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Prioria copaifera

Prioria copaifera, ou cativo, est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Fabaceae, sous-famille des Caesalpinioideae, originaire des régions tropicales d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, où il vit derrière la ligne de mangrove.

Ce sont des arbres de grande taille, pouvant atteindre 50 m de haut, au fĂ»t long, cylindrique et rectiligne. Leur bois est utilisĂ© notamment pour la menuiserie et la fabrication de meubles.

Étymologie

L'épithète spécifique « copaifera » (qui par ailleurs un nom générique) est dérivée de deux racines : un terme local du Brésil, copayba, emprunté aux langues tupi et guarani désignant les arbres du genre Copaifera, et le verbe latin fero, porter[2].

Description

Feuilles et inflorescences en boutons.
Gousses.

Prioria copaifera est un arbre Ă  feuilles persistantes, au houppier très dense ne laissant passer presque aucune lumière, qui peut atteindre 50 m de haut. Il prĂ©sente un fĂ»t cylindrique, droit et rectiligne, d'un diamètre de 75 cm, voire 150 cm sur des spĂ©cimens exceptionnels, sans contreforts et sans ramification jusqu'Ă  une grande hauteur[3].

L'Ă©corce est grise, lisse et Ă©paisse (de 2 Ă  3 cm) et prĂ©sente de nombreuses lenticelles disposĂ©es en bandes horizontales continues. L'Ă©corce interne est rougeâtre[4] - [5].

Le bois cativo a un aubier rose pâle, tandis que le bois de cœur est brun rougeâtre. Son grain est droit, il a un veinage accentué, une texture uniforme et ne présente aucune odeur ou goût caractéristique[6].

Les feuilles vert foncĂ©, alternes, portĂ©es par un pĂ©tiole renflĂ©, sont paripennĂ©es, et comptent deux paires de folioles coriaces de 16 cm de long sur cm de large en moyenne, de forme elliptique-acuminĂ©e, Ă  base asymĂ©trique, avec des points translucides. Les stipules en Ă©cailles sont fugaces[4] - [7].

Les inflorescences sont de longues panicules terminales d'environ 30 cm de long, munies de bractĂ©es et composĂ©es de ramifications spiciformes d'environ 10 cm de long regroupant de nombreuses fleurs. Les fleurs, petites (environ mm de diamètre), odorantes, de couleur crème ou blanc-verdâtre, sont sessiles, sous-tendues par des bractĂ©oles Ă  deux lobes en forme de coupe d'environ mm de profondeur. Elles sont apĂ©tales et prĂ©sentent un calice tubulaire, court, Ă  cinq lobes pĂ©taloĂŻdes, orbiculaires, imbriquĂ©s, d'environ 2,5 mm de long. L'androcĂ©e compte 10 Ă©tamines libres et inĂ©gales, exsertes, d'environ mm de long. Le gynĂ©cĂ©e, sessile ou Ă  pĂ©doncule court, compte un seul carpelle villeux, et deux ovules[4] - [7].
Le fruit est une gousse brune, ligneuse et indĂ©hiscente, ornĂ© de nervures en relief, de 6 Ă  12 cm de long sur 6 Ă  8 cm de large, et de cm d'Ă©paisseur, comprimĂ©e latĂ©ralement, avec un cĂ´tĂ© convexe et l'autre concave, de forme obovale. Elle contient une seule graine, plate, de grande taille, hypertrophiĂ©e, exospermique, avec un testa indiffĂ©renciĂ©. Les dimensions de la gousse limitent la croissance de la graine et de l'embryon. On compte en moyenne 30 Ă  35 graines fraĂ®ches (graine plus pĂ©ricarpe) pour 1 000 g[4] - [8]. Les graines sont dispersĂ©es par l'eau[5].

Biologie

La chute des feuilles se produit uniformément tout au long de l'année, l'arbre restant toujours vert.

La floraison semble être bimodale selon certains auteurs, avec une période de floraison majeure en septembre et octobre (peut-être induite par une diminution des précipitations en septembre) et une autre période de floraison pendant la saison sèche (de décembre à mai). Les fruits mûrissent en six mois environ[5] - [7].

Le bois de cet arbre libère une résine noire lors de la coupe. Les abeilles euglossines recueillent cette résine, entre autres, pour construire leurs nids[9].

Les fruits flottent dans l'eau et sont dispersés par les courants marins. Cela explique qu'on en trouve fréquemment sur les plages caribéennes du Costa-Rica, comme ceux d'autres espèces d'arbres des marécages littoraux à grands fruits comme Carapa guianensis, Pachira aquatica et Mora oleifera[8]. Ces fruits ne seraient pas mangés par les animaux, toutefois certains auteurs attestent que les capucins à face blanche les mangent en avril et en mai au Panama et que les pécaris en sont friands[7].

Distribution et habitat

L'aire de répartition de l'espèce Prioria copaifera s'étend du Nicaragua à la Colombie et se retrouve également en Jamaïque[10].

Ce sont des arbres de canopĂ©e des forĂŞts tropicales, qui se rencontrent souvent dans les terrains marĂ©cageux, principalement le long des cours d'eau, et en particulier Ă  l'arrière des mangroves. Cette espèce peut former des peuplements monospĂ©cifiques, presque purs, dans les zones inondĂ©es[3]. Elle prospère Ă  basse altitude, depuis le niveau de la mer jusqu'Ă  300 mètres d'altitude environ, et requiert des tempĂ©ratures comprises entre 24 et 27 degrĂ©s Celsius et des prĂ©cipitations annuelles comprises entre 2 000 et 4 000 mm[6].

En Colombie, l'espèce est prĂ©sente dans la rĂ©gion d'Urabá (es) (dĂ©partement d'Antioquia) et dans les vallĂ©es du rĂ­o Atrato et du rĂ­o LeĂłn[6]. En AmĂ©rique centrale, les peuplements purs de Prioria copaifera, appelĂ©s « cativales », forment une ceinture de 1 Ă  3 km de large Ă  l’arrière de la mangrove le long de la cĂ´te atlantique de l’ouest du Panama et du Costa Rica[4]. Cet arbre est prĂ©sent notamment dans divers parcs naturels protĂ©gĂ©s, notamment au Costa Rica dans le parc national de Tortuguero et le parc national Cahuita, et en Colombie dans le parc national naturel Los KatĂ­os[11].

L'espèce est protégée et classée comme « menacée » au niveau national au Panama[12] et au Costa Rica[4].

Utilisation

Le bois de Prioria copaifera est exploité comme bois d'œuvre sous le nom commercial de cativo[13].

Principales utilisations du bois : aménagement d'habitations, volets, meubles et armoires, contreplaqués et placages, emballages légers, instruments de musique, artisanat[13].

Les graines de grande taille ont un embryon comestible. Elles sont récoltées dans la nature et consommées localement. On les trouve parfois en vente dans les marchés locaux sous le nom de « cativa »[3] - [4].

La résine exsudée par le bois est utilisée en médecine traditionnelle par les Amérindiens. Elle serait utilisée pour aider à cicatriser les coupures et les morsures et comme antiseptique général[3].

Notes et références

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 19 novembre 2018
  2. (en) Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Medicinal and Poisonous Plants : Common Names, Scientific Names, Eponyms, Synonyms, and Etymology (5 Volume Set), CRC Press, , 3960 p. (ISBN 978-1-4822-5064-0, lire en ligne), p. 1110.
  3. (en) « Prioria copaifera », sur Useful Tropical Plants (consulté le ).
  4. (en) C. Sandí & E.M. Flores, « Prioria copaifera Griseb. », Escuela de Agricultura del Trópico Húmedo & Academia Nacional de Ciencias de Costa Rica.
  5. (en) William Thomas Grauel, « Ecology and Management of Wetland Forests Dominated by Prioria copaifera in Darien Panama », sur ResearchGate, Université de Floride, (consulté le ).
  6. (es) Juan Ricardo Angel, « Maderas de Colombia: Cativo », sur InfoMaderas, (consulté le ).
  7. (en) Thomas B. Croat, « Prioria copaifera Griseb. », sur Flora of Barro Colorado Island, Smithsonian Tropical Research Institute (STRI) (consulté le ).
  8. (en) W.P. Armstrong, « Unusual Costa Rican Drift Fruit - Sea-Faring Pods From A Tropical Legume - Prioria copaifera », (consulté le ).
  9. (en) Jean H. Langenheim, Plant resins : chemistry, evolution, ecology, and ethnobotany, Portland - Cambridge, Timber Press, , 586 p. (ISBN 978-0-88192-574-6 et 0-88192-574-8, lire en ligne), p. 233.
  10. (en) « Prioria copaifera Griseb. », sur Plants of the World Online (consulté le ).
  11. (en) IUCN Commission on National Parks and Protected Areas, IUCN Directory of Neotropical Protected Areas, IUCN, , 436 p. (ISBN 978-0-907567-62-2, lire en ligne), p. 138 - 166 - 174.
  12. (en) Monica Garzuglia, « Threatened, endangered and vulnerable tree species: a comparison between FRA 2005 and the IUCN Red List », sur Global Forest Resources Assessment, FAO, (consulté le ).
  13. « Cativo (Prioria copaifera) », sur Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) (consulté le ).

Liens externes

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