Thrombophilie par mutation du facteur V
La thrombophilie par mutation du facteur V (ou rĂ©sistance Ă la protĂ©ine C activĂ©e), gĂ©nĂ©ralement appelĂ©e simplement facteur V Leiden, est la plus frĂ©quente des thrombophilies. La frĂ©quence de cette mutation ponctuelle, Ă lâĂ©tat hĂ©tĂ©rozygote, dans la population europĂ©enne en fait une question de pratique courante. Elle a Ă©tĂ© identifiĂ©e en 1994 Ă Leyde (Pays-Bas) par le professeur R. Bertina et ses collaborateurs[1].
Causes | Maladie génétique |
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SymptÎmes | Tuméfaction et douleur |
Traitement | Anticoagulant |
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Spécialité | Hématologie |
CIM-10 | D68.5 |
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CIM-9 | 289.81 |
OMIM | 188055 |
DiseasesDB | 154 |
MeSH | C095381 |
Mise en garde médicale
Autres noms de la maladie
- Mutation de Leiden
- Mutation du facteur V de Leiden
- Mutation du facteur V de Leiden avec résistance à la protéine C activée
Cause
Normalement, la thrombine convertit le facteur V en sa forme active, laquelle est dégradée par la protéine C activée.
La mutation du gÚne F5 (gÚne codant le facteur V) situé sur le locus q23 du chromosome 1, consistant en la substitution au niveau du nucléotide 1691 d'une guanine par une adénine, aboutit à la synthÚse d'un facteur (dit "facteur V Leiden") résistant à la dégradation par la protéine C activée.
Incidence
La prĂ©valence varie considĂ©rablement selon les populations. Le taux le plus haut est dans la population blanche puisque 5[2] Ă 8 % de cette population serait hĂ©tĂ©rozygote pour cette mutation avec des variations considĂ©rables selon les pays (10 Ă 15 % dâhĂ©tĂ©rozygotes en SuĂšde[3], 2 Ă 3 % en GrĂšce) La prĂ©valence des homozygotes est de 1â5000.
La mutation est trĂšs rare dans les populations noires, asiatiques et les aborigĂšnes australiens[2].
Description
Cette affection entraßne une coagulation du sang plus rapide, ce qui provoque des caillots pouvant conduire à des maladies thrombo-emboliques par thrombose veineuse ou artérielle.
Diagnostic
Clinique
Aucune caractĂ©ristique clinique ne permet dâĂ©voquer le diagnostic de thrombophilie par mutation du facteur V. Le risque de survenue d'une maladie thrombo-embolique est multipliĂ© par quatre[4], et par dix en cas de mutation sur les deux allĂšles[5]. Une personne porteuse de la mutation sur dix fera une complication thrombo-embolique durant sa vie[6]. Ce risque se cumule avec les autres facteurs de risque : une femme porteuse de la mutation et prenant une contraception orale a un risque trente fois supĂ©rieur par rapport Ă une femme ne prenant pas de contraception et indemne de la mutation[7].
La conférence de consensus de 2001 du collÚge américain de génétique clinique recommande la recherche de la mutation dans les cas ci-dessous[8] :
- maladie thrombo-embolique avant 50 ans ;
- une thrombose veineuse sans contexte particulier Ă nâimporte quel Ăąge ;
- maladie thrombo-embolique récurrente ;
- thrombose veineuse de site inhabituel : cérébrale, hépatique, mésentérique, etc.
- maladie thrombo-embolique pendant la grossesse, le post-partum ;
- maladie thrombo-embolique sous contraception orale ou traitement hormonal substitutif ;
- une premiĂšre thrombose avec des antĂ©cĂ©dents familiaux importants de maladie thrombo-embolique (la dĂ©finition dâimportance nâa pas Ă©tĂ© faite).
Les autres manifestations ci-dessous peuvent aussi ĂȘtre prises en compte :
- perte fĆtale inexpliquĂ©e du deuxiĂšme ou troisiĂšme trimestre ;
- grossesse compliquĂ©e de prĂ©-Ă©clampsie, dâhĂ©matome rĂ©tro-placentaire et de retard de croissance intra-utĂ©rin ;
- thrombose chez les femmes prenant du tamoxifĂšne ou un modulateur sĂ©lectif des rĂ©cepteurs aux ĆstrogĂšnes
- femme de moins de 50 ans, fumeuse et faisant un infarctus du myocarde ;
- personne de plus de 50 ans faisant une thrombose en lâabsence de cancer ou de prothĂšse vasculaire ;
- femme dont un des membres de la famille est porteur de la mutation et qui dĂ©sire prendre une contraception orale ou ĂȘtre enceinte ;
- membre dâune famille avec une mutation connue.
Il n'y a pas d'indication Ă rĂ©aliser un dĂ©pistage systĂ©matique dans la population gĂ©nĂ©rale ou avant une grossesse ou avant la prise de contraception orale[9] ou d'un modulateur sĂ©lectif des rĂ©cepteurs aux ĆstrogĂšnes, ainsi que devant une thrombose artĂ©rielle, le risque absolu de complications restant faible.
Biologique
Le test de dĂ©pistage est un test phĂ©notypique qui a la mĂȘme sensibilitĂ© et la spĂ©cificitĂ© que le diagnostic gĂ©nĂ©tique. Le test fonctionnel Ă©valuant la rĂ©sistance plasmatique Ă la protĂ©ine C activĂ©e (RPCA) permet de dĂ©pister plus de 90 % des mutations. Mais il existe quelques limites dans son interprĂ©tation et il ne permet pas de diffĂ©rencier de façon fiable les sujets hĂ©tĂ©rozygotes des homozygotes. Ce test est indiffĂ©rent vis-Ă -vis des traitements anticoagulants en cours[10].
Génétique
La recherche de la mutation par substitution de lâadĂ©nine par la guanine au niveau du nuclĂ©otide 1691 du gĂšne F5 est positif dans 100 % des cas.
Le test le plus simple qui peut ĂȘtre fait est l'utilisation de l'enzyme de restriction MnlI. La mutation se situe au milieu d'un site de coupure de l'enzyme, et donc une simple PCR, un traitement de l'ADN avec MnlI, puis une Ă©lectrophorĂšse fournit un diagnostic rapide.
On peut également utiliser la courbe de fusion en PCR en temps réel. La présence de deux pics différents montrent la présence ou non de la mutation.
En France, il est obligatoire dâinformer le patient de la rĂ©alisation de ce test sur lâADN gĂ©nomique, et de se conformer dans ces circonstances Ă la lĂ©gislation en vigueur.
Diagnostic différentiel
Devant une augmentation de rĂ©sistance Ă la protĂ©ine C activĂ©e doivent ĂȘtre Ă©liminĂ©es :
- un Taux élevé de facteur VIII ;
- une Grossesse ;
- la présence d'un anticoagulant lupique ;
Prise en charge dâune personne porteuse dâune mutation
En cas de dĂ©pistage systĂ©matique, la personne n'ayant aucun antĂ©cĂ©dent de maladie thromboembolique, aucune prĂ©caution particuliĂšre n'est Ă prendre, si ce n'est Ă©viter les autres facteurs de risque (tabagisme, contraception Ćstroprogestative)
En cas de dĂ©pistage Ă la suite d'un premier accident thrombo-embolique (et d'autant plus si les accidents sont rĂ©pĂ©tĂ©s), la durĂ©e de l'anticoagulation par anti-vitamine K (AVK) doit ĂȘtre prolongĂ©e durablement (« Ă vie »). La place des nouveaux anticoagulants oraux n'est, pour l'instant, pas Ă©tablie.
Notes et références
- Bertina RM, Koeleman BP, Koster T et al. Mutation in blood coagulation factor V associated with resistance to activated protein C, Nature, 1994;369:64-7
- Rees DC, Cox M, Clegg JB, World distribution of factor V Leiden, Lancet, 1995;346:1133-4
- Zoller B, Norlund L, Leksell H et al. High prevalence of the FVR506Q mutation causing APC resistance in a region of southern Sweden with a high incidence of venous thrombosis, Thromb Res, 1996;83:475-7
- Simone B, De Stefano V, Leoncini E et al. Risk of venous thromboembolism associated with single and combined effects of Factor V Leiden, Prothrombin 20210A and Methylenetethraydrofolate reductase C677T: a meta-analysis involving over 11,000 cases and 21,000 controls, Eur J Epidemiol, 2013;28:621-47
- Gohil R, Peck G, Sharma P, The genetics of venous thromboembolism. A meta-analysis involving approximately 120,000 cases and 180,000 controls, Thromb Haemost, 2009;102:360-70
- Heit JA, Sobell JL, Li H, Sommer SS, The incidence of venous thromboembolism among Factor V Leiden carriers: a community-based cohort study, J Thromb Haemost, 2005;3:305-11
- Vandenbroucke JP, Koster T, Briet E, Reitsma PH, Bertina RM, Rosendaal FR, Increased risk of venous thrombosis in oral-contraceptive users who are carriers of factor V Leiden mutation, Lancet, 1994;344:1453-7
- conférence de consensus de 2001 du collÚge américain de génétique clinique
- Vandenbroucke JP, van der Meer FJ, Helmerhorst FM, Rosendaal FR, Factor V Leiden: should we screen oral contraceptive users and pregnant women?, BMJ, 1996;313:1127-30
- MacCallum P, Bowles L, Keeling D, Diagnosis and management of heritable thrombophilias, BMJ, 2014;349:g4387
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :