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RĂ©union disjointe

En mathĂ©matiques, la rĂ©union disjointe est une opĂ©ration ensembliste. Contrairement Ă  l'union usuelle, le cardinal d'une union disjointe d'ensembles est toujours Ă©gal Ă  la somme de leurs cardinaux. L'union disjointe d'une famille d'ensembles correspond Ă  leur somme en thĂ©orie des catĂ©gories, c'est pourquoi on l'appelle aussi somme disjointe. C’est une opĂ©ration frĂ©quente en topologie et en informatique thĂ©orique.

Union disjointe de deux ensembles

Dans une rĂ©union AâˆȘB de deux ensembles, l'origine des Ă©lĂ©ments y figurant est perdue et les Ă©lĂ©ments de l'intersection ne sont comptĂ©s qu'une seule fois. Dans certaines situations, on dĂ©sire conserver cette information et prendre en compte deux fois les Ă©lĂ©ments de l'intersection. Pour cela, on rĂ©unit non pas directement A et B, mais deux ensembles disjoints, copies de A et B de la forme { α } × A et { ÎČ } × B , oĂč α et ÎČ sont deux symboles quelconques distincts servant Ă  identifier les ensembles A et B (par exemple 0 et 1) et × dĂ©signe le produit cartĂ©sien.

L'union disjointe, encore appelĂ©e « somme disjointe Â» ou « somme cartĂ©sienne Â», de deux ensembles A et B est ainsi dĂ©finie par :

Exemples
  • Soient A la paire {1, 2} et B l'ensemble Ă  trois Ă©lĂ©ments {2, 3, 4}. Leur rĂ©union (ordinaire) n'a que quatre Ă©lĂ©ments car ces deux ensembles ne sont pas disjoints. Pour construire leur union disjointe, on commence par les « numĂ©roter » par deux « indices » distincts arbitraires a et b : on pose I = {a, b}, Ea = A et Eb = B. Puis on prend la rĂ©union de deux « copies » de A et B qui, elles, sont disjointes : {a}×A et {b}×B. La rĂ©union disjointe de (Ei)i∈I est la partiede {a, b}×{1, 2, 3, 4}. Elle a 2 + 3 = 5 Ă©lĂ©ments.
  • De mĂȘme, l'union disjointe de la paire {1, 2} avec elle-mĂȘme est (en choisissant arbitrairement deux indices distincts, par exemple cette fois : 0 et 1) :

Union disjointe d'une famille finie ou dénombrable d'ensembles

La somme disjointe peut se généraliser à plus de deux ensembles. Par exemple, pour trois ensembles quelconques A, B et C:

On peut définir plus généralement la somme disjointe de n ensembles quelconques :

On peut également généraliser cette notion à des ensembles quelconques (non nécessairement finis) d'indices, et former par exemple des unions disjointes dénombrables.

Exemple

Union disjointe d'une famille quelconque d'ensembles

Pour toute famille (Ei)i∈I d'ensembles, les ensembles produits {i}×Ei (i parcourant l'ensemble I des indices de la famille) sont disjoints deux Ă  deux. La rĂ©union disjointe ∐i∈I Ei des Ei est, par dĂ©finition, la rĂ©union (ordinaire) de ces ensembles disjoints. Formellement :

Il s'agit bien d'un ensemble car, vue sa dĂ©finition, ∐i∈I Ei peut se dĂ©crire en comprĂ©hension comme une partie de I×E, le produit cartĂ©sien de I par la rĂ©union (ordinaire) E des Ei.

La définition de la somme disjointe souffre d'un arbitraire inessentiel. On peut définir la somme disjointe comme étant la réunion ou bien [1]. Ces deux possibilités correspondent respectivement à un marquage « à droite » ou « à gauche » des éléments de la réunion ordinaire E, selon l'indice associé à l'ensemble dont ils proviennent. Dans les deux cas, il existe une surjection de la somme disjointe sur la réunion, qui est une bijection si les ensembles de la famille (Ei)i∈I sont disjoints deux à deux.

On peut remarquer que la somme disjointe de deux ensembles vérifie la propriété fondamentale des couples. De plus, contrairement aux couples de Kuratowski, cette notion, qui n'utilise que des opérations ensemblistes élémentaires, peut s'appliquer aux classes propres. C'est pourquoi les sommes disjointes sont parfois appelées couples généralisés, et utilisées ainsi en théorie des classes.

RĂ©union disjointe d'espaces topologiques

Dans la dĂ©finition ci-dessus, si chaque Ei est un espace topologique, on dispose d'une topologie naturelle sur ∐i∈I Ei, dont les ouverts sont les rĂ©unions disjointes ∐i∈I Ui oĂč chaque Ui est un ouvert de Ei.

Cette construction, appelée somme topologique (en), joue le rÎle de somme dans la catégorie des espaces topologiques. Alliée avec l'espace quotient, elle permet de construire de nombreux espaces, notamment les variétés topologiques et les complexes cellulaires ou simpliciaux.

Notes et références

  1. N. Bourbaki, Théorie des ensembles, 1970, p. II.30, donne la premiÚre de ces deux définition, mais il utilise la seconde dans AlgÚbre, chapitres 1 à 3, 1970, p. I.80.

Voir aussi

Multiensemble : gĂ©nĂ©ralisation de la notion d'ensemble, oĂč l'on permet plusieurs occurrences (indiscernables) d'un mĂȘme Ă©lĂ©ment ; l'union de deux multiensembles ayant des Ă©lĂ©ments communs n’amĂšne pas Ă  les disjoindre comme ci-dessus mais Ă  cumuler les nombres d'occurrences de chaque Ă©lĂ©ment.

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