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Simon Bagration de Moukhran

Simon Bagration de Moukhran (nĂ© le , mort le Ă  Saint-PĂ©tersbourg ; en gĂ©orgien : სიმონ ბაგრაჱიონ-მუჼრანელი), parfois nommĂ© Simon III de Karthli est un prince, homme politique et militaire gĂ©orgien du XVIIIe siĂšcle. Membre de la famille des Bagrations de Moukhran, elle-mĂȘme une branche cadette de la dynastie des Bagrations qui rĂšgne sur la GĂ©orgie depuis le IXe siĂšcle, il est l'un des fils cadet de LĂ©on Bagration de Moukhran et de la princesse Tinatine Avalichvili. ÉlevĂ© en exil en GĂ©orgie occidentale durant le gouvernement d'HĂ©raclius Ier en Karthli, il retourne Ă  Tiflis quand son oncle Georges XI est restaurĂ© sur le trĂŽne en 1703. De 1704 Ă  1712, il est proche conseiller de son frĂšre Vakhtang VI, qui administre le royaume de Karthli au nom des rois Georges XI, LĂ©on et KaĂŻkhosro, qui vivent et meurent en Perse.

Simon Bagration de Moukhran
Fonctions
Djanichine de Karthli
–
Monarque Vakhtang VI
Successeur Jessé (en tant que roi)
Biographie
Date de naissance
Date de décÚs
Lieu de décÚs Saint-Pétersbourg (Drapeau de l'Empire russe Empire russe)
SĂ©pulture MonastĂšre Saint-Alexandre-Nevski
PĂšre Levan de Karthli
MĂšre Tinatine Panaskerteli-Avalichvili
Fratrie KaĂŻkhosro
Vakhtang
Jessé
Domentios
Rostom
Alexandre
Conjoint Goulkhan Sidamoni
Anna Potapova
Enfants Etienne
Démétrius-Nicolas
Famille Bagrations de Moukhran
Religion Église orthodoxe gĂ©orgienne

Simon Bagration de Moukhran

Simon devient à son tour régent de Karthli en 1712 quand Vakhtang VI est convoqué à Ispahan par le Chah Hossein. Durant son administration de deux ans, il continue la politique culturelle et économique de son frÚre, encourageant le développement de l'imprimerie et l'autonomie monétaire de son pays vis-à-vis la Perse séfévide. En 1713, il aide secrÚtement le diplomate Soulkhan-Saba Orbeliani à organiser un voyage en Europe occidentale pour convaincre Louis XIV de France de venir en aide aux pays géorgiens face aux empires musulmans. Cette politique intérieure et extérieure, accompagnée de corruption et de divisions internes, mÚne Ispahan à le renverser et à nommer son autre frÚre Jessé comme roi de Karthli en 1714.

Simon quitte largement la politique gĂ©orgienne par la suite mais reste impliquĂ© dans la direction de l'armĂ©e karthlienne. En 1717, il mĂšne une cavalerie contre des nomades lezghiens, tandis qu'il soutient solidement Vakhtang VI et Bakar dans la guerre pour le contrĂŽle de Tiflis entre SĂ©fĂ©vides, Ottomans et GĂ©orgiens en 1723-1724. En 1724, il fait partie de la large exode de la famille royale en Russie, oĂč il reste jusqu'Ă  sa mort en 1740.

Biographie

Jeunesse politique

Simon Bagration est nĂ© le 3 fĂ©vrier (ou 9 novembre selon certaines sources) 1683, fils du prince royal LĂ©on Bagration de Moukhran et de la princesse Tinatine Avalichvili[1]. À sa naissance, son oncle Georges XI rĂšgne comme roi de Karthli, deuxiĂšme souverain de la dynastie des Bagrations de Moukhran qui rĂšgnent depuis 1659. Il est le second fils du couple princier, mais le sixiĂšme fils de LĂ©on, celui-ci ayant cinq enfants de sa premiĂšre Ă©pouse Touta. Dans sa jeunesse, Simon est Ă©levĂ© auprĂšs de la cour royale Ă  Tiflis mais en 1688, Ă  la suite de l'insubordination de Georges XI envers son suzerain sĂ©fĂ©vide, celui-ci est contraint d'envoyer LĂ©on en otage en Perse[2]. Cet acte ne suffit pourtant pas Ă  Ispahan et la Perse sĂ©fĂ©vide dĂ©trĂŽne Georges XI et offre la couronne Ă  HĂ©raclius Ier dans un coup d'État visant Ă  soumettre plus prondĂ©ment la Karthli.

Georges XI.

Simon, qui n'a alors que quatre ans, suit sa famille en refuge dans la rĂ©gion montagneuse de Ratcha[3], puis auprĂšs du prince Georges Avalichvili, grand-pĂšre maternel de Simon[4] dans le village de Sadgueri, non loin de Bordjomi[5]. HĂ©raclius Ier, craignant une rĂ©bellion du roi dĂ©chu, autorise une mission par le noble pro-persan KaĂŻkhosro Tsitsichvili pour retrouver la famille exilĂ©e[4]. Tsitsichvili ne parvient pas Ă  les retrouver et brĂ»le les domaines de LĂ©on, tandis que Simon et ses frĂšres se retrouvent Ă  Logatkhevi dans le SamtskhĂ©, en territoire ottoman, sous la protection de l'oncle de la princesse Tinatine, tandis que le roi dĂ©chu Georges continue Ă  se battre pour le pouvoir[4]. À partir de 1691, Simon est surnommĂ© « fruit de Dieu » dans les documents royaux[6].

En 1694, un changement de pouvoir Ă  la cour d'Ispahan engage le nouveau Chah Hossein Ă  forcer la paix en Karthli, mais le sort immĂ©diat de Simon n'est pas clair. Toutefois, en 1703, Georges XI est officiellement reconnu Ă  nouveau comme roi de Karthli mais est obligĂ© de rester en Perse pour commander les forces sĂ©fĂ©vides contre les sĂ©paratistes afghans. LĂ©on retourne alors en GĂ©orgie pour la premiĂšre fois depuis son dĂ©part de 1688 afin de gouverner temporairement le royaume au nom de son frĂšre. LĂ©on retourne bientĂŽt en Perse et la rĂ©gence de la Karthli est assumĂ©e par Vakhtang Bagration de Moukhran, un frĂšre aĂźnĂ© de Simon. À la mort de Georges XI en 1709 aux mains des Afghans, LĂ©on est Ă  son tour reconnu roi de Karthli par Ispahan, mais meurt trois mois plus tard, laissant la titulature royale Ă  son fils aĂźnĂ©, KaĂŻkhosro, qui est lui-mĂȘme en Afghanistan.

Vakhtang VI gouverne en tant que rĂ©gent le royaume de Karthli entre 1703 et 1711. Simon, qui a 20 ans quand Vakhtang VI arrive au pouvoir, est le seul de ses sept frĂšres (outre Damien qui devient prĂȘtre) Ă  rester auprĂšs de ses cĂŽtĂ©s. Il devient rapidement un proche conseiller de Vakhtang, qui le cite Ă  de nombreuses reprises dans ses documents officiels, parfois sous le nom islamique de Gouchtasp[7]. Tandis que les sources sur ses activitĂ©s durant cette pĂ©riode sont pauvres, Simon tĂ©moigne des larges rĂ©formes lĂ©gales et Ă©conomiques entreprises par son frĂšre et de la renaissance culturelle dont bĂ©nĂ©ficie la Karthli au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle et il est probable qu'il soit un partisan fidĂšle de la politique de Vakhtang[8]. Ce dernier devient officiellement roi de Karthli le quand KaĂŻkhosro est tuĂ© lors de la bataille de Kandahar.

Administrateur temporaire

En tant que nouveau roi de Karthli, Vakhtang VI est bientĂŽt convoquĂ© en Perse par Chah Hossein afin de confirmer son rĂšgne, une pratique datant du rĂšgne de Vakhtang V, qui voyage en Perse en 1653 pour se faire confirmer comme hĂ©ritier Ă  la couronne. Le , Vakhtang VI quitte la GĂ©orgie aprĂšs avoir installĂ© sa famille au palais royal de Gori et confie l'administration du royaume Ă  Simon[9], un choix questionnĂ© par certains dĂ» Ă  la prĂ©cĂ©dence de JessĂ©, frĂšre aĂźnĂ© de Simon[6]. Il est nĂ©anmoins choisi comme « gouverneur » (en gĂ©orgien : გამგებელი, gamguebeli ; aussi nommĂ© djanichine dans les sources persanes) de Karthli et est confiĂ© de continuer la politique de Vakhtang pendant son absence.

PiÚce frappée par Simon.

Ainsi, Simon continue de financer les projets socio-culturels de son frÚre. Sous son administration et grùce à son financement, le premier livre religieux géorgien, Bénédictions, est publié dans l'imprimerie de Tiflis en 1713. Simon fait également frapper des piÚces de monnaie en cuivre, montrant un dragon et ses lettres d'abbréviation, S.M.N., les premiÚres piÚces géorgiennes depuis le début de la domination séfévide sur la Géorgie orientale, sans pour autant contester le monopole du monnayage d'argent fourni par l'usine du chah de Perse à Tiflis[10].

Simon utilise sa position pour accumuler rapidement une richesse considĂ©rable[7], menant Ă  un heurt dans ses relations avec la maison de Vakhtang VI, qui l'accuse de voler les trĂ©sors royaux. Vakhoucht Bagration, un fils illĂ©gitime de Vakhtang et un de ses plus proches alliĂ©s, dit du rĂ©gent qu'il gouverne « comme un homme rapace et sans crainte de Dieu »[11]. En 1712, le catholicos Domentios IV (son demi-frĂšre Damien qui dirige l'Église orthodoxe gĂ©orgienne depuis 1705) voyage Ă  Ispahan et indique sa volontĂ© d'abandonner la religion chrĂ©tienne et de se convertir Ă  l'islam en Ă©change de la couronne karthlienne, mais est par la suite emprisonnĂ© par Simon, qui l'accuse de folie[12] et l'envoie auprĂšs de son neveu Bakar pour le faire aveuglĂ©[11]. Domentios IV n'est sauvĂ© que par l'intermĂ©diation de la reine Roussoudan (femme de Vakhtang VI), qui abrite le catholicos durant le reste de la gouvernance de Simon[12].

En novembre 1713, quand le roi Georges VII d'ImĂ©rĂ©thie est dĂ©trĂŽnĂ© par le prince Mamia III de Gourie, Simon se pose une nouvelle fois contre les intĂ©rĂȘts de la maison royale et offre l'asile Ă  Georges Ă  Tiflis[13]. Tandis que le prince royal Bakar soutient ouvertement Mamia, Simon encourage Georges Ă  regagner son trĂŽne en lui offrant un passage sĂ»r vers l'ImĂ©rĂ©thie[14]. ParallĂšlement, la reine Rodam d'ImĂ©rĂ©thie, femme sĂ©parĂ©e de Georges VII, continue Ă  rĂ©sider en exil Ă  Tiflis[15]. Afin de s'allier avec la puissance noblesse locale, Simon Ă©pouse en 1712 Goulkhan Sidamoni, petite-fille du duc Georges d'Aragvi[9].

Tensions et remplacement

Vakhtang VI et Soulkhan-Saba Orbeliani.

À Ispahan, Vakhtang VI refuse de se convertir Ă  l'islam et son sĂ©jour en Perse devient une dĂ©tention. SecrĂštement, il engage son conseiller Soulkhan-Saba Orbeliani Ă  lancer une mission diplomatique Ă  travers l'Europe pour encourager les pouvoirs occidentaux Ă  mettre pression sur le chah persan et lancer des liens commerciaux entre l'Europe et la GĂ©orgie. Orbeliani retourne d'Ispahan Ă  Tiflis en 1713 et organise, avec l'aide de Simon et de l'abbĂ© lazariste Jean Richard, la visite de Soukhan-Saba Ă  Rome et en France[7]. Jean Richard dĂ©crit la situation en GĂ©orgie en dĂ©tail dans une lettre Ă  Pierre Puchot, comte des Alleurs, ministre français Ă  Constantinople, et dĂ©crit Simon comme un prince regardant le destin de la GĂ©orgie vers l'Europe[7]. Vers la fin de 1713, Soulkhan-Saba et Jean Richard partent pour l'Europe, officiellement malgrĂ© les ordres de Simon, oĂč l'ambassadeur rencontre le pape ClĂ©ment XI et le roi Louis XIV de France.

L'ambassade karthlienne en Europe n'apporte aucun résultat, tandis que la cour du chah perd sa confiance envers Simon. La richesse controversée du prince, l'emprisonnement de Domentios IV[11] et son mariage non-autorisé poussent également la cour d'Ispahan à désapprouver sa régence[9]. Une vague de peste en 1713, une infestation de sauterelles et une famine nationale rendent Simon largement impopulaire à travers le royaume[11]. Au début de 1714, le chah Hossein est convaincu par les khans persans de Transcaucasie de renverser Vakhtang VI pour son refus de se convertir à l'islam[11] - [Note 1] et ce dernier recommende Simon et son autre frÚre cadet Jessé pour le remplacer officiellement[7].

En aoĂ»t 1714, JessĂ© commence Ă  se positionner comme potentiel roi de Karthli. Tandis que les ducs David de Ksani et Georges d'Aragvi envoient une lettre au chah demandant le remplacement immĂ©diat de Vakhtang[7] - [Note 2], JessĂ© organise une rĂ©volte de la garnison persane de Tiflis[9]. Kholopha, dignitaire sĂ©fĂ©vide, est envoyĂ© par la Perse pour faire une enquĂȘte sur la rĂ©volte et, officiellement, pour choisir le nouveau roi de Karthli[7]. En rĂ©alitĂ©, Kholapha est chargĂ© de sĂ©curiser le trĂŽne pour JessĂ© et pour envoyer Simon en Perse[9]. À Tiflis, Kholopha rencontre les dirigeants de l'Églis orthodoxe gĂ©orgienne et de la noblesse locale, qui se retournent tous contre Vakhtang VI et soutiennent JessĂ©[11].

Voyant son manque de support, Simon soutient à son tour Jessé et se déclare conte Vakhtang[16]. Kholapha est contraint de retourner en Perse à la suite d'une révolte populaire de la population chrétienne[11] mais le [17] (ou en septembre selon certaines sources[11]), Jessé est reconnu comme roi de Karthli et débarque à Tiflis, tandis que Simon est autorisé de rester à Tiflis. La régence de Simon est connu aujourd'hui comme étant le premier gouverneur géorgien à régner en tant que chrétien depuis 1633[6]. L'historien Niko Djavakhichvili le considÚre comme un souverain de plein droit et le nomme Simon III[6].

Prince de Karthli

Le prince Bakar, régent de Karthli en 1716-1719.

Jessé gouverne la Karthli avec une main de fer, persécutant la famille de Vakhtang et se retournant contre la noblesse chrétienne du pays. Simon est également sous la menace d'une déportation en Perse[7]. Mais en juin 1716, aprÚs l'échec de l'ambassade de Soulkhan-Saba Orbeliani en Europe, Vakhtang VI accepte de se convertir à l'islam et est finalement reconnu comme roi de Karthli par Ispahan, qui renverse Jessé et installe le jeune prince Bakar comme régent du royaume avant le retour du roi. Jessé est emprisonné par le nouveau gouvernement et le duc David de Ksani est tué dans une bataille contre la couronne. Simon est quant à lui épagner de sa trahison de 1714 et retourne dans la direction du royaume comme conseiller de Bakar.

En 1717, son épouse Goulkhan et une grande partie de ses serviteurs meurt de la peste bubonique, qui ravage Tiflis depuis sa régence[18]. Elle est enterrée à Mtskheta[18], la capitale religieuse de Karthli, et Simon finance la construction d'une église en son honneur. Toujours en deuil, Simon est nommé responsable d'une cavalerie de 300 hommes pour défendre la Basse Karthli face à une invasion de 7 000 Lezghiens qui traversent la Kakhétie et ravagent la région de Bolnissi et la vallée de Ktsia[18]. Lors de la bataille de Nazara, la cavalerie de Simon est vaincue et « massacrée » par les Lezghiens malgré l'avantage de l'armement géorgien, forçant Simon à se réfugier sur les collines de Marneouli[18]. La majorité des Lezghiens retourne en Ciscaucasie à la suite de la chaleur de l'été de 1717, tandis que l'échec du gouvernement de Tiflis face aux nomades encourage Ispahan à autoriser le retour final de Vakhtang VI en Géorgie[18].

Celui-ci regagne son trÎne en août 1719, à la suite de quoi Simon se retire de la politique et réside dans ses domaines de Bechtacheni en Basse Karthli. Aux alentours de 1721, il devient le pÚre d'un fils illégitime, Nicolas, né d'une servante noble qui meurt peu de temps aprÚs sa naissance et éduquée en secret[19]. Il épouse néanmoins en secondes noces Anna, fille du prince Paata Amilakhvari.

Vers la fin de 1722, l'alliance entre Vakhtang VI et la Russie pousse les SĂ©fĂ©vides Ă  encourager le roi Constantin II de KakhĂ©tie Ă  envahir la Karthli, entamant une guerre entre royaumes gĂ©orgiens qui assiĂšge Tiflis pendant plusieurs mois Ă  partir de janvier 1723. Durant cette campagne, Simon retourne auprĂšs de son frĂšre et est nmmĂ© responsable de la dĂ©fense du pont d'Avlabari, faisant face directement aux troupes de Constantin II. Le 10 janvier, avec l'aide d'un certain prĂȘtre Daniel, il capture une large troupe de KakhĂ©tiens priant dans une Ă©glise de Mtskheta en se faufilant dans la ville tombĂ©e et en fermant les portes de l'Ă©glise[20].

Le , la famille royale quitte la capitale, qui est ravagée par les troupes du roi de Kakhétie. Simon participe à la guérilla de Vakhtang VI et de Bakar et parvient à regagner la forteresse de Tsilkani des mains des mercenaires lezghiens. Simon est possiblement le « Gouchtasp » cité par l'historien Vakhoucht Bagration[Note 3] comme rencontrant des représentants ottomans à Poka pour négocier une intervention turque contre l'occupation persane de Tiflis[21]. Le 12 juin, les forces royales reprennent Tiflis et Bakar y est installé comme roi[22].

Exil

À partir du printemps 1724, Vakhtang est solidifĂ© Ă  Tskhinvali, tandis que Bakar quitte Tiflis et se lance dans une campagne militaire contre l'Empire ottoman, nouvel occupant de la Karthli. Au bout de quelques mois, la famille royale ne voit plus de chance de regagner le pouvoir et dĂ©cide de quitter la GĂ©orgie. Le 15 juillet, Vakhtang VI, Bakar et Simon, accompagnĂ©s de leurs familles et d'une suite de 1 200 Ă  1 400 GĂ©orgiens franchissent le Caucase et s'exilent en Russie.

Simon et son Ă©pouse Anne ont une suite personnelle de 29 princes, 13 nobles et 39 serviteurs qui les accompagnent durant le voyage[23] - [24]. Les exilĂ©s s'arrĂȘtent en premier lieu Ă  Digor, le chef-lieu des tribus ossĂštes, oĂč ils sont accueillis par les beaux-frĂšres de Vakhtang VI, qui gouvernent alors les provinces circassiennes[25]. En Circassie, ils sont escortĂ©s par l'armĂ©e russe jusqu'Ă  la citadelle de Solakh, construite par Pierre le Grand, oĂč les GĂ©orgiens demeurent pendant plusieurs semaines Ă  partir du [25]. Ils quittent la citadelle en octobre et atteignent Astrakhan le 8 novembre pour y passer l'hiver rigoureux de la rĂ©gion[25]. Au dĂ©but de 1725, Pierre le Grand convoque la famille royale Ă  Saint-PĂ©tersbourg, mais Simon reste temporairement Ă  Astrakhan[26], avant de rejoindre sa famille.

Arrivée à Moscou le 10 mars, la famille royale est accueillie par la princesse Daredjan Bagration, une cousine royale exil en Russie depuis 1684[27]. Son entrée dans la ville impériale est largement décrite par les historiens russes contemporains : du MonastÚre Danilov aux frontiÚres de la ville, deux carrosses transportent la famille royale, Bakar et Simon se trouvant dans la seconde voiture ; les Géorgiens empruntent le Pont de Pierre et la Porte Voskresenski, avant d'arriver finalement dans leurs domaines sur la rue Nikolskaïa, une avenue en plein centre de Moscou qui devient un centre de culture géorgienne pendant des décennies[24].

MonastĂšre Alexandre Nevski de Saint-PĂ©tersbourg.

Simon passe le reste de sa vie en Russie, oĂč il reçoit avec son frĂšre une pension annuelle de 29 111 roubles[28]. Il ne participe pas dans les tentatives de Vakhtang et de Bakar Ă  retourner en GĂ©orgie avec l'aide militaire de la Russie impĂ©riale dans les annĂ©es 1730. Il entretient nĂ©anmoins de proches relations avec la haute classe russe, dont le gĂ©nĂ©ral Burckhardt Christoph von MĂŒnnich qui Ă©duque son fils illĂ©gitime Nicolas[19]. Simon Bagration de Moukhran meurt le Ă  Saint-PĂ©tersbourg et est enterrĂ© au MonastĂšre Saint-Alexandre-Nevski[1]. Sa pierre tombale, dĂ©diĂ©e par sa femme Anne, lit[29] :

« Dans la tombe de mon mari se trouvent les cendres de la célÚbre Antiquité et de la famille qui descend des rois d'Israël David et Salomon, la famille qui régnait en tant que rois de Géorgie depuis Bagrat. Il a été amené sur ce monde le et en 1725, par souci de la foi inébranlable dans le Christ du royaume géorgien, a quitté sa terre avec son frÚre sous la protection du grand souverain empereur le plus fidÚle et autocratique Pierre Ier, qui régnait sur la Russie avec un pouvoir qui est à jamais digne de la mémoire de l'impératrice Ekaterina Alekseevna. Il quitta ce monde le , sous la protection de la trÚs bienheureuse impératrice de toute la Russie Anna Ioannovna. Le tsarévitch Siméon Léonovitch a vécu au total 56 ans, 11 mois et 17 jours de piété et d'amour pour Dieu, en tant qu'esclave de la miséricorde de la chrétienté. Que son ùme soit transportée en toute sécurité du royaume terrestre au ciel. »

À la suite de sa mort, la princesse Anne continue Ă  soutenir la communautĂ© religieuse gĂ©orgienne en Russie[30]. En 1741, elle pĂ©titionne le SĂ©nat dirigeant pour se plaindre de l'utilisation du nom Bagratiom par l'illĂ©gitime Nicolas[19]. Le SĂ©nat accorde sa pĂ©tition mais prĂ©serve la titulature noble de Nicolas, faisant de lui le prince Nicolas Semionov[19].

Famille

Simon est le septiÚme enfant de Léon Bagration de Moukhran et le second de son mariage avec la princesse Tinatine Avalichvili. Il épouse en 1712 (aprÚs son ascension comme régent en avril) la princesse Goulkhan (surnommée « Gouka »), fille aßnée de Badzim Sidamoni et petite-fille du duc Georges d'Aragvi[1]. Le couple a deux fils :

  • Beri Bagration de Moukhran[Note 4] ;
  • Artchil Bagration de Moukhran.

Goulkhan meurt en 1717 de la peste bubonique. Il Ă©pouse aprĂšs 1721 Anna Amilakhvari, fille du prince Paata Amilakhvari. Celle-ci part en Russie avec son Ă©poux et disparaĂźt de l'histoire aux alentours de 1743. Le couple a deux fils[1] :

  • Étienne Bagration de Moukhran (1727 - )[Note 5] ;
  • DĂ©mĂ©trius Bagration de Moukhran (1728 - ), qui Ă©pouse la princesse Stephanida MatveĂŻovna, une fille de MatveĂŻ AlexeĂŻevitch Rjevski et l'ancienne femme d'Alexandre MikhaĂŻlovitch Golitzine.

Simon a au moins deux fils illégitimes[31] :

  • Nicolas (1721 - ), nĂ© d'une petite noble qui travaille dans la maison de Simon durant le deuil de celui-ci Ă  la suite de la mort de Goulkhan. Il accompagne son pĂšre en Russie en 1724 et devient un lieutenant dans l'armĂ©e russe. Le SĂ©nat russe lui interdit d'utiliser le nom royal de Bagration en 1741 Ă  la suite d'une plainte d'Anne, mais lui offre le titre de Prince Semionov. La ligne des Semionov est aujourd'hui Ă©teinte[1] ;
  • MikheĂŻl, qui est vivant en 1734.

L'explorateur allemand Johann Anton GĂŒldenstĂ€dt mentionne deux fils de Simon qui meurent lors d'un voyage en Europe[24]. Il se peut que l'un de ces deux fils soit Nicolas, mais l'identitĂ© du second reste inconnu.

Annexe

Liens externes

Bibliographie

  • Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, Histoire moderne de la GĂ©orgie, Saint-PĂ©tersbourg, Imprimerie de l'AcadĂ©mie impĂ©riale des sciences, , 668 p..
  • Marie-FĂ©licitĂ© Brosset, Histoire de la GĂ©orgie depuis l'AntiquitĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle - IIe partie, Histoire moderne, Saint-PĂ©tersbourg, Imprimerie de l'AcadĂ©mie impĂ©riale des sciences de Saint-PĂ©tersbourg, , 576 p. (lire en ligne)
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  • (en) David Marshall Lang, The Last Years of the Georgian Monarchy, New York, Columbia University Press, .
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Notes

  1. Les khans musulmans refusent alors de payer tribut au roi chrétien de Karthli, malgré leurs obligations
  2. Ceux-ci craignent la puissance de Vakhtang depuis sa campagne militaire en Ossétie de 1711.
  3. L'historien français Marie-FĂ©licitĂ© Brosset identifie Gouchtasp par l'un des deux frĂšres de Bakar (le prince Georges ou Vakhoucht lui-mĂȘme). Gouchtasp est toutefois le nom islamisĂ© de Simon dans les documents sĂ©fĂ©vides.
  4. Certaines sources font de Beri un fils illégitime de Simon, né en Russie le 9 juillet 1727. Toutefois, il est cité comme un des enfants voyageant en Russie avec son pÚre dÚs 1724.
  5. Anne dĂ©clare en 1741 dans une pĂ©tition au sĂ©nat russe que son fils Étienne a 14 ans et DĂ©mĂ©trius a 13 ans.

Références

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  4. Brosset 1858, p. 88
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  11. Brosset 1858, p. 111
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  14. Brosset 1858, p. 308-309
  15. Brosset 1858, p. 309
  16. Brosset 1858, p. 110-111
  17. Brosset 1857, p. 32
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  20. Brosset 1857, p. 38
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  24. Brosset 1858, p. 600
  25. Brosset 1858, p. 125
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