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Rothéneuf

Rothéneuf est un quartier au nord-est de la ville de Saint-Malo et une ancienne paroisse d'Ille-et-Vilaine, situé sur la côte nord de la Bretagne, en France, sur le bord du havre homonyme.

Rothéneuf
Panorama du havre de Rothéneuf vue de l'île Besnard (le village de Rothéneuf est au fond sur la droite)
GĂ©ographie
Pays
RĂ©gion
Établissement public
DĂ©partement
Arrondissement français
Commune française
Coordonnées
48° 40′ 55″ N, 1° 58′ 05″ O
Identifiants
Code postal
35400
Carte

Il existe plusieurs gentilés : Rothéien, Rothénien ou Rothéneuvien[1].

Toponymie

Le nom de la localité est attesté sous les formes Roteneuf en 1493, Roteneuc en 1558.

Ce nom de lieu n'est pas attesté dans les textes anciens. Il fut longtemps écrit Roténeuf. L'origine du nom n'est pas certaine et plusieurs hypothèses peuvent être avancées :

  • Le radical prĂ© latin roth signifiant guĂ©, que l'on retrouve dans Routhouan, un ruisseau de Saint-Malo. Ce guĂ© Ă©tait peut ĂŞtre celui du ruisseau du havre de RothĂ©neuf.
  • Le mot breton ros ou roz signifiant une hauteur (plateau, falaise ou sommet) associĂ© suivi de Tenec ou Denoc, nom probable d'une famille[1]. Le nom Ă©voluant de Rostenec Ă  RothĂ©neuf. Dans le suffixe vieux-breton –oc les exemples de disparition du c sont nombreux, de mĂŞme que sa transformation en f. « La colline de DĂ©noc Â» (den- est plus vraisemblable, les noms propres commençant par ten- sont quasiment inexistants).

Moins probables :

  • Le nom d'homme latin Rottonus (l'abbĂ© FourĂ©, sculpteur des rochers sculptĂ©s de RothĂ©neuf, dont la sĂ©pulture est au cimetière de RothĂ©neuf, inventa par plaisanterie une dynastie de RothĂ©neuf dont l'ancĂŞtre Ă©tait RothĂ©neuf 1er). Les noms propres commençant par ten- sont quasiment inexistants.
  • Les deux mots latins rota (roue) et nova (neuve).

Histoire

Église de Rothéneuf en 1910.
L'ancien tramway à Rothéneuf
Détail des Rochers sculptés de l'abbé Fouré – Monstre marin et personnages.

On sait que RothĂ©neuf fut un village ancien de pĂŞcheurs et de laboureurs, dĂ©pendant du bailliage de ParamĂ©, fief vassal du seigneur Ă©vĂŞque de Saint-Malo et de son chapitre. RothĂ©neuf est portĂ© sur la carte de Cassini. Il y avait seulement une chapelle pour le village, chapelle oĂą Jacques Cartier serait venu prier avant chacun de ses voyages. Cette chapelle, en très mauvais Ă©tat, fut dĂ©truite sous la RĂ©volution. RelevĂ©e de ses ruines en 1816, elle fut desservie ensuite par un vicaire de ParamĂ©. Il s'y tenait rĂ©gulièrement une « assemblĂ©e », Ă©quivalent du pardon en Basse-Bretagne[1].

Le havre fut un temps protégé par un corps de garde bâti près de son entrée et armé de trois canons[1].

Dans une description de 1757, il est mentionnĂ© Ă  RothĂ©neuf la prĂ©sence de « 210 maisons presque toutes occupĂ©es par des pĂŞcheurs et des gens du paĂŻs Â».

Le manoir de Limoëlou, demeure de Jacques Cartier, se trouve sur le point culminant de Rothéneuf. Parmi les plus anciennes demeures encore existantes, se trouve aussi celle du Hindre[1].

La paroisse de Rothéneuf fut établie par décret de Napoléon III du et par ordonnance épiscopale du de la même année. Une nouvelle église fut construite en 1869[1].

La station balnéaire se développa à partir de 1881[1]. La première villa construite au bord du havre fut celle de l'abbé Lamarche[1].

Rothéneuf fut rattaché à la commune de Paramé. En 1893, des notables de Saint-Malo créèrent la Société anonyme des entreprises et terrains de Paramé Rothéneuf qui obtint deux ans plus tard, la prolongation du tramway[1]. De juin 1896 à 1916 environ Rothéneuf sera relié par une ligne de tramway à vapeur (voie étroite de 0,60 m) de trois kilomètres reliant la commune à Paramé. La société Decauville qui gérait la ligne fit faillite en 1914. La ligne fut déclassée par décret en 1931.

L'abbé Fouré s'installe à Rothéneuf en 1896[1] et va sculpter les rochers côtiers pendant 16 ans.

Rothéneuf fait partie de la commune de Saint-Malo depuis la fusion en 1967 des 3 communes (Paramé, Saint-Servan et Saint-Malo). Une partie du village s'étend sur la commune de Saint-Coulomb.

GĂ©ographie

Situation

Rothéneuf donne sur un grand port naturel, le havre de Rothéneuf, qui s'ouvre sur la mer par un goulet entre la pointe de Rothéneuf et l'Île Besnard (en fait une presqu'île).

Cadre géologique

Carte gĂ©ologique du Massif armoricain, avec au nord-est le batholite mancellien et ses nombreux plutons de granite cadomien (TrĂ©gor, LanhĂ©lin, LouvignĂ©, Vire, Avranches…). Ce batholite dessine une ellipse de 150 km (d'Alençon Ă  la Rance) sur 90 km (de VitrĂ© Ă  Vire)[2].

Rothéneuf est localisée dans la partie médiane du domaine nord armoricain, unité géologique du Massif armoricain qui est le résultat de trois chaînes de montagne successives. Le site géologique de Rothéneuf se situe plus précisément dans un bassin sédimentaire essentiellement briovérien limité au sud par un important massif granitique cadomien, le pluton de Lanhélin qui fait partie d'un ensemble plus vaste, le batholite mancellien[3] - [4].

L'histoire gĂ©ologique de la rĂ©gion est marquĂ©e par le cycle cadomien (entre 750 et 540 Ma) qui se traduit par la surrection de la chaĂ®ne cadomienne qui devait culminer Ă  environ 4 000 m[5]. Ă€ la fin du PrĂ©cambrien supĂ©rieur, les sĂ©diments briovĂ©riens environnants sont fortement dĂ©formĂ©s, plissĂ©s et mĂ©tamorphisĂ©s par l'orogenèse cadomienne qui implique un fort Ă©paississement crustal, formant essentiellement des schistes et des gneiss[6]. Cette dĂ©formation dĂ©veloppe une succession d'antiformes (Saint-Jacut-RothĂ©neuf, le Minihic et Plouer) correspondant Ă  des chevauchements Ă  vergence sud-est, sĂ©parĂ©s par des synformes (la Richardais et Saint-Suliac) d'orientation N60°, plis d'autant plus dĂ©versĂ©s vers le Sud que l'on se rapproche du noyau migmatitique[7]. Ce noyau de forme elliptique (25 km x 6 km), ceinturĂ© d'une enveloppe gneissique et micaschisteuse, correspond Ă  la rĂ©gion de Dinard-Saint-Malo[8]. L'Ă©paississement, consĂ©cutif Ă  l'Ă©caillage tectonique du domaine orogĂ©nique, a en effet provoquĂ© la fusion crustale Ă  l'origine de la mise en place des dĂ´mes anatectiques (migmatites de Guingamp et Saint-Malo, dĂ©veloppĂ©es aux dĂ©pens des sĂ©diments briovĂ©riens) qui est datĂ©e entre 560 et 540 Ma[9]. Les massifs granitiques du Mancellien[10] scellent la fin de la dĂ©formation ductile de l'orogenèse cadomienne[11].

Les paragneiss à grain fin, en bancs décimétriques et finement foliés, affleurent au nord de Saint-Jacut-de-la-Mer. De nombreuses veinules quartzo-feldspathique traduisent les effets d'un début de migmatisation, ces roches étant d'ailleurs en contact avec des migmatites (côte entre Rothéneuf et l'Anse du Verger près de Cancale)[12].

Points intéressants

La chapelle Notre-Dame des Flots.

Pointe de Rothéneuf aux Kerguelen

Le nom de pointe de Rothéneuf a été donné, en souvenir du bourg de Rothéneuf, à une pointe de l'archipel des Kerguelen, dans le sud de l'océan Indien par Raymond Rallier du Baty lors de l'expédition de La Curieuse en 1913[14]. Cette pointe se trouve dans la baie d'Orvilliers, une baie de la presqu'île Joffre au nord de la Grande Terre, l'île principale de l'archipel austral.

Notes et références

  1. Saint-Malo, 2000 ans d'histoire, tome 2 de Gilles Foucqueron, 1999.
  2. Carte géologique de la France au 1/50000 Fougères 13-17, éditions du BRGM, 1981, p. 5
  3. De Mancellia, nom latin de la région du Maine, domaine structural de la partie nord-est du Massif armoricain dénommé en 1949 par le géologue Pierre Pruvost. Il est caractérisé par un Précambrien récent au sein duquel se sont mis en place des granitoïdes intrusifs antérieurement au dépôt des terrains paléozoïques ; ce domaine surélevé a été épargné par les transgressions marines du Cambrien.
  4. GĂ©ologie de la France, Ă©ditions du BRGM, , p. 11.
  5. « Une promenade, à la découverte des pierres… », sur ouest-france.fr, .
  6. François de Beaulieu, La Bretagne. La géologie, les milieux, la faune, la flore, les hommes, Delachaux et Niestlé, , p. 15.
  7. [PDF] E. Le Goff (coord) et al, Carte géologique de la France à 1/50 000 - Saint-Malo N° 207., éditions du BRGM, 2009, p. 93
  8. BRUN J.-P., MARTIN H. (1978) – Relations métamorphisme-déformation au cours de l’évolution géodynamique d’un dôme migmatitique : le massif de Saint-Malo (France). Bull. Soc. Géol. France, 7, XX, p. 91-101.
  9. [PDF] J. Chantraine (coordinateur) et al., Carte géologique France (1/50 000), feuille Lannion (203), éditions du BRGM, 1999, p. 89
  10. (en) Richard Simon D'Lemos, The Cadomian Orogeny, Geological Society Publishing House, , p. 128.
  11. Hubert Lardeux et Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 30.
  12. Hubert Lardeux et Claude Audren, Bretagne, Masson, , p. 34.
  13. https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-malo-35400/saint-malo-sur-les-traces-des-rochers-sculptes-de-rotheneuf-5904380
  14. Toponymie des Kerguelen sur le site officiel des Taaf.
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