Résumé de la Genèse
Cet article contient un résumé du Livre de la Genèse, le premier livre de la Torah (Pentateuque), et donc de la Bible. Ce livre est fondamental pour le judaïsme, le christianisme, mais aussi l'Islam[1].
Adam et Ève sont, selon la Genèse, les premiers êtres humains sur la Terre. Ils vécurent dans le jardin d'Éden. Ils furent chassés par Dieu de ce merveilleux jardin car ils mangèrent du fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
Récit(s) de la Création
Le récit originel de la création biblique peut être divisé en deux sections - la première (Gen 1:1 à 2:3) commençant avec le compte rendu de la Création de l'Univers par Dieu, laquelle se produit en six jours, alors que la seconde (Gen 2:4 à 2:25) se focalise davantage sur l'homme, moins préoccupée par la création et l'évolution de la Terre, ses créatures et ses caractéristiques.
Dans le premier chapitre, Dieu crée les cieux et la terre. Au premier jour, Dieu sépare la lumière des ténèbres. Au second jour, Dieu sépare les eaux du bas de celles du haut. Au troisième jour, il repousse l'eau pour faire apparaître la terre sèche. Au quatrième jour, il place le Soleil dans le jour et la Lune et les étoiles dans la nuit, et spécifie leur rôle de signes pour déterminer fêtes et saisons. Au cinquième jour, Dieu crée les créatures aquatiques et les créatures ailées. Au sixième jour, Dieu crée les créatures terrestres, incluant l'Homme (Adam), mâle et femelle. Le septième, Dieu se repose.
Adam et Ève
Dans un second récit, Dieu forme Adam à partir de poussière. Dieu le place dans le Jardin d'Éden afin qu'il « le cultive et le garde » (Gen 2. 15). Il peut manger tous les fruits qui s'y trouvent, à l'exception du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, sous peine de mort. Estimant qu'il n'est pas bon qu'Adam soit seul, Dieu lui fait une aide (Gen 2. 18-19). Dans Gen 2. 20, Adam donne un nom à chaque animal, mais ne trouve pas son aide. Dieu le plonge alors dans un profond sommeil, et lui prend une côte qu'Il façonne en femme. Adam s'exclame alors « cette fois, c'est un os de mes os, une chair de ma chair ! ».
La chute
Le troisième chapitre introduit le Serpent, qui tente la femme et lui fait manger du fruit défendu de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Il assure à la femme qu'ils ne mourront pas s'ils en mangent, mais que leurs yeux s'ouvriront et qu'ils seront comme Dieu. Selon le verset (Gen 3. 6), elle en donne à son mari qui en mange également.
Dieu les maudit : haine perpétuelle entre le serpent, la femme et leur descendance ; le serpent se retrouve apode, condamné à mordre la poussière ; l'homme se retrouve à devoir gagner son pain à la sueur de son front, la femme à enfanter dans la douleur. De plus, ils sont condamnés à la mortalité et chassés de l'Éden, que deux chérubins gardent de leur épée flamboyante. À partir de ce moment du texte, Adam appelle sa femme Ève.
Adam connaît Ève, dans le sens sexuel, puis enfante deux fils, Caïn et Abel. Caïn est agriculteur, Abel est berger (Gen 4. 2). Dieu accepte avec plaisir le sacrifice d'Abel, mais pas celui de Caïn. Celui-ci en conçoit de la rancœur, et malgré une mise en garde divine contre le « péché qui rôde à sa porte »[2], Caïn tue Abel et l'enterre.
Comme son père, Dieu lui fait indirectement avouer sa faute, avant de le condamner à errer sur la terre d'errance (la "terre de Nod"), à l'orient d'Éden. Dieu le marque de façon à le préserver de tout agresseur. Dieu le condamne, mais le protège aussi.
D'Adam à Noé
Caïn, le premier fils d'Adam, construit la première cité connue dans la Bible, et l'appelle Hénoch, comme son fils (Gen 4. 17). L'un de ses descendants, Lamech prend deux femmes (Gen 4. 19) et enfante Jabal (Yaval -- le "père" de ceux qui résident dans les tentes; Gen 4. 20), Jubal (Youval -- le "père" des musiciens ; Gen 4. 21) et Tubal-Caïn (Touval Caïn -- le "père" des travailleurs de cuivre et du fer; Gen 4-22). Ces descendants de Caïn ne savent rien de Dieu (Gen 4. 16).
Un autre fils est né à Adam, Seth, à son image et à sa ressemblance (Gen 4. 25-26 ; Gen 5. 3). À la dixième génération, naît Noé (Gen 5. 1-29). Adam et Ève auront d'autres fils et filles (Gen 5. 4) non nommés. Comme la plupart des personnages antédiluviens dont l'âge est donné, la longévité d'Adam est exceptionnelle : 930 ans (Gen 5. 5) ; on trouve dans sa descendance, à la huitième génération, Mathusalem qui atteint 969 ans. Le chapitre 5 dresse la généalogie d'Adam à Noé.
Noé et le Déluge
Dans le sixième chapitre, l'humanité commence à se multiplier. Viennent les bnei elohim, qui s'unissent avec les filles de l'homme. Dieu réduit les jours de l'homme à 120 ans (tous ceux qui précèdent ce décret sont d'une longévité exceptionnelle). Apparaissent, vraisemblablement de ces unions, les Nephilim. Se penchant alors sur Sa création, Dieu la voit emplie de violence et de haine, du fait des créatures de la Terre. Dieu décide alors de purifier le monde avec un déluge et de recommencer.
Quoi qu'il en soit, un homme du nom de Noé trouve grâce aux yeux de Dieu, qui décide de l'épargner avec sa famille (Gen 6. 9). Dieu lui prescrit de construire une grande arche, ce que fait Noé. Prenant sa famille et un couple de chaque espèce terrestre et volatile, il prend place dans l'arche. Dieu ferme alors les portes de l'arche et ouvre toutes les écluses des cieux et les sources terrestres. Le déferlement qui s'ensuit dura 40 jours et 40 nuits et effaça toute trace de vie terrestre à l'exception des résidents de l'arche.
Noé envoie un corbeau dans les airs pour savoir si le niveau de l'eau a baissé mais celui-ci ne revient pas. Puis il envoie une colombe quelques jours après et celle-ci revient avec une branche d'olivier ce qui signifie que quelque part la terre n'est pas immergée alors ils quittent l'arche. Dieu établit un pacte avec Noé et ses descendants, c'est-à-dire toute l'humanité. Désormais les Hommes ont le droit de manger de la viande (donc de tuer des animaux) mais à condition de ne pas consommer le sang qui doit retourner à la terre.
Noé plante ensuite une vigne (Gen 9. 20). Lorsque, dans un moment d'ivresse il se couche nu sous sa tente, il est aperçu par son fils Cham, qui s'en amuse auprès de ses deux frères. Les deux frères Sem et Japhet, eux, vont respectueusement recouvrir la nudité de leur père de son manteau. Noé, réveillé de son ivresse, maudit Cham en la personne de son fils Canaan qui désormais sera esclave des deux frères, tandis que Sem et Japhet sont bénis.
Le chapitre 10 dresse l'inventaire des peuples issus des trois fils de Noé, Sem, Cham et Japhet[3]. La dispersion de l'humanité en races et nations séparées est décrite dans l'histoire de la tour de Babel. L'humanité est dispersée par une "confusion des langues", que Dieu suscite lorsque les hommes tentent de construire une tour qui devrait atteindre les cieux (Gen 11. 1-9). Une généalogie est ensuite dressée depuis Sem à Terah, qui a trois enfants : Nahor, marié à Milcah, Haran et Abram, marié ä Saraï.
Abram et Saraï
Terah, habitant Ur Kasdim, a trois fils, Abram, Nahor, et Haran. Celui-ci est mort devant son père, et a un fils, Loth. Nahor est marié à Milcah, et Abram à Saraï, qui n'a pas d'enfants. Dieu enjoint Abram à s'en aller de sa maison, sa ville, son pays. Abram obéit, émigrant vers le pays de Canaan. Là, Dieu lui apparaît, et lui promet que le pays deviendra la propriété de ses innombrables descendants.
Lorsque survient une famine, Abram est contraint de se rendre en Égypte. Le roi d'Égypte prend possession de la belle Saraï (qu'Abram a présenté comme sa sœur afin d'avoir la vie sauve; elle est cependant sa demi-sœur). Dieu envoie une maladie sur le roi, que celui-ci reconnaît comme signe divin; le roi rend Saraï à Abram, ainsi que de nombreuses richesses et un grand troupeau. Retournant en Canaan, Abram se sépare de Loth de façon à couper court aux disputes de pâturage. Loth choisit de se rendre à Sodome, dans la vallée du Jourdain. Dieu apparaît alors de nouveau à Abram, et lui promet tout le pays.
Abram et Melchisédek
Au cours de guerres entre les royaumes d'Amraphel, roi de Shinar, et Bera, roi de Sodome, ainsi que leurs alliés respectifs, Loth est pris en captivité. Se muant soudain en chef militaire analogue aux condottieri avant la lettre, Abram poursuit les vainqueurs avec ses gens en arme.
Rentrant en grande pompe après avoir sauvé Loth et son clan, Abram est accueilli par Melchisédech, roi de Salem (Jérusalem) et grand-prêtre du Dieu Suprême (c'est-à-dire Dieu, mais sous un nom pouvant porter à ambiguïté avec un hénothéisme).
Melchisédek bénit Abram, qui lui donne la dîme sur son butin de guerre, avant de le rendre intégralement aux Sodomites.
Après cet exploit, Dieu apparaît de nouveau à Abram et lui promet Sa protection, une riche récompense et une progéniture nombreuse. Ladite descendance passera quatre cents ans en servitude dans un pays "qui n'est pas le leur"; mais après que Dieu aura jugé leurs oppresseurs, ils quitteront le pays de leur affliction, et la quatrième génération retournera dans le pays de Canaan.
Agar et Ismaël
Sara n'ayant pas donné d'enfant à Abraham, elle lui donne, probablement selon une coutume d'usage à l'époque, sa servante égyptienne, Agar, comme concubine.
Un fils naît de cette union, appelé Ismaël.
Dieu apparaît une fois encore à Abram, contractant avec lui une alliance personnelle garantissant son avenir, lui promettant une nombreuse progéniture (d'où le changement de son nom, AbRam, "père puissant", en AbRaham, "père d'une multitude"). Saraï sera désormais appelée Sarah. La circoncision est instituée pour tous les membres de la maison d'Abraham, en signe éternel de l'alliance.
Sodome et Gomorrhe
Dieu apparaît à Abraham au chêne de Mambré à Mambré, lui envoyant trois anges (c'est-à-dire des "mandatés"), qu'Abraham nomme "Seigneur" au singulier. Ils lui annoncent la venue d'un fils de Sarah dans l'année, alors qu'ils sont déjà presque centenaires. Abraham entend aussi que les messagers de Dieu ont pour tâche d'exécuter le jugement sur les habitants de Sodome et Gomorrhe, dont le « péché est énorme ». Il tente alors d'intercéder pour les pécheurs, en faveur des justes qui se trouveraient dans la ville, marchandant avec Dieu pour faire baisser leur nombre (nécessaire pour sauver la ville) de 50 à 10. Deux des mandatés se rendent à Sodome, où ils sont hospitalièrement reçus par Loth. Cela provoque l'ire des habitants de Sodome, qui manquent de tuer Loth lorsqu'il tente de s'interposer, offrant ses deux filles à leurs appétits sexuels. Montrant qu'ils ont mérité leur destin, Sodome et Gomorrhe sont détruites par une pluie de feu et de soufre.
Seuls Loth et ses deux filles en réchappent. Sa femme, s'étant retournée, est devenue pilier de sel. Ses beaux-fils l'ont pris pour un plaisantin. Se retrouvant sans hommes à des lieues à la ronde, les deux filles de Loth le saoulent et s'unissent à lui. Le fruit de cet inceste sera Moab et Ammon, qui fonderont de puissants royaumes.
Les pérégrinations d'Abraham le mènent ensuite à Guérar, pays du roi Abimelech. Abraham y représente derechef sa femme comme sa sœur à Abimelech, qui souhaite la posséder avant de se désister, prévenu par Dieu.
La naissance d'Isaac
L'héritier tant attendu est né, et reçoit le nom d'"Isaac" (Itzhak: "Il rira" en hébreu).
Voyant un jour Ismaël "rire" avec Isaac (selon les érudits du judaïsme, cela signifie au mieux "se moquer", mais plus souvent "rire en lui infligeant des sévices"), Sarah insiste pour qu'il n'hérite pas avec Isaac et obtient d'Abraham qu'il le chasse avec sa mère Agar, ce qu'Abraham réalise à contrecœur. Eux aussi seront promis à un grand avenir, bien que violent. Ismaël sera en effet un "onagre" qui lèvera la main contre ceux qui lèveront la main contre lui.
Bien que tous deux fils du père des croyants, Ismaël est le fils d'"Abram", tandis qu'Isaac est le fils d'"Abraham". À chacun sa bénédiction et son avenir. Durant le festin organisé en l'honneur de la naissance d'Isaac, Abraham établit un pacte avec Abimelekh, qui lui octroie le droit sur puits de Beer-Sheva (Bersabée).
Le quasi-sacrifice d'Isaac
Alors qu'Abraham semble jouir de toutes les bénédictions que lui a promises le Seigneur, y compris l'avenir de son fils, Dieu le soumet à la plus grande épreuve de foi, en demandant Isaac en sacrifice.
Abraham et, semble-t-il, Isaac s'y soumettent. En effet, Isaac, qui, dans la fleur de l'âge, est capable d'arrêter son père, un vieillard, ne le fait pas lorsqu'il constate qu'il n'y a pas de bête à sacrifier, ni même lorsque son père le lie sur l'autel.
Selon les Sages du Midrash, leurs épreuves sont analogues à celles subies par Job, et le Satan intervient à plusieurs reprises pour tenter leur foi, non par des promesses mais en faisant remarquer à Abraham sa "folie" et à Isaac sa force.
Dieu intervient, en envoyant un ange au moment où Abraham abaisse son couteau, promettant à Abraham une descendance innombrable. Un bélier est sacrifié en lieu et place.
À la mort de Sarah, à l'âge de 127 ans[4], Abraham acquiert pour 400 sicles le caveau de Makhpela pour en faire un sépulcre familial.
Il envoie ensuite son plus fidèle serviteur, que la tradition associe à Éliézer de Damas, au lieu de résidence de Nahor, afin de trouver parmi sa famille une femme pour Isaac; c'est Rebecca bat Bethouel, la petite-fille de Nahor, qui est choisie. D'autres enfants naissent à Abraham d'une autre épouse, Ketourah, parmi les descendants desquels figurent les Midianites; et il meurt, béni en tout, à un âge avancé.
Ésaü et Jacob
Après vingt ans de mariage avec Rebecca, celle-ci donne à Isaac deux jumeaux : Ésaü, qui devient chasseur, préféré d'Isaac, et Jacob (Ya'akov: "il suivra"), qui devient un homme résidant dans les tentes, préféré de Rebecca. Jacob rachète un jour le droit d'aînesse d'Ésaü pour un plat de lentilles, mais Ésaü une fois rassasié renie sa parole; indépendamment de ce commerce, Dieu apparaît à Isaac et lui répète les promesses faites à Abraham. Sa femme, qu'il présente comme sa sœur, est convoitée par les Philistins, mais le roi Abimelekh, fils du précédent, empêche lui-même le désastre. Malgré l'hostilité des gens d'Abimelekh, Isaac prospère dans toutes ses entreprises dans ce pays, particulièrement dans le creusage de puits. Dieu lui apparaît encore à Beersheva, l'encourage et lui promet des bénédictions ainsi qu'une descendance nombreuse. Abimelekh fils d'Abimelekh et Isaac fils d'Abraham contractent une alliance au même lieu que leurs pères. Au grand désespoir de ses parents, Ésaü épouse des Canaanites.
Avec le temps, Isaac devient aveugle. Sentant sa fin approcher, il souhaite bénir son fils Ésaü. Rebecca persuade alors Jacob de se grimer en Ésaü à l'aide de laine, et de se substituer à son frère pour la bénédiction. Isaac a alors cette phrase étrange (Gen. 27:22) : "la voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d'Ésaü". S'est-il aperçu du subterfuge ? Toujours est-il que Jacob obtient la bénédiction paternelle et, afin d'échapper à la vengeance de son frère, doit se réfugier dans sa famille de Haran, chargé par Isaac de s'y trouver une épouse.
Sur le chemin menant à Haran, en un lieu appelé Louz par les Cananéens, Dieu apparaît en rêve à Jacob, lui promettant protection, aide, bénédiction et descendance nombreuse, comme à ses pères. Jacob érige à son réveil un autel en ce lieu, qu'il nomme Beit El. Arrivé à Haran, Jacob loue ses services à Laban, son oncle maternel. Tombé amoureux de Rachel, la plus jeune fille de Laban, il doit fournir sept ans de labeur pour recevoir sa main. Cependant, prétextant que l'aînée doit être mariée avant la cadette, Laban lui donne sa fille Léa, en mariage; Jacob est contraint de travailler sept ans supplémentaires, auxquelles s'ajoutent six ans pour se constituer un troupeau. Entretemps, il aura onze fils et une fille :
- Léa lui donnera Ruben, Siméon, Lévi et Juda;
- Bilha, la servante de Rachel, lui donnera Dan et Nephtali;
- Zilpa, la servante de Léa, lui donnera Gad et Asher;
- Léa lui donnera encore Issachar, Zabulon, et Dinah;
- finalement, Rachel lui donnera Joseph, son fils préféré.
Il acquiert aussi une importante richesse en troupeau et en hommes.
Jacob lutte avec Dieu
Excédé des manœuvres de Laban, Jacob s'en va avec sa famille et les siens sans prévenir. Dieu lui apparaît, ainsi qu'à Laban. Ils se réconcilient.
À son retour vers le pays de Canaan, Jacob traverse les contrées de Seïr, domaine de son frère Ésaü, qu'il craint de rencontrer, l'ayant privé d'une bénédiction.
Il mandate des émissaires pour envoyer des présents à son frère, mais ceux-ci reviennent en lui annonçant qu'Ésaü vient à sa rencontre, à la tête de 400 hommes.
Jacob divise alors son troupeau et ses gens en deux camps, implorant ensuite le Dieu de ses pères de le délivrer de la main d'Ésaü. Il fait traverser le Jourdain à l'un des camps de nuit, leur enjoignant d'apaiser Ésaü, et d'indiquer que lui-même est derrière.
Il fait ensuite passer ses deux femmes, leurs deux servantes et ses onze enfants.
Resté seul, il se bat avec un "homme" jusqu'à l'aube, cet "homme" lui démettant la hanche rien qu'en touchant son nerf sciatique. Retenu par Jacob qui le presse de le bénir, l'"homme" lui demande son nom, et lui dit que son nom sera désormais Israël, car "tu t'es battu avec Dieu et les hommes, et tu as prévalu" (Gen 32:28). Refusant de donner son nom à Jacob, il le bénit (certains commentateurs rabbiniques pensent qu'Israël était le nom de cet homme lui-même). Jacob appelle ce lieu Peniel, « car j'ai vu Dieu en face, et ma vie est sauvée » (Gen. 32:31).
La rencontre avec Ésaü se révèle agréable, et les deux frères se quittent réconciliés. Jacob installe ses tentes à Shechem. Le prince Shechem lui-même tombe amoureux de Dinah et l'enlève. Désireux d'établir une alliance avec Jacob, il convainc les sichémites de se circoncire. Au troisième jour de leur convalescence, tous sont tués par Siméon et Lévi, ce qui leur sera abondamment reproché par Jacob.
Dieu apparaît à Jacob, l'enjoignant de venir l'honorer à Beit El. Rachel meurt en couches sur la route de ce pèlerinage, après avoir donné à Jacob son dernier, Benjamin.
Joseph
Joseph, le fils favori de Jacob, est jalousé et détesté par ses frères auxquels il fait souvent part de ses rêves, annonçant sa future ascendance sur eux. Sur l'instigation de Juda, il est secrètement vendu à une caravane de marchands ismaélites en route vers l'Égypte. Ses frères racontent ensuite à leur père que Joseph a été dévoré par quelque bête fauve.
Joseph est vendu comme esclave à Potiphar, l'un des officiers du Pharaon. Il gagne la confiance de son maître, mais lorsque la femme de celui-ci, ne pouvant le séduire, l'accuse faussement de violences sexuelles, il est jeté en prison (Gen. chap. 39).
En prison, Joseph gagne les faveurs du geôlier, et se retrouve dans la cellule de deux notables du Pharaon, son panetier et son échanson. Il interprète correctement leurs rêves, mais ne sera libéré que deux ans plus tard, lorsque l'échanson se "souviendra" bien opportunément de l'oniromancien capable de déchiffrer les rêves troublants du Pharaon, que personne n'a pu interpréter.
Lui expliquant que ces rêves annoncent sept ans de famine après sept ans d'abondance, et lui suggérant de réaliser des provisions en conséquence, Joseph est immédiatement nommé second du royaume. Il épouse Asnath, fille du prêtre Poti-pherah, qui lui donnera deux fils, Manassé et Éphraïm (chap. 41. Toutefois, lorsqu'ils seront bénis par leur grand-père, Israël, Éphraïm le sera de la main droite, réservée à l'aîné -- chap. 48).
La famine prédite se fait sentir jusqu'en Canaan; Jacob envoie donc ses fils puiser aux greniers de l'Égypte. Les frères paraissent devant Joseph, qui les reconnaît aussitôt, mais ne se fait pas reconnaître d'eux. Il les accuse d'espionnage, les interroge, puis, ayant "appris" que ces 10 frères en ont un plus jeune, les renvoie chercher Benjamin, et garde Siméon en otage.
Revenus, Ils sont accusés de vol par Joseph, qui a discrètement fait placer une coupe d'argent dans le sac de Benjamin, et souhaite le garder comme esclave en "punition" pour ce "vol".
Lorsque Juda s'approche et s'offre en esclave, Joseph tombe le masque, pardonne à ses frères, et fait venir toute sa famille en Égypte, soit 66 personnes, plus lui-même, sa femme et ses enfants, ce qui fait un total de 70.
Pharaon les accueille avec amabilité, et leur assigne la terre de Goshen (chap . 46-47).
Jacob, sentant sa mort approcher, mande Joseph et ses fils, bénit Éphraïm et Manassé (cf. supra) parmi ses propres enfants. Il appelle ensuite ses fils à son chevet et les bénit, révélant en réalité leur avenir, et distribuant bénédictions et reproches, particulièrement à l'égard de Ruben, Siméon et Lévi (chap. 49).
Jacob décède et est solennellement enterré dans le caveau de Makhpela.
Joseph vit assez vieux pour connaître ses arrière-petits-enfants, et exhorte ses frères, lorsque Dieu Se souviendra d'eux et les aura fait sortir d'Égypte, à emporter ses ossements avec eux. Le Livre de la Genèse se conclut en disant que les restes de Joseph sont placés dans un sarcophage en Égypte.
Interprétations
La seconde section du récit originel explique que la terre était sans vie. Une vapeur fut suscitée du sol, et l'homme fut créé à partir de la poussière. Un rabbin du vingtième siècle EC, Léon Ashkénasi, se basant sur des sources talmudiques remettait fortement en question la traduction d'Ed par vapeur. Dans un second récit, plus détaillé, Dieu forme Adam non pas à partir de glèbe (adamah) mais à partir de poussière « hors de » la glèbe ou de la terre afar min adamah ce qui signifie que, contrairement aux animaux, l'Adam est fait d'une substance subtile, susceptible de tourbillonner dans le vent, d'être soulevée par l'Esprit (vent et esprit étant désignés par un seul mot en hébreu (ruah) et en grec (pneuma)).
Ève est formée à partir d'une côte (ou plutôt un côté, cf. Rachi ad loc). En sumérien, le mot « côte » pourrait être un jeu de mots avec un homophone signifiant « vie ».
Toutefois, le commentaire de Rachi, largement tributaire de la tradition orale juive, réputée être aussi ancienne que la Torah elle-même, précise bien que le mot tselah est le même que celui utilisé pour désigner un « côté » du Tabernacle. Et etzem qu'on traduit généralement par « os » peut également signifier « essence ». Une femme possédant en général autant de côtes qu'un homme, certains suggèrent de comprendre « côté » plutôt que « côte ».
Par ailleurs, le verset 1:26 semble en contradiction avec le second récit, bien que Rachi l'explique de façon tout à fait logique (« cela indique simplement qu'ils furent tous deux créés au sixième jour »). Néanmoins, il cite auparavant un midrash sur le verset 1:26 : « l'homme fut créé à deux faces ». Bien qu'il s'agisse d'un enseignement allégorique, ce midrash penche pour l'opinion précédemment citée, à savoir que tselah est considéré comme un côté et non une côte.
La désobéissance à Dieu est considérée comme le péché originel dans la pensée chrétienne traditionnelle, la désobéissance à Dieu devenant désormais la « marque » de l'Homme- mais pas dans la pensée juive.
Selon la pensée juive, c'est à la suite de ce péché que Dieu, qui Se trouvait sur le plan terrestre, devient transcendant, l'existence étant devenue « putréfiée » par le péché de l'homme. Pour cette raison, le fait de rendre la justice rapproche Dieu du plan d'existence humain. Toutefois, l'homme n'est pas « damné ». N'ayant pas su respecter une simple prescription (de cultiver le jardin), il devient astreint à une multitude de mitzvot ayant pour but d'accroître son mérite (Talmud de Babylone, traité Makkot). Enfin, selon le midrash, les femmes furent rachetées de leur péché en refusant de participer à la construction du veau d'or. Pour les anthropologues( cf: C. Levi-Strauss) ce mythe d'Adam et Eve et du fruit défendu est une tentative de raconter le passage de la Nature à la Culture. L'Homo sapiens sapiens « ouvre les yeux », il prend conscience de lui-même: de son animalité et de son humanité. Il se sépare de l'animal en découvrant sa nudité et la pudeur. C'est ainsi que le mythe essaie d'expliquer pourquoi les êtres humains se distinguent en cachant leur sexe, alors que les autres « animaux » ne le font pas.
C'est ainsi, selon les anthropologues- que le mythe essaie d'expliquer l'état de l'Homme, ses travaux agricoles et pourquoi l'accouchement est douloureux pour la femme alors qu'il ne semble pas l'être pour les autres espèces « animales ». Tout le mythe raconte la différenciation entre « animaux » et cet étonnant « animal » qu'est l'Homme, qui ne se suffit pas d'être un « grand singe nu » mais qui est- et qui a- quelque chose de plus.
Caïn est agriculteur, Abel est berger ; les versets les présentent selon une structure chiastique.
Il serait intéressant de savoir avec qui les fils et filles d'Adam et Ève ont pu mettre au monde des enfants, sinon avec leurs propres frères et sœurs.
Deux lectures du Déluge sont possibles :
- la première tirée du Livre d'Hénoch lit bnei Elohim avec une majuscule : fils de Dieu, anges, menés par Shemhazaï et Azaël, corrompus dans leur nature angélique, car devenus matériels, engendrant les Nephilim, des êtres ambigus, « héros » de « renom », peut-être identifiables à ce que les mythes grecs nomment « demi-dieux ». Nephilim signifierait donc Nophlim ouMapilim (qui churent et firent chuter l'humanité avec eux).
- la seconde, tirée des Sages, lit bnei elohim avec une minuscule : fils de dirigeants, notables ou peut-être fils de Seth, puisqu'il est dit de lui qu'il fut fait, comme son père Adam, à l'image d’Élohim. Les hommes qui seraient retournés à Dieu après la Chute auraient pris pour épouses les filles des hommes qui étaient, au mieux, en rébellion avec Dieu.
Leurs descendants seraient d'un niveau bien moindre, auraient « chuté » de celui de leurs ancêtres, d'où leur appellation de Nephilim. Sans véritable guide spirituel, la Terre se serait alors remplie de mal, d'où la décision divine.
Durant le festin organisé en l'honneur de la naissance d'Isaac, Abraham établit un pacte avec Abimelekh, qui lui octroie le droit sur le puits de Beer-Sheva (Bersabée).
Pour les biblistes critiques, « Bersabée » est l'un des doublets voire triplets les plus flagrants de la Bible, trahissant la juxtaposition de plusieurs traditions que le rédacteur (R) n'a pu départager.
Pour les croyants, il s'agit de la confirmation d'un droit dont l'acquisition perpétuelle est d'habitude monétaire, et utilisé par de nombreux bergers nomades de passage.
Il existe des liens avec le Coran sur : La chute, Noé, Loth, Sodome et Gomorrhe, la Naissance d'Isaac. L'histoire du sacrifice apparaît aussi dans le Coran. Bien que l'identité du fils d'Abraham ne soit pas explicitement formulée, les musulmans pensent qu'il ne s'agissait pas d'Isaac, mais d'Ismaël.
Notes et références
- Geneviève Gobillot, « Le Coran, guide de lecture de la Bible et des textes apocryphes », Pardès (N° 50), 2011/2012 (lire en ligne)
- Le péché décrit comme une bête tapie (Genèse 4:7) peut faire référence au démon babylonien appelé Rabisu (littéralement, « celui qui se tapit »).
- Voir Table des peuples
- Genèse 23,1;