Projet d'attentats sur les lignes aériennes transatlantiques de 2006
Le Metropolitan Police Service a annoncé par voie de presse au matin du que Scotland Yard avait déjoué un complot terroriste visant 10 avions de ligne au Royaume-Uni à destination de l'Amérique du Nord[1]. Le projet des terroristes était de faire exploser simultanément dix avions de ligne à destination d'aéroports nord-américains, au moyen d'explosifs liquides emmenés en cabine comme bagage à main, en l'occurrence dans des biberons d'enfants en bas âge. Les arrestations se sont déroulées alors que les suspects s'apprêtaient à effectuer une répétition générale sur l'aéroport de Londres Heathrow dans le but d'évaluer le niveau des mesures de sûreté au filtre d'inspection filtrage.
Cette annonce a été accompagnée dans la capitale britannique et sur les aéroports anglais, nord-américains, européens d'un durcissement des mesures liées à un risque imminent d'attentat, ce qui causa l'annulation d'un nombre considérable de vols et ce en pleine période estivale.
Sur les 82 personnes arrêtées, 24 l'ont été dans Londres et sa banlieue au cours de la nuit du . 58 personnes (principalement des femmes) ont été disculpées étant donné l'impossibilité qu'il y avait de prouver qu'elles avaient connaissance du complot et du rôle qu’elles devaient effectivement jouer. 11 de ces personnes furent mises en examen le pour tentative d'attentat et association de malfaiteur dans le cadre d'une entreprise terroriste. 2 autres accusés furent mis en cause le , (disculpés le 1er novembre) puis 3 autres le . Il a été démontré que huit des mis en cause (Ahmed Abdullah Ali, Assad Sarwar, Tanvir Hussain, Oliver Savant, Arafat Khan, Waheed Zaman, Umar Islam, Mohammed Gulzar) ont été poursuivis dans le cadre de ce complot pour association de malfaiteurs et atteinte à la sûreté de l'État. Leur procès commencé en s'est achevé en . Le jury n'a pas réussi à déterminer la nature des charges établissant l'ampleur de la tentative terroriste pour assassinat par explosion de 10 aéronefs commerciaux, toutefois le tribunal a établi formellement que 3 des accusés étaient coupables de tentative d'assassinat. En , un second procès (des 8 hommes à l'exception de Gulzar, mais avec Donald Stewart-Whyte) a bien confirmé qu'Ali, Sarwar et Hussain étaient coupables d'avoir organisé et mise en œuvre le complot terroriste.
Ampleur du complot
Paul Stephenson, directeur général de la police métropolitaine de Londres, a affirmé qu'il était persuadé que le complot déjoué avait pour but de faire exploser en vol jusqu'à dix avions de ligne au départ du Royaume-Uni et à destination des États-Unis et du Canada, à l'aide d'ECI[2] au TATP[3] liquide, transportées dans des biberons, eux-mêmes dans les bagages à main de passagers[4]. Selon de nouveaux rapports, des avions de United Airlines, Continental Airlines, British Airways et American Airlines en partance des aéroports de Heathrow et Gatwick vers New York, Washington, D.C., Miami, Los Angeles, et San Francisco faisaient partie des appareils visés[5] - [6]. Le correspondant à la sécurité de la BBC, Gordon Corera pense que les attentats devaient se dérouler en "vagues" d'attaque simultanée, trois appareils à la fois[4]. Les rapports varient en ce qui concerne le nombre d'avions et d'aéroports impliqués, allant de 3 à 10[7]. Le secrétaire du DHS Michael Chertoff a déclaré dans sa conférence de presse qu'il visait de « multiples lignes commerciales[8] ». Des officiels britanniques ont indiqué que l'estimation de 10 avions était « spéculative et exagérée ». Il avait été avancé la date du , mais la police a déclaré n'avoir trouvé aucun élément pointant cette date.
Les vols ciblés par l'attentat
Lors du procès, l'accusation a mis en évidence que les suspects ne s'étaient pas limités à la liste des vols indiqués ci-dessous. Les suspects ont avoué que leur projet concernait 18 personnes prêtes à se sacrifier (dont certaines familles avec des enfants en bas âge), et qu'ils avaient en tous cas décidé de cibler au moins les destinations Denver, Boston et Miami[9].
- United Airlines vol UA931 à destination de San Francisco décollant à 14:15[9]
- Air Canada vol AC849 à destination de Toronto décollant à 15:00
- Air Canada vol AC865 à destination de Montréal décollant à 15:15
- United Airlines vol UA959 à destination Chicago décollant à 15:40
- United Airlines vol UA925 à destination Washington décollant à 16:20
- American Airlines vol AA131 à destination New York décollant à 16:35
- American Airlines vol AA091 à destination Chicago décollant à 16:50
Les engins chimiques improvisés
Les suspects avaient l'intention d'utiliser des explosifs liquides et de les recomposer durant le vol[10]. C'est la raison pour laquelle, il ne s'agit pas d'une "bombe" ou d'un EEI (Engin Explosif Improvisé).
Les autorités américaines, très concernées par le complot, ont désigné deux types de peroxydes : le TATP ((en)) et le triperoxyde d'hexaméthylène diamine appelé HMTD. Ces deux composés chimiques sont particulièrement sensibles à la chaleur, aux chocs ou à la friction. Ils peuvent être initiés par avec une simple flamme, une décharge électrique d'une petite pile, et sont utilisées pour produire des détonateurs artisanaux[11] - [12]. Selon le journal le Guardian, la police britannique a confirmé que du TATP avait été retrouvé dans les perquisitions. Selon le New York Times, les terroristes voulaient utiliser du HMTD.
EnquĂŞte et arrestations
La police a déclaré qu'elle surveillait ce complot depuis des mois (huit selon les autorités américaines[13]), et devaient révéler leur enquête après avoir découvert des indices de l'imminence de l'attaque[14]. Vingt quatre personnes ont été arrêtées[15], 22 sont d'origine pakistanaise, les deux autres sont respectivement originaires d'Iran et du Bangladesh[16]. La police a relâché le un suspect contre lequel aucun chef d'accusation n'a été retenu[17]. Une cour de justice britannique statuera lundi sur le sort d'une des 24 autres personnes actuellement détenues[13]. Le département de la Sécurité intérieure des États-Unis (le DHS) pense qu'il pourrait y avoir jusqu'à 50 personnes impliquées[18]. Le , des sources américaines ont affirmé au journaliste d'investigation Brian Ross d'ABC que cinq suspects étaient toujours recherchés[19]. Dans un entretien à la BBC, John Reid, le ministre de l'Intérieur, a de nouveau affirmé que « les principaux suspects concernant ce complot en particulier » avait été interpellé, mais qu'il était « impossible de le garantir à 100 %[20] ».
Selon ABC News, deux arrestations au Pakistan pourraient avoir significativement hâté le déroulement des enquêtes[21]. De plus The Guardian du vendredi rapporte que, d'après des sources gouvernementales, l'ordre d'effectuer les attentats ("Do your attacks now.") a été envoyé aux suspects britanniques après l'arrestation de deux suspects au Pakistan[22].
August Hanning, ancien chef du BND, dans le Bild am Sonntag du précise que « Apparemment, il y avait certains contacts » entre les assaillants « présumés » et « l'Allemagne », et d'ajouter « Nous vérifions ces contacts[23] ». D'après un responsable américain, une cassette vidéo montrant les confessions posthumes d'un des suspects a été retrouvé par la police métropolitaine britannique[24].
Paul Beaver, un expert britannique en terrorisme, a dit qu'il était hautement possible que la nébuleuse Al-Qaïda se trouve aux commandes du complot, qui n'aurait eu lieu que quelques semaines après que le groupe a menacé de s'en prendre à l'aviation[25]. Le Secrétaire du DHS, Michael Chertoff, a déclaré que le complot était fort avancé, dans l'étape finale de planification, et que le modus était « suggestif d'un complot d'al-Qaida[26] ».
La législation britannique autorise l'interrogatoire de suspects pendant une période pouvant aller jusqu'à 28 jours, sans qu'aucun chef d'inculpation ne soit prononcé à leur encontre[27].
La surveillance
Au Pakistan, un citoyen britannique d'origine pakistanaise de Birmingham, Rashid Rauf, est soupçonné d'avoir mis en contact les hommes du complot avec des dirigeants d'Al Quaïda[28]. Quand Ahmed Ali, qui était déjà sous surveillance policière, est revenu du Pakistan en , les autorités aéroportuaires londoniennes, la police et les services de renseignements ont secrètement ouvert ses bagages. Ils ont alors découvert qu'il transportait de la poudre pour fabriquer un soda très énergétique, ainsi qu'un grand nombre de piles. C'était largement suffisant pour susciter la suspicion des autorités anti-terroristes, et dans les semaines qui suivirent, une importante opération de surveillance fut mise en place, avec le renfort de 220 policiers issus d'autres services.
Assas Sarwar (de High Wycombe) a été vu en train acheter des objets singuliers, non nécessaire à sa vie quotidienne, et qui auraient pu être utilisés à des fins morbides. Un jour, les policiers chargés de la surveillance l'ont vu déposer une bouteille vide de peroxyde d'hydrogène dans une déchèterie. Sarwar et Ali ont également été vus ensemble dans un parc de l'Est Londonien. Lorsque le MI5 est entré clandestinement dans un appartement utilisé par Ali, les policiers ont découvert ce qui semblait être une véritable usine à « bombe chimique ». Ils ont alors installé clandestinement une caméra et un micro, et le , ils ont enregistré Ali et tanvir Husain en train de construire un ECI, en se servant de bouteilles. Par ailleurs, d'autres officiers ont surveillé Ali alors qu'il passait deux heures dans un café internet à rechercher des horaires d'avions[29].
L'ordre d'intervention
Après avoir observé les suspects pendant plusieurs mois, l'enquête est arrivée à un point crucial le , quand la décision fut prise de stopper le complot et de procéder aux multiples arrestations. Un agent anglais avait infiltré le groupe, selon des sources américaines[30], ce qui a permis d'apprendre que des familles entières avec des enfants en bas-âge devait procéder au sacrifice ultime en se présentant pour un vol, le TATP étant dissimulé dans des biberons. Selon Franco Frattini, haut commissaire pour la justice la liberté et la sécurité, les terroristes avaient reçu un court message : "Go Now" ! Toutefois, il a été clairement établi que les attaques prévues étaient à un stade initial de préparation[31].
Il est probable que les deux versions soient exactes. Ce qui a inquiété les autorités et les services secrets occidentaux, c'est le déclenchement des essais prévus de passage au filtre de sûreté de l'aéroport de Londres Heathrow, sachant qu'à Londres, une grande majorité des agents de sûreté est d'origine pakistanaise ou indienne. À ce jour, aucune complicité n'a pu être mise en évidence. Sous la pression des services secrets américains, l'interpellation de masse s'est donc déroulée, alors qu'en attendant quelques jours ou quelques semaines, d'autres éléments probatoires auraient pu être découverts, ce qui aurait renforcé l'accusation.
Suspects arrêtés en Angleterre
Dans la nuit du 9 au , la police arrête 82 personnes dans le cadre d'une enquête préliminaire pour complot terroriste, mais seulement 25 personnes sont déclarés suspectes. Les arrestations se sont déroulées à Londres, Birmingham, High Wycombe, Buckinghamshire. La plupart des personnes arrêtées sont des proches des 25 suspects, et seront rapidement libérés après avoir été fiché à l'identité judiciaire afin de pouvoir identifier toute trace biologique ou morphologique au cours de l'enquête qui va suivre. Les suspects principaux sont nés britanniques et musulmans, d'autres en majorité sont d'origine pakistanaise. 3 des suspects sont des européens récemment convertis à l'islam[32].
- Londres - Abdula Ahmed Ali (26 ans), Cossor Ali (24 ans), Nabeel Hussain (22 ans), Tanvir Hussain (25 ans), Umair Hussain (25 ans) (libéré le 1/11/06), Assan Abdullah Khan (22 ans), Waheed Arafat Khan (25 ans), Osman Adam Khatib (20 ans), Abdul Muneem Patel (17 ans), Muhammed Usman Saddique (24 ans), Ibrahim Savant (anciennement Oliver Savant[33]) (26 ans), Amin Asmin Tariq (23 ans), Shamin Mohammed Uddin (36 ans), Waheed Zaman (22 ans),
- High Wycombe - Shazad Khuram Ali (27 ans), Umar Islam (anciennement Brian Young[33]) (28 ans), Waseem Kayani (29 ans), Assad Sarwar (26 ans), Abdul Waheed (anciennement Don Stewart-Whyte[34] - [33]) (non présent sur la liste de la banque), né en 1986. Il est le demi frère du modèle Heather Stewart-Whyte[35],
- Birmingham - Tayib Rauf (22 ans), libéré le .
Après les arrestations, la Banque d'Angleterre a gelé les comptes de 19 des suspects âgés de 17 à 36 ans, la plupart ayant autour de 25 ans, et a également publié leurs noms, leurs date de naissance et leurs lieux de résidence[36]. 14 suspects ont été arrêtés à Londres, 5 à High Wycombe, 1 à Birmingham.
RĂ©sultats des perquisitions
Au cours de l'enquête préliminaire, la police britannique a mené 69 perquisitions dans des appartements privés, des entreprises, des véhicules et même dans des parties communes d'immeubles, qui ont pu abriter à un moment ou à un autre des éléments de montage ou des produits nécessaires à la fabrication des ECI (Engin Chimique Improvisé), comme du peroxyde d'hydrogène. Le directeur adjoint de la police, Peter Clarke a déclaré le : « en plus du matériel nécessaire à fabriquer des engins chimiques improvisés, nous avons trouvé au cours des perquisitions plus de 400 ordinateurs, 200 téléphones mobiles et 8000 clefs USB ou disques dur externes, des CD et des DVD en quantité ». Il a ajouté « nous avons a examiner 6 térabits de données, ce qui prendra des mois et des mois aux enquêteurs[37] ». Dès le premier jour des perquisitions, la police a mis en évidence le fait que sur une clé USB appartenant à Ali, on trouvait une liste de vols de compagnies aériennes occidentales ainsi que les horaires associés. La clé USB contenait une liste de vols concernant trois compagnies aériennes : American Airlines, United Airlines et Air Canada[38].
Suspects arrêtés au Pakistan
Au , dix-sept suspects ont été arrêtés et ont été interrogés[27].
Le , le ministère pakistanais des Affaires étrangères donne l'identité d'un des suspects. Il s'agit de Rashid Rauf, citoyen britannique qui serait lié à Al-Qaïda via l'Afghanistan[39]. Des sources de sécurité pakistanaise ont indiqué que R. Rauf avait avoué projeter « de faire sauter des avions »"[40].
La veille, se fondant sur des informations des services secrets occidentaux, ABC Ă©crivait que Rashid Rauf, Mohammed al-Ghandra et Ahmed al Khan Ă©taient les meneurs de la cellule terroriste[41].
Le , un tribunal pakistanais a reconnu qu'il n'y avait aucune preuve que Rashid Rauf fût engagé dans une entreprise terroriste. Rauf a réussi à s'échapper en décembre 2007 avant de comparaître devant un tribunal d'Islamabad dans le cadre d'une procédure d'extradition vers Londres pour un meurtre sans relation avec le complot terroriste.
Il aurait été tué en même temps qu'un dirigeant d'Al-Qaïda par un tir de missile américain au Pakistan le [42].
Scepticisme de certains analystes
- MSNBC rapporte : « Contrairement aux précédents rapports, un officiel britannique supérieur a suggéré que l'attaque n'était pas imminente, en disant que les suspects n'avaient pas acheté de billets d'avions. En fait, certains n'avaient même pas de passeports. »[43]
- The Register publie un article concernant la possibilité de fabriquer et d'utiliser du peroxyde d'acétone comme explosif liquide, comme rapporté par les médias, afin de faire exploser un avion et conclut sur l'impossibilité pratique de ce modus operandi[44].
- L'ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Craig Murray, rappelé pour y avoir dénoncé les atteintes aux droits de l'homme et l'utilisation indirecte de la torture par les gouvernements britannique et américain, a qualifié cette alerte comme étant « plus de la propagande qu'un complot » en prenant en considération « qu'aucun des suspects n'avait acheté de billet d'avion et que certains n'avaient pas de passeports, rendant improbable leur possibilité de faire exploser des avions à court terme[45] ».
- Fabriquer une quantité suffisante de TATP pour faire exploser un avion en vol n’est pas aussi simple que cela a été présenté par la presse lorsque les autorités britanniques ont révélé le prétendu « complot du ». Il ne suffit pas de s’éclipser aux toilettes et de mélanger deux liquides inoffensifs. Car, même si on obtient un cocktail explosif en mélangeant au jugé les ingrédients (à condition bien sûr que les vapeurs acides dans cet espace confiné n'aient pas suffoqué le kamikaze, qu’elles n’aient pas attiré l’attention des autres passagers ou du personnel de bord et qu’aucun passager ne soit venu tambouriner contre la porte des WC), il y a peu de chances pour qu’il fasse suffisamment de dégâts pour détruire l’avion. Au mieux, quelques personnes seront tuées, victimes des débris volants quand la cabine sera subitement dépressurisée.
- Le , le lieutenant-colonel à la retraite Nigel Wylde, un ancien de l'Intelligence britannique ayant une très longue expérience dans le domaine de l'antiterrorisme et des explosifs, déclare que le complot est une « fiction ». Il affirme que les explosifs en cause ne pouvaient pas être produits dans l'avion.
Inculpations
Le , onze personnes sont inculpées pour complot[46]
- Ahmad Abdullah Ali (alias Abdullah Ali Ahmed Khan)
- Cossar Ali
- Mehram Hussain, libéré le 1er novembre pour insuffisance de preuves
- Tanvir Hussain
- Umar Islam (alias Brian Young)
- Adam Khatib
- Arafat Waheed Khan
- Ibrahim Savant
- Assad Ali Sarwar
- Waheed Zaman
- Un mineur de 17 ans
En , le jury n’avait pas réussi à se mettre d’accord sur un verdict concernant les huit personnes passant en jugement après cinq mois de procès. Le procureur avait finalement décidé de faire appel.
RĂ©actions
- Averti de l'imminence des arrestations depuis dimanche, le président George W Bush a prononcé un communiqué[47] à l'adresse de la presse qui le replaçait dans le costume de War president qu'il avait lui-même revendiqué au moment du 11 septembre : « l'Amérique est en guerre ; cette guerre se livre contre les fascistes islamistes, ennemis de ceux qui croient en la Liberté ».
Ce communiqué se déroulait très tôt dans la journée du 10 août, alors qu'aucun média n'avait encore relié les nouvelles de Scotland Yard à la nébuleuse Al-Qaïda. Des commentateurs ont ensuite rattaché les propos du président au contexte de la politique intérieure aux États-Unis. Comme tous les analystes spécialisés, George W. Bush a donc sans ambiguïté relié les opérations de sécurité nationale britannique à la guerre contre le terrorisme.
- Les journaux radiophoniques du lendemain ont indiqué que ce résultat mettait fin à une période de marasme du MI5 qui s'était retrouvé en situation d'échec face aux attentats dans le métro londonien l'année précédente. La réorganisation des services secrets s'avère efficace avec cette opération antiterroriste, alors que des bavures avaient eu lieu auparavant : exécution d'un fuyard dans le métro alors que seul son comportement était suspect, et rumeurs jamais confirmées d'une opération visant à inonder de gaz sarin le métro londonien, à l'instar de la secte Aum en son temps à Tokyo.
- De nombreux aéroports, britanniques en particulier, ont décidé d'intensifier les fouilles, et de réduire au strict minimum les bagages à main (interdiction de tout liquide, gels, etc.), le reste devant être enregistré en soute. On note globalement une hausse des contrôles et une présence accrue des forces de sécurité dans les aéroports concernés.
- Les boutiques hors taxes vont devoir être placées avant les formalités d'enregistrement, avec obligation de montrer le titre de transport.
- En Italie, 40 arrestations préventive dans les milieux islamistes ont eu lieu et 114 mesures d'expulsions ont été décidées[48]. Quinze perquisitions ont également eu lieu contre le "Lashkar-e-Toiba" mais n'auraient donné aucun résultat. Selon le ministre de l'intérieur Giuliano Amato, les actions entreprises "pourraient éventuellement contribuer à les désorganiser[49]".
- Au niveau économique, au lendemain de la révélation de cette affaire, le cours des actions des compagnies aériennes a baissé de quelques pourcents[50] tandis que le pétrole a vu son prix baisser de 2 $[51].
- Philippe Bouvard fait son billet sur Nice-Matin "(passagers) Transparents contre invisibles" . L'incitation à utiliser des compagnies privées pour ceux/celles pouvant se le (faire) offrir va s'accentuer.
- Le secrétaire du département à la Sécurité intérieure, Michael Chertoff, statua sur NPR (National Public Radio) que « Clairement, au bout du compte, nous devons éliminer ce réservoir de personnes qui sont susceptibles de devenir des tueurs ».
Mesures de sûreté aéroportuaire
Immédiatement après les premières arrestations des comploteurs de Londres, les mesures de sûreté touchant les passagers ont été amendées à la demande de la FAA : interdiction du transport des liquides, des gels, ou pâtes. L'administration américaine a alors exercé un tel lobbying auprès de la commission européenne que son secrétaire général, Jacques Barrot, a cédé à la pression en acceptant que les mêmes mesures soient reprises en Europe.
Ainsi, tout liquide provenant de l'extérieur de la zone sécurisé de l'aéroport est immédiatement supprimé aux passagers et en principe détruit. La mesure provoqua de nombreuses contestations, à commencer par les commerçants de duty free qui vendent alcool, parfum, rafraîchissements, fromages, glaces, etc. Leur chiffre d'affaires s'est effondré immédiatement de 80 %. Malgré les envies de certains fonctionnaires d'aviation civile, envies dictées par une certaine paranoïa et le désir de protéger leur responsabilité personnelle, les autorités durent céder à la pression commerciale, et un dispositif fort complexe fut mis en œuvre pour permettre à certains passagers d'acheter des produits liquides en duty free. Pour les agents de sûreté de tous les pays occidentaux, ce fut le début de grandes difficultés : insultes, maltraitance par les passagers et le personnel des aéroports. La décroissance du trafic aérien a alors commencé, les contraintes en avion étant trop forte en comparaison de zéro contraintes avec le train à grande vitesse.
Aujourd'hui, après des années de contestations, plusieurs pays comme l'Espagne, le Portugal, la Suède, le Danemark, estiment que la mesure est improductive et souhaitent y mettre un terme. La France, les États-Unis et le Royaume-Uni souhaitent maintenir la mesure.
Voir aussi
Notes et références
- Anti-terrorist operation, MPS, 10 août 2006
- ECI, engin chimique improvisé selon la terminologie du français Christophe Naudin qui distingue deux types d'engins chimiques : les ECE (engins chimiques explosifs) et les ECT (engins chimiques toxiques).
- TATP : Tri Peroxyde Tri Acetone.
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- Terror charges in full
- President Bush Discusses Terror Plot Upon Arrival in Wisconsin, Office of the Press Secretary, 10 août 2006
- 40 arrestations «préventives» en Italie, AFP, 11 août 2006
- Jean-François LE MOUNIER, Italie: vaste opération préventive pour "désorganiser les terroristes", AFP, 12 août 2006
- François Bostnavaron, Les actions des compagnies aériennes en chute libre, Le Monde, 12 août 2006
- Ph.G. et P.Lo, Les Bourses reculent, le pétrole aussi..., La Libre Belgique, 11/08/2006
Liens internes
Liens externes
- (en) Nigel Morris et Jason Bennetto, Bomb plot: What we know... and what we don't, The Independent, - (Version française)
- (fr) Kim Sengupta, Onze personnes mises en examen pour 'complot de faire sauter un avion, The Independent,