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Puits funéraire

Les puits funéraires sont des puits dans lesquels étaient enfouis des cadavres humains, souvent avec des objets du quotidien et des squelettes animaux contemporains. Les archéologues en ont trouvé de la Préhistoire à l’Antiquité égyptienne. Les rites funéraires associés ont cependant beaucoup varié, selon les périodes (préhistoriques et historiques) et civilisations.

En France, après qu'on a pu les confondre avec des puits à eau comblés, ils semblent avoir commencé à être étudiés par deux archéologues : l'abbé Baudry, puis le Dr Marcel Baudouin (également médecin, ethnographe et homme politique).

Typologies

Ces puits pouvaient être associés à des tumulus, mastabas, pyramides ou à un bâtiment (en Amérique), ou être associés à d’autres lieux funéraires (tombes à incinération, fosses d’incinération). Leur construction était parfois difficile.

Ils semblent souvent avoir été utilisés pour des dignitaires ou leurs familles sur plusieurs générations.

Ils sont parfois très profonds, mais la plupart du temps situés à des endroits où il n’y avait pas de source ou d’eau, ce qui montre que ce n’étaient pas des puits fournissant de l’eau ensuite taris (des archéologues en ont cité des exemples[1]) et transformés en lieux funéraire.

Il est possible que certains puits asséchés ou d’anciens puits d’extraction de silex aient pu aussi être transformés en lieux d’inhumation.

Il existe en Amérique une culture des tombes à puits caractérisée à l’ouest du Mexique par un puits vertical ou quasi vertical, creusé sur trois à vingt mètres de profondeur, souvent une couche de tuf sous-jacente aux roches volcaniques. La base du puits s'ouvre sur une ou deux (parfois plus) chambres horizontales, peut-être de quatre mètres sur quatre (avec des variations considérables), basses de plafond. Les tombes à puits étaient dans ce cas souvent associées à un bâtiment qui les recouvrait.

Rituels

Les rituels entourant ces puits préhistoriques ou de l’Antiquité sont mal compris, on y trouve de nombreux objets et matériaux, dont éléments de squelettes animaux, ainsi parfois que de bouchons (plusieurs à différents niveaux parfois) faits de lourdes roches posées horizontalement.

Exemples de puits funéraires

En Égypte antique

Ă€ l'Ă©poque romaine

Puits de Menneval

Le puits de Menneval, près Bernay (Eure), l'un des premiers Ă  avoir Ă©tĂ© scientifiquement fouillĂ©, trouvĂ© près d'une villa gallo-romaine et d'une ancienne voie romaine, mesure plus de 60 m de profondeur pour un diamètre de 1,65 m de diamètre.

Il a Ă©tĂ© fouillĂ© en dĂ©cembre 1856 par MĂ©tayer et Gardin[3], qui l'ont dĂ©crit comme constituĂ© d'un parement de cailloux maçonnĂ©s par de l'argile, Ă©pais de 90 cm sauf Ă  l'ouest (près d'un mètre).

Dans le matĂ©riau de remblai, ils y ont d'abord trouvĂ© (Ă  un mètre de profondeur) un moyen bronze de Constantin avec le mot « Constantinopolis » et au revers « une victoire sur la proue d'un vaisseau ». Le bouchon de terre et de cailloux a Ă©tĂ© trouvĂ© jusqu'Ă  11,25 m de profondeur, avec des morceaux de poteries identiques Ă  ceux trouvĂ©s dans les sĂ©pultures de la villa voisine.

Plus bas, ce puits Ă©tait soigneusement clos par « une pierre Ă©norme (...) tellement lourde qu'on dut creuser dans la paroi du puits, afin de la faire disparaĂ®tre dans cette cavitĂ© latĂ©rale ! De ce point jusqu'Ă  18,75 m, le terrain Ă©tait composĂ© d'argile mĂŞlĂ©e Ă  des charbons et des cendres ; on y trouva deux crochets en fer et la moitiĂ© d'un mors de bride. LĂ  une nouvelle pierre de 800 Ă  900 kilos obstruait toute la largeur du puits ; mais, comme le puits Ă©tait bien maçonnĂ©, on dut l'enlever Ă  l'aide d'une grue ». Vient ensuite une très Ă©paisse couche d'ossements animaux (dont d'oiseaux) « rangĂ©s avec soin au centre du puits, dans un rayon de 0,30 m ; autour d'eux se trouvaient des cailloux mĂŞlĂ©s Ă  de la terre noire et du charbon et placĂ©s avec symĂ©trie » jusqu'au niveau oĂą commençait le parement maçonnĂ© du puits (Ă  31,25 m). Sous ce niveau, le puits se prolonge jusqu'Ă  38,75 m, on ne trouva que des cailloux, des dĂ©fenses de sanglier, des mâchoires d'animaux carnassiers, des dents de bĹ“uf et de vache. Ces Ă©lĂ©ments animaux Ă©taient dispersĂ©s dans des dĂ©bris de poterie mĂ©rovingienne.

Trois autres grandes pierres, plus lĂ©gères que la prĂ©cĂ©dente ont ensuite Ă©tĂ© trouvĂ©es, (dĂ©placĂ©es dans des cavitĂ©s creusĂ©es sur les cĂ´tĂ©s par les archĂ©ologues), puis dans une partie plus humide, dans une couche de charbons de bois et de terre, a Ă©tĂ© dĂ©couvert le « squelette d'un animal Ă©norme : un des fĂ©murs mesurait cinquante centimètres de longueur, dix-huit centimètres de circonfĂ©rence au milieu, quarante-sept centimètres Ă  la rotule, les os du bassin vingt-cinq centimètres d'Ă©paisseur; une dent molaire (sept centimètres de long et dix centimètres de circonfĂ©rence) pesait soixante grammes ; la prĂ©sence d'une corne Ă©norme ressemblant Ă  une corne de rhinocĂ©ros, a fait supposer qu'il s'agissait de cet animal ». Les deux archĂ©ologues jugent eux-mĂŞmes cela « invraisemblable » (les rhinocĂ©ros laineux sont supposĂ©s avoir disparu depuis plusieurs dizaines de siècles) mais ajoutent que « toutefois, on peut rappeler que les Romains ont amenĂ© en Gaule des animaux Ă©trangers, des chameaux notamment ». Dans un substrat composĂ© de couches alternativement constituĂ©es d'argile, de cendres, de terre noire ou de pierres mĂŞlĂ©es toujours Ă  des charbons, ce squelette reposait, au-dessus d'une couche de très grosses coquilles blanches d'escargots que les archĂ©ologues ont supposĂ© ĂŞtre du genre Helix (genre de l'escargot de Bourgogne). Sous ce niveau et jusqu'Ă  41,25 m de profondeur on a encore trouvĂ© des lits de charbon et d'« Ă©normes cailloux », et quelques objets de fer, une petite meule de grès, un jeune bois de cerf ; une corne de chevreuil).

Ă€ 42,50 m, le niveau contient des pierres moulurĂ©es blanches ainsi que des blocs de granite rouge, des cornes de cerf brisĂ©es ou sciĂ©es et brĂ»lĂ©es, avec des tuiles brisĂ©es, puis plus bas (-45 m), on a trouvĂ© un bois de cerf, un tronçon sciĂ© avec sa couronne ; des tĂŞtes d'animaux et squelettes de chiots.

Plus bas encore et jusque vers 48,75 m, des bois de cerf sciĂ©s et restes de charbons et cendres, avec Ă  partir de -50 m les mĂŞmes bois « sciĂ©s, hachĂ©s et brisĂ©s », mais mĂ©langĂ©s Ă  « une quantitĂ© prodigieuse d'ossements de cerfs, de sangliers, de loups et d'oiseaux ».

Ă€ 51,25 m, les deux archĂ©ologues ont identifiĂ© deux tĂŞtes de cerfs et plusieurs tĂŞtes de sangliers, avec leurs squelettes de ces animaux, et d'autres, tous « rangĂ©s avec beaucoup de prĂ©caution ».

Ă€ 52,50 m, un demi-crâne « Ă©norme » de cerf, et divers crânes de chevreuil (avec leurs cornes) ; ainsi que les ossements d'un « Ă©norme cerf », aussi disposĂ© avec soin ; (crâne de 56 cm de long et 25 cm de large entre les deux arcades sourcilières Ă  et omoplate 37 cm de long et 23 cm de large).

Ă€ 54,50 m, des morceaux de chĂŞne jouxtaient des coquilles blanches d'escargots, un fer coudĂ©, et une corne de cerf sciĂ©e et cassĂ©e, puis Ă  55,75 m, trois nouveaux squelettes de cerfs « Ă©normes » au-dessus de celui d'un homme grand (près de deux mètres) au crâne percĂ© de deux trous dont une partie a Ă©tĂ© sciĂ©e (trĂ©panation) et dont les os noircis par les cendres Ă©taient « très durs comme ceux des palafittes » fracturĂ©s en deux points pour la jambe droite.

Ă€ 56,25 m, d'autres squelettes de cerfs, sangliers, chiots ou loups, et « celui d'un vieil animal » posĂ©s au-dessus de « madriers Ă©normes carrĂ©s et le tronc d'un arbre (sans doute un if) », avec un morceau meule (pierre blanche, de 55 cm de rayon).

Ă€ 57,50 m, d'autres bois cerf avec Ă  58,75 m un bois de cerf dont aucun andouiller a Ă©tĂ© coupĂ© (le seul) et plus bas qu'Ă  soixante mètres, deux squelettes de chiens avec des morceaux de bois de cerf attachĂ©s Ă  la base du crâne.

Plus bas encore (61,30 m) sur le fond du puits (marne dure et sèche) deux cercles en fer de 25 cm de diamètre (cerclage de seau ?), une « Ă©pingle en ivoire Ă  tĂŞte cannelĂ©e » et une semelle de chaussure constituĂ©e de trois Ă©paisseurs de cuir.

La manière dont ce puits a été comblé, avec sur plusieurs épaisseurs des ossements ou coquilles qui semblent rangées avec soin, puis avec des bouchons rocheux très lourds mais n'ayant pas abîmé les parois laisse penser qu'il ne s'agit pas d'un travail fait dans l'urgence (dans un contexte d'invasion, par exemple). ce puits est curieusement exceptionnellement riche en ossements animaux, pour un seul squelette humain.

Notes

  1. L'abbé Cochet, dans son traité des Sépultures Gallo-Romaines, à l'article Puits, donne l'exemple de sources alimentant des puits romains et ensuite taries, mais sans exemples de réutilisation en puits funéraires (ce qui aurait pu être source de contamination de la nappe en cas de remontée de l'eau)
  2. Acronyme de « King Valley no 31 »
  3. Léon Métayer et Gardin fils, Antiquités du département de l'Eure. Découverte de constructions et sépultures gallo romaines dans la commune de Menneval, près Bernay (Eure), le 28 novembre 1856. Troisième rapport, Bernay, imprimerie de Alfred Lefèvre, 1857

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie


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