Pierre Ă poissons
La pierre à poissons, située place Denfert-Rochereau à Montbéliard en France est le seul monument médiéval entier à subsister dans la ville. Elle aurait permis à Guillaume Farel de prêcher la Réforme.
Type |
Table en pierre |
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Style |
XVe siècle |
Propriétaire |
Ville de Montbéliard (d) |
Patrimonialité |
Classé MH () |
Pays | |
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RĂ©gion | |
Commune | |
Adresse |
Place Denfert-Rochereau |
Autobus |
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Coordonnées |
47° 30′ 37″ N, 6° 47′ 56″ E |
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La pierre à poissons fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1].
Histoire
Le bourg de la Halle
La plus ancienne mention de la pierre à poissons dans un document remonte à 1470, mais rien n’interdit de penser qu’elle était en place auparavant. Elle se trouve au débouché de la rue des Fèbvres, au coin du bourg de la Halle, dernier né des quartiers du Moyen Âge montbéliardais.
Enclos vers 1300, séparé de la ville par un mur et communiquant avec elle par la porte de l’Horloge, le bourg est un carrefour, une place publique, un centre commercial, et donc le principal lieu d’animation de la cité. La pierre sert, comme son nom l’indique, d’étal au marché du poisson. Les poissons d’eau douce, pêchés dans les rivières et étangs environnants, et dont la consommation est beaucoup plus importante à l’époque (plus de 150 jours maigres par an) y sont débités et vendus à la criée.
Au Moyen Âge, la pierre est enclose dans une maisonnette de bois. Sur cette table, Guillaume Farel aurait prêché la Réforme. Jules Vittini, artiste de la tradition montbéliardaise, a même peint cette scène, mais aucun document historique ne relate cet épisode, pourtant profondément ancré dans la mémoire collective.
Guillaume Farel
En 1523, Guillaume Farel est à Bâle où il fortifie sa doctrine au contact du réformateur et humaniste local, Œcolampade. Il est appelé par le comte Ulrich VI de Wurtemberg pour prêcher la Réforme à Montbéliard. Depuis quelques années, la cité connaît une certaine effervescence, marquée par des relations plus tendues entre la ville et les chanoines de Saint-Maimboeuf et par une volonté à modifier l’institution ecclésiastique, les mœurs et la foi. Dans ce climat, Ulrich pense que les idées de Luther peuvent faire des adeptes.
Farel est à Montbéliard entre juillet 1524 et mars 1525, prêchant sans relâche et avec véhémence, s’attaquant par l’insulte et les violences verbales à la messe et aux rites. Cela suscite des incidents violents et des débats contradictoires avec des franciscains envoyés de Besançon et avec des chanoines de Saint-Maimboeuf. Une partie de la population accepte mal les excès du prédicateur, alors que les cantons suisses, inquiets d’un tel voisinage, obtiennent d’Ulrich son départ. Il quitte donc la ville et regagne Bâle. Son séjour montbéliardais lui permet de prendre pour la première fois, la parole en tant que réformateur indépendant. Cette expérience lui inspire sa « Sommaire et brève déclaration », premier traité de liturgie évangélique en français. Par la suite, il s’efforce de répandre la Réforme dans le pays de Vaud à Neuchâtel, puis à Genève où il rencontre Jean Calvin en 1536.
Le passage de Farel à Montbéliard prépare le terrain à l’installation définitive de la Réforme luthérienne. En 1538, Pierre Toussain l’impose dans la ville avec l’abolition de la messe et des cérémonies catholiques. Une chose est donc sûre, Guillaume Farel a bien prêché la Réforme à Montbéliard. Une chose l’est moins, qu’il l’ait fait perché sur la pierre à poissons. Aucun élément historique ne vient la confirmer. La place sur laquelle elle est érigée porte le nom de square Farel.
Description
La pierre à poissons forme une « table » : deux pieds en pierre supportent la pierre principale en calcaire. La pierre de taille a pour dimensions : 20 cm de hauteur, 265 cm de longueur et 125 cm de largeur[2].
Sources
- Société d'Émulation de Montbéliard, François Vion-Delphin
- La Principauté de Montbéliard, Daniel Seigneur