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Section spéciale (film)

Section spéciale est un film de procès franco-italo-ouest-allemand réalisé par Costa-Gavras, sorti en 1975[1]. Le film relate la création par le gouvernement de Vichy d'une Cour spéciale pour juger les résistants ou présumés tels.

Section spéciale

RĂ©alisation Costa-Gavras
Scénario Costa-Gavras
Jorge SemprĂşn
Acteurs principaux
Sociétés de production Reggane Films
Les Productions Artistes Associés
Goriz Films
Janus Film
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Allemagne de l'Ouest Allemagne de l'Ouest
Genre Historique
Durée 110 minutes
Sortie 1975

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

En juin 1941, Hitler attaquant l'URSS, met fin au Pacte germano-soviétique. Les communistes français entrent alors dans la phase de la résistance armée.

Le , un jeune militant communiste — ultérieurement connu sous le nom de colonel Fabien — abat dans le métro parisien un militaire allemand, l'aspirant de marine Alfons Moser[Note 1]. Cet épisode est connu sous le nom d'« attentat du métro Barbès »[2].

Redoutant les représailles allemandes dans la population parisienne, le gouvernement de Vichy décide de prendre les devants. Avec l'aval de l'amiral Darlan (vice-président du Conseil), Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur, propose au Conseil des ministres présidé par le maréchal Pétain, d'adopter une loi[Note 2] d'exception pour juger, dans le but d'obtenir une condamnation à mort, six Français en échange de la vie de l'aspirant Moser, et ainsi satisfaire la marine de guerre allemande. Ces six accusés seront choisis parmi les ennemis ou les indésirables du régime de Vichy : communistes et Juifs.

Autour de la table, outre Pétain, Darlan et Pucheu, Joseph Barthélemy, ministre de la Justice, le général Huntziger, secrétaire d'État à la Guerre, le général Bergeret, secrétaire de l'Air, Yves Bouthillier, ministre de l'Économie, etc.

Pétain laisse faire Pucheu, mais Barthélemy — professeur de droit — se cabre, puis finit par se soumettre aux injonctions du maréchal ; les autres ministres suivent.

Cette loi d'exception doit être rétroactive (puisque les condamnations doivent être prononcées et exécutées dans les plus brefs délais), si bien que les ministres, peu habitués à ce type d'exercice, la signent en laissant un article entier en blanc, lequel article sera plus tard rédigé à Paris par le procureur de l'État Maurice Gabolde avant sa publication au Journal officiel. Outre son caractère rétroactif, cette loi a ceci de particulier que les condamnations n'ont pas à être motivées, et qu'aucun recours n'est possible ; elle attribue compétence à des « sections spéciales » de la cour d'appel (d'où le titre du film).

Après la mascarade législative (la loi est même antidatée pour donner l'impression qu'elle a été adoptée avant l'attentat) et la parodie de justice (un des prévenus a déjà été jugé), s'engage alors une double course contre la montre : du côté des autorités françaises pour faire guillotiner les six prévenus, et du côté de la défense pour les sauver, notamment via un recours en grâce introduit auprès du chef de l'État, le maréchal Pétain, celui-là même qui a signé la loi.

Fiche technique

Distribution

Hommes politiques et hauts fonctionnaires

Magistrats et avocats

Les Allemands

Les RĂ©sistants

Les prévenus

Autres rĂ´les

Production

Lieux de tournage[4]

Distinctions

Commentaires

Analyse

Section Spéciale s'inscrit dans le cycle des films politiques de Costa-Gavras : Z (1969), L'Aveu (1970), État de siège (1972), ainsi que le film d'Henri Verneuil, I... comme Icare (1979) tous les quatre avec Yves Montand dans le rôle principal, alors qu'ici ce dernier n'apparaît que de manière fugace. Ces films ont pour fil conducteur les rapports entre le monde politique et la justice, et Section Spéciale n'y fait pas exception. Cependant, contrairement à ses prédécesseurs, Section Spéciale n'est pas une demi-fiction réalisée au départ d'événements réels, mais une reconstitution minutieuse d'événements historiques, essentiellement établie d'après l'œuvre de Hervé Villeré qui s'est basé non pas sur les archives judiciaires françaises — dont l'accès lui a été refusé — mais sur des archives allemandes.

L'affaire des sections spéciales sera pour beaucoup dans la condamnation à mort de Pierre Pucheu à Alger, en mars 1944[5]. Elle constitue une base de départ pour une discussion à caractère historique sur la politique de collaboration : les collaborateurs y voyaient un moyen de limiter les représailles des Allemands, et surtout de diriger celles-ci vers des Français « d'une moindre qualité » ; les partisans de De Gaulle lui reprochaient non seulement de soumettre la Justice française à l'occupant, mais surtout d'établir d'odieuses distinctions entre Français.

Cette affaire met en évidence le rôle personnel joué par Pétain. Il ne subit en cette occasion aucune pression directe des Allemands, contrairement aux événements du [6] par exemple. Costa-Gavras « représente » Pétain en ne le montrant pas : on entend sa voix, on voit ses mains et ses manches (constellées d'étoiles), mais on ne voit jamais son visage.. Costa-Gavras dépeint l'atmosphère très particulière de Vichy en 1941. Trois aspects sont mis en exergue : le caractère presque ridicule de l'entassement d'un gouvernement dans une petite ville de province, l'importance capitale, pour la population des deux zones, des décisions prises dans un contexte aussi inapproprié, et la quasi-déification de Pétain, paraissant planer au-dessus des événements. Alors que le sujet du film est plutôt « ciblé », pratiquement toutes les « personnalités » du régime de Vichy défilent à l'écran, y compris Fernand de Brinon (dont on précise qu'il a restauré son château de la Chassagne — Felletin, dans la Creuse — grâce aux fonds secrets), Jean-Pierre Ingrand[7] et Georges Dayras pour la zone occupée. Même l'ambassadeur des États-Unis, l'amiral William Leahy apparaît dans le film.

Les rôles les plus importants ne sont pas dévolus aux acteurs les mieux connus : des célébrités comme Michel Galabru, Yves Robert, Pierre Dux, Bruno Crémer et Jacques Perrin n'y tiennent que des seconds rôles.

Le morceau Impromptus Hongrois (Moment musical op. 94 no 3 en fa mineur, D. 794) de Franz Schubert est interprété lors du dîner réunissant le commandement militaire allemand.

Le film commence par une représentation de l'opéra Boris Godounov.

Détails corrects et erronés

  • Bien que très ressemblant, le discours de PĂ©tain diffusĂ© Ă  l'issue de Boris Godounov n'est pas l'enregistrement originel, lequel comporte trop de grĂ©sillements. Le texte d'origine se termine par « c'est de vous-mĂŞmes que je veux vous sauver », tandis que le discours du film se termine par « c'est de vous-mĂŞmes que j’entends vous sauver ».
  • Contrairement Ă  ce que prĂ©tend un dialogue du film, Pierre Pucheu ne s'est jamais battu dans les rangs nationalistes durant la guerre civile espagnole.
  • La tenue de l'amiral Darlan semble ne comporter que quatre Ă©toiles sur les manches et une seule couronne de feuilles de chĂŞne sur le bandeau de la casquette : pour un amiral de la Flotte, ces nombres devraient normalement ĂŞtre, respectivement, cinq et deux.
  • La dĂ©coration de la Francisque, portĂ©e notamment par Pucheu et Brinon, ne correspond pas au modèle officiel dĂ©pourvu d'anneau et d'argent.
  • La dague portĂ©e par Alfons Moser semble ĂŞtre du modèle de la Heer (armĂ©e de terre) et non de la Kriegsmarine.
  • Devant l'hĂ´tel du Parc, les « plaques » portant ce nom sont en rĂ©alitĂ© des panneaux de carton placĂ©s trop loin, de part et d'autre de l'entrĂ©e. En outre, l'hĂ´tel prĂ©cĂ©dant l'hĂ´tel du Parc en venant des sources est le Majestic et non l'hĂ´tel Thermal (actuel hĂ´tel Aletti Palace). De mĂŞme, l'hĂ´tel des CĂ©lestins n'est visible ni depuis l'hĂ´tel du Parc ni depuis le Pavillon SĂ©vignĂ© (lors d'un Conseil des ministres, l'un de ses membres regarde par la fenĂŞtre et « voit » l'hĂ´tel des CĂ©lestins).
  • Au dĂ©but du film, on parle de conseils des ministres restreints, tenus hors la prĂ©sence du garde des Sceaux : cela ne correspond pas Ă  la rĂ©alitĂ©.
  • On voit que le procureur de l'État, Gabolde, est affectĂ© d'une boiterie : il avait effectivement Ă©tĂ© amputĂ© d'une jambe pendant la Grande Guerre.
  • Il est assez Ă©tonnant de voir, lors de l'arrivĂ©e de Me Lafarge Ă  Vichy, la loge du marĂ©chal PĂ©tain gardĂ©e par des soldats, avec baĂŻonnette au canon, portant Ă  l'Ă©tĂ© 1941 la lourde capote et le casque de 1940 : le MarĂ©chal disposait de sa Garde personnelle revĂŞtue d'un uniforme spĂ©cifique (casque et tunique de cuir des troupes de cavalerie, notamment). De mĂŞme, l'officier prĂ©sent Ă  ce moment aurait Ă©tĂ© un officier de gendarmerie.
  • Les noms et les prĂ©noms des prĂ©venus sont exacts. On les trouve sur des plaques commĂ©moratives ou parmi les 13 fusillĂ©s de Caen.

Notes et références

Notes

  1. L'aspirant Moser Ă©tait un simple assistant d'intendance.
  2. À ce moment, Pétain exerçait le pouvoir législatif en Conseil des ministres.

Références

  1. Allociné.com, Section spéciale.
  2. Jean Morawski, « Histoire.Il y a soixante ans, commençait la résistance armée contre les nazis métro Barbès : la France relève la tête », sur l'Humanité, (consulté le ).
  3. Non crédité au générique.
  4. L2TC section speciale lieux de tournage
  5. Pierre Pucheu, Ma Vie, Ă©d. Amiot-Dumont, Paris, 1948.
  6. Lors du renvoi de Laval, l'ambassadeur Abetz était venu en personne à Vichy, entouré de SS, exiger sa réintégration.
  7. Éric Conan, « Jean-Pierre Ingrand – Les regrets d'un serviteur de Vichy », L'Express, 8 août 1991 [lire en ligne].

Voir aussi

Bibliographie

  • Suzane Langlois, La RĂ©sistance dans le cinĂ©ma français, 1944-1994 : De La libĂ©ration de Paris Ă  Libera me, Ă©d. L'Harmattan, Paris, 2001, 444 p. (ISBN 2747507750 et 978-2-747-50775-2) [lire en ligne], p. 292-300.

Articles connexes

Liens externes

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