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Djéser

Djéser (ou Djoser) est le premier roi de la IIIe dynastie et est également considéré comme le fondateur de l'Ancien Empire. Il succède à son père Khâsekhemoui et précède le roi Sanakht. Le roi, dont le nom de Djéser ne lui est pas contemporain, avait pour nom d'Horus Netjerikhet et fut le commanditaire de la première construction en pierre de grande taille : la Pyramide à degrés de Saqqarah.

Djéser
Image illustrative de l’article Djéser
Statue de Djéser au Musée égyptien du Caire.
Période Ancien Empire
Dynastie IIIe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Khâsekhemoui
Dates de fonction env. entre -2691 et -2625
Successeur Sanakht ou Sekhemkhet
Famille
Père Khâsekhemoui
Mère Nimaâthâpy
Conjoint Hétephernebty
Enfant(s) Initkaes
Niânkh-Hathor
Fratrie Hétephernebty
Sépulture
Nom Complexe funéraire de Djéser
Type Pyramide à degrés
Emplacement Saqqarah
Fouilles Jean-Philippe Lauer

Identité

Noms dans la documentation postérieure

Le nom d'Horus du roi est Netjerikhet tandis que le nom sous lequel sera connu le roi aux époques postérieures (au moins à partir du Moyen Empire) est un Nom de Sa-Rê Djéser totalement absent de la documentation de l'époque. Une documentation postérieure relativement abondante permet d'associer ces deux noms au même souverain avec certitude. Par exemple, des inscriptions du Nouvel Empire associent le nom de Djéser à la pyramide à degré de Saqqarah tandis que d'autres datant de l'époque Saïte associent ces deux noms. La raison de ce glissement de Netjerikhet vers Djéser est inconnue.

Dans les listes royales ramessides, il est nommé Djésersa (Liste d'Abydos), Djéser (Table de Saqqarah) et Djéserit (Canon royal de Turin). Dans les écrits grecs de Manéthon, il est nommé Tosorthros (ou Sesorthos).

Position dans la dynastie

Pendant longtemps, la thèse communément acceptée dans le monde de l'égyptologie était que Djéser était le deuxième roi de la IIIe dynastie, succédant à un roi nommé Nebka, lui-même successeur de Khâsekhemoui. La raison de cette thèse était que dans les listes royales ramessides, ainsi que des écrits de Manéthon héritiers de ces mêmes listes, la succession était décrite comme ceci, or ces listes faisaient force de loi auprès des premiers égyptologues[1].

Des découvertes à Abydos et à Saqqarah remettent en cause l'hypothèse ci-dessus. En effet, en 1920, Cecil Mallaby Firth trouva des sceaux et des objets appartenant à Sanakht dans le complexe funéraire de Djéser à Saqqarah, destinés au culte funéraire, prouvant ainsi que Sanakht rendait un culte à celui-ci[1]. À Abydos, des découvertes établissent que Khâsekhemoui, dernier roi de la IIe dynastie, était le père de Djéser et que ce dernier a organisé les funérailles de ce roi[2]. Ainsi, le consensus scientifique actuel va dans le sens d'une succession directe entre Khâsekhemoui et Djéser, tandis que Sanakht serait l'un des successeurs (voire peut-être le successeur direct) de Djéser[1]. Le roi Nebka est quant à lui associé à l'Horus Sanakht par Wilkinson, Seidlmayer et Stadelmann[3] - [4] même si ceci n'est pas assuré.

Famille

Djéser est lié à Khâsekhemoui, le dernier roi de la IIe dynastie, par son épouse la reine Nimaâthâpy, attesté par l'intermédiaire de sceaux trouvés dans la tombe de Khâsekhemoui à Abydos et à Beit Khallaf. Le sceau d'Abydos nomme Nimaâthâpy la « Mère des enfants royaux ». Sur le mastaba K1 à Beit Khallaf, la même personne est mentionnée comme la « Mère du roi » ou la « Mère du roi de Haute et Basse-Égypte ». La datation d'autres sceaux sur le site de Beit Khallaf les place sous le règne de Djéser. Cette preuve suggère que Khâsekhemoui est le père direct de Djéser. L'égyptologue allemand Günter Dreyer a trouvé les sceaux de Djéser sur la tombe de Khâsekhemoui, suggérant en outre que Djéser était le successeur direct de Khâsekhemoui et qu'il a terminé la construction de la tombe[5] - [1].

Hétephernebty est identifiée comme l'une des reines de Djéser et une fille de Khâsekhemoui sur une série de stèles-bornes de l'enceinte de la pyramide à degrés (aujourd'hui dans divers musées) et un fragment de relief d'un bâtiment d'Héliopolis. En effet, elle y porte les titres de « Celle qui voit Horus », caractéristique du statut d'épouse du roi, et de « fille du roi ». Dans la sphère royale de l'époque, s'épouser entre frères et sœurs était courant, ainsi donc il est plus probable que la relation entre Djéser et Hétephernebty soit frère - sœur ou demi-frère - demi-sœur plutôt que père-fille[1].

Djéser et Hétephernebty ont eu au moins deux filles :

  • Initkaes, qui est attestée sur les stèles-bornes de l'enceinte du complexe funéraire de Djéser et sur un fragment d'une chapelle construite par Djéser à Héliopolis[1] ;
  • sur cette même chapelle, le nom partiellement détruit d'une autre fille est présent ; Ann Macy Roth a reconstitué ce nom comme étant Niânkh-Hathor[1].

La relation entre Djéser et ses successeurs Sanakht, Sekhemkhet et Khaba n'est pas connue. L'omniprésence des femmes (reine, filles) dans les représentations du règne contraste avec l'absence systématique de tout personnage masculin excepté le roi lui-même.

Règne

Durée du règne et datation absolue

Manéthon compte vingt-neuf ans de règne à Djéser alors que le Canon royal de Turin lui en compte dix-neuf ans et un mois. En raison de ses nombreux projets de construction, en particulier à Saqqarah, certains chercheurs affirment que Djéser a dû jouir d'un règne de près de trois décennies. Le chiffre de Manéthon semble être plus précis, selon l'analyse de Wilkinson et la reconstruction des Annales royales de la pierre de Palerme. Wilkinson reconstitue les Annales comme donnant à Djéser vingt-huit années complètes ou partielles, notant que les comptages de bétail enregistrés sur le registre V du fragment de Palerme et sur le fragment I du Caire, pour le début et la fin du règne de Djéser, indiquent très probablement ses années 1-5 et 19-28. Malheureusement, toutes les cases sont illisibles aujourd'hui. L'année du couronnement est préservée, suivie par les événements de l'année recevant les piliers jumeaux et étirant les cordes pour la forteresse Qaou-Netjerou (collines des dieux)[6]. De plus, une stèle, trouvée dans l'île de Sehel située au Sud d'Assouan, évoque une famine qui a frappé l'Égypte en l'an XVIII du règne de Djéser, famine qui dura sept ans. Il est possible que cette stèle date de l'époque ptolémaïque.

D'après de récentes recherches d'une équipe internationale de chercheurs, il est possible de dater le début du règne de Djéser, et cela avec une infime marge d'erreur, entre 2691 et 2625 av. J.-C.[7]. Les prédictions d'Allen, 2630 à 2611 av. J.-C., ainsi que celles d'autres spécialistes, comme Màlek (2628 à 2609 av. J.-C.), si elles ne sont pas faussées complètement, mise à part celle de Krauss (2720 à 2700 av. J.-C.), apparaissent quelque peu dépassées. Quelques-uns avaient vu plus juste : 2667 à 2648 av. J.-C. (Ian Shaw), 2687 à 2668 av. J.-C. (Donald Bruce Redford), 2665 à 2645 av. J.-C. (Jürgen von Beckerath).

Activités

Djéser a envoyé plusieurs expéditions militaires dans la péninsule du Sinaï, au cours desquelles les habitants locaux ont été soumis. Il y envoya également des expéditions à la recherche de minéraux précieux comme la turquoise et le cuivre. Ceci est connu par les inscriptions trouvées dans le désert, parfois avec la bannière de Seth aux côtés des symboles d'Horus, comme c'était déjà le cas sous Khâsekhemoui. Le Sinaï a également joué un rôle stratégique en tant que tampon entre la vallée du Nil et l'Asie.

Djéser, qui signifie « le saint » en égyptien ancien, serait à l'origine d'une grande réforme religieuse dans tout le pays. Roi à l'image de pacifique, il est considéré comme le « bâtisseur » de l'Ancien Empire, non par la grandeur de ses œuvres mais par les innovations qu'il a introduites avec l'aide d'Imhotep qui possédait entre autres les fonctions de grand chancelier de la Basse et Haute Égypte, prince royal, grand prêtre d'Héliopolis et médecin royal. Son règne connut une réelle prospérité économique et culturelle du pays avec des ouvertures sur l'Orient.

Quelques reliefs fragmentaires trouvés à Héliopolis datant de l'époque ptolémaïque mentionnent le nom de Djéser et suggèrent qu'il a commandé des projets de construction dans ces villes. En outre, il a pu avoir fixé la limite méridionale de son royaume à la première cataracte. Une inscription connue sous le nom de stèle de la famine située sur l'île de Sehel et revendiquant à ce jour le règne de Djéser, mais probablement créée sous la dynastie ptolémaïque, raconte comment Djéser a reconstruit le temple de Khnoum à Éléphantine à la première cataracte, mettant ainsi fin à une famine de sept ans en Égypte. Certains considèrent cette ancienne inscription comme une légende à l'époque de sa réalisation. Néanmoins, cela montre que plus de deux millénaires après son règne, les Égyptiens se souvenaient encore de Djéser.

Bien qu'il semble avoir commencé une tombe inachevée à Abydos (Haute-Égypte), Djéser fut finalement enterré dans sa célèbre pyramide à degrés, première construction de taille en pierre, située à Saqqarah en Basse-Égypte. Comme Khâsekhemoui fut le dernier roi à être enterré à Abydos, certains égyptologues en déduisent que le passage à une capitale plus au nord s'est achevé à l'époque de Djéser.

Manéthon, plus de deux millénaires plus tard, fit allusion aux progrès architecturaux de ce règne, mentionnant que Tosorthros a découvert comment construire avec la pierre taillée, en plus d'être connu comme le médecin Esculape, et d'avoir introduit quelques réformes dans le système de l'écriture. Les chercheurs modernes pensent que Manéthon a, à l'origine, attribué (ou avait l'intention d'attribuer) ces exploits à Imouthes, qui fut ensuite déifié comme Esculape par les Grecs et les Romains, et qui correspond à Imhotep, le célèbre ministre de Djéser qui a conçu la construction de la pyramide à degrés. Imhotep choisit pour ses monuments d'éternité la pierre, avec des représentations de végétaux[8] : colonnes-papyrus, colonnes cannelées et colonnes fasciculées (rappel de colonnes formées de tiges de roseaux ou de palmes réunies en faisceaux).

Dans ce complexe funéraire a été découverte la plus ancienne statue égyptienne grandeur nature connue, il s'agit de la statue peinte de Djéser située dans le serdab et aujourd'hui conservée au Musée égyptien du Caire[9]. Aujourd'hui, sur le site où elle a été trouvée en 1924-1925, une copie en plâtre de la statue tient lieu de l'original. Son culte semble avoir été encore actif sous le règne de Snéfrou.

Sépulture

Djéser a été inhumé dans sa célèbre pyramide à degrés à Saqqarah. Cette pyramide a été construite à l'origine comme un mastaba presque carré, mais cinq autres mastabas ont été littéralement empilés les uns sur les autres, chacun plus petit que le précédent, jusqu'à ce que le monument devienne la première pyramide de l'Égypte. Le superviseur de la construction des bâtiments était le grand prêtre Imhotep. Son complexe à Saqqarah a été restauré sous la direction de Jean-Philippe Lauer, dit : « l'oublié de Dieu », ainsi que le nommaient les Égyptiens en raison de son grand âge et de son dynamisme. Architecte de formation, l'égyptologue œuvra sur le site de 1926 à 2001, date de son décès.

La pyramide à degrés

Pyramide à degrés de Djéser à Saqqarah
Pyramide à degrés de Djéser à Saqqarah.

Lauer affirme que tout est parti d'un simple mastaba, sans doute jugé trop peu imposant en regard de la personnalité du roi, et probablement masqué par l'enceinte du complexe funéraire. Imhotep rajouta donc trois niveaux supplémentaires, puis il suréleva de deux nouveaux degrés en agrandissant par un des côtés, en s'appuyant sur la pyramide déjà existante.

La pyramide à degrés est en calcaire. Elle est massive et ne contient qu'un seul couloir étroit menant au milieu du monument, qui se termine dans une chambre rugueuse où l'entrée du puits de la tombe était cachée. Cette construction intérieure fut plus tard remplie de gravats, car elle ne servait plus à rien. La pyramide mesurait autrefois 62 mètres de haut et sa base mesurait environ 125 × 109 mètres. Elle était recouverte de calcaire blanc finement poli[10].

La structure souterraine

Vue axonométrique des infrastructures (en orange, accès et galerie d'époque tardive).

Sous la pyramide à degrés, un grand labyrinthe de couloirs et de chambres a été creusé. La chambre funéraire se trouve au milieu du complexe souterrain ; un puits de vingt-huit mètres de profondeur mène directement de la surface à l'enfouissement. L'entrée du puits a été rendue étanche par un bouchon en pierre d'un poids de 3,5 tonnes. Le labyrinthe funéraire souterrain contient quatre galeries de revues, chacune pointant droit vers une direction cardinale. La galerie orientale contenait trois reliefs de calcaire représentant le roi Djéser lors de la célébration de la fête-Sed (fête du rajeunissement). Les murs autour et entre ces reliefs étaient décorés de carreaux de faïence bleutés. On pensait qu'ils imitaient les tapis de roseaux, comme une allusion aux eaux mythologiques du monde souterrain. Les autres galeries sont restées inachevées.

Du côté est de la pyramide, tout près des chambres bleues, onze puits funéraires descendent en ligne droite sur trente à trente-deux mètres, puis dévient à angle droit vers l'ouest. Les fosses I - V ont été utilisées pour l'inhumation des membres de la famille royale ; les fosses VI - XI ont été utilisées comme tombes symboliques pour les tombes des ancêtres royaux des Ire et IIe dynasties. Plus de 40 000 récipients, bols et vases en pierre de toutes sortes ont été trouvés dans ces galeries. Des noms royaux tels que ceux des rois Den, Sémerkhet, Ninetjer et Sekhemib étaient gravés sur ces récipients. On pense aujourd'hui que Djéser a restauré les tombes originales des ancêtres, puis a scellé les objets funéraires dans les galeries pour tenter de les sauvegarder.

Le complexe funéraire

Plan du complexe funéraire de Djéser (d'après Cécil M. Firth) Sud → Nord.

L'ensemble funéraire est le premier projet architectural construit entièrement en pierre. Ce complexe avait quatorze entrées, mais une seule était fonctionnelle. Il se compose, entre autres, de la Grande Cour Sud (5) et de la cour nord (11) avec au centre la pyramide à degrés de Djéser (1), entourée d'un mur en pierre de 10,5 mètres de haut, appelé mur d'enceinte. À côté des cours principales, il y a une entrée à colonnade couverte (10) menant à la cour sud et une chambre Serdab (14) qui abrite la statue assise du roi Djéser.

La statue du serdab de Djéser

La statue de Djéser, découverte par Cecil Firth, en 1924, dans son serdab (mot arabe signifiant couloir, désignant une salle murée sur le côté sud du mastaba, où se trouvait la (ou les) statue funéraire, communiquant par un soupirail avec la salle des offrandes), est exposée au Musée égyptien du Caire, tandis que celle qui est visible dans le fameux serdab, est une copie.

La statue de Djéser est murée dans le serdab. Le but principal de la statue était de permettre au roi de se manifester et de pouvoir voir les rituels exécutés dans et hors du serdab. Cette statue peinte est plâtrée et réalisée en pierre calcaire. Chaque caractéristique de la statue représente quelque chose, la perruque tripartite striée qu'il porte l'assimile au monde vivant comme un roi mort. Le couvre-chef rayé qui recouvre la perruque a été utilisé pour couvrir tous ses cheveux. C'était un rituel qui a commencé à être utilisé par les rois dans la IVe dynastie. Le corps est enveloppé sous une longue robe, ses mains sont placées d'une manière spécifique. Son bras droit est affiché horizontalement sur sa poitrine tandis que son bras gauche repose sur sa cuisse. L'emplacement de ses bras ressemble au siège de Khâsekhemoui[11] - [12].

Titulature

Le nom de Sa-Rê[13] de Djéser apparaît seulement à la XIIe dynastie. Aujourd'hui, il est identifié sans aucun doute avec l'Horus Netjerikhet grâce à de nombreux documents connus.

Photos

  • Pyramide et complexe.
    Pyramide et complexe.
  • Panorama.
    Panorama.
  • Pyramide.
    Pyramide.

Notes et références

  1. Michel Baud, Djéser et la IIIe dynastie, Pygmalion, , 304 p. (ISBN 978-2-7564-1753-0 et 2-7564-1753-X).
  2. Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt. Strategies, Society and Security, Routledge, London u. a. 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 83 & 95.
  3. Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt. Strategies, Society and Security, Routledge, London 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 101 – 104.
  4. Kenneth Anderson Kitchen, Ramesside Inscriptions, Translated and Annotated Notes and Comments, vol. 2, Blackwell, Oxford 1999, (ISBN 063118435X), p. 534 – 538.
  5. Bard 2015, p. 140.
  6. Wilkinson 2000, p. 79 & 258.
  7. Égypte Ancienne : Établissement de la première chronologie absolue de l'Égypte dynastique.
  8. Rappel probable des matériaux périssables autrefois utilisés dans les temples, en même temps qu'une naissance d'un art architectural.
  9. Berrett 1996, p. 265.
  10. Lauer, Histoire..., p. 69-74.
  11. Robins 2014, p. 44.
  12. Baker et Baker 2001, p. 17–19.
  13. Ce nom de fils de Rê, entouré d'un cartouche, n'existait pas à l'époque de Djéser ; il apparaît pour la première fois au Moyen Empire.

Bibliographie

Liens externes

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