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Pierre Raynaud

Pierre Raynaud, ne le à Vitry-sur-Seine et mort le à Santa Cruz de Tenerife, fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive, qui effectua une mission en France (dans le réseau JOCKEY de Francis Cammaerts) en 1943-1944, et une en Extrême-Orient en 1945.

Identités

  • État-civil : Pierre Jean Louis Raynaud
  • Comme agent du SOE :
    • Nom de guerre (field name) : « Alain »
    • Nom de code opĂ©rationnel : LINKMAN (en français PORTE-FLAMBEAU)
    • Pseudos : Peter Fox (Ă  Gibraltar) ; Pierre Robinet (Ă  l'entraĂ®nement)
    • Fausse identitĂ© en mission : Pierre Roussel, directeur d'exploitation agricole, nĂ© le Ă  Paris
    • Surnom pour le FFI de la DrĂ´me : capitaine Alain.

Famille

  • Son père : Louis Joseph Edmond Raynaud, Français, nĂ©gociant.
  • Sa mère : Marie-Louise Carmen Marquis, française
  • Sa première femme : Suzanne Langlois. Mariage : .
  • Sa deuxième femme : JosĂ©phine Orjekowski (dit Sonia) dĂ©cĂ©dĂ©e le Lundi . Mariage : . Un enfant : Anne.
  • Ses petits enfants : Laure et Yoan Alfrede Raynaud.

Éléments biographiques

Jeunesse

1921. Pierre Raynaud naît le , à Vitry-sur-Seine.

1932-1938. Collège Stanislas de Paris. Bac A.

1938-1939. Lycée Louis-le-Grand, Paris. Bac Philosophie. PME (Escadron de Saint-Georges).

1939-1940. Études : première année de licence à la faculté de droit de Paris ; préparation à ENFOM (École Coloniale) au lycée Louis-le-Grand.

Deuxième Guerre mondiale

1940.

  • Mai. RecrutĂ© dans l’armĂ©e. Son unitĂ© est le corps franc d’Afrique (CFA) et son arme l’infanterie coloniale.
  • Novembre. Le 11, il fait partie du premier cortège d'Ă©tudiants qui manifestent sur les Champs-ÉlysĂ©es jusqu'Ă  l'Arc de triomphe[1].

1941.

  • AoĂ»t-dĂ©cembre. ActivitĂ© civile : FF Inspecteur au Service de SĂ»retĂ© du Gouvernement du SĂ©nĂ©gal Ă  Saint-Louis (SĂ©nĂ©gal, AOF).

1942.

  • Janvier-juin. Études : poursuite de la prĂ©paration Ă  ENFOM au lycĂ©e d’Alger.
  • Juillet-octobre. ActivitĂ© civile : rĂ©dacteur Ă  la prĂ©fecture d’Alger (ravitaillement gĂ©nĂ©ral).
  • Novembre. Le 10, il est enrĂ´lĂ© par le Special Detachment (commandos Tunisie) en tant qu’instructeur en armement et explosifs. Stage (armement lĂ©ger et explosifs, combat de commandos). Le corps franc d’Afrique est constituĂ©, englobant immĂ©diatement les Ă©lĂ©ments du SD. Il assume les mĂŞmes fonctions au camp d’AĂŻn Taya. Il se lie d'amitiĂ© avec Fernand Bonnier de la Chapelle.
  • DĂ©cembre. Le 1er, il s’engage dans les Forces françaises libres, Ă  Alger. Le 22, deux jours avant d'assassiner l'amiral Darlan, Bonnier lui expose en dĂ©tail sa mission[2].

1943.

  • Janvier. Il signe un engagement comme volontaire de deuxième classe. Le 10, il est nommĂ© caporal-chef. Raynaud ayant fait la connaissance de Jacques Vaillant de GuĂ©lis, responsable de l'antenne du SOE en AFN, il obtient de partir pour l'Angleterre via Gibraltar : par ordre de mission du 12, il est dĂ©tachĂ© auprès de l’armĂ©e britannique pour des missions spĂ©ciales Angleterre. Il est mis en route le 17. Ă€ l’arrivĂ©e, le 18, il est nommĂ© sous-lieutenant au titre de l’armĂ©e britannique.
  • FĂ©vrier. Stage : perfectionnement gĂ©nĂ©ral.
  • Avril. Stages : technique et rĂ´le d’un agent organisateur en territoire ennemi, sĂ©curitĂ©, sabotage courant, sabotage industriel, codes, chiffre, transmissions.
  • Mai. Stages : parachutiste, prĂ©paration de coups de main.
  • Juin. Il est nommĂ© lieutenant, le 1er.
Mission en France

DĂ©finition de la mission. Avec pour nom de guerre « Alain Â», il est envoyĂ© dans le sud-est comme agent organisateur adjoint au lieutenant-colonel Francis Cammaerts « Roger », chef du rĂ©seau JOCKEY . Il fera Ă©galement fonction d'instructeur en sabotage du rĂ©seau. Il va organiser le secteur de la DrĂ´me, en coopĂ©ration avec le chef de la RĂ©sistance Ă  MontĂ©limar[3], Raymond Louis Daujat[4]. De plus, il apporte un pli volumineux « pour Archambaud » (c’est-Ă -dire Gilbert Norman) et un important courrier destinĂ© Ă  Cammaerts. Il lui a Ă©tĂ© recommandĂ© de passer quatre jours Ă  Paris « pour se familiariser avec les conditions de vie en France occupĂ©e ».

  • Juin (suite). Dans la nuit du 17 au 18, il est parachutĂ© sur le terrain de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher)[5] et rĂ©ceptionnĂ© par Pierre Culioli[6]. Ă€ 150 m du point d’arrivĂ©e, les Allemands s’adonnent Ă  une « chasse au sanglier »[7] ! La journĂ©e du 18, il reste seul au PC de Veilleins. Le 20, il quitte Culioli en lui donnant rendez-vous pour le 22 Ă  midi Ă  la gare d’Austerlitz, et il prend le train pour Blois, puis de lĂ  pour Paris. Lors de son premier contact avec Cammaerts et Daujat, le 22, Pierre Raynaud remet 200 000 francs. Il se rend Ă  MontĂ©limar, oĂą, avec le nouveau courrier du rĂ©seau JOCKEY Cecily Lefort, il Ă©chappe de justesse Ă  des envoyĂ©s de la Gestapo de Saint-Étienne, le 24. Par l'intermĂ©diaire de Louis Daujat et de Roger Poyol, une maison sĂ»re est amĂ©nagĂ©e chez Albert Mielle Ă  La Paillette, près de Dieulefit[8].
  • Juillet. Raynaud s'en va dans la maison du garde forestier AndrĂ© Viel Ă  MenĂ©e[9], qui va devenir le berceau de l'organisation dans la DrĂ´me du sud.
  • AoĂ»t. Le 27, il est arrĂŞtĂ© par la police française Ă  Paris, au restaurant Le ColisĂ©e, puis conduit Ă  la prĂ©fecture de police. Il rĂ©ussit Ă  s’échapper rapidement : en sortant simplement Ă  pied et se faisant passer pour un inspecteur.
  • Septembre. Après l'arrestation de Cecily Lefort, Cammaerts envoie Raynaud Ă  Chazelles pour y organiser les groupes de rĂ©sistance et les terrains de largage, avant qu'ils soient pris en charge par M. Berroyer de Beaurepaire.
  • Novembre. Les activitĂ©s de Raynaud sont centrĂ©es autour de Crest, oĂą Paul Pons est le chef de la RĂ©sistance locale dans la vallĂ©e de la DrĂ´me.

1944.

  • Janvier. Il est nommĂ© capitaine. Le 9, il reçoit par avion deux chargements d'armes près de Crest, et un autre le 11. Il est en contact avec M. Alexis, chef FTP du dĂ©partement[10].
  • Mars. Les groupes de Raynaud atteignent un effectif de 800 hommes. Durant le printemps, il y a de nombreuses arrestations dans toute la vallĂ©e du RhĂ´ne. Roger Poyol est tuĂ© et sa femme dĂ©portĂ©e par la Gestapo. Raynaud est obligĂ© de se rĂ©fugier près de Bourdeaux, avec M. Simiand, Ă  Francillon.
  • Mai. Il est blessĂ© au pied gauche (2e mĂ©tatarse), en service commandĂ©. Il conclut un accord avec Hermine, le chef dĂ©partemental des FFI, qui divise le territoire en deux sections, au nord et au sud de la DrĂ´me. L'accord fonctionne bien, avec Raynaud au sud. En tout, il organisera 27 parachutages, sur divers terrains, près de Crest, Bourdeaux, Nyons, Saillans (DrĂ´me), Dieulefit et Saint-Nazaire-le-DĂ©sert.
  • Juin. Le 6, il est nommĂ© commandant du 3e bataillon FFI de la DrĂ´me. Le , vers 11 heures sur la route de Montjoux, alors qu’il se rend Ă  ValrĂ©as, sa voiture est prise sous le feu de l’ennemi devant le Pont-du-Jars. Lambert, le chauffeur, est tuĂ©. Alain est blessĂ© (Un Ă©clat de balle dans le bras droit, de nombreux petits Ă©clats dans le bras gauche et un petit Ă©clat dans l’œil gauche) ; son adjoint, Paul Bontoux, Ă©galement ; ils sont hospitalisĂ©s Ă  Die, non sans avoir rĂ©ussi, auparavant, avec l’aide d’AndrĂ© Blanc qui les accompagne, Ă  sauver le FM et les documents qui se trouvent dans la voiture[11]. Il est opĂ©rĂ© le 13 Ă  l’hĂ´pital de Die.
  • Juillet. On lui remet la Croix de Guerre avec palme[12].
  • AoĂ»t-septembre. OpĂ©ration sur les Alpes et missions de liaison. Le , il est repris (avec grade de capitaine) par la DGER oĂą il a choisi de rester pour remplir une mission en ExtrĂŞme-Orient.
  • DĂ©cembre. Il reçoit son ordre de mission pour Londres le 30.
Mission en ExtrĂŞme-Orient

1945.

  • Janvier. Il est mis en route, le 8.
  • FĂ©vrier. Il dĂ©barque Ă  Bombay le 18. Il est affectĂ© Ă  Ceylan (Ă  la SFLEO[13]), le 23, et y arrive le 28.
  • Mars. Stage de jungle. Il est affectĂ© Ă  Calcutta, le 18.
  • Avril. Il arrive Ă  Calcutta, le 4. Ă€ Jessore[14] (Bengale), stage de pick up par Piper Cub, Lysander et Dakota.
  • Juillet. Identification japonaise. Photos.
  • AoĂ»t. Il est parachutĂ© Ă  PaksĂ©, au Laos, le 22.

Après la guerre

1946. Il est désigné comme représentant français à la commission alliée aux crimes de guerre, le .

1947. Directeur des cadres d’outre-mer, Caisse centrale de coopération économique.

1961-1967. Pierre Raynaud est détaché en tant que Directeur général à la Banque gabonaise de développement. Entre 1962 et 1964, il est vice gouverneur du district 403 du Lions Club international.

1971-1977. Directeur de la Caisse centrale de coopération économique, à Bangui.

1983. Administrateur en chef de classe exceptionnelle des Affaires d’outre-mer.

2010. Décès le , à l'hôpital de Santa Cruz de Tenerife.

Distinctions

Pierre Raynaud a reçu les distinctions suivantes :

Annexes

Notes

  1. Bob Maloubier, p. 32.
  2. Decaux, p. 358-359.
  3. Boxshall écrit Montmélian.
  4. Daujat perdra la vie le dans une explosion, organisĂ©e par lui pour saboter un train allemand, et provoquant la mort de soixante Allemands. Il avait auparavant fourni une maison sĂ»re Ă  Auguste Floiras « Albert Â» pendant neuf mois.
  5. Ou Solognac, selon Boxshall.
  6. Pierre Raynaud sera ainsi le dernier agent réceptionné par le réseau ADOLPHE avant l’arrestation de ses chefs, Pierre Culioli et Yvonne Rudellat, trois jours plus tard, le 21 juin.
  7. Source Vader, p. 247.
  8. Ă€ 36 km Ă  l'E-SE de MontĂ©limar
  9. À l'est de Die.
  10. Alexis se tuera accidentellement sur une mine, après le jour J.
  11. Pour l’Amour de la France ..., p 257.
  12. Prise d’armes de Die, le 14 juillet
  13. Section de Liaison Française en Extrême-Orient
  14. Jessore est aujourd'hui au Bangladesh.

Sources et liens externes

  • Fiche Pierre Raynaud sur le site Special Forces Roll of Honour.
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • John Vader, Nous n'avons pas jouĂ©, l'effondrement du rĂ©seau Prosper 1943, Le Capucin, 2002. Ce livre est la traduction française du livre Prosper double-cross, Sunrise Press, 1977, traduction, notes et annexes de Charles Le Brun.
  • Charles Le Brun, RĂ©seau Adolphe. Pierre Culioli, bouc Ă©missaire de l’Intelligence Service ?, in 39/45 Magazine, n° 219, , p. 23-33.
  • Charles Le Brun "SOE-F : Un grain de sable dans l'histoire officielle : Pierre Raynaud" in 39/45 Magazine, n° 280 juillet-, p.52-59
  • (en) Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographiĂ© (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable Ă  la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 44, JOCKEY CIRCUIT.
  • Alain Decaux, Alain Decaux raconte, vol. 2, Librairie AcadĂ©mique Perrin, 1979, (ISBN 2-262-00164-2), ch. XIII, L'assassinat de l'amiral Darlan, p. 282-379.
  • Bob Maloubier, Les Coups tordus de Churchill, Calmann-LĂ©vy, 2009, (ISBN 978-2-7021-4006-2), ch. I, Liquidez l'Amiral ! et ch. II, L'opĂ©ration du Saint-Esprit.
  • Collectif [FĂ©dĂ©ration des UnitĂ©s Combattantes de la RĂ©sistance et des F.F.I. de la DrĂ´me], Pour l'amour de la France — DrĂ´me-Vercors 1940-1944., Valence, Éditions Peuple Libre, 1989.
  • Raymond Muelle, L'Agent qui devait mourir, in « Maquis et RĂ©sistance Â», collection « 20e siècle histoire des grands conflits Â», TrĂ©sor du patrimoine, 2005, (ISBN 2-912-511-33-X)
  • Bob Maloubier, Agent secret de Churchill 1942-1944, prĂ©face de Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2011, (ISBN 978-2-84734-795-1).

Sources Ă  exploiter

  • Stella King, Jacqueline, Arms and Armour, 1989.


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