R136a1
R136a1 est une étoile de type Wolf-Rayet située dans l'amas stellaire R136. En date de 2018, elle est considérée comme l'étoile la plus massive et la plus lumineuse connue de l'univers observable[6].
Ascension droite | 5h 38m 42,43s[1] |
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DĂ©clinaison | â69° 06âČ 02,2âł[1] |
Constellation | Dorade[2] |
Magnitude apparente | 12,23[1] |
Localisation dans la constellation : Dorade |
Masse | 170 Ă 230 Mâ[3] |
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Rayon | 28,8 - 35,4 Râ[3] - [5] |
Gravité de surface (log g) | 4,0[5] |
LuminositĂ© | 8,71x10^6 Lâ |
Température | 53 000 - 56 000 K |
Ăge | 300 000 a |
Autres désignations
BAT99 108, RMC 136a1, HSH95 3, RO84 1b, Cl * RNGCC 2070 MH 498, CHH92 1, P93 954[1]
Avec une masse d'environ 170 Ă 230 masses solaires (notation 170 Ă 230 Mâ), elle serait l'Ă©toile la plus massive jamais observĂ©e. Avant cette dĂ©couverte, les astrophysiciens pensaient que la masse stellaire maximum Ă©tait 150 Mâ[6].
Comparativement au Soleil, R136a1 serait entre 28,8 et 35,4 fois plus grande (diamÚtre estimé à environ 44 089 600 km contre 1 392 000 km), plusieurs millions de fois plus lumineuse et avec une température à sa photosphÚre (surface qui produit le rayonnement de l'étoile) dix fois plus élevée (56 000 K contre 5 778 K pour notre étoile).
C'est un membre de R136, un amas stellaire situé à environ 163 000 années-lumiÚre dans la constellation de la Dorade, à proximité du centre de la nébuleuse de la Tarentule, dans le Grand Nuage de Magellan. La masse de l'étoile a été déterminée par une équipe d'astronomes dirigés par Paul Crowther en 2010.
Le tĂ©lescope Gemini Sud au Chili a fait une nouvelle observation de la zone concernĂ©e avec dâautres techniques encore plus prĂ©cises que celles utilisĂ©es par le tĂ©lescope spatial Hubble (notamment en prenant des milliers de photos toutes les 60 millisecondes pendant plusieurs jours et en les compilant), et a obtenu une nouvelle estimation Ă©tablissant la masse de lâĂ©toile entre 170 et 230 masses solaires.
DĂ©couverte
Les nouvelles de la découverte de l'étoile ont été publiées en . Une équipe d'astronomes britanniques menés par Paul Crowther, professeur d'astrophysique à l'université de Sheffield, a utilisé le Very Large Telescope (VLT) au Chili, pour étudier deux groupes d'étoiles, NGC 3603 et R136a. La nature de R136a était sujet à controverse, deux possibilités étant envisageables pour expliquer sa nature : un objet supermassif de 5 000 à 8 000 masses solaires ou un amas d'étoiles dense.
En 1979, le télescope de 3,6 m de l'ESO a été utilisé pour séparer R136 en trois parties : R136a, R136b et R136c[7]. La nature exacte de R136a n'était pas claire et faisait l'objet de discussions. En 1985, un groupe de chercheurs avait déterminé qu'il s'agissait de la seconde possibilité (un amas d'étoiles composé d'au moins 20 étoiles) par une technique numérique d'Interférométrie des tavelures[8]. L'équipe de Paul Crowther a complété cette découverte en identifiant plusieurs étoiles avec des températures superficielles avoisinant les 53 000 K et quatre étoiles pesant de 200 à 315 masses solaires dans cet amas.
Weigelt et Beier ont démontré pour la premiÚre fois que R136a était un groupe d'étoiles en 1985. En utilisant la technique d'interférométrie de speckle, il a été montré que le groupe était constitué de huit étoiles à 1 arcseconde au centre du groupe, R136a1 étant la plus brillante[9].
R136a1 a environ 28 fois le rayon du Soleil (28 Râ / 21 000 000 km / 1â7 UA), ce qui correspond Ă un volume de 27 000 Soleils. Ses dimensions sont bien plus petites que celles des Ă©toiles les plus grandes : les supergĂ©antes rouges mesurant plusieurs milliers de rayons solaires Râ, soit des dizaines de fois plus grandes que R136a1. MalgrĂ© sa masse importante et ses dimensions modestes, R136a1 a une densitĂ© moyenne dâenviron 1 % de celle du soleil, environ 14 kg/m3, elle est seulement 10 fois plus dense que l'atmosphĂšre terrestre au niveau de la mer.
Caractéristiques physiques
R136a1 est une Ă©toile Wolf-Rayet. Comme d'autres Ă©toiles qui sont prĂšs de la limite d'Eddington, elle a perdu une grande partie de sa masse initiale par un vent stellaire continu. Il est Ă©valuĂ© que, Ă sa naissance, l'Ă©toile faisait 380 masses solaires et a perdu environ 50 masses solaires Mâ au cours du million d'annĂ©es suivant. De par sa tempĂ©rature trĂšs Ă©levĂ©e, elle paraĂźt bleue-violette. Avec une luminositĂ© d'environ 8 710 000 luminositĂ©s solaires Lâ, R136a1 est lâĂ©toile la plus lumineuse connue, Ă©mettant plus dâĂ©nergie en quatre secondes que le Soleil en une annĂ©e. Si elle remplaçait le Soleil dans le systĂšme solaire, elle Ă©clipserait le Soleil 94 000 fois et apparaĂźtrait de la Terre Ă une magnitude de â39.
R136a1 est une étoile WN5h à haute luminosité, la plaçant dans le coin supérieur gauche du diagramme de Hertzsprung-Russell. Une étoile Wolf-Rayet se distingue par les raies d'émission fortes et larges de son spectre.
Sa luminositĂ© Ă la distance de l'Ă©toile la plus proche de la Terre, Proxima Centauri, serait Ă peu prĂšs la mĂȘme que celle de la Pleine lune. La tempĂ©rature effective d'une Ă©toile peut ĂȘtre trouvĂ©e Ă partir de sa couleur. On trouve des tempĂ©ratures de 53 000 Ă 56 000 K en utilisant diffĂ©rents modĂšles atmosphĂ©riques[10]. Sa vitesse de rotation ne peut pas ĂȘtre mesurĂ©e directement car la photosphĂšre est masquĂ©e par un vent stellaire dense. Une raie dâĂ©mission NV Ă 2,1 ”m est produite relativement au vent et peut ĂȘtre utilisĂ©e pour estimer la rotation[11].
Les étoiles dont la masse est comprise entre 8 et 150 masses solaires finissent leurs « vies » en supernova, devenant des étoiles à neutrons ou des trous noirs. Ayant établi l'existence d'étoiles entre 150 et 315 masses solaires, les astronomes soupçonnent qu'une telle étoile deviendra, à sa mort, une hypernova, une explosion stellaire avec une énergie totale de plus de 100 supernovas.
Une telle Ă©toile peut Ă©galement mourir prĂ©maturĂ©ment comme une supernova Ă instabilitĂ© de paire bien avant que son cĆur ne s'effondre naturellement par manque de carburant. Dans les Ă©toiles de plus de 140 masses solaires, les hautes pressions et la lenteur de l'Ă©vacuation de l'Ă©nergie Ă travers les couches Ă©paisses accĂ©lĂšrent la nuclĂ©osynthĂšse stellaire. De tels cĆurs s'enrichissent en oxygĂšne et deviennent assez chauds pour Ă©mettre beaucoup de rayon gamma de plus de 1,022 MeV. Ces rayons gamma sont suffisamment Ă©nergĂ©tiques pour produire des paires de positron/Ă©lectron, une production favorisĂ©e par lâoxygĂšne. Le positron s'annihile avec un Ă©lectron pour donner deux photons gamma de 0,511 MeV plus l'Ă©nergie cinĂ©tique de la paire annihilĂ©e. Ces productions et annihilations de paires ralentissent l'Ă©vacuation de l'Ă©nergie, rĂ©chauffent le cĆur et accĂ©lĂšrent la nuclĂ©osynthĂšse. Les rĂ©actions s'emballent jusquâĂ lâexplosion. Si R136a1 subit une telle explosion, elle Ă©chouera Ă laisser un trou noir et au lieu de cela la douzaine de masses solaires de nickel 56 produites dans son cĆur seraient dispersĂ©es dans le milieu interstellaire. Le nickel 56, par radioactivitĂ© ÎČ, chauffera et illuminera fortement le rĂ©manent de supernova durant quelques mois en devenant du fer 56.
Alentours
La distance de R136a1 ne peut pas ĂȘtre dĂ©terminĂ©e directement, mais est supposĂ©e ĂȘtre Ă la mĂȘme distance que le Grand Nuage de Magellan, Ă environ 50 kpc (âŒ163 000 a.l.)[12].
Le systĂšme R136a au cĆur de R136 est un groupe dense d'Ă©toiles lumineuses contenant au moins 12 Ă©toiles, les plus importantes Ă©tant les Ă©toiles R136a1, R136a2 et R136a3, qui sont toutes des Ă©toiles WN5h extrĂȘmement lumineuses et massives[13]. R136a1 est sĂ©parĂ© de R136a2, la deuxiĂšme Ă©toile la plus brillante du groupe, par 5 000 UA. C'est donc un systĂšme binaire. Pour une Ă©toile aussi lointaine, R136a1 est relativement dĂ©gagĂ©e de la poussiĂšre interstellaire. Pour l'instant, aucune planĂšte n'a Ă©tĂ© dĂ©couverte prĂšs de ces Ă©toiles.
L'amas R136 se situe dans la nébuleuse de la Tarentule, la plus grosse nébuleuse connue.
Pour percevoir le contour de cette étoile depuis la Terre, il faut un bon grossissement télescopique car elle se situe dans le bord d'une galaxie voisine trÚs dispersée, qui a de nombreuses grandes nébuleuses à formation d'étoiles trÚs active, le Grand Nuage de Magellan.
Ăvolution
Formation
Les modĂšles de formation d'Ă©toiles par accrĂ©tion Ă partir de nuages molĂ©culaires prĂ©disent une limite supĂ©rieure Ă la masse qu'une Ă©toile peut atteindre avant que son rayonnement ne prĂ©vienne une nouvelle accumulation. R136a1 dĂ©passe clairement toutes ces limites, ce qui a conduit Ă la mise au point de nouveaux modĂšles dâaccrĂ©tion Ă une Ă©toile Ă©liminant potentiellement la limite supĂ©rieure et au potentiel de formation dâĂ©toiles massives rĂ©sultant de fusions dâĂ©toiles[14].
En tant qu'Ă©toile unique formĂ©e par accrĂ©tion, les propriĂ©tĂ©s d'une Ă©toile aussi massive sont encore incertaines. Les spectres synthĂ©tiques indiquent quâil nâaurait jamais de classe de luminositĂ© de sĂ©quence principale (V), ni mĂȘme un spectre de type O normal. La forte luminositĂ©, la proximitĂ© de la limite d'Eddington et le vent stellaire puissant, donnent un spectre WNh dĂšs que R136a1 est devenue visible en tant qu'Ă©toile[15]. L'hĂ©lium et l'azote se mĂ©langent rapidement Ă la surface en raison du grand noyau convectif et de la perte de masse importante. Leur prĂ©sence dans le vent stellaire crĂ©e le spectre d'Ă©mission caractĂ©ristique de Wolf Rayet. R136a1 aurait Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement plus froide que certaines Ă©toiles de la sĂ©quence principale moins massives. Au cours de la combustion de lâhydrogĂšne dans le cĆur, la fraction dâhĂ©lium dans le cĆur augmente et la pression et la tempĂ©rature du cĆur augmentent.
Cela entraßne une augmentation de la luminosité, de sorte que R136a1 est un peu plus lumineuse maintenant que lors de sa formation initiale. La température diminue légÚrement, mais les couches externes de l'étoile se sont gonflées, entraßnant une perte de masse encore plus importante[16].
Futur
R136a1 est actuellement en train de fusionner l'hydrogĂšne en hĂ©lium. MalgrĂ© son apparence spectrale Wolf-Rayet, c'est une trĂšs jeune Ă©toile ; les astronomes estiment son Ăąge Ă environ 300 000 ans. Le spectre d'Ă©mission est crĂ©Ă© par un vent stellaire dense causĂ© par l'extrĂȘme luminositĂ©, les niveaux Ă©levĂ©s d'hĂ©lium et d'azote Ă©tant mĂ©langĂ©s du noyau Ă la surface par forte convection. C'est donc une Ă©toile de la sĂ©quence principale[17]. D'autres modĂšles prĂ©disent qu'un noyau aussi volumineux produira de trĂšs grandes quantitĂ©s de nickel 56, alimentant une hypernova[18].
Toute Ă©toile produisant un noyau carbone â oxygĂšne (C â O) plus massif que le maximum pour une naine blanche (environ 1,4 masse solaire) subira inĂ©vitablement l'effondrement du noyau. Cela se produit gĂ©nĂ©ralement lorsqu'un noyau de fer a Ă©tĂ© produit et que la fusion ne peut plus produire l'Ă©nergie requise pour empĂȘcher l'effondrement du noyau, bien que cela puisse se produire dans d'autres circonstances.
L'effondrement du noyau de fer peut produire une supernova et parfois une explosion de rayon gamma. Le type de toute explosion de supernova sera de type I car l'étoile n'a pas d'hydrogÚne, de type Ic car elle n'a presque pas d'hélium. Des noyaux de fer particuliÚrement massifs peuvent faire s'effondrer l'étoile entiÚre dans un trou noir sans explosion visible, ou une supernova sous-lumineuse lorsque le 56Ni radioactif retombe sur le trou noir[19].
Le reste d'une supernova d'effondrement de noyau de type Ic est soit une Ă©toile Ă neutrons, soit un trou noir. R136a1 a un noyau de loin supĂ©rieur Ă la masse maximale dâune Ă©toile Ă neutrons ; un trou noir est donc inĂ©vitable[20].
Références
- (en) BAT99 108 sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg. (consulté le 14 janvier 2016).
- (en) BAT199 108 sur la base de données VizieR du Centre de données astronomiques de Strasbourg (consulté le 14 janvier 2016).
- (en) BAT199 108 (consulté le 14 janvier 2016).
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) BAT99 108 sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
- (en) [P93] 954 sur la base de données VizieR du Centre de données astronomiques de Strasbourg.