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Montéhus

Gaston Mardochée Brunswick dit Montéhus est un chansonnier français né dans le 10e arrondissement de Paris le et mort dans le 15e arrondissement de Paris le . Il est notamment l'auteur de Gloire au 17e, La Butte Rouge et La Jeune Garde.

Montéhus
Description de cette image, également commentée ci-après
Montéhus.
Informations générales
Nom de naissance Gaston Mardochée Brunswick
Naissance
Paris
Décès
Paris
Activité principale chanteur
Genre musical Chanson française
Années actives 1884-1944

D'abord socialiste modéré, il évolue en 1906 vers un antimilitarisme radical proche du journal La Guerre Sociale avant de rejoindre l'Union sacrée en 1914. Dans les années 1930, il adhère à la SFIO.

Biographie

Il est né dans une famille de la bourgeoisie juive parisienne, son père Abraham Brunswick est négociant[1].

Il commence à chanter en public à 12 ans, en 1884. Il publie sa première chanson, Au camarade du 153e, en 1897. Il adopte alors son pseudonyme, plus facile à porter que son nom dans un contexte de fort antisémitisme. Sa chanson Gloire au 17e, en l'honneur du régiment d'infanterie qui fraternisa avec la foule à Béziers lors de la révolte des vignerons, le fait connaître en 1907.

Un chanteur engagé

Les soldats du 17e, levant la crosse sur les allées Paul-Riquet à Béziers.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la chanson est centrale dans la culture populaire. Les livres, chers, sont peu accessibles aux prolétaires. Lorsqu'elle comporte une dimension politique forte, la chanson peut être un véritable outil de propagande. Montéhus a été l'un des chantres de la révolte rouge, avec Jean-Baptiste Clément (1836-1903), auteur de la chanson Le Temps des cerises, Eugène Pottier (1816-1887), auteur de L'Internationale, Jules Jouy (1855-1897), auteur de V'là l'choléra qu'arrive, Les Anarchistes de Chicago, Pierre Dupont (1821-1870), Le chant des ouvriers, Le chant du vote, Gaston Couté (1880-1911) Le gars qu'a mal tourné, etc.

Dans ses chansons au style vif, entraînant, Montéhus s'oppose à la guerre, à l'exploitation capitaliste, à la prostitution, à la misère, à l'hypocrisie religieuse, mais aussi à l'impôt sur le salaire :

Au lieu d'imposer l'travailleur qui enrichit l'gouvernement
Imposez plutĂ´t les noceurs [les capitalistes] qui gaspillent tant d'argent[2].

Il a également défendu la cause des femmes d'une façon remarquable. La Grève des mères fut interdite par décision de justice en et Montéhus condamné pour « incitation à l'avortement ».

En 1907, il rachète un café-concert à Paris, le renomme « Le Pilori de Montéhus », et y donne des spectacles engagés[3].

Engagement dans la franc-maçonnerie

Le , Montéhus est initié en franc-maçonnerie[4] à la Loge « L'Union de Belleville » du Grand Orient de France à Paris, puis s'affilie à la Loge « Étoile de la Vallée » à Eaubonne[5].

Un ami de LĂ©nine

Montéhus.

Montéhus entretint des relations avec Lénine. Ce dernier d'ailleurs l'évoque dans sa correspondance. Dans une lettre à Lev Kamenev il écrit : « Ah ! si je pouvais encore écouter Montéhus »[6]. Lors de son exil en France (entre 1909 et 1912), Vladimir Ilitch Oulianov donna une série de conférences dans une salle de la Rive Gauche ou à Bobino (le lieu est incertain). À la demande de Lénine, Montéhus chantait en première partie afin d'attirer un public important. Les gens venus pour écouter le « chanteur humanitaire » étaient invités à entendre également l'activiste bolchevique après l'entracte. Les relations entre art et politique ici préfigurent l'agit-prop mis en place en URSS à partir des années 1920 : l'art est au service du discours politique et/ou idéologique.

Un « révolutionnaire cocardier »

Durant la Première Guerre mondiale, Montéhus, comme beaucoup d'autres, change radicalement d'opinions et compose des chansons militaristes et patriotiques. En cela, il est à l'image de la population, qui à de rares exceptions près soutient l'Union sacrée. Montéhus chante alors La Guerre finale, détournement de L'Internationale :

Et maintenant tous Ă  l'ouvrage
Amis, on ne meurt qu'une fois !

De même dans Lettre d'un Socialo (chantée sur L'air du Clairon de Paul Déroulède), il explique alors que l'heure est à La Marseillaise, en attendant de pouvoir à nouveau chanter L'Internationale :

Nous chantons la Marseillaise
Car dans ces terribles jours
On laisse l'Internationale
Pour la victoire finale
On la chantera au retour.

Dans une chanson imprégnée du racisme de son temps, intitulée L'Arbi, Montéhus tient des propos xénophobes :

Moi li sait bien, toi pas voulu guerre
Toi, li Français, c'est kif kif le bon Dieu[7].

Plus loin :

Moi suis content voir Paris : J'suis content, c'est bézef bonno
A couper cabĂŞche aux sales Pruscots
car eux, du tout, pas gentils
As pas peur, as pas peur, Sidi
Si Pruscots venir, moi coupe kiki[7].

Durant ces quatre années de guerre, celui qui ne cessa de composer des chansons belliqueuses (La Dernière victime, La Voix des mourants, La Vision sanglante, Debout les Morts !, etc.) ne sera jamais mobilisé et ne connaîtra donc pas personnellement les horreurs du front. Par contre, sur la scène, à l'Olympia, il s'est montré blessé à la tête chantant des chansons bellicistes. À la fin de la guerre, en 1918, pour ses bons et loyaux services, il recevra la Croix de guerre.

Disgrâce

Montéhus a connu après la guerre une disgrâce assez longue. Il cesse d'enregistrer jusqu'au Front populaire. Il aura tenté de se racheter en composant en 1923 La Butte Rouge qui fait référence à la butte de Bapaume, théâtre de violents combats sur le front de la Somme, durant l'offensive de l'été 1916 (et non, contrairement à une erreur fréquente, la Commune, fort peu évoquée dans l'œuvre de Montéhus). Dans cette chanson, il s'en prend aux responsables du carnage :

« [...] car les bandits qui sont cause des guerres
n'en meurent jamais, on ne tue qu'les innocents. »

Soutien au Front populaire

Dans les années 1930, il adhère à la SFIO. À l'avènement du Front populaire, à l'âge de 64 ans, Montéhus est de nouveau sur le devant de la scène avec Le décor va changer, Vas-Y Léon !"[8], Le Cri des grévistes, L'Espoir d'un gueux, chansons dans lesquelles il soutient le Front populaire et Léon Blum.

Sous l'Occupation

Sous l'occupation allemande Montéhus n'est pas déporté, mais il est contraint de porter l'étoile jaune de 1942 à la Libération. En 1944, il écrit le Chant des Gaullistes.

Durant le procès Pétain, Pierre Laval évoque « son ami d'enfance » Montéhus. Il déclare lui avoir proposé de composer une chanson sur l'histoire des bustes de Marianne, symbolisant la République, que le régime de Vichy avait ordonné de faire remplacer par des portraits de Pétain. Laval raconte que Montéhus avait composé une chanson dans les 24 heures et qu'il la lui avait chantée, Laval la trouvant amusante et se disant prêt à la distribuer « dans les faubourgs ». Mais l'homme politique s'est ravisé, se souvenant de la judéité de Montéhus, lui disant de ne pas le faire car il risquait de se faire arrêter par les Allemands ou les Français[9].

Après la Libération

Il reçoit la Légion d'honneur des mains de Paul Ramadier en 1947[10]. Oublié de tous, seulement soutenu par sa famille, il meurt en 1952, à Paris et est inhumé au columbarium du Père-Lachaise (case 681).

Ĺ’uvres

Discographie

Montéhus a très peu enregistré, de sa discographie connue :

enregistrés probablement en 1914; 10 monologues publiés sur 5 disques à saphir Le Semeur

enregistrés en juin 1936 chez Odéon 3 disques 78 tours comprenant :

Gloire au 17e

Le chant des jeunes gardes

Vas-y LĂ©on

Le décor va changer

L’espoir d’un gueux

Le cri des grévistes

Par ailleurs, en 1911, la firme Pathé a publiés 28 titres, chansons et monologues, en disques à saphir. Ces disques catalogués et étiquetés "Répertoire Montéhus" sont des œuvres de Montéhus interprétées par un interprète non identifié.

Une partie de ces disques a été republié en microsillon[11] et la quasi-totalité sur un double CD[12] - [13]


Vers 1910 un certain Charles X M. a enregistré pour les disques à aiguille EDEN au moins 11 titres de Montéhus[14] :

La grève des Mères

Gloire au 17e

Morale à la débauche

Les râfles

La FĂŞte Ă  JĂ©sus

V’la l’temps qui tourne à l’orage

Clairon de malheur

On ne devrait pas vieillir

Le Gueux et la Lune

Ohé vous pouvez rire

Quand les Femmes sont belles


Christian Borel a enregistré 10 titres de Montéhus publiés une première fois en 1964[15] et réédités en 1976[16]

Filmographie

  • 1920 : Si Titi Ă©tait le patron[17]

Bibliographie

Sources

Archives

Notes et références

  1. Archives de l'Ă©tat civil de Paris
  2. L'impôt sur les fainéants, répertoire Montéhus
  3. Historique du L'Archipel sur son site officiel.
  4. IdRef notice
  5. Léo Campion, Le Drapeau noir, l'Équerre et le Compas : les anarchistes dans la franc-maçonnerie, éditions Alternative libertaire, 1996, lire en ligne.
  6. Marc Robine, « Montéhus, Le chansonnier humanitaire. Enregistrements originaux 1905-1936 » EPM, Paris
  7. Marc Robine : « Montéhus, Le chansonnier humanitaire. Enregistrements originaux 1905-1936 » EPM, Paris
  8. Anthologie de la chanson française année 1936
  9. Frédéric Pottecher, Le Procès Pétain, J.-L. Latès, 1980, p. 327
  10. La Chanson française et francophone, Ed. Larousse, 1999 p. 339
  11. Montéhus, enregistrement originaux de 1905 à 1936; disque 33 tours 30 cm Expression Spontanée ES 30 publié vers 1976.
  12. Montéhus Le chansonnier humanitaire, EPM référence 982462 publié en 1992.
  13. Chronique du disque par Raoul Bellaïche, in Montéhus Je chante magazine.
  14. Répertoire des disques de l’Automotion : PARES APGA EDEN et CIP, vers 1910. Republié en fac-similé par la Phonogalerie (Paris) en 2006.
  15. Les chansons de Montéhus, 33 tours 25 cm, BAM LD 404
  16. Les chansons de Montéhus, disque 33 tours 30 cm, BAM LD 5404
  17. Cleon, « Montéhus dans "Si Titi était le patron" », Ciné Journal,‎ 1 er mai 1920, p. 13 (lire en ligne Accès libre)
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