Jacques Barrot
Jacques Barrot, né le à Yssingeaux (Haute-Loire) et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un homme politique français.
Ancien secrétaire général du Centre des démocrates sociaux (CDS), composante de l'UDF, il a longtemps été une des principales figures de la démocratie chrétienne en France.
Il occupe plusieurs fonctions ministérielles, dont celles de ministre du Commerce, de la Santé, du Travail. Jacques Barrot est aussi vice-président de la Commission européenne de 2004 à 2009, initialement chargé des Transports, puis de la Justice et des Affaires intérieures.
De 2010 Ă sa mort, il est membre du Conseil constitutionnel.
Biographie
Famille et Ă©tudes
Fils du résistant démocrate-chrétien Noël Barrot[1], né à Saint-Etienne, et de Marthe Pivot [2], née à La-Tour-du-Pin dans une famille de huit enfants, Jacques Barrot est député MRP de Haute-Loire. Il effectue ses études secondaires à Yssingeaux, avant de les poursuivre à l'université d'Aix par une licence de droit et un certificat de sociologie. Diplômé par la suite de l'Institut d'études politiques de Paris (IEP), il est aussi titulaire du Certificat d'aptitude à la profession d'avocat (CAPA), mais ne plaidera jamais[3]. Il fut membre de la Conférence Olivaint durant sa jeunesse.
Il épouse le en premières noces Florence Cattani, avec laquelle il aura trois enfants : Jean-Noël, Hélène et Marie[4]. Le , il épouse Béatrice Borg.
Il est le père de Jean-Noël Barrot, élu député des Yvelines en 2017.
Parcours politique
Peu après la mort de son père à l'Assemblée nationale, alors qu'il n'est encore que conseiller municipal d'Yssingeaux, il est élu député de la Haute-Loire en : porté par le souvenir de Noël Barrot (CD), il défait le candidat de la fidélité au général de Gaulle, le Républicain indépendant Jean Proriol, et conservera ce siège jusqu'en 2004. Démocrate-chrétien comme son père, il refuse cependant de soutenir la candidature Poher en 1969 et rejoint le Centre Démocratie et Progrès (CDP) de Jacques Duhamel qui, dira-t-il, « a éclairé toute ma vie politique[5]. »
Partisan du président Georges Pompidou comme le ministre des Finances Valéry Giscard d'Estaing, il se rapproche de ce dernier, qui le nomme secrétaire d'État au Logement lorsqu'il accède à la présidence de la République en 1974[6]. À ce poste durant près de quatre ans, il lance le premier programme de rénovation de grands ensembles en France (« Habitat et vie sociale »[7]). Raymond Barre l'appelle alors au ministère du Commerce puis au ministère de la Santé et de la Sécurité sociale. À ce titre, il soutient le développement d'une information indépendante au service des médecins, en accordant une subvention à la revue Prescrire[8].
Après l’échec de 1981, il se consacre essentiellement à ses fonctions locales et devient maire de sa commune natale en 1989, mairie que son père avait eu de grandes difficultés à conquérir. Président du conseil général de la Haute-Loire après le décès de son ami le docteur Simon (1976), il se montre un ardent défenseur du désenclavement, et notamment de l'aménagement de la RN 88 ; il inaugure ainsi en 1994 le viaduc du Lignon qui rapproche la Haute-Loire de Rhône-Alpes. Par la suite, il lance le projet de restauration de l'hôpital général du Puy-en-Velay, où s'installe l'hôtel du département en 2001.
À l'Assemblée nationale, il s'impose comme une des figures principales du centre, même s'il ne parvient pas à obtenir la présidence du Centre des démocrates sociaux (CDS) face à Pierre Méhaignerie. Soutien de Raymond Barre lors de l'élection présidentielle de 1988, il préside par la suite le groupe parlementaire de l'Union du centre, élément de l'ouverture voulue par Michel Rocard, entre 1988 et 1993[9]. C'est au titre de ses fonctions de secrétaire général du CDS qu'il sera condamné, aux côtés de Pierre Méhaignerie et de Bernard Bosson, à huit mois de prison avec sursis pour « recel d'abus de confiance », en raison du financement irrégulier du CDS (s'agissant de faits antérieurs à la loi de 1990 sur le financement des partis politiques, sa peine sera aussitôt annulée du fait de l'amnistie du )[10].
Soutien de Jacques Chirac, il est ministre du Travail et des Affaires sociales entre 1995 et 1997 (et doit défendre le très contesté plan Juppé de 1995 pour les retraites) puis président du nouveau groupe UMP à l'Assemblée nationale, de 2002 à 2004.
Jacques Barrot est l'un des membres fondateurs, avec Jean-Pierre Raffarin, Michel Barnier et Dominique Perben, du club Dialogue & Initiative, créé en 1999. Il a aussi été vice-président du Cercle de l'industrie, de sa création en 1993 à 2004.
En 2004, il est nommé vice-président de la Commission européenne, présidée par José Manuel Durão Barroso, et abandonne son siège de député à son jeune suppléant, Laurent Wauquiez. Chargé des transports à Bruxelles (DG TREN), il signe avec les États-Unis un accord d'ouverture des relations aériennes transatlantiques, et doit trouver des financements pour le projet Galileo.
En , il remplace Franco Frattini au poste de commissaire à la Justice, à la Liberté et à la Sécurité, mais ne poursuit pas ses fonctions au sein de la Commission Barroso II, qui prend ses fonctions en .
Conseil constitutionnel
Il est nommé, le , au Conseil constitutionnel par le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer[11], succédant à Pierre Joxe.
Il meurt subitement le , après un malaise dans le métro, à la station Les Sablons, à Neuilly-sur-Seine[12]. Il est inhumé au cimetière du Crêt-de-Roc, à Saint-Étienne[13].
Distinction
Il est promu au grade d'officier de la LĂ©gion d'honneur le .
En , une plaque commémorative avec son nom est apposée dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Postérité
La première promotion (2012) de la European School of Political and Social Sciences (ESPOL) de l'université Catholique de Lille, dont la création avait été largement soutenue par Jacques Barrot, porte son nom.
DĂ©tail des mandats et fonctions
Mandats locaux
- - : conseiller municipal d'Yssingeaux (Haute-Loire)
- - — - : adjoint au maire d'Yssingeaux
- - : maire d'Yssingeaux
- - : conseiller général de la Haute-Loire
- - : président du conseil général de la Haute-Loire
- - : conseiller général de la Haute-Loire
Mandats parlementaires
- — - — - — - — - — - — - — - — - — - :
Fonctions gouvernementales
DĂ©but | Fin | Fonction | Gouvernement |
---|---|---|---|
1974 | 1976 | Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Équipement, chargé du Logement | Jacques Chirac I |
1976 | 1977 | Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Équipement, chargé du Logement | Raymond Barre I |
1er avril 1977 | 1978 | Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Équipement et de l'Aménagement du territoire, chargé du Logement | Raymond Barre II |
1978 | 1979 | Ministre du Commerce et de l'Artisanat | Raymond Barre III |
1979 | 1981 | Ministre de la Santé et de la Sécurité sociale | Raymond Barre III |
1995 | 1995 | Ministre du Travail, du Dialogue social et de la Participation | Alain Juppé I |
1995 | 1997 | Ministre du Travail et des Affaires sociales | Alain Juppé II |
Notes et références
Notes
- Il jouit aussi du portefeuille de la Participation jusqu'au .
Références
- Voir sur assemblee-nationale.fr.
- « "Familles Lyonnet / Verdier / Perréand / Pivot / Moiroux" », sur Geneanet (consulté le )
- Voir sur lexpress.fr.
- « Généalogie de Jacques BARROT », sur Geneanet (consulté le )
- Voir sur journalextimerecherchespoir.
- Faure Michel, « Jacques Barrot: ministre de la sérénité sociale », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Voir sur polville.lyon.fr.
- Voir sur sudouest.fr.
- Jacques Attali, Verbatim III : chronique des années 1988-1991, Paris, Librairie générale française, (ISBN 2-253-14409-6 et 9782253144090, OCLC 496064040, lire en ligne), 1988-1989.
- « Jacques Barrot estime avoir été diffamé », LeMonde.fr (avec AFP et Reuters), 19 novembre 2004.
- « Sarkozy nomme Charasse au Conseil constitutionnel », Le Figaro, 23 février 2010.
- « L’homme politique français Jacques Barrot est mort », sur www.lemonde.fr,
- « Une délégation de la Fnaca s’est rendue sur la tombe de Jacques Barrot », leprogres.fr, 4 novembre 2015.
Voir aussi
Articles connexes
- Canton d'Yssingeaux
- Conseil général de la Haute-Loire
- Liste des députés de la Haute-Loire
- Liste des ministres français de la Santé
- Liste des ministres français du Commerce
- Liste des ministres français du Travail et des Affaires sociales
- Première circonscription de la Haute-Loire
- Yssingeaux
- L'empĂŞchement des membres du Conseil constitutionnel
Liens externes
- Ressources relatives Ă la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :