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Royal Louis (1759)

Le Royal Louis est le quatrième exemplaire d'une série de six vaisseaux de ligne de premier rang de la Marine royale française. C'est un vaisseau de prestige à trois ponts destiné à montrer sur mer l'éclat et la puissance de la monarchie française. En service de 1762 à 1772, il ne participe cependant à aucune opération militaire et passe l'essentiel de sa carrière à quai. C'est aussi l'un des rares trois-ponts construit sous le règne de Louis XV, époque où pour des raisons financières les arsenaux français lancent essentiellement des deux-ponts de 64 à 80 canons[4].

Royal Louis
illustration de Royal Louis (1759)
Modèle réduit dit du Royal Louis, exposé au Musée national de la Marine, Paris

Type Vaisseau de ligne
Histoire
A servi dans Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Chantier naval Jacques-Luc Coulomb
Chantier naval de Brest
Quille posée [1]
Lancement
Armé
Statut DĂ©moli en 1772[2]
Équipage
Équipage 1100 hommes ou plus[3]
Caractéristiques techniques
Longueur 190 pieds[1]
Maître-bau 51 pieds
Tirant d'eau 24 pieds
DĂ©placement 3000 t
Propulsion Voile
Caractéristiques militaires
Armement 116 canons
Pavillon France

Construction et caractéristiques générales

Il est construit par l'ingénieur Jacques-Luc Coulomb, neveu de François Coulomb et futur ingénieur constructeur en chef de la marine (1765)[2]. Le bâtiment est mis en chantier à Brest le et lancé en .

Sa coque est en chêne[5]. Le gréement, (mâts et vergues) est en pin, bois plus léger et souple. Les affûts des canons et des pompes sont en orme, les sculptures de la proue et de la poupe sont en tilleul et en peuplier, les poulies sont en gaïac. Les menuiseries intérieures sont en noyer. Les sculptures de la poupe et de la proue sont l’œuvre de Caffieri, illustre maître sculpteur dont la famille a contribué à l'évolution de la décoration navale[2]. Les cordages et les voiles sont en chanvre[5].

Prévu pour pouvoir opérer pendant des semaines très loin de ses bases européennes s’il le faut, ses capacités de transport sont considérables[6]. Il emporte pour trois mois de consommation d’eau, complétée par six mois de vin et d’eau douce[7]. S’y ajoute pour cinq à six mois de vivres, soit plusieurs dizaines de tonnes de biscuits, farine, légumes secs et frais, viande et poisson salé, fromage, huile, vinaigre, sel, sans compter du bétail sur pied qui sera abattu au fur et à mesure de la campagne[8].

Il est de même dimension que le précédent, mais porte une artillerie moins importante (116 pièces au lieu de 124). Elle se répartit de la façon suivante :

Lorsque le Royal Louis doit tirer, le poids de la bordĂ©e est de 1 252 livres (Ă  peu près 612 kg) et le double s’il doit faire feu simultanĂ©ment sur les deux bords[9]. Ses soutes doivent lui permettre d’embarquer plusieurs dizaines de tonnes de boulets pleins, de boulets ramĂ©s, de mitraille et plus de 35 tonnes de poudre noire[10].

Une carrière essentiellement à quai

Il est mis en service le pendant la Guerre de Sept Ans, conflit qui a vu la flotte française connaitre de très lourdes défaites. Le ministre de la marine, Choiseul, veut relever le prestige de la flotte en lançant une expédition contre le Brésil[11] qui rappellerait celle, victorieuse, de Duguay-Trouin sur Rio en 1711[12]. Le Royal-Louis est naturellement désigné pour en prendre la tête, suivi par huit vaisseaux de ligne et dix transports de troupes. L’escadre est confiée à un marin expérimenté : Beaussier de l’Isle, et la troupe à un homme revenu auréolé de ses combats dans l’océan Indien : le comte d’Estaing[12]. Tout est prêt, lorsqu’en la publication des préliminaires de paix avec l'Angleterre met un terme au projet[12].

Le 11 du même mois, il appareille pour une campagne d'essais. Ses qualités nautiques se révèlent très médiocres : il n'est pas loin de chavirer dans un coup de vent à cause d’un manque d’assiette important[13]. Pour remédier au problème, on décide le 20 suivant de l'alléger dans les hauts en faisant débarquer la troisième batterie. Armé ainsi en flûte avec seulement cinquante-huit pièces (28×36, 24×24 et 6×8), le Royal Louis effectue en 1763 une campagne de cinq mois et huit jours[2] pour faire une démonstration et ravitailler les Iles du Vent et Saint-Domingue[13].

Comme les deux premiers bâtiments de la série, il passe ensuite l'essentiel de son temps à quai où il pourrit rapidement. Le lancement du Ville de Paris en 1764 et du Bretagne en 1766, trois-ponts de plus petite taille mais aux qualités nautiques supérieures déclasse en partie le Royal Louis. En réparation en 1771 alors que ses défauts de construction sont presque impossibles à corriger et que le ministère de la Marine souffre à nouveau de crédits limités, il est finalement rayé des effectifs l’année suivante et progressivement démantelé[2]. Une partie de sa mâture est récupérée pour équiper la Bretagne[14].

Galerie : modèle réduit du Royal Louis au Musée de la Marine

  • Modèle rĂ©duit du Royal Louis au 1/18ème vu de trois-quarts de face. MusĂ©e de la Marine, Paris.
    Modèle réduit du Royal Louis au 1/18ème vu de trois-quarts de face. Musée de la Marine, Paris.
  • L’étrave du vaisseau et sa figure de proue sous le mât de beauprĂ©.
    L’étrave du vaisseau et sa figure de proue sous le mât de beaupré.
  • DĂ©tail de la figure de proue. Elle reprend un modèle d'empereur romain.
    Détail de la figure de proue. Elle reprend un modèle d'empereur romain.
  • La muraille avec ses trois-ponts. Ă€ sa mise en service, le Royal Louis porte 116 canons.
    La muraille avec ses trois-ponts. À sa mise en service, le Royal Louis porte 116 canons.
  • Le gouvernail surplombĂ© du gaillard arrière, oĂą se rĂ©unissent et oĂą sont logĂ©s les officiers.
    Le gouvernail surplombé du gaillard arrière, où se réunissent et où sont logés les officiers.
  • DĂ©tail du gaillard arrière, richement dĂ©corĂ©. Les sculptures sont l’œuvre de Caffieri.
    Détail du gaillard arrière, richement décoré. Les sculptures sont l’œuvre de Caffieri.
  • L’un des gaillards, avec Ă  l'avant un cabestan et Ă  l’arrière des canons de huit livres.
    L’un des gaillards, avec à l'avant un cabestan et à l’arrière des canons de huit livres.
  • DĂ©tail du pont supĂ©rieur avec les haubans et les pièces de plus faible calibre.
    Détail du pont supérieur avec les haubans et les pièces de plus faible calibre.
  • Modèle rĂ©duit dit du Sans-Pareil (en), navire non rĂ©alisĂ© d'un type voisin du Royal Louis.
    Modèle réduit dit du Sans-Pareil (en), navire non réalisé d'un type voisin du Royal Louis[15].

Notes et références

  1. French Third Rate ship of the line Royal Louis (1759), Ronald Deschênes, Vaisseaux de ligne français de 1682 à 1782.
  2. Grégoire Gasser, dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1270-1271.
  3. Le ratio habituel, sur tous les types de vaisseau de guerre au XVIIIe siècle est d'en moyenne 10 hommes par canon, quelle que soit la fonction de chacun à bord. L'état-major est en sus. Acerra et Zysberg 1997, p. 220.
  4. Meyer et Acerra 1994, p. 90.
  5. Acerra et Zysberg 1997, p. 107 Ă  119.
  6. Jacques Gay dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487 et Jean Meyer dans Vergé-Franceschi 2002, p. 1031-1034.
  7. Un litre de vin par jour et par homme. Le vin complète largement l’eau qui est croupie dans les barriques au bout de quelques semaines. Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487
  8. Des moutons (six par mois pour 100 hommes), volailles (une poule par mois pour sept hommes, avec aussi des dindes, des pigeons, des canards). Vergé-Franceschi 2002, p. 1486-1487
  9. Selon les normes du temps, le navire, en combattant en ligne de file, ne tire que sur un seul bord. Il ne tire sur les deux bords que s’il est encerclé ou s'il cherche à traverser le dispositif ennemi. Base de calcul : 1 livre = 0,489 kg.
  10. Acerra et Zysberg 1997, p. 216.
  11. Le Brésil est à cette époque une colonie du Portugal qui est officiellement neutre, mais de facto allié de l’Angleterre.
  12. Lacour-Gayet 1910, p. 394-395.
  13. Nicolas Mioque, Les vaisseaux à trois-ponts français du XVIIIe siècle, décembre 2011.
  14. La Bretagne est mise à l'eau en 1766. Le bâtiment est considéré comme très réussi. Cependant, son achèvement traine en longueur et sa première croisière n’aura lieu qu'en 1778, ce qui explique la récupération d'une partie des agrès du Royal Louis, stockés un certain temps en magasin. Forrer et Roussel 2005, p. 35-37.
  15. Voisin car envisagé à la même époque, mais percé à 15 sabords sur sa première batterie (contre 16 pour le Royal Louis) et 16 sabords sur la deuxième batterie (contre 17 pour le Royal Louis).

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Martine Acerra et AndrĂ© Zysberg, L'essor des marines de guerre europĂ©ennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, BNF 36697883) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Alain Boulaire, La Marine française : De la Royale de Richelieu aux missions d'aujourd'hui, Quimper, Ă©ditions Palantines, , 383 p. (ISBN 978-2-35678-056-0)
  • Olivier Chaline, La mer et la France : Quand les Bourbons voulaient dominer les ocĂ©ans, Paris, Flammarion, coll. « Au fil de l’histoire », , 560 p. (ISBN 978-2-08-133327-7)
  • Alain Demerliac, La Marine de Louis XV : Nomenclature des Navires Français de 1715 Ă  1774, Nice, OmĂ©ga,
  • Claude Forrer et Claude-Youenn Roussel, La Bretagne : vaisseau de 100 canons pour le roi et la RĂ©publique, 1762-1796, SpĂ©zet, Kaltia Graphic, , 222 p. (ISBN 2-913953-84-0). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Georges Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, HonorĂ© Champion Ă©diteur, (1re Ă©d. 1902) (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines Ă  nos jours, Rennes, Ouest-France, , 427 p. [dĂ©tail de l’édition] (ISBN 2-7373-1129-2, BNF 35734655)
  • RĂ©mi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, Ă©ditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Jean-Michel Roche (dir.), Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française de Colbert Ă  nos jours, t. 1, de 1671 Ă  1870, Ă©ditions LTP, , 530 p. (lire en ligne)
  • Michel VergĂ©-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle : guerres, administration, exploration, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire », , 451 p. (ISBN 2-7181-9503-7)
  • Michel VergĂ©-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'histoire maritime, Paris, Ă©ditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0, BNF 38825325). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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