Accueil🇫🇷Chercher

Quai d'Anjou

Le quai d'Anjou est un quai situé le long de la Seine au nord de l'île Saint-Louis dans le 4e arrondissement de Paris. Il comprend deux niveaux : le premier, submersible, au contact direct de la Seine et le second, surélevé d'une dizaine de mètres, au pied des hôtels particuliers.

4e arrt
Quai d'Anjou
Voir la photo.
Vue du quai.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissement 4e
Quartier Notre-Dame
DĂ©but 2, rue Saint-Louis-en-l'ĂŽle et pont de Sully
Fin 20, rue des Deux-Ponts et pont Marie
Morphologie
Longueur 313 m
Largeur m
Historique
Création 1614 à 1647
Ancien nom Quai d'Anjou
Quai d'Alençon
Quai de l'Union
GĂ©ocodification
Ville de Paris 0332
DGI 0350
GĂ©olocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Quai d'Anjou
GĂ©olocalisation sur la carte : 4e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 4e arrondissement de Paris)
Quai d'Anjou
Images sur Wikimedia Commons Images sur Wikimedia Commons

Origine du nom

Dénommé « quai d'Anjou » dans sa partie orientale et « quai d'Alençon » dans sa partie occidentale, en 1780, il devient en totalité quai d'Anjou. En 1792, on le nomme « quai de l'Union », puis de nouveau « quai Anjou » en 1803. Le nom a été choisi pour honorer la famille royale et plus particulièrement Gaston d'Orléans, titré « duc d'Anjou », frère de Louis XIII.

Historique

Quai d’Anjou en 1924, photographie d'Eugène Atget.
Quai d’Anjou en 1912, photographie d'Eugène Atget.

Commencé en 1614 par Christophe Marie, ce quai de l’île aux Vaches (aujourd’hui île Saint-Louis), ancien 9e arrondissement, fut poursuivi par Lagrange, de nouveau par Marie en 1627 et achevé par Hébert et des riverains en 1647.

Il commence au no 2 de la rue Saint-Louis-en-l’Île et au pont de Damiette (aujourd'hui pont de Sully) et finit au no 20 de la rue des Deux-Ponts et au pont Marie. Le dernier numéro est le 41.

Durant la Révolution il prend le nom de « Quai de l'Union ». À la suite de deux décrets ministériels, le premier du 24 frimaire an XIII, signé de Champagny, et le second du , ainsi que de l’ordonnance royale du , la plus petite largeur du quai, voie publique, est fixée à m. Les immeubles situés aux numéros 19, 21, 23 et 25 sont soumis au retranchement.

Par ordonnance en date du , le quai d'Anjou est aligné :

« Louis-Philippe, etc.,
Article 1 - Les alignements des rues de Bretonvilliers, de la Femme-sans-Tête[1], Guillaume[2], Saint-Louis-en-l'Île, Poulletier, Regrattier[3], des quais d'Anjou, de Béthune, de Bourbon et d'Orléans, à Paris sont arrêtés ainsi qu'ils sont tracés sur les plans ci-annexés, suivant les procès-verbaux des points de repère transcrits sur les dits plans.
Donné au palais des Tuileries le . »

Le peintre Honoré Daumier, connu surtout pour ses caricatures sous Louis-Philippe s'installe au 9, quai d'Anjou en 1846[4]. De son atelier il observait les blanchisseuses revenant de bateaux de blanchisserie amarrés sur la Seine[5]. Observant ce travail acharné des lavandières avec leur lourde charge de lessive, il exécuta une série d'œuvres sur ce thème[6].


Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Le quai est principalement composé d'immeubles résidentiels. On compte toutefois un théâtre, le Théâtre de l'Île-Saint-Louis, et une galerie d'art.

Dessiné par l'architecte Jean Androuet du Cerceau, pour le compte de Claude Le Ragois de Bretonvilliers, secrétaire au Conseil du roi Louis XIII, financier ayant des intérêts dans les fermes, ce palais avec jardins et terrasses fut édifié de 1637 à 1642 avec six hôtels de rapport par l'architecte Pierre Le Muet. Décor de Simon Vouet en 1643, de Sébastien Bourdon en 1663 pour la Grande Galerie. Œuvres de Mignard et Poussin.
Loué par les Bretonvilliers à partir de 1719 à la Ferme générale, qui y transfère ses bureaux : Bureau général des aydes, Bureau général des privilégiés par arrêt du . L'hôtel accueille le Bureau du comité préparatoire du conseil de la Ferme dont Lavoisier est membre. La Ferme y dispose d'une imprimerie où exerce en 1740 le libraire imprimeur Gilles Lamesle. Monsieur Marin de La Haye, fermier général y loue des locaux.
En 1790, saisie révolutionnaire des bâtiments. En 1791, l'imprimerie est louée au député Pierre Samuel Du Pont de Nemours, député de Nemours à la Constituante. En 1793, le bâtiment est occupé par une manufacture de fusils, partagé et enfin vendu par loterie en .
Son épouse y tint un salon littéraire. Décor en grisaille de Lesueur. Cabinet au dernier étage, L'Amour, et chambre des Muses (les treize panneaux sont au Louvre) ; Le Brun décora la grande Galerie dite d'« Hercule » sur site. Tableaux de Pierre Patel et de Joannes Hermans, Adriaen van Ostade, Romanelli, François Perrier. Son fils vendit la demeure à Dupin, fermier général. Puis y résident le marquis du Châtelet-Laumont, prévôt des marchands de 1726 à 1729, Delahaye, fermier général. À sa mort, vente des sculptures et tableaux. Lui succède M. Camille de Montalivet, ministre de l'Intérieur sous le Premier Empire. La demeure deviendra un dépôt de lits militaires et sera revendue au prince polonais Czarstoriski et à son épouse, la princesse Czarstoriska.
  • No 3 : hĂ´tel le Vau, construite par le cĂ©lèbre architecte lui-mĂŞme en 1640 pour en faire son domicile.
L’écrivain Frédéric Vitoux (1944-), son père le journaliste Pierre Vitoux et son grand-père, le journaliste médical Georges Vitoux (1860-1933) y ont habité.
  • Quai d'Anjou au niveau des nos 3 et 5.
    Quai d'Anjou au niveau des nos 3 et 5.
  • HĂ´tel particulier du no 3.
    HĂ´tel particulier du no 3.
  • No 5 : le petit hĂ´tel de Marigny (ne pas confondre avec l'hĂ´tel de Marigny qui est dans le 8e arrondissement Ă  cĂ´tĂ© du palais de l'ÉlysĂ©e) avait Ă©tĂ© construit pour un marchand de fer. Cet hĂ´tel, entre autres, eut comme propriĂ©taire le descendant de Rennequin, l’un des crĂ©ateurs de la machine de Marly, considĂ©rĂ©e par Louis XIV comme la huitième merveille du monde. La machine de Marly avait pour fonction d’amener l’eau aux fontaines du parc de Versailles.
  • HĂ´tel particulier du no 5.
    HĂ´tel particulier du no 5.
  • No 7 : la Boulangerie commune de la Ville de Paris a ses bureaux Ă  cette adresse qui faisait autrefois partie de l'hĂ´tel Lambert.
  • HĂ´tel particulier du no 7.
    HĂ´tel particulier du no 7.
  • Porte.
    Porte.
  • HĂ´tel particulier du no 9.
    HĂ´tel particulier du no 9.
  • Plaque commĂ©morative.
    Plaque commémorative.
  • No 11 :
  • HĂ´tel particulier du no 11.
    HĂ´tel particulier du no 11.
  • No 13 : Louis Lambert de Thorigny, capitaine de cavalerie, fils ou frère du prĂ©vĂ´t des marchands a vendu ce lot Ă  Fougeroux, Ă©cuyer, conseiller, secrĂ©taire du Roi, trĂ©sorier gĂ©nĂ©ral et payeur des rentes de l'HĂ´tel de Ville. Un de ses fils, grand maĂ®tre des eaux et forĂŞts, a eu pour concessionnaire Ledreux, greffier au parlement, dont la fille vendit l'immeuble Ă  RĂ©cusons de Borneville, ancien marchand de toiles. Sa petite-fille en deviendra propriĂ©taire et comptera parmi ses locataires: M. Charles-François Daubigny, peintre, Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume, sculpteur et peintre, Alfred GĂ©rente, peintre sur verre, PrĂ©vost, graveur, Auguste Marie Boulard, peintre, les communs de l'immeuble ressemblent Ă  un musĂ©e[7]. De nombreux Ă©lĂ©ments de ce bâtiment (façades, toitures, escalier, puits, sol de la cour) sont inscrits aux monuments historiques (inscription par arrĂŞtĂ© du ).
  • HĂ´tel particulier du no 13.
    HĂ´tel particulier du no 13.
  • Porte.
    Porte.
  • HĂ´tel particulier du no 15.
    HĂ´tel particulier du no 15.
  • No 17 : hĂ´tel de Lauzun, dit aussi « hĂ´tel de Pimodan », classĂ© aux monuments historiques. Construit Ă  partir de 1656 par Louis Le Vau, pour le financier GruĂżn des Bordes et son Ă©pouse Geneviève de Mony (G et M entrelacĂ©s dans les dĂ©cors), revendu en 1682 au duc de Lauzun, âgĂ© de 25 ans, et qui y Ă©pousera mademoiselle de Dufort, fille du marĂ©chal de Lorges. Il conserve encore son dĂ©cor intĂ©rieur d'origine par Le Brun, Jean-Baptiste Monnoyer, S. Bourdon, M. Anguier. Il fut habitĂ© en 1685 par le marquis de Richelieu qui le revendit en 1709 Ă  Pierre-François Ogier, Grand Audiencier de France et receveur gĂ©nĂ©ral du clergĂ© de France. Il passa par la suite Ă  son fils, Jean-François Ogier, qui le revendit en 1764 Ă  RenĂ©-Louis de Froulay, marquis de TessĂ©. Il passa en 1769 Ă  ses petits-enfants, les Saulx-Tavannes, qui le cĂ©dèrent en 1779 au marquis de LavallĂ©e de Pimodan qui l'occupa jusqu'Ă  la RĂ©volution. Roger de Beauvoir, Ă©crivain, y a vu le jour en et y vĂ©cut. Actuellement, c'est une propriĂ©tĂ© de la ville de Paris depuis 1928. Très beau cadran solaire dans la cour entre deux fenĂŞtres du deuxième Ă©tage. Il pouvait Ă©galement servir de calendrier mais il manque le disque pour qu'il fonctionne. Baudelaire habite en ces lieux d' Ă  , avec un autre locataire, ThĂ©ophile Gautier, fondateur du club des Haschischins et de l'expĂ©rience des « paradis artificiels ». Il y reçoit aussi madame Sabatier et y Ă©crivit son poème L'Invitation au voyage. La ville de Paris lui a rendu hommage par une plaque commĂ©morative apposĂ©e le 23 mars 2022. Parmi ses autres voisins dans l'immeuble, il cĂ´toie le brocanteur Arondel auprès duquel il s'endette lourdement et le peintre Joseph Ferdinand Boissard de Boisdenier (1813-1866).
  • HĂ´tel de Lauzun au no 17.
    HĂ´tel de Lauzun au no 17.
  • Porte.
    Porte.
  • Cadran solaire.
    Cadran solaire.
  • No 19 : hĂ´tel MĂ©liand.
  • Nos 23 et 25 : hĂ´tels particuliers avec puits, autrefois divisĂ©s en quatre hĂ´tels, bâtis sur pilotis ; ils appartenaient dès 1658 Ă  une branche de la famille de Gayardon. Cette branche dite « de Gayardon de Levignen », qui avait achetĂ© ces deux hĂ´tels, s’éteignit en la personne de Jean Baptiste de Gayardon, seigneur de Betz et de Levignen, intendant du commerce. Son parent, Laurent Charles de Gayardon, marquis de Fenoyl, capitaine au rĂ©giment lyonnais, hĂ©rita des deux immeubles vers 1740. Son fils Laurent-François de Gayardon, marquis de Fenoyl, marĂ©chal de camps des armĂ©es du roi et officier aux Gardes françaises, y rĂ©sidait avec son Ă©pouse. Ce sont eux qui firent construire, vers 1760, le balcon que l’on voit au no 23. Leur fils, Laurent-Charles-Marie de Gayardon, marquis de Fenoyl Ă  la suite de son père et Ă©galement officier aux Gardes, vendit les deux hĂ´tels Ă  la RĂ©volution. Au XXe siècle, le peintre Paul de Lapparent rĂ©sida au no 25.
  • Nos 27-29-31 : propriĂ©tĂ©s de monsieur Lelong de Dreneu qui Ă©migra. PropriĂ©tĂ© de Gayardon Ă  la fin du XVIIe siècle, intendant de Franche-ComtĂ©, de l'abbĂ© Fortia, de la marquise Lambert de Courcelles, puis du greffier Jacques (no 29). Au no 29 s'installe l'Ă©crivain Charles-Louis Philippe en juin 1899[8]. Au mĂŞme numĂ©ro se trouvait, entre les deux guerres, le siège des Ă©ditions Contact, fondĂ©es par l'Ă©crivain amĂ©ricain Robert McAlmon.
  • No 33 : de 1904 Ă  1953, le restaurant Au Rendez-vous des mariniers accueille de nombreux Ă©crivains et artistes dont Pablo Picasso, John Dos Passos, Pierre Drieu la Rochelle, Ernest Hemingway, Aragon, Georges Simenon et Blaise Cendrars. L'Ă©crivain FrĂ©dĂ©ric Vitoux retrace l'histoire de ce lieu dans un livre au titre Ă©ponyme[9].
  • No 35 : maison construite pour le carrossier de Louis XIV.
  • No 39 : Théâtre de l'ĂŽle Saint-Louis–Paul-Rey, le seul sur une Ă®le Ă  Paris (salle Ă  l'italienne de 60 places). Les bâtiments, jadis, abritaient une Ă©cole de filles.
  • EntrĂ©e du théâtre.
    Entrée du théâtre.

Notes et références

  1. La rue de la Femme-sans-Tête est désormais la partie de la rue Le Regrattier située entre la rue Saint-Louis-en-l'Île et le quai de Bourbon.
  2. La rue Guillaume est devenue la rue Budé.
  3. Partie de cette rue actuelle située entre le quai d'Orléans et la rue Saint-Louis-en-l'Île.
  4. (en) « Chanteurs des rues », sur Catalogue Christie's (consulté le )
  5. (en) « La Blanchisseuse », sur Metropolitan Museum (consulté le )
  6. (en) « La Blanchisseuse », sur Musée Pouchkine (consulté le )
  7. Jacques Hillairet, L'Île Saint-Louis, Les éditions de Minuit, 1967, p. 82 — sur Gallica.
  8. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, septième édition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue des Mauvais-Garçons », p. 114.
  9. « Au Rendez-vous des mariniers », fayard.fr (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Iconographie

  • HonorĂ© Daumier (1860) : Blanchisseuse sur le quai d'Anjou, huile sur bois ; S ; dimensions : 28,5 Ă— 19,5 cm (Albright-Knox Art Gallery, New York).
  • Blanchisseuse sur le quai d'Anjou.
    Blanchisseuse sur le quai d'Anjou.

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.