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Quartier impérial de Metz

Le quartier impĂ©rial est un quartier historique de la ville de Metz rĂ©alisĂ© par les autoritĂ©s allemandes lors de l’annexion de l’Alsace-Lorraine. Ă€ l’origine dĂ©nommĂ© Neue Stadt (littĂ©ralement « nouvelle ville Â»), il est aujourd’hui coupĂ© entre les quartiers administratifs de Nouvelle Ville et de Metz-Centre.

Quartier impérial
Quartier impérial de Metz
La gare de Metz-Ville, symbole de la germanisation et de la modernisation de la ville.
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Lorraine (Grand Est)
Ville Metz
Fonctions urbaines RĂ©sidentielle, administrative, ferroviaire, militaire, scolaire.
Étapes d’urbanisation 1902 - 1918
1918 - 1939
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 49° 06′ 32″ nord, 6° 10′ 10″ est
Site(s) touristique(s) Gare et place du Général-de-Gaulle ;
Avenue Foch ;
Place Raymond-Mondon ;
Palais du Gouverneur.
Transport
Gare Metz-Ville
Bus Mettis A et B, Lignes 1 Ă  5.
Localisation
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Quartier impérial
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Quartier impérial

    Il est principalement reprĂ©sentĂ© par le « triangle impĂ©rial Â», dĂ©limitĂ© entre le château d’eau de la gare centrale, l’église Sainte-ThĂ©rèse et la porte Serpenoise. Mais le quartier s’étend au-delĂ  de ce cĹ“ur impĂ©rial avec d’autres Ă©difices de la mĂŞme Ă©poque, comme le palais du Gouverneur situĂ© place Giraud, derrière la porte Serpenoise.

    Avec la Neustadt de Strasbourg, d’une taille plus importante, il s’agit de l’exemple le plus complet et le mieux conservé de l’urbanisme allemand du Deuxième Reich. En Allemagne, les quartiers analogues ont en effet beaucoup souffert des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Il est remarquable pour la multiplicité des styles architecturaux y étant représentés, et ce, malgré une volonté de germanisation assumée de la ville.

    Historique

    Das neue Generalkommando. Absteige-Quartier des Kaisers, carte postale datée du 1917.
    Kaiser Wilhelm Ring, carte postale datée du 11 février 1917.

    Lors de son aménagement au début du XXe siècle, le nom du quartier est Neue Stadt (« nouvelle ville »), les autorités allemandes ayant décidé de construire un quartier neuf au sud de la ville historique. Celui-ci prend place sur les terrains cédés par le fisc militaire grâce au déclassement de l’enceinte médiévale sur ordre de l’empereur Guillaume II en 1898. Ce nom se retrouve dans celui du quartier administratif Nouvelle Ville. La phase majeure de ce projet élaboré par l’empereur est lancée à partir de 1902[1].

    Ce projet urbanistique s’inscrit dans une intention de modernisation de la ville de Metz, mais Ă©galement dans une volontĂ© marquĂ©e de germanisation. Metz est en effet une ville de tradition française depuis le Moyen Ă‚ge, malgrĂ© une influence germanique Ă  travers les siècles. L’empereur Guillaume II cherche alors Ă  donner Ă  la citĂ© une vĂ©ritable identitĂ© allemande, rompant ainsi avec les annĂ©es de règne de Guillaume Ier oĂą une continuitĂ© stylistique Ă©tait respectĂ©e dans les constructions allemandes.

    Le règlement d’urbanisme de 1903 donne un statut différent à la rive nord du « ring » qui se déploie à l’emplacement des anciens remparts. Il stipule qu’elle doit comporter des maisons entourées de jardins, ayant une hauteur maximale de trois niveaux, afin de ménager une transition entre les immeubles côté sud et les constructions antérieures. Les villas de l’avenue Foch sont de facture soignée, à la pointe du confort de l’époque, dans des styles divers, souvent historicistes[2].

    C’est dans ce quartier, dans la Karolinger Strasse — actuelle rue Charlemagne —, que vécut de 1904 à 1916, l’écrivain Adrienne Thomas, qui décrivit les conséquences de la guerre de 1914-18 depuis la gare de Metz où elle officiait comme infirmière.

    Les travaux sont inachevés à la déclaration de guerre de 1914 et vont se poursuivre lors du retour à la France, de 1924 à la fin des années 1930. La consécration de l’église Sainte-Thèrèse-de-l’Enfant-Jésus-et-de-la-Sainte-Face, en 1954, marque l’achèvement du quartier.

    L’appellation « triangle impérial » est l’œuvre de Pierre Becq, président de l’association éponyme des commerçants du quartier.

    Urbanisme et morphologie générale

    L’avenue Foch et son jardin central.

    Le quartier impĂ©rial est formĂ© de rues de largeur moyenne et d’un « ring Â» urbain de grande largeur le bordant au nord, Ă  la jonction avec la vieille ville, comprenant l’avenue Foch, au sud c’est le talus ferroviaire qui le dĂ©limite. D’aspect gĂ©nĂ©ral haussmannien, le quartier tranche toutefois avec la rĂ©gularitĂ© des quartiers du XIXe siècle car rythmĂ© par des espaces larges comme des places publiques et des Ă©difices isolĂ©s ou se dĂ©tachant des autres par leur style ou leur envergure. En effet, malgrĂ© une prĂ©sence majoritaire d’immeubles alignĂ©s, certains secteurs comme celui de la Vacquinière, au sud-ouest, jouxtant Montigny-lès-Metz, ou la face nord de l’avenue Foch sont composĂ©s exclusivement de villas. Des casernes, antĂ©rieures Ă  l’urbanisation de la zone, sont Ă©galement concentrĂ©es au nord-ouest.

    L’organisation générale de l’espace se fait depuis deux grandes places qui sont la place Raymond-Mondon, ancienne place impériale, et la place du Général-de-Gaulle, parvis de la gare centrale reliées par la rue Gambetta. La place Raymond-Mondon symbolisait d’ailleurs le rayonnement des pouvoirs autour de l’empereur (dont la statue équestre est renversée en 1918 par les français) : pouvoir financier avec la Banque impériale, pouvoir corporatiste avec la chambre des Métiers, le pouvoir militaire avec la vue sur la caserne Prince-Frédéric-Charles, et le pouvoir religieux avec une église dont la guerre empêcha la construction. C’est d’ailleurs cette place qui fait le lien entre la nouvelle et la vieille ville, cette dernière étant symbolisée par la tour Camoufle conservée.

    Architecture

    Exemple d’immeuble néogothique rue Mozart.

    Le quartier témoigne d’une diversité architecturale remarquable. Il a en effet servi de laboratoire stylistique pour les architectes de l’époque wilhelmienne. Ce sont des styles historicistes qui le composent en majorité, car répondant à une volonté de germanisation émanant de l’État, qui se traduit dans une architecture rappelant celle du Moyen Âge allemand. En parallèle, la partie du quartier aménagée lors de l’entre-deux-guerres, bien que dans la continuité d’une modernisation de la ville rappelle son appartenance française

    La période d’urbanisation des années 1900 et 1910, offre des terminologies architecturales caractéristiques comme le néo-roman rhénan de la gare et la poste ou la néo-renaissance flamande du palais du Gouverneur. Toutefois on dénote une multiplicité des styles dans les entreprises architecturales privées de l’époque, chose très visible dans la composition éclectique de l’avenue Foch, mêlant une rigueur néo-classique à des décors floraux Art nouveau, ou à une maison typique alsacienne. En outre, certains architectes francophiles manifesteront leur opposition symbolique au pouvoir en place avec des immeubles néo-classiques et typiques haussmanniens, et d’autres paris risqués seront pris comme avec le palais de Cristal qui présente une façade directement inspirée de la Sécession viennoise (façade recouverte dans les années 1960).

    Le décor architectural est distinctif également par ses différentes teintes, dominées tout de même par le gris et le rose des bâtiments en grès, et le jaune de ceux construits traditionnellement en pierre de Jaumont.

    L’entre-deux-guerres fait alors place à une architecture « revancharde », on retrouve alors un haussmannisme néo-classique et néo-baroque se rapprochant souvent du style Beaux-Arts de la Belle Époque, à l’identité française très marquée. Il reste toutefois moins ostentatoire que les constructions allemandes qu’il vient compléter, ce en raison d’un respect urbanistique des constructions antérieures, qu’un statut de préservation de physionomie de la ville de Metz officialise entre 1911 et 1939. Dans les années 1930, la modernité pousse également l’implantation du style Art déco, alors en plein essor dans le monde entier.

    Reconnaissance

    L’enfilade d’immeubles de l’avenue Foch depuis l’avenue Joffre.

    MĂŞme s’il figurait sur les cartes postales de la ville, ce quartier est restĂ© peu apprĂ©ciĂ© des Messins après-guerre, restant dans la lignĂ©e du nationaliste d’origine lorraine Maurice Barrès, qui fustigeait dĂ©jĂ  dans les annĂ©es 1910 l’architecture de la gare[3] : « On y salue une ambition digne d’une cathĂ©drale, et ce n’est qu’une tourte, un immense pâtĂ© de viande. »

    Cependant, c’est Ă  partir des annĂ©es 1980 que le quartier impĂ©rial a de nouveau suscitĂ© un engouement de la part des pouvoirs publics et de la population. Des campagnes de rĂ©novation du patrimoine bâti ont commencĂ©, afin de nettoyer les façades, et notamment celles de la gare[4], des restaurations qui ont encore lieu en 2014 Ă  plus petites Ă©chelles, mĂŞme si on notera celle de l’ancien hĂ´tel du Globe, place de GĂ©nĂ©ral-de-Gaulle, face Ă  la gare.

    Le quartier a été proposé par la municipalité à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco en juin 2007 au titre de l’originalité urbanistique et architecturale :

    Toutefois cette candidature ayant été rejetée, un nouveau dossier a été préparé dès 2009 par les services de la mairie de Metz.

    Cette nouvelle candidature dĂ©nommĂ©e « Metz royale et impĂ©riale Â», met l’accent sur la double-identitĂ© urbaine de la ville, jouant sur l’opposition et la complĂ©mentaritĂ© entre le quartier de la cathĂ©drale, rĂ©solument français, et le quartier impĂ©rial allemand. Se rĂ©partissant alors en deux zones distinctes qui sont les alentours de la cathĂ©drale et le triangle impĂ©rial en majoritĂ©, le dossier met l’accent sur la fonction de creuset, et de « laboratoire d’architecture Â», assurĂ©e par le projet de la Neue Stadt au dĂ©but du XXe siècle[5].

    Un mois et demi après sa soumission au Comité des biens français au patrimoine mondial, ce dernier approuve l’inscription du dossier sur la liste indicative française à l’Unesco[6], inscription ratifiée plus tard par le Ministère de la Culture et de la Communication. En , le site internet de l’Unesco fait figurer la candidature messine sur la page de la France[7].

    Lieux et édifices caractéristiques

    Le Ring

    Construit grâce au dĂ©mantèlement des remparts modernes et mĂ©diĂ©vaux de la ville en 1902, le « ring Â» urbain de Metz, dĂ©butant boulevard Paixhans ou boulevard du Pontiffroy, au nord du centre historique, entre dans le quartier impĂ©rial par l’avenue Jean-XXIII et la place Mazelle. Son cĂ´tĂ© sud est dominĂ© par le talus ferroviaire provenant de la gare de Metz-Ville. Se trouvent Ă  proximitĂ© :

    L’avenue Foch, dotĂ©e d’un espace vert et d’une allĂ©e centrale, voit son entrĂ©e ouest marquĂ©e par plusieurs villas privĂ©es[8] :

    • villa Bleyler, au no 14, style nĂ©o-baroque ponctuĂ© d’Art nouveau, architecte Ludwig Becker, 1904-1906 ;
    • villa Wildenberger, au no 16, dĂ©cor Jugenstill, architecte Karl Griebel, 1903 ;
    • villa Wahn, au no 18, style nĂ©o-Renaissance, architecte Conrad Wahn, 1903 ;
    • villa Linden, au no 20, style nĂ©o-Renaissance, architecte Scheden, 1905 ;
    • villa Burger, dite Salomon, au no 22, style nĂ©o-rural en pans de bois, architecte Eduard-Hermann Heppe, 1904 ;
    • villa Lentz, au no 24, style nĂ©o-classique XVIIIe siècle, architectes Jules-Geoffroy Berninger et Gustave Kraft, 1904.

    L’avenue abrite aussi certains immeubles remarquables :

    La place Raymond-Mondon, construite au dĂ©but du XXe siècle en mĂŞme temps que l’avenue Foch est l’ancienne place impĂ©riale. En son centre se trouvait une statue Ă©questre de l’empereur FrĂ©dĂ©ric III d'Allemagne, renversĂ©e et dĂ©truite en 1918 par les Français.

    L’avenue Joffre, tĂ©moigne de plus de sobriĂ©tĂ© avec d’un cĂ´tĂ© des bâtiments allemands relativement sobres, et de l’autre des bâtiments français de type haussmannien, Ă  l’emplacement devant accueillir l’église voulue par l’empereur. La partie de l’avenue bordant les citadelles disparues, celle de la Renaissance au nord et de Vauban au sud, est aujourd’hui une bretelle d’accès Ă  l’autoroute A31. Ancienne avenue arborĂ©e, cette voie rapide est marquĂ©e au nord par la prĂ©sence du square Gallieni et des jardins du palais du Gouverneur. On y trouve, donnant sur la place Raymond-Mondon :

    Et le long de la voie rapide :

    • Maison de la fĂ©dĂ©ration des corporations, place Raymond-Mondon.
      Maison de la fédération des corporations, place Raymond-Mondon.
    • Chambre de commerce et de l’industrie de la Moselle et tour Camoufle.
      Chambre de commerce et de l’industrie de la Moselle et tour Camoufle.
    • TrĂ©sorerie gĂ©nĂ©rale de la Moselle.
      Trésorerie générale de la Moselle.
    • Villa Bleyler, 14 avenue Foch.
      Villa Bleyler, 14 avenue Foch.
    • Villa rĂ©gionaliste alsacienne.
      Villa régionaliste alsacienne.
    • Vue de l’avenue avec l’HĂ´tel des mines Ă  gauche.
      Vue de l’avenue avec l’Hôtel des mines à gauche.
    • Immeuble Jugendstill, avenue Foch.
      Immeuble Jugendstill, avenue Foch.

    Monuments et curiosités diverses

    Enseignement

    Cet élan urbanistique ne se limite pas au quartier impérial. De nombreux édifices voient le jour pendant cette période dans l’agglomération messine. Les établissements scolaires notamment n’échappent pas à cette dynamique urbaine[13]. La germanisation de l’architecture des écoles est sensible à l’école de la place de la Grève de Metz (Sandplatzschule) aujourd’hui Saint-Eucaire, à l’école communale des filles de la rue de la Chèvre (Mädchenschule in der Ziegenstrasse), à l’école de la rue Paixhans (Volksschule in der Paixhansstrasse), ou encore à l’école normale d’instituteurs (Lehrerseminar). Deux établissements voient le jour dans le quartier impérial :

    De nos jours, d’autres ont ouvert également :

    • la citĂ© scolaire Georges-de-la-Tour (comprenant un collège et un lycĂ©e) reprend en plus du site de Maud’huy, celui de la caserne Barbot ;
    • le collège Barbot, qui occupe une partie des bâtiments de la caserne Ă©ponyme.

    Casernes et bâtiments militaires

    • les casernes du Prinz-Friedrich-Karl (1890) : caserne de Lattre-de-Tassigny et Barbot, la seconde abritant dĂ©sormais la citĂ© scolaire Georges-de-la-Tour et le collège Barbot ;
    • le palais du Gouverneur, 1902-1905 ;
    • l’État-major de Metz, ancien palais de l’Intendance, boulevard Clemenceau, nĂ©o-baroque.

    Lieux de culte

    Places, jardins et espaces verts

    Notes et références

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Niels Wilcken, Metz et Guillaume II. L’architecture publique Ă  Metz au temps de l’empire allemand [1871-1918], Éditions Serpenoise, Metz, 2007, 144 p., (ISBN 978-2-87692-648-6) ;
    • Jean-Claude Berrar, Renaud Berrar, Metz sous l’Empire germanique, Éditions Serpenoise, Metz, 2003, 110 p., (ISBN 2-87692-591-5).
    • Jean-Claude Berrar, Metz au dĂ©but du XXe siècle - II, Éditions Serpenoise, Metz, 2008, 109 p., (ISBN 978-2-87692-751-3).
    • Christiane Pignon-Feller, Metz, 1848-1918 — Les mĂ©tamorphoses d’une ville, Éditions Serpenoise, Metz, 2005, 632 p., (ISBN 2-87692-584-2).

    Liens externes

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