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Thermonatrite

La thermonatrite est un minéral qui correspond à un carbonate monohydraté naturel de sodium, de formule chimique Na2(CO3) · H2O. Ce minéral assez rare, mais typique des roches évaporites ou des lacs alcalins, de saveur alcaline, apparaît sous forme de cristaux de maille orthorhombique, en efflorescences incolores, transparentes à blanches, parfois grisâtres à jaunâtres, ou encore sous forme de poudres dispersées ou de roche massive dans les dépôts salins des régions désertiques.

Thermonatrite
Catégorie V : carbonates et nitrates[1]
Général
Numéro CAS 5968-11-6
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique CH2Na2O4 Na2(CO3) · H2O
Identification
Masse formulaire[2] 124,0037 ± 0,0021 uma
C 9,69 %, H 1,63 %, Na 37,08 %, O 51,61 %,
Couleur incolore à blanche, gris à jaune, gris jaunâtre suivant impuretés
Classe cristalline et groupe d'espace pyramidale, mm2 ou dipyramidale mmm,
groupe de point 2/m 2/m 2/m,
groupe d'espace Pmmm
Système cristallin orthorhombique
RĂ©seau de Bravais a = 10,72 Ă… ; b = 5,24 Ă… ; c = 6,46 Ă… ; Z = 4 ;V = 362,88 Ă…3
Clivage pauvre Ă  indistinct sur (100), difficile sur ((010)
Habitus croûte massive et protégée, en efflorescence et en incrustation poudreuse
Faciès cristaux aciculaires rares
Échelle de Mohs 1 à 1,5
Trait blanc
Éclat vitreux
Propriétés optiques
Indice de réfraction cristal polyaxe :
nα = 1,420
nβ = 1,506
nÎł = 1,524
Biréfringence Biaxial (-) δ = 0,104
2V = 48° (mesuré)
2V = 46° (calculé)
Pouvoir rotatoire 2E = 80°
Dispersion 2 vz ~ relativement forte
Transparence transparent Ă  translucide
Propriétés chimiques
Masse volumique 2,255 g/cm3
Densité 2,25 à 2,26
Solubilité soluble dans l'eau : 33 g/100 g à 20 °C
Comportement chimique La perte d'eau commence à 100 °C, la soude anhydre n'apparaît qu'entre 150 °C et 200 °C.

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Il peut provenir de la déshydratation thermique du natron ou au contraire de l'humidification par la vapeur d'eau du minéral natrite ou carbonate de sodium anhydre. On le trouve aussi, mais beaucoup plus rarement, en petites veinules dans les roches ignées.

Description et géotype

Le minĂ©ral a Ă©tĂ© dĂ©crit en premier acception officielle de façon minĂ©ralogique par Wilhelm, chevalier de Haidinger en 1845 dans des Ă©chantillons des dĂ©pĂ´ts des fumerolles du VĂ©suve. Il est nommĂ© Thermonatrit par ce chimiste cristallographe parce que ce corps composĂ© se transforme Ă  l'air libre et humide en roche ou minĂ©ral natron ; il le reprĂ©sente ainsi dans des conditions thermiques, au sein de la Terre chaude. Le mot allemand vient des termes grecs scientifiques thermos (chaleur) et natron (le minĂ©ral), avec le suffixe « ite Â». On peut aussi interprĂ©ter cette dĂ©nomination comme le minĂ©ral de stockage produit par la dĂ©shydratation thermique du natron. Notons que le terme chimique français Ă©tait la soude carbonatĂ©e prismatique, correspondant Ă  l'allemand das Prismatisches Natronsalz.

Le minéralogiste allemand Friedrich Mohs avait toutefois décrit en 1825 cette matière-là auparavant, mais sa description avait achoppé sur une apparition de dimorphisme, causée probablement par le dihydrate ou heptahydrate de soude ou de carbonate de sodium. Il cristallise souvent artificiellement avec ce dernier[3].

Le minéral a aussi été décrit par les minéralogistes européens, le Suisse Jean Charles Galissard de Marignac, l'Anglais William Hallowes Miller et le Français Alfred Des Cloizeaux. Le dernier l'a observé à la surface d'une lave volcanique en Guadeloupe.

Propriétés physiques et chimiques

Le minéral naturel Na2CO3 · H2O, de caractéristiques physico-chimiques assez similaires à celles du trona, est fixe et stable à l'air sec. L'analyse chimique pondérale donne en masse 50 % Na2O, 35,5 % CO2 et 14,5 % H2O.

Les cristaux sont parfois assez peu sectiles.

Le minéral fond facilement. Mis en tube fermé et chauffé, un dégagement d'eau issu de la structure minérale se produit, avant un dégagement de gaz carbonique CO2. Chauffé au chalumeau, le minéral très fusible colore la flamme en jaune intense, fait caractéristique indicateur d'ion sodium.

La thermonatrite est très soluble dans l'eau, avec une réaction alcaline. Sa dissolution engendre une eau alcaline. Elle est soluble avec effervescence dans les acides.

Cristaux pseudo-cubiques millimétrique de villiaumite avec revêtement blanc à base de thermonatrite, Carrière Poudrette-Desourdy du Mont Saint-Hilaire, Rouville RCM, Montérégie, Québec.

La thermonatrite ne peut être que le produit de la cristallisation d'une solution aqueuse de carbonate de sodium qu'à une température d'équilibre supérieure à 25 °C.

Cristallochimie et cristallographie

Les faces formées les plus communes sont (110), (120), (201) et (111). Les cristaux artificiels sont souvent allongés sur l'axe c, parfois aplatis suivant (001). Ainsi les fines lamelles cristalline sur (001), également tabulaire sur (010) et toujours allongées sur (100) obtenue au labo.

Le plan des axes optiques et parallèles à (010). La bissectrice aiguë est perpendiculaire à (100).

Gîtologie et gisements

Selon Alfred Lacroix, la thermonatrite est le principal minéral qui se produit par exposition à l'air sec et chaud du natron.

DĂ©pĂ´ts d'Ă©vaporites

Il peut être produit par l’assèchement à l'air chaud des efflorescence du natron. Il se trouve ainsi dans les sols à croûte saline du Soudan. Apparue dans le désert ou au cours de l’assèchement des lacs salins ou alcalins, la thermonatrite ne se présente qu'en masses pulvérulentes et efflorescence. Il s'agit d'un aspect spécifique.

Elle est communément associée au natron, au trona, à la halite.

Gisements abondants ou caractéristiques

  • Australie
Australie du sud
  • Autriche
Mine de sel de Seewinckel, Burgenland
Brixlegg - Rattenberg, vallée de l'Inn, Tyrol
  • Bolivie
Potosi
  • Botswana
  • Canada
Atlin ou district de Clinton, Colombie britannique
Carrière Poudrette, Mont-Saint-Hilaire, Québec
  • Chine
RĂ©gion autonome du Tibet
RĂ©gion autonome du Xingjiang
Mongolie intérieure
  • Chili
  • Égypte
région des lacs natron ou des lacs amers, Memphis
  • États-Unis
Lacs Deep Springs, Keeler et Owens, comté d'Inyo, Lac Searles dans le comté de San Bernardino, dépôt de Koehn dans le comté de Kern et Lac Borax du comté de Lake, Californie
Lac Soda, Vallée San Luis, Alamoso, Colorado
Nevada
Alkali Lake, Oregon
comté d'Okanogan, état de Washington
  • Éthiopie
Lac Shalah
complexe intrusif Ilimaussaq
  • Hongrie
  • Iran
  • Italie
VĂ©suve, Campanie
  • Kenya
Bassin du Lac Bogoria, Vallée du Rift
  • Libye
Fezzan
  • Madagascar
  • Mexique
Lac Texcoco, province de Mexico
  • Mongolie
désert du Gobi
  • Russie
péninsule de Kola
  • Suisse
Mine de Bex
  • Tanzanie
Lac Natron, Arusha
  • Tchad
  • TchĂ©quie
Mine de Jachymov
  • TurkmĂ©nistan
  • Turquie
  • TurkmĂ©nistan

Notes et références

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. Rammelsberg dans son article dans le Kristallische Physikalische Chemie, 1881, page 549, montre l'analogie des angles de la forme qui cristallise avec l'heptahydrate.

Voir aussi

Bibliographie

  • Alfred Lacroix, MinĂ©ralogie de la France et de ses anciens territoires d'Outremer, description physique et chimique des minĂ©raux, Ă©tude des conditions gĂ©ologiques et de leurs gisements, 6 volumes, Librairie du MusĂ©um, Paris, 1977, rĂ©Ă©dition de l'ouvrage initiĂ© Ă  Paris en 1892 en un premier tome. En particulier, pour la thermonatrite dĂ©crit dans le troisième volume, p. 782-783
  • Henri-Jean Schubnel, avec Jean-François Pollin, Jacques Skrok, Larousse des MinĂ©raux sous la coordination de GĂ©rard Germain, Librairie Larousse, Paris, 1981, 364 p. (ISBN 2-03-518201-8). en particulier, page 321.

Liens externes

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