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Studio Chevojon

Créé à la fin du XIXe siècle, le Studio Chevojon, situé à Paris, est une agence photographique spécialisée dans le reportage industriel, la photographie d'architecture et les décors filmographiques[1]. Au fil des années, la quantité et la qualité des photographies réalisées placent le Studio Chevojon parmi les grands photographes tels que Robert Doisneau, Izis, Man Ray, Elliott Erwitt ou Michael Kenna. Outre le travail photographique des innovations architecturales, de la construction des lignes de métro ou bien des archivages divers, la réalisation esthétique des photos, avec leurs angles, les gros plans ou des panoramiques, par le Studio Chevojon incarne la modernité urbaine qui marquait tant la sensibilité de Guillaume Apollinaire et Blaise Cendrars[2]. On lui a consacré un catalogue à la Maison de la Villette (Parc de la Villette) en 1994-95, et des expositions au Louvre des Antiquaires ou bien à la galerie des bibliothèques de la ville de Paris en 2010[3].

Studio Chevojon
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Domaine d'activité
Siège
Pays
Organisation
Directeur
Paul-Joseph-Albert Chevojon (d)
Site web
L'hippomobile « Photographie d'arts industriels Â» utilisĂ©e par Albert Chevojon.

Histoire

En 1861, Louis-Émile Durandelle (1839-1917) et Hyacinthe-CĂ©sar Delmaet (1828-1862) crĂ©ent un atelier photographique Ă  Paris, l'atelier de photographie Delmaet et Durandelle dont l'activitĂ© principale est la reproduction artistique industrielle et commerciale[4] - [5]. Paul-Joseph-Albert Chevojon[Note 1] (1865-1925), entrĂ© comme opĂ©rateur-tireur, rachète le fonds de commerce en 1886, le matĂ©riel et les archives photographiques — soit dix mille plaques photographiques — dont celles de la construction de l'opĂ©ra Garnier —, et renomme l'entreprise « Studio Chevojon »[4]. Il poursuit l'activitĂ© en installant ses chambres photographiques près des grands chantiers parisiens de rues et de bâtiments entrepris par des sociĂ©tĂ©s renommĂ©es comme Moisant-Laurent-Savey et Cie (gare de Lyon, Grand Palais), Baudet-Donon, Ernest Pantz, Laloux (quai d'Orsay)[4]. Après une association de 1903 Ă  1907 avec son cousin Jean-Baptiste Dufour, Albert Chevojon se consacre Ă  cinq secteurs d'activitĂ© : architecture et travaux publics, usines et leurs ateliers, infrastructures de la Compagnie des chemins de fer de Paris Ă  Lyon et Ă  la MĂ©diterranĂ©e (PLM), châteaux, demeures, parcs et jardins, et enfin, petites industries (joaillerie, dentelle, etc.). Le Studio possède 40 000 photographies en archive vers 1907. On doit Ă  Albert Chevojon ses photos des rues parisiennes durant la crue de la Seine de 1910[6]. Outre les photos de paquebots transatlantiques comme le Paris en 1921, le Normandie en 1932 entre autres Ă  la demande de la Compagnie gĂ©nĂ©rale transatlantique ainsi que le France[4] - [7], il se consacre Ă©galement Ă  la commande de photographies de petits artisans — comme leur façade[8] — ou des petits travaux comme la reproduction d'autographes, de pièces d'assurances ou de constats[4]. En 1937, lors de l'exposition internationale des arts et des techniques de Paris, AndrĂ© Granet fait appel aux services du Studio notamment pour certains clichĂ©s du feu d'artifice Ruggieri tirĂ© Ă  la tour Eiffel et Ă©galement de son illumination, ainsi que le photographe franco-slovaque François Kollar qui demande au Studio de 2 Ă  3 000 m2 d'agrandissements photographiques afin de rĂ©aliser la frise en photo-montage du pavillon de la photographie, du cinĂ©ma et de la phonographie[9] - [10].

Après la Seconde Guerre mondiale, malgré une forte reprise de travail, la situation des photographes reste précaire et la plupart travaillent en indépendant — ce qui était à l'époque mal apprécié — auprès d'agences de presse ou de studios tels que Harcourt, Sam Lévin, Lipnitzki ou Chevojon[11]. Le Studio réalise des photos qui étaient jointes dans les demandes d'indemnisation pour dommages de guerre afin d'illustrer le rapport d'expertise[12].

Une autre activité du Studio Chevojon a été la conception de décors pour le cinéma et la télévision dans la réalisation d'agrandissements à très grande échelle de photographies[5].

François Kollar ou bien Pierre Pigeon (1915-1998) un des pionniers du tirage couleur[13] - [5], travailleront pour le Studio Chevojon.

Fonds Studio Chevojon

En 1994, les nouveaux gestionnaires du Studio Chevojon projettent de faire une donation du fonds photographique à la Mission du patrimoine photographique / Direction générale du patrimoine[5] qui en entreprend l'inventaire. Mais les fonds resteront finalement la propriété du studio après changement de décision en 1995. C'est à cette époque qu'une exposition, Le Studio Chevojon, 130 ans de photographies inédites, est présentée à la Maison de la Villette à Paris ( - ), dans le cadre de du Mois de la Photo. Un ouvrage est édité à cette occasion aux éditions Créaphis voir ci-après. Des plaques de verre d'architecture sont aussi cédées au centre d'archives de l'Institut français d'architecture (IFA)[5].

Iconographie

  • Sculptures ornementales destinĂ©es Ă  l'OpĂ©ra Garnier. Photographie par Durandelle, fonds Chevojon
    Sculptures ornementales destinées à l'Opéra Garnier. Photographie par Durandelle, fonds Chevojon
  • Construction de la tour Eiffel. Photographie par Durandelle, fonds Chevojon
    Construction de la tour Eiffel. Photographie par Durandelle, fonds Chevojon
  • Une rue de Paris inondĂ©e par la crue de 1910. Photographie d'Albert Chevojon
    Une rue de Paris inondée par la crue de 1910. Photographie d'Albert Chevojon
  • La Seine dĂ©borde lors de la crue de 1910. Photographie d'Albert Chevojon
    La Seine déborde lors de la crue de 1910. Photographie d'Albert Chevojon

Annexes

Bibliographie

  • Jean Audouze, Le Studio Chevojon : une dynastie de photographes parisiens, Paris, CrĂ©aphis, , 96 p. (ISBN 2-907150-52-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article avec Alain Hellou, Jean-Michel Gourden, Françoise Denoyelle (Extraits en ligne sur Google Livres)
  • L. Chevojon (photos), Le MusĂ©e national d'art moderne : peinture, sculpture, Paris, MusĂ©e National d'Art Moderne, 1948
  • Photographies Modernes prĂ©sentĂ©es par Pierre Bost, 24 photographies de Paul-Joseph-Albert Chevojon, Jean Dreville, Johnny Fernhout, M. Gravot, Joris Ivens, AndrĂ© Kertesz, Germaine Krull, I. KitrosserI, Eli Lotar, Roger Parry, Tabard, et AndrĂ© Vigneau, librairie des Arts DĂ©coratifs, A. Calavas, Éditeur, Paris, 1930.
  • La Recherche photographique : NumĂ©ros 1 Ă  5, Paris audiovisuel (Firm), Presses universitaires de Vincennes, Maison europĂ©enne de la photographie, 1986 (Extraits en ligne dans Google Livres)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Communément appelé Albert Chevojon

Références

  1. « Les archives de l'architecture moderne et contemporaine Â», Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques. ConsultĂ© le 4 mars 2011.
  2. « De NiĂ©pce aux frères Lumière Â», CNDP ConsultĂ© le 22 mars 2011.
  3. « Paris dans l'objectif  Â», Le Figaro. ConsultĂ© le 5 mars 2011.
  4. Jean Audouze 1994, p. 5-23
  5. « Fonds Chevojon, studio de photographie. 189 Ifa Â», CitĂ© de l'architecture et du patrimoine. ConsultĂ© le 4 mars 2011.
  6. « Paris inondĂ© en 1910 Â», Fluctuat. ConsultĂ© le 5 mars 2011.
  7. « Le France jette l'ancre au MusĂ©e national de la Marine Â», L'Expansion. ConsultĂ© le 4 mars 2011.
  8. « Michalek Â», Bibliothèque nationale de France. ConsultĂ© le 4 mars 2011.
  9. « Fonds Granet, AndrĂ© (1881-1974). 086 Ifa Â», CitĂ© de l'architecture et du patrimoine. ConsultĂ© le 9 mars 2011.
  10. « Expositions universelles et expositions coloniales Paris 1889-1937, Marseille 1906 Â», MĂ©diathèque de l'architecture et du patrimoine. ConsultĂ© le 15 mars 2011.
  11. « Des photographes illustrateurs Ă  l'ère de l'imprimĂ© Â», Bibliothèque nationale de France. ConsultĂ© le 4 mars 2011.
  12. « Chevojon Â», Culture.fr. ConsultĂ© le 9 mars 2011.
  13. « DĂ©cès de Pierre Pigeon Â», Anciens Ă©lèves de Vaugirard Louis Lumière. ConsultĂ© le 4 mars 2011.
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