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René Daumal

René Daumal, né le à Boulzicourt, dans les Ardennes, et mort le à Paris, est un poète, critique, essayiste, indianiste, écrivain et dramaturge français.

Maison natale Ă  Boulzicourt, Ardennes.
Plaque commémorative sur le mur de la maison natale
René Daumal
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Pseudonymes
Mouchamiel, Nathaniel, Oncle Nathaniel
Nationalité
Formation
Activité
poète, critique, écrivain, dramaturge
Conjoint
VĂ©ra Daumal (d)
Ĺ’uvres principales
signature de René Daumal
Signature

Biographie

Son père est instituteur puis fonctionnaire au ministère des Finances, vouĂ© au socialisme et anticlĂ©rical. Très tĂ´t engagĂ© dans des expĂ©riences littĂ©raires novatrices, RenĂ© Daumal crĂ©e avec trois amis, Ă  Reims, le groupe des « Phrères simplistes », notamment inspirĂ© d'Alfred Jarry, Arthur Rimbaud et des surrĂ©alistes. Il s’agit de Roger Vailland, Roger Gilbert-Lecomte et Robert Meyrat[1]. Bons Ă©lèves au lycĂ©e, ils cherchent comme Rimbaud « le dĂ©règlement de tous les sens » (drogue, roulette russe mĂŞme)[1] - [2], dans un esprit de dĂ©couverte. Ă€ 17 ans, Daumal connaĂ®t une expĂ©rience unique qu'il qualifiera de « dĂ©terminante » et lui donne la « certitude de l’existence d’autre chose, d’un au-delĂ , d’un autre monde ou d’une autre sorte de connaissance »[3]. En s'intoxiquant au tĂ©trachloromĂ©thane (CCl4) dont il se sert pour tuer les colĂ©optères qu'il collectionne, il a l’intuition qu’il pourra rencontrer un autre monde en se plongeant volontairement dans des intoxications proches d'Ă©tats comateux (ressemblant Ă  ce que certains appelleront plus tard expĂ©riences de mort imminente)[1]. L’utilisation du tĂ©trachloromĂ©thane fragilise sa santĂ©, et il est possible que cela ait crĂ©Ă© un terrain propice Ă  sa future tuberculose[1].

Pensionnaire au lycée Henri-IV à Paris[4] de dix-sept à dix-neuf ans, il y est l'élève d’Alain et y rencontre la future philosophe Simone Weil[5], avec laquelle il aura des échanges au sujet du sanskrit. En effet, « Re-Né » s’intéresse aux textes sacrés de l’Inde et décide d’apprendre le sanskrit[6], composant une grammaire sanskrite (celle-ci a été reproduite en fac-similé sous le titre La langue sanskrite – Grammaire, Poésie, Théâtre).

À Paris, avec Roger-Gilbert Lecomte, Roger Vailland et le peintre Josef Síma, il fonde en 1928 la revue Le Grand Jeu[1] - [7], cri de révolte contre un Occident rationaliste qui a oublié le noyau de la vérité absolue énoncée par « les Rishis védiques, les Rabbis cabalistes, les prophètes, les mystiques, les grands hérétiques de tous les temps, et les poètes, les vrais » et notamment Rimbaud[3]. Josef Síma réalise un portrait de René Daumal en 1930[8]. La revue connaît trois numéros de 1928 à 1930, le quatrième reste dans les cartons. On y rencontre également Hendrik Cramer, mari de Véra Milanova, qui épouse René Daumal en 1940[9].

En 1930, René Daumal fait la connaissance d’Alexandre de Salzmann, disciple de Georges Gurdjieff[6]. Il se sent alors conforté dans un certain nombre de ses opinions : il décide de rompre avec sa vie littéraire et de se lancer dans des formes de vie différente qu'il qualifie de « métaphysique expérimentale », qui lui semble accessible par les «exercices» proposés par Gurdjieff. Il est engagé comme attaché de presse auprès du danseur Uday Shankar et part avec lui durant l'hiver 1932-1933 dans sa tournée aux États-Unis[10].

Cette période est relatée dans La Grande Beuverie, premier travail littéraire de Daumal. On en découvre les clefs dans les Fragments inédits. Sur le ton de l'humour, La Grande Beuverie présente une critique des rouages de la société.

Revenu à Paris en 1933, René Daumal vit dans des conditions matérielles très difficiles. Il obtient le prix Doucet pour Le Contre-Ciel[6], écrit quelques traductions de l’anglais (Ernest Hemingway[6], Daisetz Teitaro Suzuki[6]) et du sanskrit, des articles pour la NRF, et une abondante correspondance. Il rédige le texte Poésie noire, poésie blanche, où il explicite les fondements de ce qu'il voit comme « expérience poétique véritable »[6]. En 1934/1935, il tient la chronique de la pataphysique du mois dans la Nouvelle Revue française. Né quatre mois et demi après la mort d'Alfred Jarry, il sera un grand admirateur de sa personne et de ses idées. Il le fait intervenir dans son roman La Grande Beuverie et sera l'auteur de différents écrits pataphysiciens publiés par la revue Bifur et le Collège de Pataphysique après sa création en 1948[6]. Il peut être vu comme un maillon entre l'auteur d'Ubu roi et les pataphysiciens constitués en corps.

Quasiment sans domicile fixe, il se déplace d’un endroit à un autre avec Véra Milanova. Il rencontre Philippe Lavastine[6]. et, par son intermédiaire (il travaille chez l'éditeur Denoël), l’écrivain Luc Dietrich[6] et son ami Lanza del Vasto[6].

Ayant pris connaissance de sa maladie, une tuberculose déjà avancée[6], René Daumal séjourne le plus possible en montagne, dans les Pyrénées mais surtout dans les Alpes, sur le plateau d'Assy chez la pharmacienne Geneviève Lief qui deviendra une élève. C’est la guerre, l'armistice rapidement signé, le gouvernement des Pétain, Laval... Il s’est marié avec Véra, juive. Il vit dans des conditions matérielles très difficiles. Il compose ses plus belles lettres, se remet à la poésie, écrit La Guerre sainte[6] et commence son œuvre majeure, restée inachevée, Le Mont analogue, voulant présenter un « langage analogique et de l’écriture à multiples strates de compréhension ». Roman d'une « postérité vertigineuse » selon l'expression d'Aureliano Tonet dans sa série d'articles du Monde[11] - [12].

Alité depuis le début du mois de , le , à 36 ans[9], il meurt au 1, rue Monticelli, près de la porte d'Orléans à Paris. Il est enterré au cimetière de Pantin (division 85[13]).

Influences

Des artistes très divers tels que, par exemple, Marilyn Manson, Jean-Louis Aubert, Ghédalia Tazartès, Patti Smith, ou le groupe Idlewild, ont cité dans leurs influences René Daumal ou son roman Le Mont Analogue[10]. Patti Smith a dit de lui : « Daumal, c'est vraiment un frère pour moi. C'est un conteur inouï, absurde et spirituel. Ça me brise le cœur qu'il soit mort si jeune... Je voudrais tant que l'argent que je gagne me permette de voyager dans le temps et d'aller lui acheter ce dont il a besoin pour vivre plus vieux. J'ai une grande affection pour lui. Je pense à lui tous les jours. »[14] - [10].

Ĺ’uvres

Sauf indication contraire, la plupart des œuvres de René Daumal ont été publiées chez Gallimard.

  • 1936 : Le Contre-Ciel, Cahiers Jacques Doucet. RĂ©Ă©ditĂ© chez Gallimard avec PoĂ©sie noire, poĂ©sie blanche.
  • 1938 : La Grande Beuverie. rĂ©Ă©d. Allia, Paris, 2018 (ISBN 979-10-304-0846-1)
  • 1940 : La guerre sainte (lire en ligne sur Gallica)
  • 1952 : Le Mont Analogue, rĂ©cit vĂ©ridique, prĂ©face par Roland de RenĂ©ville, postface de VĂ©ra Daumal, rĂ©Ă©d. Allia, Paris, 2020, (ISBN 979-10-304-2242-9)
  • 1970 : Tu t'es toujours trompĂ©, Mercure de France, Paris.
  • 1970 : Bharata, l’origine du théâtre. La PoĂ©sie et la Musique en Inde, rĂ©Ă©d. 2009.
  • 1972 : Essais et Notes, tome 1 : L'Évidence absurde.
  • 1972 : Essais et Notes, tome 2 : Les Pouvoirs de la Parole.
  • 1978 : Mugle, Fata Morgana, Montpellier.
  • 1981 : RenĂ© Daumal ou le retour Ă  soi, L'Originel, Paris. Contient La Soie.
  • 1985 : La Langue sanskrite, GanĂ©sha.
  • 1996 : Fragments inĂ©dits (1932-33). Première Ă©tape vers la Grande beuverie, Éditions Éoliennes.
  • 1992 : Correspondance, tome 1 : 1915-1928.
  • 1993 : Correspondance, tome 2 : 1929-1932.
  • 1996 : Correspondance, tome 3 : 1933-1944.
  • 1994 : Je ne parle jamais pour ne rien dire. Lettres Ă  A. Harfaux, Le nyctalope.
  • 2004 : Chroniques cinĂ©matographiques (1934). Aujourd'hui, Au signe de la licorne.
  • 2008 : Correspondance avec les Cahiers du Sud, Au Signe de la Licorne.
  • 2014 : (Se dĂ©gager du scorpion imposĂ©). PoĂ©sies et notes inĂ©dites, 1924-28, Éditions Éoliennes.
  • 2015 : PoĂ©sie noire et poĂ©sie blanche, Voix d'encre.
  • 2016 : Écrits pataphysiques, Au Signe de la Licorne
  • 2018 : Les Limites du langage philosophique, suivi de La Guerre sainte. Éditions la TempĂŞte.
  • 2020 : Notes sur l'obscurantisme. Éditions Éoliennes.
  • 2021 : Écrits de la BĂŞte noire, Ă©dition Ă©tablie et commentĂ©e par Billy Dranty, Éditions Unes, (ISBN 978-2-87704-233-8)
  • 2021 : L'Ă©tat d'homme est difficile Ă  atteindre en ce monde. Éditions Éoliennes.

Éditions par le Collège de `Pataphysique

  • Le CatĂ©chisme, collection Haha, 1953
  • Le TraitĂ© des patagrammes, Cahier no 16, , 1er absolu 82 E.P[15].
  • Le Petit Théâtre, collection Haha, 1957
  • Le Lyon rouge, collection Haha, 1963

Éditions obsolètes

  • 1953 : Chaque fois que l'aube paraĂ®t, Essais et notes, I.
  • 1954 : PoĂ©sie noire, poĂ©sie blanche, Poèmes.
  • 1958 : Lettres Ă  ses amis, tome I.

Cahiers René Daumal

  • Cahier RenĂ© Daumal no 1 (1987), no 2 (1988), no 3 (1989), no 4 (1989), no 5 (1990), no 6 (1992), Éditions GanĂ©sha
  • Cahier RenĂ© Daumal no 7 (1994), no 8 (1996), Éditions Éoliennes

Pour approfondir

Bibliographie

  • 1967 : La Voie de RenĂ© Daumal du Grand Jeu au Mont Analogue, revue Hermès no 5, 1967-1968. Textes de Gilbert-Lecomte, Daumal, P. Minet, J. Masui, M. Random, J. Biès, J. Richer, etc.
  • 1968 : Cahier Le Grand Jeu, Collectif, Cahiers de L'Herne, L'Herne.
  • 1970 : Michel Random, Le Grand Jeu, DenoĂ«l, 2 volumes, 264 et 215 p. Tome 1 - Essai, biographie, biblio., Cahier de photographies. Tome 2 - Textes essentiels et documents prĂ©sentĂ©s par l'auteur, glossaire.
  • 1981 : Jean-Michel Agasse, RenĂ© Daumal, ou Le retour Ă  soi : Textes inĂ©dits de RenĂ© Daumal. Études sur son Ĺ“uvre, L'Originel, Paris.
  • 1981 : Michel Random, Les Puissances du dedans, Paris, DenoĂ«l, Essai sur Luc Dietrich, Lanza del Vasto, RenĂ© Daumal et Gurdjieff.
  • 1993 : RenĂ© Daumal (Les Dossiers H), L'Ă‚ge d'homme.
  • 1994 : RenĂ© Daumal et ses abords immĂ©diats, dossier Ă©tabli par Pascal Sigoda, Aiglemont, Ă©ditions Mont Analogue.
  • 1998 : Jean-Philippe de Tonnac, RenĂ© Daumal, l'archange, Grasset et Fasquelle, Paris.
  • 2003 : Caroline Fourgeaud-Laville, RenĂ© Daumal : l'Inde en jeu, Éditions du Cygne, Paris.
  • 2003 : Michel Random, Le Grand Jeu, Les enfants de Rimbaud le Voyant, Le Grand Souffle Éditions, Nouvelle Ă©dition augmentĂ©e, 340 p.
  • 2004 : Roger Marcaurelle, RenĂ© Daumal. Vers l'Ă©veil dĂ©finitif, L'Harmattan, Paris.
  • 2008 : RenĂ© Daumal, le perpĂ©tuel incandescent, sous la direction de Basarab Nicolescu et Jean-Philippe de Tonnac, Le Bois d'Orion.
  • 2008 : RenĂ© Daumal, l'ascension continue, sous la direction de Xavier Dandoy de Casabianca, MĂ©diathèque Voyelles.
  • 2012 : Vent immobile. Bhattacharya, Daumal, Duits, Guez Ricord, Christian Le Mellec, Le Bois d'Orion.
  • 2015 : RenĂ© Daumal et l'enseignement de Gurdjieff, Basarab Nicolescu, Le Bois d'Orion.
  • 2023 : RenĂ© Daumal ou la course Ă  l'Absolu, ValĂ©rie Mirarchi, prĂ©facĂ© par Xavier Dandoy de Casabianca, collection « Essais », Éditions universitaires de Dijon, 2023.

Bases de données et dictionnaires

Autres liens externes

Notes et références

  1. Frédérique Roussel, « Le cercle des «phrères» disparus », Libération,‎ (lire en ligne)
  2. Michel Random, Grand Jeu et Surréalisme Reims Paris Prague, Ludion/Musée des beaux-arts de la Ville de Reims, 2003, p. 27.
  3. Youness Bousenna, « Trois raisons de (re)lire René Daumal et son mystérieux “Mont Analogue” », Télérama,‎ (lire en ligne)
  4. « René Daumal », sur Encyclopedia Universalis
  5. Nicolas Weill, « Simone Weil, philosophe avant tout », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. Jean Biès, « Vie et portrait de René Daumal », Littératures, no 12,‎ , p. 185-200 (DOI 10.3406/litts.1965.1013, lire en ligne)
  7. Frédérique Roussel, « À Paris, Artcurial sort le Grand Jeu », Libération,‎ (lire en ligne)
  8. Au musée de Reims, Dictionnaire des arts plastiques et contemporains Delarge
  9. Pascal Sigoda, René Daumal, L'Âge d'Homme, (lire en ligne).
  10. Aureliano Tonet, « René Daumal, rockeur avant l’heure », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. Aureliano Tonet, « La postérité vertigineuse du “Mont Analogue”, le roman inachevé de René Daumal », Le Monde,‎ , p. 26 (lire en ligne)
  12. « René Daumal, rockeur avant l’heure », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Pantin (93) : cimetière parisien », sur Cimetières de France et d'ailleurs
  14. Laurent Rigoulet, « Patti Smith, le rock et les illuminations : un documentaire ce soir, une expo à venir », Télérama,‎ (lire en ligne)
  15. « Les cahiers du Collège de Pataphysique », sur Collège de Pataphysique
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