Séminaire français de Lausanne
Le Séminaire français de Lausanne est une faculté de théologie protestante qui forme des pasteurs après la révocation de l'édit de Nantes. Il est fondé par le pasteur Antoine Court en 1726 et fonctionne jusqu'en 1812.
Fondation | |
---|---|
Dissolution |
Type | |
---|---|
Pays | |
Coordonnées |
46° 31′ 22″ N, 6° 38′ 05″ E |
Histoire
Dès le XVIe siècle, les protestants français fondent plusieurs académies pour former les théologiens, pasteurs et prédicateurs : l'académie de Nîmes en 1539, l'académie protestante du Béarn en 1562, l'académie de La Rochelle en 1571, l'académie d'Orange en 1573. Elles se développent après après la signature de l'édit de Nantes par le roi Henri IV en 1598 : académie de Montauban et de Puylaurens en 1598, académie de Saumur en 1599, académie de Die en 1604. Toutes sont fermées lors de la révocation de l'édit de Nantes par l'Édit de Fontainebleau de 1685. Les pasteurs doivent alors quitter le Royaume. Les Huguenots sont persécutés, avec les dragonnades, des peines de galères ou des emprisonnements, comme à la Tour de Constance.
En marge du royaume, subsistent l'académie de Genève, fondé par le Réformateur français Jean Calvin en 1559, et l'académie de Strasbourg, fondé en 1566 - futur gymnase Jean-Sturm. À partir de 1715, le pasteur Antoine Court organise un séminaire français à Lausanne, passé à la Réforme protestante en 1536 grâce aux réformateurs Jean Calvin, Pierre Viret et Guillaume Farel. Né dans les Cévennes protestantes, Antoine Court participe aux guerres des camisards jusqu'en 1713. En 1715, il organise et convoque aux Motèzes, près de Monoblet, dans le Gard, une assemblée qui reste souvent appelée le « premier synode du Désert »[1]. Il entre en relation avec les pasteurs de l'Église protestante de Genève, et est ministre itinérant dans le sud de la France. En 1729, Court doit se réfugier à Lausanne, et y enseigne jusqu’à la fin de sa vie.
Le comité directeur se compose notamment de M. de Montrond, d'Antoine-Noé de Polier de Bottens, de Loys de Chéseaux, et d'Antoine Court. De 1726 à 1744, environ quarante étudiants s’y succèdent. Le financement des bourses est assuré par des collectes faites dans les pays du Refuge protestant par Benjamin Duplan, élu Député Général auprès des pays protestants par le synode national de 1727[2].
À partir de 1745, les études sont réorganisées en deux ans, et comprennent du grec ancien, pour étudier le Nouveau Testament dans le texte, de la philosophie et de la théologie. Il y a alors entre douze et seize étudiants par année[3].
En 1787, l'édit de Versailles accorde un état civile aux protestants français, et reconnait leur mariages, sans pour autant accorder la liberté de culte. Ce n'est qu'avec la Révolution française, et la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qu'elle est rétablie. Les études sont alors allongées à cinq ans. Les cours ont lieu dans l'appartement d'un professeur, M. Lavade, situé 1 place de la cathédrale, face au portail occidental de la cathédrale de Lausanne. Une plaque commémorative y a été posée, avec un cartouche reprenant le symbole des Églises réformé, le tétragramme יהוה apparaissant dans le buisson ardent cité dans Exode III, 2, entouré de deux formules latines « Flagror non consumor » et « Ecclesia in Gallia reformante »[4].
En 1798, l'armée française conquiert la Suisse, et forme la République helvétique. Lausanne devient le chef-lieu du Canton du Léman. Le territoire de Genève intègre la France, et devient le chef-lieu du département du Léman. En 1802, Napoléon organise le culte protestants en promulguant les articles organiques, dans le cadre du régime concordataire français. Les pasteurs des Églises réformées (calvinistes) sont formées en France, à Genève. Le Consistoire luthérien, responsable des protestants de la confession d'Augsbourg, fonde le Séminaire protestant de Strasbourg.
Le 17 septembre 1808, un décret impérial refonde pour les Églises réformées la Faculté de théologie protestante de Montauban. Le séminaire français de Lausanne perd ses étudiants, et le 18 avril 1812, a lieu une cérémonie de clôture officielle[5].
Anciens élèves célèbres
- Jean Béranger, dit « pasteur Colombe », né en 1731 à Chabeuil et mort le 28 mars 18131 à Mens ;
- Antoine Court de Gébelin, fils d'Antoine Court, né en 1725 à Nîmes et mort le 12 mai 1784 à Paris ;
- Pierre Durand, frère de Marie Durand, né en 1700 à Pranles et mort exécuté le 22 avril 1732 à Montpellier ;
- Jean Jarousseau, né le 25 décembre 1729 à Mainxe et mort le 18 juin 1819 à Semussac ;
- Paul Rabaut, né à Bédarieux le 29 janvier 1718 et mort à Nîmes le 25 septembre 1794 ;
- Jacques Antoine Rabaut-Pommier, pasteur député, né à Nîmes le 24 octobre 1744, mort à Paris le 16 mars 1820 ;
- Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne, pasteur député, né à Nîmes le 14 novembre 1743 et exécuté à Paris le 5 décembre 1793 ;
- François Rochette, né en 1736 à Vialas et exécuté le 19 février 1762 à Toulouse.
Notes et références
- « Les Synodes du Désert », sur Musée protestant (consulté le )
- « Les pasteurs du Désert », sur Musée protestant (consulté le )
- Hélène Kern, « LE SÉMINAIRE DE LAUSANNE ET LE COMITÉ GENEVOIS », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-), vol. 108, , p. 192–218 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
- Ch. Bost et G.-A. Bridel, « La maison du « Séminaire » français à Lausanne », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-), vol. 77, no 1, , p. 57–504 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
- « Le Séminaire de Lausanne (1726-1812) », sur Musée protestant (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- Claude Lasserre, Le Séminaire de Lausanne : Instrument de la restauration du protestantisme français., vol. 112, Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, Éditions Ouverture, , 368 p. (ISBN 9782354790929, présentation en ligne)