Guillaume Farel
Guillaume Farel (Fareau[1] en patois), né dans le village des Fareaux[coord 1] (commune de Gap) en 1489, et mort à Neuchâtel le , est l'un des pionniers du mouvement de la réforme protestante et a joué un rôle important dans l’expansion du protestantisme en Suisse romande.
Naissance |
Gap, Dauphiné |
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Décès |
Neuchâtel |
Activité principale |
Langue d’écriture | Français |
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Mouvement | RĂ©forme protestante |
Genres |
Ĺ’uvres principales
- Le Glaive de l’esprit.
- La Sainte Cène du Seigneur.
- Le Sommaire.
Biographie
Issu d’une famille de notables, il est le fils d'Antoine Farel, notaire épiscopal de Gap, et Anastasie d'Orcières[2]. Farel part étudier à Paris à l’âge de 20 ans, fréquente Lefèvre d’Étaples au collège du Cardinal-Lemoine, et fait partie du cénacle de Meaux, réuni par l’évêque Guillaume Briçonnet qui lance une expérience évangélique dans les années 1519-1525.
Après une condamnation par la Sorbonne, il prêche avec ferveur dans le Dauphiné et en Suisse. A Bâle, l'opposition d'Érasme, hostile à la Réforme, lui vaut d'être exclu de la ville en 1524. Il se rend à Montbéliard et à Strasbourg, chez Martin Bucer. En Suisse, Farel voyage à Aigle, Lausanne, Orbe, Grandson, Yverdon. Il voyage aussi à Neuchâtel et Genève. Sous son impulsion, Neuchâtel passe à la Réforme en 1530[3]. À Zurich, il rencontre Ulrich Zwingli.
A Orbe, Farel exerce une grande influence sur le jeune Pierre Viret. Ce dernier, à son exemple, deviendra l'un des grands réformateurs de cette époque. Pierre Viret, Guillaume Farel, Théodore de Bèze et Jean Calvin sont les principaux acteurs de la Réforme protestante, tant en Suisse qu’en France. Pierre Viret est le seul réformateur d’origine romande.
Farel prêche à Genève de 1532 à 1536 et la ville adopte la Réforme en . Il y devient ministre du culte et, en été 1536, convainc Jean Calvin, de passage à Genève, de rester sur place. Il se brouille cependant avec Calvin à l’occasion de disputes sur la cène, et en raison de l'union de Farel avec une jeune fille de 18 ans, qui fait scandale[3]. Il est banni de Genève en 1538 pour son rigorisme excessif et se retire à Neuchâtel, ville dans laquelle il amène la réforme. Il participe à un groupe de réflexion dont fait également partie Antoine Marcourt, à l'origine de l'affaire des Placards.
Farel à Montbéliard
À l’invitation du comte de Montbéliard, Georges Ier de Wurtemberg, Farel prêche la réforme à la population montbéliardaise, protestante depuis 1524-1525. Son empreinte est encore assez sensible dans le pays de Montbéliard. Selon la légende, il aurait prêché sur un étal appelé pierre à poissons situé sur la place Denfert-Rochereau[coord 2], et qui est aujourd’hui le plus ancien monument de cette ville.
Metz
En 1542, il est invité par le maître-échevin de Metz Robert de Heu, qui assiste son frère Gaspard, son successeur au poste de maître-échevin. La famille, majoritairement protestante, invite Guillaume Farel a prêcher les idées de la Réforme dans la ville libre de Metz[4] et réside au château de Montoy qui deviendra un haut-lieu du protestantisme en Lorraine. Il y restera un an puis retournera à Neuchâtel pour y revenir à de multiples reprises (1561, 1562 et 1565)[5].
Neuchâtel
Fin 1529, Guillaume Farel fait sa première apparition en ville de Neuchâtel, il est attendu et accueilli chez Jacob Windemuth, un bourgeois proche des Bernois. Cette année même où le comté de Neuchâtel est restitué à sa souveraine Jeanne de Hochberg par les cantons suisses. Malgré les recommandations faites à Farel de prêcher sans se mêler de politique, ce dernier en est résolument incapable, la réformation doit impliquer un changement sociétal.
Le 15 août 1530, Farel se rend au Val-de-Ruz et à Cernier. En rentrant en ville de Neuchâtel, un groupe de prêtres l'attend à Valangin. Un échange houleux soutenu par une série d'arguments fini de provoquer Farel qui se lance dans un débat public. Une partie de l'entourage de la comtesse, dont plusieurs femmes, descendent du Château de Valangin pour s'en prendre à Farel. Ce dernier arrive à s'en réchapper sans avoir manqué d'en perdre la vie.
Les 23 et 24 octobre 1530, des émeutes éclatent à la suite du prêche de Farel à la Collégiale de Neuchâtel du dimanche 23. Sa position qui blâme vivement le culte des saints et de la Vierge trouve écho dans ses auditeurs qui s'en prendront à de nombreux objets de piété, statues et tableaux. À la suite de cet événement, le gouverneur réunit les Conseils et tente de maintenir la fidélité à la foi de leur souveraine. En vain, les conseillers répondent à Georges de Rive que l'autorité de leur souveraine ne s'étend pas jusqu'aux questions de religion.
Le 4 novembre de la même année un vote a lieu et la Réforme est acceptée à une courte majorité. Grâce au premier traité de paix religieuse de 1529, la foi reformée peut s'étendre. La messe abolie en ville, les réformés s'engagent à épargner les autres monastères et paroisses du comté. Les dîmes sont toujours versées à la comtesse. Les catholiques sont encore nombreux et malgré l'injonction à vivre en paix, les insultes et attaques se succéderont encore longtemps, dont notamment l'attaque iconoclaste du 4 juin 1531 à la collégiale de Valangin[6].
Farel sera nommé pasteur par la ville de Neuchâtel en 1536. Sa doctrine s'appuie sur la justification de la foi en Jésus-Christ et la sanctification par une vie reconnaissante de la grâce qui a été accordée. Dans la construction de l'Église réformée, plusieurs crises liées entre autres au principe de l'excommunication ainsi que de la gestion des biens ecclésiastiques surviendront. Farel sera tenté lors de ces crises de quitter Neuchâtel et il le fera en 1542 pour Metz, ville dans laquelle il résidera un an avant de revenir à Neuchâtel. Un deuxième voyage à Metz aura lieu en 1562, puis un dernier au printemps 1565. Le réformateur fortement affaibli dans sa santé décédera à Neuchâtel en 1565, à l'âge de 76 ans[5].
Théologie
Les aspects théologiques de sa doctrine sont résumés par lui-même dans ce qui est considéré comme son meilleur ouvrage : "Le Sommaire".
Il croit en la justification de la foi en Jésus-Christ seul (Sola gratia) et porte beaucoup d'importance à la sanctification par une vie reconnaissante qui découle d'un don immérité. L'Évangile est selon lui la vraie puissance de Dieu pour le salut de tout croyant, la consolation des affligés et la délivrance des captifs[7].
Sa doctrine s'oppose fortement à l'idée d'un purgatoire qu'il indique ne pas trouver dans la Bible. Le réformateur se base sur les évangiles de Matthieu et de Marc pour étayer sa thèse en citant que celui qui croira sera baptisé et sauvé tandis que celui qui ne croira pas sera condamné. Le purgatoire n'a donc pas de sens pour lui[7].
Œuvres théologiques en français
- Lettres manuscrites autographes de Guillaume Farel envoyées à d'autres réformateurs (notamment Jean Calvin, etc.) et reçues par lui, sont conservées aux Archives de l'État de Neuchâtel[8].
- Le Glaive de l’esprit.
- La Sainte Cène du Seigneur.
- Le Sommaire.
Notes et références
- Merle d'Aubigné, History of the Reformation of the Sixteenth Century, Vol. 3, p. 328.
- Jean Grosdidier de Matons, Armorial haut-alpin, MĂ©moire et documents, 2003, p. 305.
- Francis Higman, « Farel, Guillaume » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du ..
- Roger Mazauric, Le tragique destin d’un patricien messin. Gaspard de Heu, Sr. de Buy, 25 p., p. 3.
- « Un captivant voyage sur les pas de Guillaume Farel », sur EREN, (consulté le )
- Robert Michèle [VNV], Histoire de la Réforme dans le pays de Neuchâtel, (ISBN 978-2-88930-158-4 et 2-88930-158-3, OCLC 1013917616, lire en ligne)
- Guillaume Farel, Le sommaire de Guillaume Farel (lire en ligne), p. 129
- Fonds : Archives de la société des pasteurs et ministres neuchâtelois (13e-20e). Cote : PAST. Archives de l'État de Neuchâtel (présentation en ligne)..
Bibliographie
- Guillaume Farel, 1489-1565. Biographie nouvelle, Paris et Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1930.
- Samuel Delattre, Guillaume Farel, réformateur de la Suisse romande, du pays de Montbéliard et de Gap, S. Delattre éditeur, Privas (Ardèche), 1931.
- Victor Carrière, « Guillaume Farel propagandiste de la réformation », Revue d'histoire de l'Église de France, 1934, Volume 20, no 86, pp. 37-78.
- E. Dönges, Vie de Guillaume Farel, Vevey, Bibles et littérature chrétiennes, 2002.
- Wyrill Hubert, Réforme et Contre-Réforme en Savoie 1536-1679. De Guillaume Farel à François de Sales, Lyon, Réveil publications, 2001.
- P.-O. Léchot, « L’impact de la prédication évangélique à Neuchâtel (1529-1530) », dans : Annoncer l’Évangile. Permanences et mutations de la prédication (XVe – XVIIe siècle), éd. par M. Arnold, Paris, Editions du Cerf, 2006, p. 329-350.
- Christophe Vyt, « Guillaume Farel et le Dauphiné (1489-1565) », dans François Boulet, Olivier Cogne, Stéphane Gal (dir.), Protestants en Dauphiné. 500 ans d'histoire (XVIe – XXIe siècles), Presses universitaires de Grenoble, 2017, p. 29-43.
- Georges de Manteyer, Les Farel, les Aloat et les Riquet. Milieu social où naquit la Réforme dans les Alpes, Gap, Louis Jean & Peyrot Imprimeurs-Éditeurs, 1912.
- Théodore Gorge, Farel à Metz et dans le pays messin en 1542 et 1543, thèse, 1942, Neufchâtel, 11-43 f.
- A.L. Herminjard, La Réforme à Metz. Six lettres inédites de Farel et de Pierre Toussain (1525-1526), Paris, Noblet, 1876, 30 p.
- Robert Michèle [VNV], Histoire de la Réforme dans la pays de Neuchâtel, 2017
Sources
- Frances A. Bevan, Vie de Guillaume Farel, Lausanne, H. Mignot, , 398 p. (lire en ligne).
- Fonds : Archives de la société des pasteurs et ministres neuchâtelois (13e-20e). Cote : PAST. Archives de l'État de Neuchâtel (présentation en ligne).
Coordonnées des lieux mentionnés
- Les Fareaux : 44° 37′ 36″ N, 6° 04′ 51″ E.
- Place Denfert-Rochereau : 47° 30′ 32″ N, 6° 47′ 43″ E.
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site de la cathédrale Saint-Pierre de Genève.
- Notes et références d'un théologien suisse pour la commémoration des 450 ans de la mort de Guillaume Farel.