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Thoutmôsis III

Thoutmôsis III ou Djehoutymès III est le sixième pharaon de la XVIIIe dynastie. Manéthon l’appelle Misphragmuthosis[1].

Thoutmôsis III
Image illustrative de l’article Thoutmôsis III
Statue de Thoutmôsis III exposée au musée de Louxor.
Décès
Période Nouvel Empire
Dynastie XVIIIe dynastie
Fonction souverain d'Égypte
Prédécesseur Thoutmôsis II
Hatchepsout
Dates de fonction -1504 à -1452 (selon D. B. Redford)
-1504 à -1450 (selon E. F. Wente, van Siclen)
-1490 à -1436 (selon E. Hornung, R. A. Parker, A. H. Gardiner)
-1479 / -1478 à -1425 (selon J. von Beckerath, le British Museum, J. Málek, N. Grimal, Murnane, D. Arnold, I. Shaw, K. A. Kitchen, R. Krauss, C. Aldred)
-1479 à -1424 (selon A. D. Dodson)
-1467 à -1413 (selon H. W. Helck)
Successeur Amenhotep II
Famille
Grand-père paternel Thoutmôsis Ier
Grand-mère paternelle Moutnofret Ire
Père Thoutmôsis II
Mère Iset
Conjoint Satiâh
Enfant(s) Amenemhat
Deuxième conjoint Mérytrê-Hatchepsout
Enfants avec le 2e conjoint Amenhotep II
Mérytamon
Troisième conjoint Nebtou
Quatrième conjoint Néférourê ?
Fratrie ♀ Néférourê
Sépulture
Nom Tombe KV34
Type Hypogée
Emplacement Vallée des Rois
Objets Sarcophage de quartzite

Devenu le seul pharaon du royaume après la mort de Thoutmôsis II et d'Hatchepsout, il crée le plus grand empire que l'Égypte ait jamais connu ; pas moins de dix-sept campagnes sont menées et il conquiert des terres de la Syrie à la Haute-Nubie.

Lui même meurt en -1425, après cinquante trois années de règne. Les avis sont partagés sur les dates de son règne[2] ; il ne règne seul qu'à partir de la mort d'Hatchepsout en -1458 / -1457.

Généalogie

Djehoutymès, dont « Thoutmôsis » (Θούθμωσις) est la forme hellénisée, est le fils de Thoutmôsis II et d'Iset (ou Aset), une des épouses secondaires de son père. À son avènement, il est encore un jeune enfant, et la régence est exercée par « l’épouse du dieu », sa belle-mère Hatchepsout, qui adopte la titulature et les attributs royaux vers l'an 2 ou 3 du règne. Pendant une vingtaine d'années, Thoutmôsis III est tenu à l'écart. Après la disparition d'Hatchepsout en l'an 21 ou 22 du règne, dans des circonstances inconnues, il obtient enfin la pleine souveraineté et dirige l'Égypte jusqu’à sa mort.

Il épouse Satiâh (ou Sitiah), Mérytrê-Hatchepsout[3], toutes deux Grandes épouses royales, Nebtou et peut-être Néférourê, une fille d’Hatchepsout. Il a deux enfants avec Mérytrê-Hatchepsout : un fils, le futur Amenhotep II, et une fille, Mérytamon.

Règne

À la fin de sa vie, il partage vraisemblablement le pouvoir, de son plein gré cette fois-ci, avec le futur Amenhotep II, fils de la Grande épouse royale Mérytrê-Hatchepsout.

Le roi guerrier

Thoutmôsis III, que l'égyptologue américain James Henry Breasted appela « le Napoléon de l'Égypte antique », reprend la politique de conquêtes de son père et porte le Nouvel Empire à son apogée. Il mène des campagnes en Nubie, où il dépasse la 4e cataracte et en Syro-Palestine, où la bataille et le siège de Megiddo sont les épisodes le plus connus. Au cours de ses seize (ou dix-huit) expéditions militaires en Asie, il aurait capturé 350 cités, soumettant la plupart des territoires à l'ouest de l'Euphrate, qu'il franchit au cours d'une campagne contre le royaume de Mittani. L'événement fut commémoré par une stèle-frontière que le roi fit ériger sur la rive occidentale du fleuve, à côté de celle de son grand-père Thoutmôsis Ier.

Le récit de ces campagnes constitue les « annales de Thoutmôsis III » qui se trouvent sur les murs intérieurs de la chambre abritant le « saint des saints » du grand temple d'Amon à Karnak.

La première campagne asiatique, qu’il mène à la tête de dix mille soldats se situe en l'an 22/23 de son règne (25e jour, 4e mois de la saison Peret, an 22). Elle est entreprise pour écarter la menace que représentait une coalition de princes autour du roi de Qadesh, vassal du roi de Mittani. Thoutmôsis III l’emporte à la bataille de Megiddo. Bien qu'en très net avantage, les Égyptiens ne prennent pas la ville du fait de leur manque d'expérience dans les assauts de cités fortement murées. Thoutmôsis III décide alors d'y mettre le siège en faisant encercler la cité par des fossés. La dernière récolte ayant été confisquée par les Égyptiens, après un siège de sept mois la ville finit par se rendre pour ne pas mourir de faim, sa reddition livrera la Palestine à Thoutmôsis III.

Le roi poursuit alors vers le nord et assujettit le pays (Naharin) jusqu’au Litani. La Syrie est conquise au cours de la VIe campagne, avec la prise de Qadesh. Les ports phéniciens se soumettent un an plus tard, au cours de la VIIe campagne.

En l'an 33 du règne, les guerres d'Asie débouchent sur une confrontation directe avec le Mittani. L'armée transporte des bateaux fluviaux construits à Byblos à travers le désert afin de franchir la barrière constituée par l'Euphrate. Elle atteint le pays de Qatna, près de la ville moderne de Homs, ravage la région de Karkemish, puis traverse le « grand fleuve de Naharina », tandis que l’ennemi mittanien fuit « comme les troupeaux de chèvres de la montagne »[4].

Les campagnes suivantes servent à stabiliser les frontières de l’Égypte sur l’Euphrate, arrêtant par là l’expansion du Mittani. Les cités syro-palestiniennes, gouvernées désormais par des princes dont les enfants avaient été emmenés en otage, conservent une certaine autonomie, mais elles sont soumises au tribut par une administration égyptienne renforcée par des troupes stationnées aux endroits stratégiques.

En Nubie, le roi va au-delà de la 4e cataracte et fait graver sur le Gebel Barkal une autre stèle-frontière, à côté de celle de son illustre aïeul Thoutmôsis Ier.

Les conséquences de cette politique de conquêtes sont un énorme afflux de richesses en Égypte, sous forme de butin de guerre ou de livraisons annuelles. La Palestine et la Syrie envoient du vin, de l'huile, des bovins et des ovins, des chevaux, de l'argent, du cuivre, des pierres précieuses, des armes, des chars, des serviteurs et des princesses pour le harem royal. La Phénicie livre du blé, du cuivre et de l'étain ; elle prête aussi sa flotte pour les opérations militaires. D'Afrique arrive l'or, l'ivoire et l'ébène.

L'Assyrie fournit du lapis-lazuli à titre de « tribut d'hommage » (C. Lalouette), et le Hatti des pierres précieuses. La région de Pount envoie l'encens et la myrrhe.

Au cours de son règne, Thoutmôsis III place l'Égypte au centre d'un vaste empire englobant le pays de Koush et le couloir syro-palestinien. Les contributions des territoires conquis — inou (« ce que l’on apporte ») et bakou (« les produits du travail ») — permettent un vaste programme de construction tout à la gloire d'Amon et de son royal protégé.

On connaît au moins un de ses généraux, le général Djéhouty, à la fois par une coupe en or conservée au Musée du Louvre et par un conte dont le texte est parvenu jusqu'à nous[5] :

Coupe au nom du général Djéhouty (musée du Louvre).

Le roi bâtisseur

Statue en granit du pharaon Thoutmôsis III.

Ce roi guerrier est aussi un grand bâtisseur, à l'instar de ses prédécesseurs. À Karnak, il poursuit les travaux de transformation du temple d'Amon-Rê, qui est richement doté. Il y fait notamment construire l'Akhmenou ou « salle des fêtes ».

« Les taxes perçues comme tributs annuels », avait décidé le roi, « seront destinées aux offrandes divines de mon père Amon. Ma Majesté lui offre de même toutes sortes de richesses en or, argent, lapis-lazuli, turquoise, du cuivre noir, du bronze, du cuivre et de l'étain, des couleurs en très grandes quantités »[6].

Il remplace les sanctuaires en brique du Moyen Empire par des temples en pierre, « le matériau d'éternité ». Son œuvre architecturale est immense : le roi construit en Nubie jusqu'au Gebel Barkal et à Kôm Ombo, à Erment, à Deir el-Bahari (temple funéraire de Thoutmôsis III) et à Médinet Habou à l'ouest de Thèbes, à Esna et à Dendérah, entre autres. Il fait aussi aménager au sud de l'île de Pharos un port maritime que Ramsès II terminera.

Thoutmôsis III tente de surélever certains temples pour les préserver de l'érosion des crues du Nil. Mais dans la 24e année de son règne, il fait construire une bâtisse plus importante, une réplique du temple de Sésostris Ier, l'Akhmenou ou « édifice brillant ». Il reproduit les styles et proportions des temples du Moyen Empire[7].

La chapelle des Ancêtres du roi Thoutmosis III
La chapelle des Ancêtres du roi Thoutmôsis III, vestige du temple d'Amon à Karnak - Louvre. La chapelle des Ancêtres du roi Thoutmôsis III, vestige du temple d'Amon à Karnak - Louvre. La chapelle des Ancêtres du roi Thoutmôsis III, vestige du temple d'Amon à Karnak - Louvre.
La chapelle des Ancêtres du roi Thoutmôsis III, vestige du temple d'Amon à Karnak - Louvre.

Économie

À l'époque de Thoutmôsis III le prix d'un bœuf est d'environ deux onces d'or, c'est toujours aujourd'hui (au cours moyen de l'or) le même ordre de grandeur[8].

Scarabées de Thoutmôsis III

Bague-scarabée de Thoutmôsis III.

Sépulture

Thoutmôsis III meurt le dernier jour du septième mois de sa cinquante-troisième année de règne. Il est inhumé dans la vallée des Rois. Son tombeau (KV34) est l'un des plus vastes de la nécropole : il mesure un peu plus de 76 m de long.

Le superbe sarcophage de quartzite du roi occupe toujours la chambre funéraire. Le décor pariétal de la tombe est constitué principalement de scènes et de textes extraits du livre de l'Amdouat, Le Livre de ce qui se trouve dans l'Autre Monde.

Titulature

Notes et références

  1. Cf. A. H. Gardiner, p. 444.
  2. -1479/-1478 à -1425 selon J. von Beckerath, J. Málek, N. Grimal, Murnane, D. Arnold, I. Shaw, K. A. Kitchen, E. Krauss, C. Aldred
    Autres avis de spécialistes : -1504 à -1452 (D. B. Redford), -1504 à -1450 (E. F. Wente, van Siclen), -1490 à -1436 (E. Hornung, R. A. Parker, A. Gardiner), -1479 à -1424 (A. D. Dodson), -1467 à -1413 (H. W. Helck).
  3. Le nom n’implique pas nécessairement qu’elle soit la fille d’Hatchepsout.
  4. Cf. C. Lalouette, p. 293.
  5. Louvre.
  6. Cf. K. Sethe, p. 743-744).
  7. Fernand Schwarz, « L'initiation des prêtres d'Amon-Ré au temple de Karnak », Pharaon magazine, no 23, .
  8. Alain Maître L’or est-il la monnaie universelle qui nous manque actuellement (R. Mundell) ou n’est-il qu’une relique barbare (Keynes) ? :
    « La démonétisation de l’or au XXe siècle marque une rupture considérable si l’on songe que depuis les grandes civilisations de l’Antiquité le commerce était réglé en or. C’est l’Égypte, riche en métal jaune qui a le moyen d’en faire un étalon monétaire à partir du Moyen-Empire. Sous Thoutmôsis III, il faut 60 grammes d’or pour acheter un bœuf. Au IIe millénaire, l’or est estampillé en Cappadoce, en Assyrie, en Chine et c’est dans le monde hellénisé qu’au VIIe siècle la révolution monétaire est acquise. »
    .

Bibliographie

Ouvrages référencés dans le texte
Autres ouvrages
  • (en) Donald Bruce Redford, The Wars in Syria and Palestine of Thutmose III, Culture and History of the Ancient Near East 16, Leyde, Brill, , 272 p. (ISBN 90-04-12989-8).
  • Peter A. Clayton, Chronicle of the Pharaohs, New York, Thames and Hudson, 1994, 1996, novembre 2006 et janvier 2007 - american university in cairo press, le caire, 2006 (ISBN 978-0-500-05074-3 et 0-500-05074-0) – en français, avec Florence Maruéjol, Chronique des pharaons : L'histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l'Égypte ancienne, Casterman, Paris, 1994 et 1995 –.
  • Florence Maruéjol, Thoutmosis III et la corégence avec Hatchepsout, Paris, Pygmalion, , 478 p. (ISBN 978-2-85704-894-7).
  • Christian Jacq, Pharaon : mon royaume est de ce monde, XO éditions,

Liens externes

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