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Prisonniers de guerre belges pendant la Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les prisonniers de guerre belges [note 1] Ă©taient principalement des soldats belges capturĂ©s par les Allemands pendant et peu après la bataille de Belgique en . 225 000 hommes, soit environ 30 % de l’armĂ©e de terre belge en 1940, furent dĂ©portĂ©s vers des camps de prisonniers de guerre en Allemagne. De grands rapatriements de prisonniers, en particulier de soldats d'origine flamande, vers la Belgique occupĂ©e eurent lieu en 1940 et 1941. NĂ©anmoins, au moins 70 000 hommes restèrent en captivitĂ© jusqu'en 1945, et environ 1 800 moururent dans les camps allemands au cours de la guerre.

Soldats belges capturés sous la garde de soldats allemands à Couvin, en mai 1940

Contexte

Soldats belges faits prisonniers par les Allemands sur le canal Albert

La participation belge Ă  la Seconde Guerre mondiale dĂ©buta le , lorsque les forces allemandes envahirent la Belgique, qui avait suivi jusqu’alors une politique de neutralitĂ©. Après 18 jours de combats, la Belgique se rendit le et fut placĂ©e sous occupation allemande. Pendant les combats, entre 600 000[1] et 650 000[2] hommes belges (soit près de 20 % de la population masculine du pays Ă  l'Ă©poque)[2] servirent dans l'armĂ©e. Le roi LĂ©opold III, qui commandait l'armĂ©e en 1940, se rendit aux Allemands le et resta prisonnier jusqu’à la fin de la guerre.[3] Le gouvernement belge s’enfuit d'abord Ă  Bordeaux en France, puis Ă  Londres en Royaume-Uni oĂą il forma un gouvernement officiel en exil en .[3] En Belgique, une administration d'occupation, l'administration militaire de la Belgique et du Nord de la France, fut crĂ©Ă© Ă  Bruxelles pour administrer le territoire sous la juridiction de la Wehrmacht.

Prisonniers de guerre belges

DĂ©tention initiale

Pratiquement tous les soldats de l'armée belge furent capturés lors de l'offensive de mai 1940, de nombreux prisonniers furent officieusement libérés à la fin des hostilités ou se sont échappés de camps mal gardés en Belgique.[4] Les prisonniers évadés qui retournaient chez eux furent rarement arrêtés par les Allemands, et il n'y eut aucune tentative systématique pour retrouver d'anciens soldats belges qui s’étaient évadés en 1940.[5]

Camp provisoire des prisonniers de guerre belges Ă  Ysendyck (Pays-Bas).

DĂ©tention en Allemagne

Vue d'une caserne au Stalag X-B Ă  Sandbostel oĂą 1 700 Belges furent internĂ©s.[6]

Peu de temps après la bataille de France, les soldats belges restants en captivité furent déportés dans des camps de prisonniers de guerre (Kriegsgefangenenlager) en Allemagne, en Autriche et en Pologne. Pour les Allemands, les prisonniers belges représentaient une source de main-d'œuvre bon marché qui pouvait être utilisée dans l'agriculture et les usines après la conscription de la plupart des travailleurs allemands[4]. Les prisonniers belges furent à nouveau séparés par grade, les officiers étant envoyés dans des Oflags (abréviation d’Offizierslager) et les sous-officiers et les militaires du rang étant envoyé dans des Stalags (ou Stammlager).

Artilleurs belges du régiment 26A internés fin mai début juin dans le camp provisoire des prisonniers de guerre à Ysendyck (Pays-Bas).

Environ 225 000 soldats, soit environ 30 % des mobilisĂ©s de 1939, furent dĂ©portĂ©s de cette façon[7]. La plupart de ces soldats faisaient partie de l'armĂ©e professionnelle d'avant-guerre, plutĂ´t que des conscrits mobilisĂ©s en 1939[8]. La plupart des prisonniers (environ 145 000) Ă©taient des Flamands, avec seulement 80 000 Wallons[7]. Le nombre exact de prisonniers, cependant, n’est pas connu, et il y a une grande palette d'estimations[9]. La plupart des prisonniers belges furent forcĂ©s de travailler dans les carrières ou dans l'agriculture. Les conditions de travail Ă©taient variables, mais environ 2 000 moururent en captivitĂ©, la plupart de maladies et de manque de soins mĂ©dicaux[10].

Peu Ă  peu, de plus en plus prisonniers furent libĂ©rĂ©s, mais environ 64 000 soldats belges Ă©taient encore en captivitĂ©, en 1945, dont seulement 2 000 Flamands.[6] Selon les estimations compilĂ©es pour les procès de Nuremberg, 53 000 Ă©taient toujours incarcĂ©rĂ©s en 1945 Ă  la fin de la guerre,[11] mais ce nombre aurait pu atteindre 70 000 prisonniers selon certaines estimations[12]. Parmi les prisonniers libĂ©rĂ©s en 1945, un quart souffraient de maladies dĂ©bilitantes, en particulier de la tuberculose[12].

Conséquences en Belgique occupée

Le service postal en Belgique occupée émit des séries de timbres de bienfaisance à partir de , « au profit des prisonniers de guerre» et en , « au profit des prisonniers de guerre et de leur famille» [13].

Libération et rapatriement

Rapatriements et Ă©vasions

Initialement, l'Administration militaire de la Belgique et du Nord de la France considérait le maintien en détention de tous les prisonniers belges comme temporaires et non désiré. Tant Alexander von Falkenhausen, chef de l'administration militaire, qu'Eggert Reeder, responsable de l'administration militaire à Bruxelles, considéraient le maintien en détention et la ségrégation des prisonniers belges par leur groupe ethnique comme une source inutile de discorde et comme étant nuisible à l'ordre civil en Belgique[4]. Le , l'administration militaire annonça même la libération imminente de tous les prisonniers belges, bien que ce fût plus tard annoncé comme une erreur[8]. La détention des prisonniers qui travaillaient dans des emplois spécialisés dans la vie civile créa de nombreux problèmes en Belgique jusqu'à ce que tous les prisonniers, ayant dans le civil une profession spécialisée, furent relâchés[8].

Comme les Allemands ne recherchaient pas les prisonniers Ă©vadĂ©s une fois rentrĂ©s chez eux[5], les tentatives d’évasion devinrent relativement communes. Un total de 6 770 tentatives d'Ă©vasion des camps en Allemagne sont rĂ©pertoriĂ©es[14].

Flamenpolitik

Rapatriement de prisonniers de guerre belges à Chiny avant 1945 (on aperçoit un militaire d'escorte avec un casque allemand à l'arrière plan).
Rapatriement des prisonniers de guerre belges Ă  Chiny, en 1945

Dès le début des détentions, le parti nazi et Adolf Hitler étaient directement impliqués dans la politique relative aux prisonniers de guerre belges[8]. Depuis le début de l'invasion, les soldats allemands avaient ordre de séparer les soldats flamands de leurs homologues wallons[8]. La libération de tous les soldats flamands prisonniers fut ordonnée le , mais eut seulement un effet réel limité[8].

Le rĂ©gime de faveur dont bĂ©nĂ©ficiaient les prisonniers de guerre flamands faisait partie de la Flamenpolitik (politique flamande). Cette politique avait une base raciale, puisque l'idĂ©ologie nazie faisait valoir que les Flamands Ă©taient germaniques et donc faisaient partie d’une race supĂ©rieure aux Wallons. Cela avait aussi pour but d’encourager les Flamands Ă  voir l'Allemagne sous un jour plus favorable, afin d’ouvrir la voie Ă  leur intĂ©gration au sein des Grands Pays-Bas dans le Grand Reich germanique (GroĂźgermanisches Reich)[4]. Les Allemands commencèrent effectivement le rapatriement des prisonniers de guerre flamands en [7]. En , 105 833 soldats flamands avaient Ă©tĂ© rapatriĂ©s[7].

Reconnaissance

165 000 soldats reçurent le brevet des prisonniers après la guerre, attestant leur statut continu d’anciens combattants pendant leur captivitĂ©[11]. La FĂ©dĂ©ration nationale des anciens prisonniers de guerre (FNAPG) a particulièrement Ĺ“uvrĂ© pour la reconnaissance de ce statut.

Voir aussi

Notes

  1. Dans les langues officielles de la Belgique, les prisonniers de guerre sont connus sous le vocable de prisonniers de guerre (en abrégé PG) en français et Krijgsgevangenen en néerlandais.

Références

Bibliographie

  • Michel Bailly, « Forces et faiblesses de l'armĂ©e belge en 1940 Ă  la veille de la guerre », Le Soir,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • Michel Bailly, « Guerre 40-45: Les prisonniers de guerre », Le Soir,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Belgium : The Official Account of What Happened, 1939–40, Londres, Belgian Ministry of Foreign Affairs, (OCLC 4025429, lire en ligne)
  • (en) Catalogue officiel 1973 : Belgique, Congo, Rwanda, Burundi, Europa, Bruxelle, CSBNTP,
  • « Ceux de XIIIB: Recueil de Textes extraits du Mensuel de L'Amicale des Anciens Prisonniers de Guerre du Stalag XIIIB », Centre LiĂ©geois d'Histoire et d'ArchĂ©ologie Militaire (consultĂ© le )
  • (en) John Keegan, The Second World War, New York, Penguin Books, , 608 p. (ISBN 978-0-14-303573-2), p. 96
  • (en) Werner Warmbrunn, The German Occupation of Belgium 1940-1944, New York, Peter Lang, coll. « American University Studies 122 », (ISBN 978-1-4539-0997-3), « The Germans and Belgian Prisoners of War »
  • (en) Elizer Yapou, Governments in Exile, 1939–1945, JĂ©rusalem, (lire en ligne), « 4: Belgium: Disintegration and Resurrection »

Pour approfondir

  • Michael Weisner, "Wer die Macht hat, hat Recht." De Belgische krijgsgevangenen in Duitsland en de Conventie van Genève, 1940-1945 (Degree thesis), Katholieke Universiteit Leuven, (lire en ligne)
  • (en) Maurice De Wilde, BelgiĂ« in de Tweede Wereldoorlog, vol. III: De nieuwe orde, Kapellen, DNB/Uitgeverij Peckmans, , 101–25 p. (ISBN 90-289-9786-5, lire en ligne), « De Belgische krijgsgevangenen »
  • (en) Alain Tanguy, Le Grand Livre d'Or du Prisonnier de Guerre Belge 1940-1945, Bruxelle, Editions du Livre d'Or,
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Belgian prisoners of war in World War II » (voir la liste des auteurs).
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