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Ouvrage de l'Ancien-Camp

L'ouvrage de l'Ancien-Camp, appelé aussi l'abri de l'Ancien-Camp, est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la commune de Val d'Oronaye, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.

Ouvrage de l'Ancien-Camp
Type d'ouvrage Abri caverne d'intervalle
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié du Dauphiné
└─ sous-secteur de l'Ubayette,
quartier Meyronnes
Année de construction 1931-1934
RĂ©giment 83e BAF
Nombre de blocs 2
Type d'entrée(s) Entrée des hommes (EH)
Effectifs 52 hommes
CoordonnĂ©es 44° 28′ 07,25″ nord, 6° 47′ 29,25″ est

Il s'agit d'un abri construit à partir de 1931 pour abriter une section de fantassins. En surface, il est composé de deux blocs d’entrée. Considéré comme non-prioritaire, il a été construit par la main-d'œuvre militaire pour faire des économies.

Description

L'abri est construit sur l'ubac de la vallĂ©e de l'Ubayette, Ă  1 892 mètres d'altitude[1] (le fond de vallĂ©e est Ă  1 450 m), 700 mètres Ă  l'ouest et en aval du gros ouvrage de Roche-la-Croix, juste au sud de la recette supĂ©rieure de son tĂ©lĂ©phĂ©rique. Les deux blocs d'entrĂ©e sont au bord de la route menant au gros ouvrage.

Position sur la ligne

Dans les Alpes, les fortifications françaises barrent les différents axes permettant de franchir la frontière franco-italienne et d'entrer en France. Ces défenses contrôlent les principales vallées, formant le plus souvent deux lignes successives : d'abord la ligne des avant-postes, ensuite la « ligne principale de défense ». Cette dernière s'appuie sur de gros ouvrages bétonnés.

Dans le cas de la vallée de l'Ubayette, permettant de descendre du col de Larche, le barrage (appelé le « barrage de Larche ») se situe à hauteur de Meyronnes (c'est le « quartier Meyronnes », une subdivision du secteur fortifié du Dauphiné), composée de trois ouvrages : le gros ouvrage de Roche-la-Croix sur l'ubac, le petit ouvrage de Saint-Ours Bas en fond de vallée, et le gros ouvrage de Saint-Ours Haut sur l'adret. L'ensemble est précédé en amont par l'avant-poste de Larche soutenu par les vieilles batteries de Viraysse et de Mallemort, et renforcé légèrement en aval par trois abris : les ouvrages de l'Ancien-Camp, de Fontvive Nord-Ouest et de Saint-Ours Nord-Est.

Blocs et souterrains

L'ouvrage est un abri-caverne, avec en surface deux blocs d'entrĂ©e, sur le mĂŞme versant regardant vers l'ouest (elles sont donc dĂ©filĂ©s aux tirs venant de l'amont). Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de l'Ancien-Camp est conçu pour rĂ©sister Ă  un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc amĂ©nagĂ©s en souterrain, creusĂ©s sous plusieurs mètres de roche, tandis que les entrĂ©es, dispersĂ©s en surface sous forme de blocs, sont protĂ©gĂ©s par d'Ă©pais cuirassements en acier et des couches de bĂ©ton armĂ©. Le niveau de protection se limite au no 1[2], soit une dalle d'un mètre et demie d'Ă©paisseur de bĂ©ton, ainsi que des murs d'1,70 m (pour ceux qui sont exposĂ©s), soit de quoi rĂ©sister Ă  un bombardement allant jusqu'aux obus de 160 mm.

Ces deux Ă©lĂ©ments de surface donnent sur deux galeries taillĂ©es dans la roche et reliĂ©es par une galerie souterraine de 25 mètres de long et de 2,5 m de large[1], servant de caserne et de protection (en cas de bombardement) Ă  une section d'infanterie. Cette caserne Ă©tait Ă©quipĂ©e de chambrĂ©es avec des lits mĂ©talliques, d'une cuisine Ă  charbon, d'un système de chauffage et de ventilation, d'un poste tĂ©lĂ©phonique, des lavabos, des latrines, un poste de secours, deux groupes Ă©lectrogènes (composĂ©s chacun d'un moteur Diesel SMIM SR 14 monocylindre[3] fournissant 12 ch couplĂ© Ă  un alternateur)[4], de stocks de munitions et de nourriture, ainsi que de rĂ©servoirs d'eau et de gazole (de quoi tenir trois mois).

Le bloc 1 est l'entrĂ©e nord-est de l'ouvrage ; le bloc 2 est l'entrĂ©e sud-ouest. Ils sont composĂ©s d'une simple façade en bĂ©ton armĂ© de deux mètres d'Ă©paisseur, avec une porte blindĂ©e Ă©tanche. Les gaz de l'usine sont Ă©vacuĂ©s par une cheminĂ©e de 7,5 mètres[1].

Histoire

La construction d'un abri au lieu-dit « l'Ancien-Camp de Roche-la-Croix » est prĂ©vu dès les projets de 1929, mais le manque de financement oblige Ă  faire des choix quant aux prioritĂ©s : dans le sous-secteur de l'Ubaye, les gros ouvrages sont prioritaires, mais pas l'abri de l'Ancien-Camp. Pour pouvoir le construire malgrĂ© tout, la Commission d'organisation des rĂ©gions fortifiĂ©es fait appel Ă  la main-d'Ĺ“uvre militaire (la MOM) et non Ă  des sociĂ©tĂ©s privĂ©es. En 1936, le coĂ»t de l'ouvrage est estimĂ© Ă  190 200 francs[1] (valeur de )[5].

L'ouvrage a été utilisé comme abri pour une section du 83e bataillon alpin de forteresse d' (date du début de la mobilisation) jusqu'à la fin (après l'entrée en application de l'armistice franco-italien). L'abri est ensuite évacué par son équipage, car la partie alpine de la ligne Maginot se trouvait intégralement dans la zone démilitarisée en avant de la petite zone d'occupation italienne. En , l'occupation italienne s'étend jusqu'au Rhône (invasion de la zone libre), puis le les troupes allemandes remplacent celles italiennes (conséquence de l'armistice de Cassibile).

L'Armée a déclassé l'ouvrage au début des années 1960, en a retiré l'équipement, puis a vendu l'ouvrage à un particulier.

Notes et références

  1. Philippe Truttmann et David Faure-Vincent, « Ouvrage fortifié dit abri de l'Ancien Camp », sur http://dossiersinventaire.regionpaca.fr/, .
  2. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 32.
  3. La SMIM, Société des moteurs pour l'industrie et la marine, est basée à Paris, construisant des moteurs sous licence Körting.
  4. « ANCIEN CAMP ( Abri ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  5. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Lachal, Fortifications des Alpes : leur rĂ´le dans les combats de 1939-1945 : Ubaye, Ubayette, Restefond, L'Argentière-la-BessĂ©e, Éditions du Fournel, , 303 p. (ISBN 2-915493-30-8).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

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