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Patella vulgata

La Patelle commune, Patella vulgata Linnaeus, est un mollusque gastéropode prosobranche, connu aussi sous les noms vernaculaires de birinic, bernic, brennig en Bretagne, d'où le français bernique ou bernicle[1], flie en Normandie occidentale, lampote en Normandie orientale et en Picardie, jambe en Charente-Maritime, alapedo, arapedo en Provence, d'où arapède en français régional[2] et plus familièrement chapeau chinois (à ne pas confondre avec Calyptraea chinensis). Il est très commun sur les rochers de l’estran auxquels il adhère fermement. Son corps est protégé par une coquille approximativement conique.

Anatomie

  • Patelle dĂ©collĂ©e du rocher, vue de quelques organes.
    Patelle décollée du rocher, vue de quelques organes.
  • Patella vulgata rĂ©sistant Ă  la croissance des huĂ®tres voisines.
    Patella vulgata résistant à la croissance des huîtres voisines.
  • Patella vulgata, coquilles Ă©pousant la forme du relief. Les petits animaux coniques voisins sont des balanes, CrustacĂ©s parfois appelĂ©s, Ă  tort, « petites berniques ».
    Patella vulgata, coquilles épousant la forme du relief. Les petits animaux coniques voisins sont des balanes, Crustacés parfois appelés, à tort, « petites berniques ».

La coquille

Sa forme conique n’est pas parfaite, sa base n’est pas exactement circulaire et son sommet, assez nettement excentré, est déporté du côté de la tête de l’animal. Cette coquille est ornée de stries, plus ou moins marquées, rayonnant à partir de son sommet. Des reliefs concentriques, correspondant à des arrêts ou des perturbations de la croissance, croisent les stries rayonnantes. Le bord de la coquille s’applique étroitement au support en épousant ses éventuelles irrégularités. L’intérieur de la coquille est lisse. On y distingue nettement une marque en fer à cheval qui correspond à l’insertion du muscle de la coquille, très développé, qui permet notamment d’appliquer fermement le rebord de la coquille contre la surface à laquelle est fixé le pied. L’ouverture du fer à cheval se situe à l’avant, au-dessus de l’emplacement de la tête de la patelle. La coquille est sécrétée par un bourrelet de l’épiderme appelé manteau ou pallium.

Le corps

Le corps de la patelle est constitué d’une tête, d'une cavité palléale, d’un pied et d’une masse viscérale[3].

La tĂŞte

Elle est équipée de deux grands tentacules à fonction tactile et qui sont peut-être aussi le siège du sens chimique. Ces tentacules portent, près de leur base, du côté externe, deux taches noires : les yeux.

La tête est prolongée par un mufle extensible à l’extrémité duquel se trouve la bouche dont le plancher est équipé d’un organe qui permet à la patelle de prélever sa nourriture : la radula, équipée de très nombreuses dents. Cet organe remarquablement long (environ 1,5 fois la longueur de la coquille) est replié sur lui-même dans une poche indépendante du tube digestif et s’étend jusqu’à la partie arrière droite du corps où il peut décrire une boucle.

La cavité palléale

Si ce n’est pas à proprement parler une « partie » du corps de l’animal, la cavité palléale est une formation caractéristique des mollusques qui contient des organes importants et sa position, chez les Prosobranches, mérite explication. Le manteau ou pallium s’étale au-dessus de la tête à la manière d’un auvent et délimite ainsi une cavité appelée cavité palléale[3], au fond de laquelle s’ouvre, sur la droite, l’anus, flanqué, à sa gauche de l’orifice du rein gauche et à sa droite de l’orifice du rein droit qui est aussi l’orifice génital. De chaque côté de la cavité palléale on remarque, sur le plancher, une tache rouge-orangé : l’osphradie. Les deux osphradies sont des chimiorécepteurs, c’est-à-dire des organes qui détectent les substances chimiques dissoutes dans l’eau (ce qui correspond à notre sens du goût et de l’odorat). Tous ces éléments sont normalement situés à l’arrière du corps et leur position chez la patelle (et les Prosobranches d’une manière générale), presque au-dessus de la tête de l’animal, est la conséquence d’un avatar de son développement appelé torsion, dont les effets sont également très nets au niveau de l’anatomie du système nerveux notamment. Contrairement à de nombreux Prosobranches (terme qui signifie « à branchies situées en avant », sous-entendu, du cœur), la patelle ne possède pas de branchies (branchies primaires) dans sa cavité palléale : ses organes respiratoires sont représentés par de très nombreux feuillets (branchies secondaires) disposés transversalement dans un sillon situé autour du pied et en avant de la tête.

Le pied

A contour arrondi, il est musculeux. Il sert à la reptation et à la fixation de l’animal sur son support. Le contact extrêmement étroit de cet organe avec la roche est rendu parfaitement étanche grâce à une couche de mucus qui participe à la remarquable solidité de l’adhérence.

La masse viscérale

Elle est constituée essentiellement par[3] :

  • le tube digestif très long et contournĂ©, logĂ© dans son annexe, la glande digestive, de couleur jaune, brune ou verdâtre. L’ensemble constitue une masse sombre situĂ©e au-dessus du pied, en arrière de la tĂŞte.
  • la gonade, mâle (testicule) ou femelle (ovaire) est situĂ©e au-dessous de la glande digestive (gĂ©nĂ©ralement) et se dĂ©veloppe surtout du cĂ´tĂ© gauche de l’animal. Les sexes sont sĂ©parĂ©s.
  • les reins : le rein gauche est de taille rĂ©duite, situĂ© Ă  gauche de l’anus, le rein droit, mince mais très Ă©tendu, s’étale sur tout le cĂ´tĂ© droit, jusqu’à l’arrière de la glande digestive.
  • le cĹ“ur (1 oreillette Ă  l’avant, 1 ventricule Ă  l’arrière) est logĂ© dans une poche pĂ©ricardique situĂ©e entre le rein gauche et le pilier antĂ©rieur gauche du muscle de la coquille, au fond de la cavitĂ© pallĂ©ale.
  • le système nerveux comporte principalement trois paires de ganglions (cĂ©rĂ©broĂŻdes, pleuraux et pĂ©dieux) situĂ©s de part et d’autre de la rĂ©gion antĂ©rieure du tube digestif[4].

Alimentation

Ă€ l’aide de leur radula les patelles grattent la surface des rochers sur lesquels elles sont installĂ©es et de ce fait elles consomment la pellicule d’algues microscopiques ou de petite taille qui s’y dĂ©veloppent ainsi que les petits organismes animaux (crustacĂ©s, annĂ©lides, mollusques etc.) logĂ©s dans ce « gazon ». Mais il leur arrive aussi de s’attaquer aux grandes algues que sont les ascophylles et les fucus[5] dont elles prĂ©lèvent des morceaux et qu’elles sont susceptibles de couper et d’éliminer. Chaque patelle exploite durant la pĂ©riode d’immersion (surtout de jour) et d'Ă©mersion (surtout de nuit)[6], un territoire de quelques dĂ©cimètres de diamètre (mais elle peut s'Ă©loigner jusqu'Ă  1,6 m[6] et revient, avant que la mer se retire, Ă  son emplacement d’origine). Cependant, sur les rochers lisses, ou lorsque la nourriture se fait rare, certaines patelles ont un comportement beaucoup plus vagabond et peuvent parcourir des distances de plusieurs mètres voire de plusieurs dĂ©camètres sans revenir Ă  leur emplacement.

Traces de broutage (marques de la radula) d'une patelle
Patella vulgata s'attaquant Ă  des touffes d'ascophylles

Reproduction

La patelle commune est un animal hermaphrodite successif[7] - [8] - [9], c'est-à-dire qu'il commence son activité sexuelle comme mâle et qu’une partie au moins des individus devient ensuite femelle (les mâles demeurent toujours majoritaires dans les populations). Il n’est pas impossible que certaines femelles redeviennent ensuite mâles. Les gonades sont mûres à la fin de l’été et en automne. La ponte a lieu en automne et en hiver. Les gamètes (spermatozoïdes et ovules) sont libérés directement dans l’eau de mer où se produit la fécondation. Les larves, ciliées, vivent dans le plancton environ deux semaines et se métamorphosent sur le fond en donnant des juvéniles qui ne mesurent que 0,2 mm de longueur. Les juvéniles se rencontrent principalement dans les parties basses de l’estran où les rochers restent toujours humides et dans les flaques.

Durée de vie

La Durée de vie est généralement de l’ordre de 5-7 ans pour les patelles du niveau moyen de l’estran, mais celles des parties hautes, à croissance lente dans cet environnement où elles disposent de peu de temps pour se nourrir, peuvent vivre près de 20 ans.

Consommation

La couche magdalénienne de la grotte d'Altamira en Espagne a permis d’exhumer les plus anciennes traces de consommation de patelles par l'homme.

Récoltées dans des zones réputées salubres, les patelles sont comestibles, à l’état cru, toute l’année. On peut également les cuire en les accommodant de manières diverses : ragoûts, pâtés, grillades etc. Pour la consommation à l’état cru, il est préférable de sélectionner les animaux de taille petite ou moyenne, récoltés au bas de l’estran, car ils ont une chair plus tendre et plus goûteuse.

Situées à des niveaux découvrant à toutes les marées, les patelles constituent une source de protéines, de glucides et de lipides, facilement accessible et gratuite, souvent méprisée de nos jours. Elles ont cependant constitué dans un passé encore récent (au moins jusqu’aux années 1950) une part non négligeable de l’alimentation des populations du littoral et ont souvent permis aux plus démunis d’échapper à la famine.

Notes et références

  1. bernicle sur reverso.net
  2. Informations lexicographiques et étymologiques de « Arapède » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  3. berniques.pagesperso-orange.fr/index.htm. Famine chez les berniques ? (Starving limpets ?)
  4. Fretter, V. et Graham, A. 1962. British Prosobranch Molluscs, their functional anatomy and ecology. Ray Society, 755p
  5. Fischer Piette, E. 1948. Sur les éléments de prospérité des patelles et sur leur spécificité. Journal de Conchyliologie. 88 : 45-96
  6. Lorenzen S., « The limpet Patella vulgata L. at night in air : effective feeding on Ascophyllum nodosum monoculture and stranded seaweeds. », Journal of Molluscan Studies, vol. 73,‎ , p. 267-274 (résumé)
  7. Orton, J.H., 1928. Observations on Patella vulgata. Part I. Sex-phenomena, breeding and shell growth. J. mar. Biol. Ass. U.K. 15 :851-862.
  8. Choquet, M. 1966. Biologie de Patella vulgata L. dans le Boulonnais. Cahiers de Biologie marine, 7, 1-22.
  9. Le Quesne, W.J.F. & Hawkins, S.J. Direct observations of protandrous sex change in the patellid limpet Patella vulgata. J.mar.bio.Ass.U.K., 86, 161-162.

Voir aussi

Liens externes

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