Terrasses-de-béziers
Le terrasses-de-béziers[1] est un vin produit autour de Béziers, dans l'Hérault, sous l'appellation régionale languedoc.
Terrasses-de-béziers | |
Vignobles de Cazouls-les-BĂ©ziers | |
Désignation(s) | Terrasses-de-béziers |
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Appellation(s) principale(s) | Languedoc |
Type d'appellation(s) | AOC |
Pays | France |
RĂ©gion parente | Languedoc-Roussillon |
Localisation | HĂ©rault |
Climat | tempéré méditerranéen |
CĂ©pages dominants | syrah, grenache, carignan, cinsault et mourvĂšdre |
Pieds Ă l'hectare | minimum 4 000 pieds par ha |
Ce n'est pas encore une appellation d'origine contrĂŽlĂ©e, ni mĂȘme une dĂ©nomination au sein d'une appellation ; il s'agit d'un vin que le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (le CIVL) a l'intention de faire reconnaĂźtre par l'INAO.
Histoire
Antiquité
L'oppidum d'Ensérune est un site archéologique comprenant les vestiges d'un village antique, situé sur une colline de la commune de Nissan-lez-Enserune, dans le département de l'Hérault (France). Ce village a été occupé entre le VIe siÚcle av. J.-C. (ùge du fer), et le Ier siÚcle apr. J.-C.
Des dolia, récipients vinaires, ont été retrouvés en abondance dans l'oppidum d'Ensérune à partir de la fin du IIIe siÚcle avant notre Úre. Ils ont ensuite servi à la conservation des aliments et en particulier au stockage du grain tandis que certains continuaient à servir pour l'huile et le vin.
Moyen Ăge
LâĂ©tang de Montady est un ancien Ă©tang assĂ©chĂ© au Moyen Ăge situĂ© prĂšs de BĂ©ziers. GrĂące Ă des canaux de drainage, lâeau est conduite vers un collecteur central, ce qui explique la disposition en Ă©toile des champs. Lâeau est ensuite Ă©vacuĂ©e par un fossĂ© Ă contre pente vers l'Ă©tang de Capestang et par une galerie sous la colline d'EnsĂ©rune et sous le tunnel de Malpas. Visible depuis l'oppidum d'EnsĂ©rune, il est caractĂ©risĂ© par un paysage en forme d'Ă©toile ou de soleil, formĂ© par les champs et les vignes qui occupent l'espace de l'Ă©tang assĂ©chĂ©.
PĂ©riode moderne
Le vignoble languedocien connaĂźt un nouvel essor lors de l'ouverture du canal du Midi Ă la fin du XVIIe siĂšcle. Le vin commence ainsi Ă ĂȘtre exportĂ© vers le nord de la France et le reste de l'Europe. Le dĂ©clin des petites industries textiles va favoriser la viticulture. Les capitaux sont transfĂ©rĂ©s sur cette activitĂ©, la main d'Ćuvre aussi.
Au XIXe siĂšcle, c'est l'apogĂ©e du vignoble du Languedoc, appelĂ© alors « vignoble du Midi ». GrĂące au dĂ©veloppement du transport ferroviaire et la construction de la gare de BĂ©ziers en 1857, le vin de l'HĂ©rault est rapidement expĂ©diĂ© en gros volume (en wagon-foudre) vers le nord de la France et le reste de l'Europe, oĂč la consommation de vin se gĂ©nĂ©ralise. De grands domaines « pinardiers », souvent agrĂ©mentĂ©s de superbes chĂąteaux viticoles appelĂ©s « pinardiers », se constituent dans la plaine, produisant avec de trĂšs importants rendements du vin rouge de basse qualitĂ© (le « kil de rouge », vendu au poids[2]). BĂ©ziers se targue d'ĂȘtre la « capitale mondiale du vin ». On prĂȘte de nombreuses vertus hygiĂ©niques au vin, notamment Louis Pasteur : « le vin est la plus saine et la plus hygiĂ©nique des boissons ».
Cette production de masse concerne principalement la plaine, les vignobles des coteaux sont peu à peu abandonnés car moins rentables (la plaine est fertile, facile à irriguer, proche des moyens de transport) ; l'arrivée de l'oïdium, du phylloxera et du mildiou achÚve ce processus, car on ne replante que les parcelles rentables.
PĂ©riode contemporaine
Le , le rassemblement de BĂ©ziers pour dĂ©fendre la viticulture mĂ©ridionale voit 150 000 manifestants envahir les allĂ©es Paul Riquet et le Champ-de-Mars. Les slogans des banderoles affirment : La victoire ou la mort !, Assez de parole, des actes, Mort aux fraudeurs, Du pain ou la mort, Vivre en travaillant ou mourir en combattant[3] - [4]. Les manifestants, qui venaient de plus de 200 communes, ont Ă©tĂ© rejoints par de nombreux employĂ©s et commerçants biterrois. La manifestation est clĂŽturĂ©e par les discours prononcĂ©s sur la place de la Citadelle, aujourd'hui Jean-JaurĂšs. Prennent la parole Marcelin Albert qui lance un ultimatum au gouvernement en lui demandant de relever le cours du vin, Ernest Ferroul qui prĂŽne la grĂšve de lâimpĂŽt et le maire de BĂ©ziers, Ămile Suchon, proche de Clemenceau, qui prend position pour les viticulteurs en lutte. Il y eut quelques incidents lĂ©gers lors de l'appel Ă la dispersion des manifestants[3].
- Les vignerons du Canet à Béziers accompagnés de femmes et enfants
- Les manifestants remontant les Allées Paul Riquet
- Discours sur la place de la Citadelle
Le 16 mai, le conseil municipal de Béziers, de tendance radicale socialiste, démissionne. La pression de la rue continue. Le poste de Police et la façade de la mairie sont incendiés. Alerté, Georges Clemenceau décide de contre attaquer[3]. Le 17e régiment d'infanterie de ligne composé de réservistes et de conscrits du pays, est muté sur ses ordres de Béziers à Agde le .
Le soir du 20 juin, apprenant la fusillade de Narbonne, environ 500 soldats de la 6e compagnie du 17e rĂ©giment se mutinent, pillent lâarmurerie et prennent la direction de BĂ©ziers[3].
Ils parcourent une vingtaine de kilomĂštres en marche de nuit. Le 21 juin, en dĂ©but de matinĂ©e, ils arrivent en ville. Accueillis chaleureusement par les Biterrois, « ils fraternisent avec les manifestants, occupent les allĂ©s Paul Riquet et s'opposent pacifiquement aux forces armĂ©es en place ». Les soldats s'installent alors sur les AllĂ©es Paul Riquet, mettent crosse en lâair. La population leur offre vin et nourriture[5].
Le Midi est au bord de l'insurrection. à Paulhan, la voie ferrée est mise hors service par des manifestants qui stoppent ainsi un convoi militaire chargé de mater les mutins. à LodÚve, le sous-préfet est pris en otage[3]. Les autorités militaires ne peuvent accepter cette mutinerie. L'exemple du 17e régiment peut donner des idées similaires à d'autres régiments de la région[5].
Ă Paris, la RĂ©publique tremble, Clemenceau doit faire face Ă un vote de dĂ©fiance. Il joue son va-tout en intimant au commandement militaire de chasser les mutins dans la journĂ©e. Il y a nĂ©gociation, et dans lâaprĂšs-midi, aprĂšs avoir obtenu la garantie quâaucune sanction ne leur sera infligĂ©e, les soldats du 17e dĂ©posent les armes et se dirigent vers la gare sous bonne escorte et sans aucun incident majeur. Le 22 juin, par train, ils regagnent leur caserne agathoise. Clemenceau annonce la fin de la mutinerie et obtient la confiance au gouvernement par 327 voix contre 223. Le 23 juin une loi est enfin votĂ©e, qui rĂ©prime la chaptalisation massive des vins[5] - [3].
La nĂ©gociation et lâampleur du mouvement permettent dâĂ©viter une punition collective : les mutins du 17e sont affectĂ©s Ă Gafsa (Tunisie)[6], lieu de cantonnement de compagnies disciplinaires; mais ils restent en dehors de ce cadre, sous un statut militaire ordinaire. Il n'y eut donc pas de sanctions pĂ©nales Ă la rĂ©volte du 17e, contrairement Ă la lĂ©gende qui courut Ă ce sujet. Cependant, durant la PremiĂšre Guerre mondiale, poursuivis par leur rĂ©putation de dĂ©serteurs, ils furent nombreux Ă ĂȘtre envoyĂ©s en premiĂšre ligne notamment dans les assauts sanglants de 1914[7]. C'est Ă la suite de ces Ă©vĂ©nements que, dĂ©sormais, les conscrits effectueront leur service militaire loin de chez eux.
La mutinerie des soldats du 17e est restée célÚbre notamment par les paroles de la chanson de Montéhus Gloire au 17e, dont le refrain clame : Salut, salut à vous, / Braves soldats du dix-septiÚme....
Ătymologie
BĂ©ziers dont le nom en orthographe occitane classique est BesiĂšrs ([beËzjÉs]) et qui a Ă©tĂ© francisĂ©e en BĂ©ziers provient d'une forme latine Baeterrae, d'Ă©tymologie obscure.
Situation géographique
Orographie et géologie
Ce terroir viticole est légÚrement vallonné, ses levées de terre se finissent en plaine. Le long de l'Orb, ont été dégagées par l'érosion des terrasses villafranchiennes, des marnes sableuses le plus souvent recouvertes par des sols bruns calcaires. Il se différencie avec « les terres rouges de Cazouls, les sols argilo-calcaires ocre de Murviel, les falaises dorées de Nissan, les graves de galets roulés de Sauvian et de Sérignan, et le plateau bleuté de Vendres »[8] - [9].
Climatologie
Le climat de ce terroir est mĂ©diterranĂ©en. Il se caractĂ©rise par des hivers doux, des Ă©tĂ©s chauds et secs et des prĂ©cipitations rares et concentrĂ©es sur la pĂ©riode hivernale. Les vents dominants sont la tramontane, vent sec et froid qui chasse les nuages, et le marin, vent humide qui au contraire amĂšne les nuages. Il peut parfois ĂȘtre trĂšs violent.
Le tableau ci-dessous indique les températures et les précipitations pour l'année 2007 :
Mois | J | F | M | A | M | J | J | A | S | O | N | D | Année |
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Températures moyennes maximales (°C) | 11 | 11 | 14 | 16 | 20 | 25 | 26 | 26 | 23 | 19 | 14 | 12 | 17,6 |
Températures moyennes minimales (°C) | 7 | 7 | 10 | 11 | 14 | 19 | 20 | 21 | 18 | 15 | 10 | 8 | 13,3 |
Températures moyennes (°C) | 9 | 9 | 12 | 13,5 | 17 | 22 | 23 | 23,5 | 21,5 | 17 | 12 | 10 | 15,6 |
Précipitations (hauteur moyenne en mm) | 60 | 105 | 10 | 15 | 90 | 0 | 3 | 10 | 29 | 144 | 21 | 72 | 659 |
Source: MSN météo[10] |
Vignoble
Présentation
En 1990, lâinstitution des Appellations dâOrigine ContrĂŽlĂ©e, rĂ©pondant Ă la volontĂ© de vignerons Biterrois et de leur formidable attachement Ă leur terroir, a donnĂ© un avis favorable : BĂ©ziers devenait AOC Coteaux du Languedoc.
Que de chemin parcouru, que de réussites déjà remarquées, dans cette appellation, les nombreuses récompenses sont là pour en témoigner.
Depuis 2000, ces mĂȘmes vignerons poursuivent avec opiniĂątretĂ© la longue marche en avant vers la qualitĂ©. PersuadĂ©s que le vin doit ĂȘtre avant tout lâexpression dâun terroir et que celui de BĂ©ziers est magnifique, ils Ćuvrent pour sa reconnaissance dans la dĂ©marche de hiĂ©rarchisation des Coteaux du Languedoc. Le vignoble s'Ă©tend sur les communes de : BĂ©ziers, Cazouls-lĂšs-BĂ©ziers, Nissan-lez-Enserune, Sauvian, SĂ©rignan et Vendres.
Encépagement
Les Terrasses de Béziers sont des vins issus de cépages rouges : dominante est la syrah, puis le grenache, le carignan et le cinsault. Le mourvÚdre est de plus en plus planté.
En rouge
Le raisin est mis en cuve dĂšs la rĂ©ception de la vendange. Une partie peut ĂȘtre foulĂ©e et Ă©raflĂ©e. L'Ă©raflage est une pratique qui gagne du terrain, les vins gagnant en souplesse et en finesse des tanins. Les polyphĂ©nols de la rafle sont en effet rustiques et Ăąpres. Une partie de la vendange est vinifiĂ©e en macĂ©ration carbonique : cette mĂ©thode de fermentation en grains entiers a permis de tirer un meilleur parti du carignan N.
Ă la fin de la fermentation alcoolique, le vin est soutirĂ©. Le marc est pressĂ© et le vin de presse est dĂ©gustĂ© pour dĂ©terminer s'il est apte Ă ĂȘtre assemblĂ© au vin de goutte. Le vin logĂ© en cuve effectue la fermentation malolactique. Elle transforme l'acide malique Ă deux groupes carboxyle, en acide lactique qui n'en comporte qu'un. L'opĂ©ration conduit Ă une dĂ©sacidification naturelle du vin ; elle arrondit le vin, le rend plus souple et moins Ăąpre.
Le vin fini est Ă©levĂ© quelques mois. Selon le produit recherchĂ©, cet Ă©levage peut se faire en cuve, en barrique ou en foudre de bois de chĂȘne.
Terroir et vins
Ă lâintĂ©rieur du terroir se trouvent les terres rouges de Cazouls lĂšs BĂ©ziers et les sols argilo-calcaires de Murviel-lĂšs-BĂ©ziers, mais aussi, les bois de pins et les falaises accidentĂ©es du terroir de Nissan-lez-EnsĂ©rune, les graves de galets roulĂ©s de BĂ©ziers, Sauvian, SĂ©rignan et du plateau de Vendres.
Liste des producteurs
Commune | Cave et domaine |
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Cazouls-lĂšs-BĂ©ziers | Domaine Castan |
Nissan-lez-Enserune | Domaine Vanho, ChĂąteau la VernĂšde. |
Sauvian | ChĂąteau Le Thou. |
SĂ©rignan | Les Vignerons de SĂ©rignan. |
Vendres | Domaine du Nouveau Monde. |
Sources
Notes et références
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
- Le Petit Larousse 2008, Ă©d. Larousse, Paris (ISBN 978-2-03-582503-2), p. 569.
- Midi 1907, l'histoire d'une révolte vigneronne
- La crise viticole de 1907 sur le site histoireduroussillon.free.fr
- RĂ©voltes vigneronnes 1907, Languedoc, 1911, Champagne
- Emmanuel Le Roy Ladurie, 1907, le millĂ©sime de la colĂšre. LâHistoire n° 320, mai 2007, p. 64.
- Jules Maurin et Rémy Pech, 1907, les mutins de la République : la révolte du Midi viticole, Toulouse, Privat, 2007, 329 p
- BĂ©ziers, capitale du vin
- Colette Derdevet-Meneau et Jean-Claude Martinez, op. cit., en ligne
- MSN météo Température mensuelle moyenne à Béziers (Languedoc).
- Les terrasses-de-béziers sur le site vins-languedoc-roussillon.fr consulté le 1er septembre 2012
Bibliographie
- Colette Derdevet-Meneau (textes) et Jean-Claude Martinez (photographies), Les terrasses de BĂ©ziers : la passion du vin, Suerte Ă©ditions, 2009, (ISBN 9782952 799348)