikat[9] : « De cette plongĂ©e dans les abĂźmes de la schizophrĂ©nie, qui Ă©vite toute justification psychanalytique pour naviguer avec ambiguĂŻtĂ© dans une rĂ©solution symbolique Ă©minemment plus dĂ©rangeante, Altman tire un film puissant qui Ă©chappe avec habiletĂ© aux analyses Ă  l’emporte-piĂšce. ExpĂ©rience Ă  la fois mentale et sensorielle, Trois Femmes ne se laisse pas apprivoiser facilement, et encore moins rĂ©sumer en quelques lignes : on ne dira presque rien de la troisiĂšme femme et de son rĂŽle dans le film, Ă  la fois le personnage le moins Ă©vident et peut-ĂȘtre le plus important, tant il se dĂ©finit comme la matrice de l’Ɠuvre en devenir que sont Ă  la fois le film et les deux autres hĂ©roĂŻnes. Loin d’ĂȘtre une machine hollywoodienne reposant sur des ressorts faciles, Trois Femmes est plutĂŽt l’un de ces trĂ©sors cachĂ©s du nouvel Hollywood des annĂ©es 1970, une expĂ©rience cinĂ©matographique peu commune qui hante longtemps aprĂšs la projection. Et qui donne Ă  voir un visage mĂ©connu de son auteur. »
  • Film de Culte[10] : « Trois Femmes est venu Ă  son rĂ©alisateur en rĂȘves. Pas Ă©tonnant donc de le voir baigner dans cet irradiant onirisme, cette douceur engourdie, culminant dans une fascinante scĂšne de rĂȘve qui est l'aboutissement logique de ce film de songes. Le rĂȘve ouvre une porte dans Trois Femmes. AprĂšs ce rĂȘve, une ellipse, puis un dĂ©nouement Ă©nigmatique ouvert Ă  de multiples interprĂ©tations. Une fois cette porte franchie, le gynĂ©cĂ©e suggĂ©rĂ© dans la premiĂšre partie du film se concrĂ©tise : clan reconstituĂ© autour de peintures de dieux et dĂ©esses tandis qu'Ă  l'extĂ©rieur, on s’entraĂźne Ă  tirer. Pas un gynĂ©cĂ©e de bonnes femmes sages et disciplinĂ©es. Trois Femmes, film d'eau, enjĂŽle et berce. DĂšs ses premiers instants oĂč l'image, jaune, ensoleillĂ©e, est envahie par l'eau bleue. Un liquide amniotique jungien dans lequel on s'immerge, courant de l'inconscient qui finit en un violent ressac par submerger le rĂ©cit. L'influence revendiquĂ©e de Trois Femmes est Persona d'Ingmar Bergman, film oĂč, Ă  l'image, les visages des deux personnages principaux se rĂ©unissent pour ne faire, littĂ©ralement, plus qu'un. Le glissement identitaire chez Altman est plus secret, faisant de ce Trois Femmes un film d'autant plus ensorcelant. »

RĂ©compenses et distinctions

RĂ©compenses

Nominations

ThĂšmes et contexte

Robert Altman l’a expliquĂ©, il a rĂ©alisĂ© son film Ă  la suite d’un rĂȘve oĂč il a notamment vu ses deux actrices rĂ©unies : Shelley Duvall, Sissy Spacek[1].

Trois femmes larvĂ©es vont s’identifier l’une Ă  l’autre avant de transmuter en entitĂ© pĂšre-mĂšre-enfant. Il ne faut pas chercher plus d’explications et se laisser aller au grĂ© des superbes et sombres images Ă©mergentes d’oniriques remous. On se plaĂźt Ă  regarder les drĂŽles ou bizarres dĂ©ambulations de Millie, Pinky et Willie, tour Ă  tour baignĂ©es par l’eau des piscines et par la poussiĂšre du dĂ©sert, fleurs en bouton ou chrysalides prĂȘtes Ă  s’ouvrir ou bien encore reptiles humanoĂŻdes en recherche d'identitĂ©, tels que Willie les peint inlassablement sur ses longues fresques. Ces ĂȘtres embryonnaires trouveront leur forme dĂ©finitive aprĂšs avoir nĂ©cessairement ingĂ©rĂ©, Ă  l’instar des mantes religieuses, les quelques gĂšnes mĂąles de leur commun et mauvais reproducteur, le peu reluisant Edgar. Finalement, un remarquable travail conjuguĂ© des directeurs photographique et artistique, du compositeur de la musique adĂ©quatement nausĂ©euse et de l’évidente osmose entre Altman et ses actrices. On se souviendra des airs ahuris de Millie passant de l’état floral Ă©vanescent Ă  celui d’humain-chef de famille, de la frĂ©missante rose Pinky passant du stade de femme-enfant Ă  celui de caricature fĂ©minine jusqu'Ă  son Ă©closion en idĂ©ale enfant et de Willie, passant de celui de muette gĂ©nitrice frustrĂ©e Ă  celui de mĂšre caressante et aimante.

Vidéographie

Notes et références

Notes

  1. PrĂ©sumĂ© nĂ© en 1950 [il Ă©tait ĂągĂ© de 26 ans lors de son travail pour Robert Altam en 1976] Ă  Pittsburgh, dĂ©cĂ©dĂ© en 1991 Ă  Londres aprĂšs avoir Ă©tĂ© renversĂ© par un vĂ©hicule. « L’art extraordinaire de Bodhi Wind : Bouddha est devenu cĂ©lĂšbre sous un arbre de Bodhi. C'est le nom pris par l'artiste natif de Pittsburgh qui est tragiquement dĂ©cĂ©dĂ© beaucoup trop tĂŽt, la veille de Thanksgiving en 1991. Si vous avez obtenu votre diplĂŽme de Perry High School, Pittsburgh Public Schools, promotion de 1968, vous l'avez connu sous le nom de Charles Kuklis. Un artiste incroyablement talentueux qui a toujours dessinĂ© et dessinĂ© » (traduction libre de l'anglais par l'Ă©diteur de l'article publiĂ© le sur Rutheh.com.
  2. Film réalisé par Alan Rudolph.
  3. Température en degrés Celsius correspondant à la température indiquée en anglais : « 120 degrés » (Fahrenheit).
  4. Traduction libre de l’anglais par l'Ă©diteur.
  5. « Quand il a rencontrĂ© le rĂ©alisateur pour la premiĂšre fois, M. Wind n'avait jamais vu un film Altman. [
] M. Altman l'a contactĂ© aprĂšs avoir vu chez un ami son dessin de singes grotesques. “C'Ă©tait juste aprĂšs qu'il a fait son rĂȘve”, se souvient M. Wind. “Il a vraiment rĂ©agi au dessin pour ce qu'il y avait de primitif dans son rĂȘve” » (traduction libre de l'anglais par l'Ă©diteur de l'article paru dans The New York Times).

Références

  1. Je est une autre, genÚse du film dans le livret de l'édition combo 2019 (édition Wild Side Vidéo).
  2. CNC, distributeurs du film.
  3. Ciné-Ressources (CinémathÚque française).
  4. (en) Site de l'American Film institure. Traduction libre de l'anglais par l'Ă©diteur.
  5. IMDb Filming & Production.
  6. (en) Rex Reed, « An Arrogant Dream », New York Daily News, vol. 58, no 252,‎ , p. 32 (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Extrait de la critique de Mark Deming.
  8. The New York Times : extrait de l'article paru le , The Man Who Painted Robert Altman's ‘3 Women’ de Jennifer Dunning.
  9. Extrait de la critique publiée le 12 juin 2012, Belles de jour, de Fabien Reyre.
  10. Extrait de la critique Les Jeunes Femmes de l'eau de Nicolas Bardot.

Liens externes

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