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Karkemish

Karkemish (appelĂ©e Europus par les Romains) est une ville antique des empires Mitanni et Hittite situĂ©e Ă  la frontiĂšre de la Turquie et de la Syrie actuelles. Durant l’AntiquitĂ©, la ville commandait le principal point de traversĂ©e de l’Euphrate. Cette situation a dĂ» largement contribuer Ă  son importance historique et stratĂ©gique. Elle fut le thĂ©Ăątre d’une importante bataille mentionnĂ©e dans la Bible entre les Babyloniens et les Égyptiens.

Karkemish
Hittite : KargamiĆĄ ; grec : Î•áœ”ÏÏ‰Ï€ÎżÏ‚ ; latin : Europus
Image illustrative de l’article Karkemish
Karkemish (en haut) et les principaux sites de la Syrie du IIe millénaire av. J.-C.
Localisation
Pays Syrie, Turquie
Province Gaziantep
CoordonnĂ©es 36° 49â€Č 47″ nord, 38° 00â€Č 54″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : [[ModĂšle:GĂ©olocalisation/Syrie, Turquie]]
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Karkemish
Karkemish

GĂ©ographie

De nos jours, Karkemish est un ensemble de ruines situĂ©e sur la rive occidentale de l’Euphrate, Ă  environ 1,5 km Ă  l'est de la ville moderne turque de KarkamÄ±ĆŸ, environ 60 km au sud-est de Gaziantep (Turquie) et environ 1,5 km au nord de la ville moderne syrienne de Jerablus, soit 100 km au nord-est d’Alep (Syrie).

Le site est situĂ© de part et d'autre de la frontiĂšre entre la Turquie et la Syrie, et reprĂ©sente une superficie de 55 ha en ce qui concerte la citĂ© basse et l'acropole du cĂŽtĂ© turc et 35 ha pour la citĂ© extĂ©rieure du cĂŽtĂ© syrien. Une base militaire turque a Ă©tĂ© construite sur l’acropole de Karkemish et l’accĂšs au site Ă©tait restreint et minĂ© depuis 1956.

Du cÎté turc, le déminage a été finalisé en 2011 pour permettre de nouvelles fouilles archéologiques, puis l'ouverture au public en juin 2016, à l'exception de l'acropole[1].

Histoire

Fragment d'un orthostate (bas-relief dressé) montrant la déesse Koubaba, protectrice de Karkemish. 1000- Londres, British Museum.

Le site de Karkemish fut occupĂ© dĂšs le NĂ©olithique : des poteries (vers -3000) et des tombes (autour de -2300) ont notamment Ă©tĂ© retrouvĂ©es (Ăąge du bronze). La ville est mentionnĂ©e dans des documents trouvĂ©s dans les archives d’Ebla datant du XXVIIe siĂšcle av. J.-C.. Elle comportait alors une ville basse protĂ©gĂ©e par une enceinte et une acropole qui surplombait l’Euphrate. Au Ier millĂ©naire av. J.-C., une forte extension donne naissance Ă  de nouveaux quartiers qui doublent sa superficie, tĂ©moignant du niveau de son activitĂ© Ă©conomique. Karkemish jouit d’une position stratĂ©gique et commerciale, contrĂŽlant sur l’Euphrate la grande route est-ouest qui longe le piĂ©mont. D’aprĂšs des documents provenant des archives de Mari et Alalakh (vers -1800), Karkemish Ă©tait alors la capitale d'un royaume syrien dirigĂ© par un roi nommĂ© Aplahanda, ainsi qu'un important centre du commerce du bois et de l'Ă©tain. La ville avait notamment signĂ© des traitĂ©s avec Ougarit et Mitanni (Hanilgalbat).

Le pharaon ThoutmĂŽsis Ier (vers -1500) de la XVIIIe dynastie Ă©rigea une stĂšle prĂšs de Karkemish afin de cĂ©lĂ©brer la conquĂȘte de la Syrie et de territoires au-delĂ  de l’Euphrate. La ville fut ensuite dominĂ©e par les Hourrites du Mitanni dĂšs -1560. Vers la fin du rĂšgne du pharaon AkhĂ©naton, en -1354, Karkemish fut capturĂ©e par le roi Suppiluliuma Ier des Hittites (XIVe siĂšcle av. J.-C.). Celui-ci Ă©tablit, pour son fils Piyassilis, un royaume ayant Karkemish pour capitale. La ville devint un des plus importants centres de l’Empire hittite au cours de l'Ăąge du bronze final. AprĂšs la chute de l’empire hittite, Karkemish devint la capitale d’un important royaume nĂ©o-hittite Ă  l’ñge du fer, et un grand centre commercial.

La dĂ©esse protectrice de Karkemish sous les Hittites Ă©tait Koubaba, une divinitĂ© probablement d’origine hourrite. Elle Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par une femme d'allure noble, portant une longue robe, assise ou debout, et tenant un miroir.

Elle tombe entre les mains du roi d’Assyrie Teglath-Phalasar Ier au XIIe siĂšcle av. J.-C., puis semble avoir conservĂ© une position rĂ©gionale importante jusqu’au IXe siĂšcle av. J.-C.. À cette Ă©poque, la ville payait tribut aux rois assyriens Assurnazirpal II et Salmanazar III. Les Assyriens s’appuient sur elle pour rĂ©sister Ă  la pression aramĂ©enne avant de l’annexer en : Sargon II conquit la ville sous le rĂšgne du roi Pisiris, peut-ĂȘtre dans l'optique dans faire une grande capitale assyrienne Ă  l'ouest de l'empire.

Description de Karkémish dans une inscription de Sargon II retrouvée in situ :

"Pisiri, le Karkemishite, a pĂ©chĂ© contre le serment de loyautĂ© prĂȘtĂ© par les grands dieux et a Ă©crit Ă  plusieurs reprises Ă  Mita, roi de Musku, en amitiĂ©, faisant preuve d'outrage. J'ai levĂ© ma main en priĂšre Ă  Assur, mon seigneur, et ensuite, lui, et les membres de son clan - je les ai fait sortir comme prisonniers et les ai montrĂ©s Ă  Assur. L'or, l'argent, avec les possessions de son palais, les Karkemishites coupables qui se tenaient prĂšs de lui, avec leurs biens, je les ai pris comme butin et je les ai emmenĂ©s en Assyrie. J'ai rassemblĂ© 50 chars, 200 chevaux de selle et 3 000 fantassins d'entre eux et ajoutĂ© Ă  mon armĂ©e royale.

[. . .] J'ai installĂ© Ă  Karkemish les gens d'Assyrie (...). J'ai fait reconstruire son rempart et je l'ai Ă©levĂ© plus haut qu'avant [. . .]. J'ai fait descendre les gens de Karkemish du centre de la ville et leur ai fait occuper sa partie arriĂšre. J'y ai amenĂ© un contingent pour renforcer la garde. (...) Je fis habiter les gens qui tirent le joug d'Assur, mon seigneur, dans la rĂ©gion de Karkemish. (...) J'ai empilĂ© de solides dalles de calcaire et je l'ai rendu (un temple ?) aussi solide que l'assise d'une montagne. Au mois de Simanu, un mois favorable, j'ai Ă©tabli ses fondations.
]. Devant ses portes, j'ai Ă©rigĂ© un bÄ«t-áž«ilāni, une rĂ©plique d'un palais Hatti [. . .]. J'ai façonnĂ© des portes en bois [. . .] avec une bande de bronze et je les ai installĂ©es dans leurs portails [. . .] . J'ai fait arrĂȘter l'eau des fossĂ©s d'irrigation et le murmure du courant, en disant « qu'il (= Pisiri) n'irrigue pas ses terres arables ». [. . .] Les prairies luxuriantes de la partie irriguĂ©e ont Ă©tĂ© mises en jachĂšre comme des pĂąturages, elles sont devenues un dĂ©sert. [. . .] Par l'auguste commandement d'Assur, mon seigneur, qui m'a offert en cadeau le pouvoir de rĂ©introduire les pĂąturages abandonnĂ©s et d'amener les terres en friche] [en culture,] (et) pour planter des vergers, [...] massif [... ;] je rendis abondant le murmure du courant dans ses prĂ©s abandonnĂ©s. [. . .] J'ai construit (un rĂ©servoir ?) [. . .] pour que les indigents n'aient pas soif, je l'ai fait gargouiller comme un fossĂ© d'irrigation.

Dans les environs de Karkemish, je mesurais la terre irriguĂ©e ; dans ses environs luxuriants, je faisais pousser le grain en abondance [. . .]. Dans sa campagne, j'entassais du grain dans les greniers en quantitĂ©s dĂ©mesurĂ©es [. . .]. J'ai plantĂ© dans ses environs tous (les types) d'arbres fruitiers] du monde entier, des vignes dignes d'un roi (lit., "digne de la royautĂ©"), le cĂšdre, le cyprĂšs et le genĂ©vrier et j'ai rendu plus doux que l'odeur d'une forĂȘt de cĂšdres le parfum de la ville [. . .]. Les vignes et les plantes aromatiques ont poussĂ© haut, et les gens qui vivent Ă  l'intĂ©rieur reçurent constamment une invitation au bonheur, afin que leur visage soit radieux. [. . .]. Dans le but de [. . .] et d'augmenter la progĂ©niture des troupeaux de bƓufs et de moutons, j'ai ouvert la prairie et fourni de l'eau fraĂźche pour l'irrigation [. . .]. De telles choses permirent aux gens qui vivent Ă  l'intĂ©rieur de s'allonger dans des pĂąturages sĂ»rs et leurs vergers devinrent ornĂ©s de fruits, et leurs champs irriguĂ©s poussaient en abondance."[2]

À l’étĂ© -605 (ou -607 selon les sources), une importante bataille se dĂ©roula Ă  Karkemish entre les armĂ©es babylonienne de Nabuchodonosor II et Ă©gyptienne du pharaon NĂ©kao II (racontĂ©e dans la Bible : JĂ©rĂ©mie 46:2). Le but de NĂ©kao II Ă©tait de contenir les vellĂ©itĂ©s babyloniennes d’expansion vers l’ouest et de couper leurs routes commerciales Ă  travers l’Euphrate. Les Egyptiens furent dĂ©faits par une attaque surprise des Babyloniens et furent repoussĂ©s hors de Syrie. Nabuchodonosor II dĂ©truit la ville. Il fallut attendre l'Ă©poque romaine pour que la ville soit rĂ©occupĂ©e.

Redécouverte et exploration

Wooley et Lawrence Ă  Karkemish en 1913.

Karkemish a toujours Ă©tĂ© bien connue des archĂ©ologues car elle est mentionnĂ©e dans la Bible (JĂ©rĂ©mie 46:2 ; 2 Chr. 35:20 ; ÉsaĂŻe 10:9), ainsi que dans des textes Ă©gyptiens et assyriens. Cependant, son emplacement exact fut seulement dĂ©couvert en 1876 par George Smith. Auparavant, la ville avait Ă©tĂ© confondue avec Circesium, au confluent de la riviĂšre Chebar et de l’Euphrate, et avec Hierapolis de Syrie (Manbij).

Le site fut d’abord fouillĂ© par le British Museum entre 1911 et 1914. L’équipe Ă©tait principalement composĂ©e de D. G. Hogarth, R. C. Thompson, C. L. Woolley, et T. E. Lawrence (Lawrence d’Arabie). Ces expĂ©ditions mirent au jour des restes substantiels des pĂ©riodes assyriennes et nĂ©o-hittites, notamment des structures dĂ©fensives, des temples, des palais et de nombreux statues et bas-reliefs en basalte portant des inscriptions hiĂ©roglyphiques louvites.

Depuis 2011, le site fait l'objet de fouilles conjointes Italo-turques dans le but d'ouvrir le site au public. Les chercheurs de Bologne et d'Istanbul ont notamment découvert une grande stÚle en basalte avec deux griffons, 250 scellements hittites et quelques tablettes d'époque néo-assyriennes, dont une inscription royale inédite de Sargon II[3].

Rois de Karkemish

Fragments de la statue Ă©levĂ©e par le roi Katuwas Ă  Karkemish vers Elle reprĂ©sentait probablement un de ses ancĂȘtres fondateurs de la dynastie de Suhi. Le roi se tenait debout sur un piĂ©destal flanquĂ© de lions. Londres. British Museum.
  • Adni-anda (dĂ©cĂ©dĂ© vers 1786 av. J.-C.)
  • Aplah-anda I (rĂ©gnant de 1786 Ă  1764 approx.), fils d'Adni-anda
  • Yatar-Ami (rĂ©gnant de 1764 Ă  1763 approx.), fils d'Aplah-anda I
  • Yahdun-Lim (rĂ©gnant de 1763 to 1745 approx.), fils de Bin-Ami
  • Aplah-anda II
  • (long intervalle oĂč les sources manquent)
  • Piyassilis, or Sharri-Kushukh, fils de roi hittite Suppiluliuma Ier (installĂ© vers 1315 av. J.-C.)
  • [
]sharruma
  • Sharkhurunuwa
  • Ini-Teshub Ier (vers 1230)
  • Talmi-Teshub (vers 1200)
  • Kuzi-Teshub (vers 1170)
  • Ini-Teshub II (vers )
  • Tudhaliya
  • Sapazitis (vers 1025)
  • Ura-Tarhunzas (vers 1000)
  • Suhis Ier (vers 975)
  • Astuwatamanzas (vers 950)
  • Suhis II (vers 925)
  • Katuwas (vers )
  • Suhis III (vers 890)
  • Sangara (870-)
  • Isarwilamuwa (vers 840)
  • Kuwalanamuwa (vers 835)
  • Astiruwas (vers 830)
  • Yariris (vers 815)
  • Kamanis
  • Sasturas
  • Pisiris, dernier roi, dĂ©fait par Sargon II ().
[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. (en) « Italian and Turkish archaeologists working at Karkemish », sur Orientlab - The Turco-Italian Karkemish Excavation Project (consulté le )
  2. (it) Marchesi, G., « « A New Historical Inscription of Sargon II from Karkemish Â» », Journal of Near Eastern Studies 78,‎ , pp. 1-24
  3. (en) « Italian and Turkish archaeologists working at Karkemish », sur ResearchItaly - Italian and Turkish archaeologists working at Karkemish (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • C. L. Woolley, Carchemish. British Museum (1914–1952).
  • C. W. Ceram, The Secret of the Hittites: The Discovery of an Ancient Empire. Phoenix Press (2001), (ISBN 1-84212-295-9).

Références

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