Ouvrage de Fontvive Nord-Ouest
L'ouvrage de Fontvive Nord-Ouest, appelé aussi l'abri nord-ouest de Fontvive, est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la commune de Val d'Oronaye, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.
Ouvrage de Fontvive Nord-Ouest | |
Vue générale de l'abri de Fontvive Nord-Ouest. | |
Type d'ouvrage | Abri caverne d'intervalle |
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Secteur └─ sous-secteur |
secteur fortifié du Dauphiné └─ sous-secteur de l'Ubayette, quartier Meyronnes |
Numéro d'ouvrage | Ab 1214 |
Année de construction | 1931- |
RĂ©giment | 83e BAF |
Nombre de blocs | 2 |
Type d'entrée(s) | Entrée par un bloc (casemate) |
Effectifs | 52 hommes |
Coordonnées | 44° 28′ 39,95″ nord, 6° 48′ 23,65″ est |
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-de-Haute-Provence
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Il s'agit d'un abri construit à partir de 1931 pour abriter une section de fantassins. En surface, il est composé de deux blocs d’entrée et d'un bloc cheminée.
Description
L'abri est construit sur l'adret de la vallée de l'Ubayette, à 1 695 mètres d'altitude (le fond de vallée est à 1 450 m), juste entre le hameau de Saint-Ours et le village de Meyronnes et légèrement en aval du hameau de Fontvive[1] ; le gros ouvrage de Saint-Ours Haut est plus haut sur le même versant, à 900 mètres plus à l'est.
Position sur la ligne
Dans les Alpes, les fortifications françaises barrent les différents axes permettant de franchir la frontière franco-italienne et d'entrer en France. Ces défenses contrôlent les principales vallées, formant le plus souvent deux lignes successives : d'abord la ligne des avant-postes, ensuite la « ligne principale de défense ». Cette dernière s'appuie sur de gros ouvrages bétonnés.
Dans le cas de la vallée de l'Ubayette, permettant de descendre du col de Larche, le barrage (appelé le « barrage de Larche ») se situe à hauteur de Meyronnes (c'est le « quartier Meyronnes », une subdivision du secteur fortifié du Dauphiné), composée de trois ouvrages : le gros ouvrage de Roche-la-Croix sur l'ubac, le petit ouvrage de Saint-Ours Bas en fond de vallée, et le gros ouvrage de Saint-Ours Haut sur l'adret. L'ensemble est précédé en amont par l'avant-poste de Larche soutenu par les vieilles batteries de Viraysse et de Mallemort, et renforcé légèrement en aval par trois abris : les ouvrages de l'Ancien-Camp, de Fontvive Nord-Ouest et de Saint-Ours Nord-Est.
Blocs et souterrains
L'ouvrage est un abri-caverne, avec en surface deux blocs d'entrée et un bloc cheminée pouvant servir de sortie de secours, les trois sur le même versant regardant vers l'ouest. Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de Fontvive Nord-Ouest est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les entrées, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé. Le niveau de protection se limite au no 1[2], soit une dalle d'un mètre et demie d'épaisseur de béton, ainsi que des murs d'1,70 m (pour ceux qui sont exposés), soit de quoi résister à un bombardement allant jusqu'aux obus de 160 mm.
- L'intérieur du bloc 1.
- Arrivée d'air de l'abri.
- Bloc 1 : la descente vers la galerie de l'abri.
- Le puits de la cloche GFM de l'abri.
- Citernes d´eau.
- La cuisine de l'abri.
- La cuisine de l'abri.
- Vivres et réserve de l'abri.
- L'usine Ă©lectrique.
- Poste de secours.
- La cellule HT de l'abri.
- Bloc 2 : chambre.
Ces trois éléments de surface sont reliés par une galerie souterraine de 31 mètres de long et de quatre de large[1], servant de caserne et de protection (en cas de bombardement) à une section d'infanterie. Cette caserne était équipée d'une infirmerie, de deux chambrées pour 24 hommes avec des lits métalliques, d'une chambre pour trois sous-officiers, d'une chambre pour un officier, d'un poste téléphonique, de stocks de vivres, d'une réserve à charbon et d'une cuisine. Une petite galerie perpendiculaire relie la caserne au niveau de la cuisine à la citerne d'eau, au stock de munitions, aux latrines, aux lavabos et à l'usine[3]. Cette dernière est équipée avec deux groupes électrogènes, composés chacun d'un moteur Diesel SMIM SR 14 monocylindre[4] fournissant 12 ch couplé à un alternateur)[5], ainsi qu'un réservoir de gazole (de quoi tenir trois mois). Les fumées de l'usine et de la cuisine étaient évacuées par un petit bloc cheminée.
- Abri de Fontvive Nord-Ouest.
- Le bloc 1 de l'abri de Fontvive.
- Le bloc 1 de l'abri.
- Le bloc 2, avec sa cheminée permettant l'accès en cas de fort enneigement.
- Une borne militaire de l'abri de Fontvive.
Le bloc 1 est l'entrée nord de l'ouvrage ; la porte blindée était défendue par une caponnière équipée d'un créneau pour fusil mitrailleur et une cloche GFM (pour « guetteur et fusil mitrailleur »). Le bloc 2 est l'entrée sud, équipée d'une sortie neige (un conduit en tôle fixé au-dessus de la porte et dépassant de la visière) ; cette seconde entrée était défendue par un simple créneau pour fusil mitrailleur[6]. Les fusils mitrailleurs, qui se couvrent mutuellement, étaient chacun protégé par une trémie blindée et étanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tiraient la cartouche de 7,5 mm à balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de 9 g pour la modèle 1929 C)[7]. Ces FM étaient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portée maximale est de 3 000 mètres, avec une portée pratique de l'ordre de 600 mètres[8]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de défense intérieure[9]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 à 140 coups par minute[10] - [11].
Histoire
Les plans de l'abri sont validés par la Commission d'organisation des régions fortifiées en 1931. En 1936, le coût de l'ouvrage est estimé à 1 630 900 francs[1] (valeur de )[12].
L'ouvrage a été utilisé comme abri pour une section du 83e bataillon alpin de forteresse d' (date du début de la mobilisation) jusqu'à la fin (après l'entrée en application de l'armistice franco-italien). L'abri est ensuite évacué par son équipage, car la partie alpine de la ligne Maginot se trouvait intégralement dans la zone démilitarisée en avant de la petite zone d'occupation italienne. En , l'occupation italienne s'étend jusqu'au Rhône (invasion de la zone libre), puis le les troupes allemandes remplacent celles italiennes (conséquence de l'armistice de Cassibile).
L'Armée a abandonné l'ouvrage après-guerre, après avoir retirer l'équipement. Les mouvements de terrain ont entrainé de nombreuses fissures dans la galerie[1].
Notes et références
- Philippe Truttmann et David Faure-Vincent, « Ouvrage fortifié dit abri nord-ouest de Fontvive », sur http://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion/, .
- Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 32.
- Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 236.
- La SMIM, Société des moteurs pour l'industrie et la marine, est basée à Paris, construisant des moteurs sous licence Körting.
- « NORD OUEST de FONTVIVE (NOF) ( Abri ) », sur http://wikimaginot.eu/.
- Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 33.
- « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
- « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
- Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
- Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
- Truttmann 1988, p. 374.
- Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.
Voir aussi
Bibliographie
- Philippe Lachal, Fortifications des Alpes : leur rôle dans les combats de 1939-1945 : Ubaye, Ubayette, Restefond, L'Argentière-la-Bessée, Éditions du Fournel, , 303 p. (ISBN 2-915493-30-8).
- Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, éditions Histoire & collections, coll. « L'Encyclopédie de l'Armée française » (no 2) :
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
- Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).