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Orenda PS.13 Iroquois

L'Orenda PS.13 Iroquois était un turboréacteur évolué conçu pour un usage militaire. Dérivé du TR.4 Chinook, il fut développé par le motoriste canadien Orenda Engines (en), filiale du groupe Avro. Destiné à propulser l'intercepteur tout-temps CF-105 Arrow, qui devait succéder au CF-100 Canuck[1], son développement fut stoppé en même temps que celui de l'avion qu'il devait propulser, en février 1959.

Orenda PS.13 Iroquois
(caract. Iroquois 2)
Vue du moteur
Un Orenda Iroquois, exposé au musée de l'aviation du Canada, à Ottawa.

Constructeur Orenda Engines (en)
Premier vol
Utilisation Avro Canada CF-105 Arrow
Caractéristiques
Type Turboréacteur simple flux à double corps avec postcombustion
Longueur 5 900 mm
Diamètre 1 066,8 mm
Masse 2 675 kg
Composants
Compresseur Axial Ă  10 Ă©tages
Chambre de combustion Annulaire, 32 brûleurs
Turbine • HP : Axiale à 1 étage
• BP : Axiale à 2 étages
Performances
Poussée maximale à sec 89,50 kN
Poussée maximale avec PC 130 kN
Taux de compression 8 : 1
DĂ©bit d'air 190,50 kg/s
Rapport Poids/Poussée 20,57 kg/kN

Historique

Conception

Pour le projet du CF-105 Arrow, la compagnie Avro Canada avait à l'origine décidé de choisir un parmi trois moteurs, tous d'origine et de conception britanniques : le Rolls-Royce RB.106, le Bristol B0l.4 Olympus, ou une version produite sous licence de ce dernier, le Curtiss-Wright J67. Le RB.106 et le J67 furent respectivement choisis comme moteur principal et de secours pour le projet d'avion alors sur les planches à dessin. Toutefois, les deux moteurs virent leur développement abandonné pendant que celui de l'Arrow était toujours en cours. Le stade de développement de l'avion était déjà trop avancé pour se rabattre sur le moteur Olympus. Orenda Engines apporta alors une réponse rapide et bienvenue, avec son concept désigné « PS.13 Iroquois ».

De manière gĂ©nĂ©rale, la conception du PS.13 Ă©tait globalement similaire Ă  celle du RB.106, utilisant une architecture Ă  double corps (« Two-spool ») avec des sections de compresseur Ă  haute et basse pression diffĂ©renciĂ©es, pour une plus grande efficacitĂ©. Le nouveau moteur Ă©tait cependant lĂ©gèrement diffĂ©rent de son concurrent par le fait qu'il Ă©tait plus puissant, en particulier lorsque sa postcombustion Ă©tait allumĂ©e. En parallèle, sa conception Ă©tait en fait très novatrice pour l'Ă©poque, le moteur incorporant de nombreuses nouvelles solutions techniques visant Ă  simplifier sa construction et limiter son poids. Ce fut ainsi qu'Orenda inaugura l'apparition du titane dans les turborĂ©acteurs, ce dernier reprĂ©sentant 20 % du poids de l'Iroquois[2], prĂ©sent essentiellement dans les pales du compresseur. Le titane offre l'avantage d'un poids rĂ©duit, d'une grande soliditĂ© et d'une haute rĂ©sistance aux fortes tempĂ©ratures et Ă  la corrosion. Il fut estimĂ© que le moteur Ă©tait environ 386 kg plus lĂ©ger que s'il avait Ă©tĂ© intĂ©gralement conçu avec les matĂ©riaux usuels de son Ă©poque (essentiellement Ă  base d'aciers). Malheureusement, au dĂ©but des annĂ©es 1950, ce mĂ©tal n'Ă©tait que peu disponible, et le manque de connaissances au sujet de ses propriĂ©tĂ©s physiques et de son processus de fabrication posèrent certains problèmes qui restaient Ă  surmonter. Il Ă©tait Ă©galement très cher, en comparaison d'autres matĂ©riaux plus communs, comme l'aluminium ou l'acier.

Il fut constatĂ© que si les diffĂ©rentes pièces du moteur pouvaient ĂŞtre conçues avec du titane, la structure de support du moteur pouvait Ă©galement ĂŞtre allĂ©gĂ©e, en raison de contraintes diminuĂ©es Ă  l'intĂ©rieur de celui-ci, ce qui mènerait Ă  un gain de poids encore plus important en gĂ©nĂ©ral. D'autres Ă©lĂ©ments, comme les carĂ©nages de rĂ©ducteurs furent conçus avec un alliage de magnĂ©sium. De l'Inconel fut utilisĂ© pour fabriquer les aubes de la turbine basse pression du moteur et dans la plaque d'isolation thermique situĂ©e Ă  l'arrière du moteur. Cet alliage de nickel et de chrome rĂ©sistant Ă  la chaleur conserve sa soliditĂ© aux hautes tempĂ©ratures et rĂ©siste Ă  l'oxydation et Ă  la corrosion. La raison principale de l'emploi de ces matĂ©riaux Ă©voluĂ©s fut de rĂ©duire le poids et d'amĂ©liorer la performance, permettant ainsi de crĂ©er un moteur avec un ratio poussĂ©e/poids de 5 : 1 qui pourrait produire une poussĂ©e Ă  sec de 85,63 kN au niveau de la mer (115,63 kN avec la postcombustion).

La conception, le dĂ©veloppement et la fabrication d'un moteur aussi avancĂ© furent rĂ©alisĂ©s en un temps incroyablement court par l'Ă©quipe d'Orenda. La conception commença en , et les premiers dessins furent esquissĂ©s en [1] Le concept final fut achevĂ© en [1], et la première mise en route eut lieu le [1]. Le test de puissance de 50 heures fut effectuĂ© le et le premier allumage de la postcombustion fut effectuĂ© le . Le le moteur avait dĂ©jĂ  accumulĂ© 1 000 heures de fonctionnement sur banc d'essais et il fut envoyĂ© subir des tests de grand froid dès le [1]. Le le moteur fut envoyĂ© au N.A.C.A. (NASA) pour des tests Ă  haute altitude, et le de la mĂŞme annĂ©e le moteur avait dĂ©jĂ  accumulĂ© 100 heures de tests dans ces conditions[1]. Un test de dĂ©monstration Ă  plus de 10 tonnes de poussĂ©e fut effectuĂ© le , les essais suivants ayant eu lieu avec l'aide d'un bombardier B-47 spĂ©cifiquement prĂ©parĂ©[1].

Le moteur prĂ©cĂ©dent, l’Orenda 9, avait plus de pièces et produisait moins de poussĂ©e. Pour exemple, il avait une masse de 1 160 kg et produisait 28,27 kN de poussĂ©e statique, alors que l’Iroquois avait une masse de 2 675 kg mais avait dĂ©jĂ  rĂ©ussi Ă  produire une poussĂ©e statique au dĂ©collage avec postcombustion de 133,45 kN (l’Orenda 9 n'avait pas de postcombustion).

L'Iroquois fut l'un des moteurs les plus puissants au monde Ă  son Ă©poque d'apparition[3], tarĂ© Ă  une poussĂ©e de 85,6 kN Ă  sec et de 111 kN avec la postcombustion. Il avait Ă©tĂ© aĂ©rodynamiquement Ă©tudiĂ© pour atteindre le maximum de ses performances Ă  15 200 m d'altitude et Ă  une vitesse de Mach 2,0[3].

Tests

Un Orenda PS.13 sur son chariot de manutention.

Les tests en soufflerie dĂ©montrèrent le bon fonctionnement du moteur sous des tempĂ©ratures d'admission d'air Ă©levĂ©es et pendant de longues pĂ©riodes. Il fut Ă©galement parfaitement capable de redĂ©marrer plusieurs fois jusqu'Ă  des altitudes de 18 290 m, la limite maximale que pouvait recrĂ©er le tunnel[4].

En 1958, L'iroquois avait dĂ©jĂ  effectuĂ© plus de 5 000 heures de fonctionnement au sol[4], et plusieurs autres milliers d'heures avaient Ă©tĂ© Ă©galement passĂ©es Ă  tester les composants principaux du moteur aux centres d'essais d'Orenda Ă  Nobel, près de Parry Sound, en Ontario.

En 1956, un Boeing B-47 Stratojet amĂ©ricain fut prĂŞtĂ© Ă  la Royal Canadian Air Force[4] Afin d'effectuer des essais en vol de l’Iroquois avant de l'installer dans le CF-105. Canadair, le sous-contractant, attacha un Iroquois au cĂ´tĂ© droit de l'arrière du fuselage du bombardier, près de la dĂ©rive[2], simplement parce-qu'il n'y avait aucune autre place disponible pour le fixer. Le premier vol eut lieu le [1]. DĂ©signĂ© « CL-52 » par Canadair, cet avion fut un cauchemar Ă  piloter, du fait de la poussĂ©e asymĂ©trique ainsi crĂ©Ă©e, qui posait de gros problèmes de contrĂ´le en vol[5]. Après l'abandon du projet de l'Arrow, le B-47B/CL-52, qui avait accumulĂ© environ 352 heures de vols de tests, fut renvoyĂ© aux États-Unis puis dĂ©moli. Le CL-52 fut l'unique B-47 Ă  avoir Ă©tĂ© utilisĂ© par une force Ă©trangère Ă  celle des États-Unis[6].

Après quelque 7 000 heures de tests de dĂ©veloppement, incluant des tests jusqu'Ă  une altitude simulĂ©e de 21 300 m et une vitesse de Mach 2,3, le programme fut abandonnĂ©, en mĂŞme temps que l'Arrow, le [4].

Caractéristiques

Le PS.13 Iroquois est un turborĂ©acteur Ă  double corps et deux compresseurs axiaux sĂ©parĂ©s, pour un total de 10 Ă©tages de compression. La chambre de combustion est de type annulaire Ă  haute vĂ©locitĂ© avec 32 brĂ»leurs vaporisateurs en amont. La turbine Ă  haute pression est Ă  un seul Ă©tage et celle Ă  basse pression est Ă  deux Ă©tages. L'ensemble est suivi d'une postcombustion contenant 60 buses Ă  dĂ©bit variable. Le diamètre du moteur, sans ses accessoires, est de 1 066,8 mm, et de 1 193,8 mm au niveau de sa postcombustion. Le dĂ©bit d'air est approximativement de 190,50 kg/s et de taux de compression est de 8 : 1.

Le ratio poussée/poids de 5 : 1 ne fut pas significativement dépassé jusqu'à l'apparition du Pratt & Whitney F100 des premières versions du F-15 et du F-16 à la fin des années 1960.

Un dĂ©veloppement très intensif fut Ă  l'origine de grandes avancĂ©es dans la conception de chambres de combustion et d'une postcombustion pouvant tolĂ©rer de telles puissances de fonctionnement[1]. De mĂŞme, les roulements principaux du moteur fonctionnaient Ă  des tempĂ©ratures bien plus basses que l'air qui les entourait[1]. L'Ă©quipement externe du moteur incluait des pompes Ă  carburant Ă  entraĂ®nement pneumatique et des contrĂ´les hydromĂ©caniques de chez Lucas-Rotax, des allumeurs et un dĂ©marreur pneumatique AiResearch. Le rĂ©servoir de lubrifiant avait une capacitĂ© de 22,73 litres et la consommation maximale en huile du moteur Ă©tait de 1,70 l/h[1]. Dans l'Arrow, il n'y avait aucun pare-feu transversal : le flux d'air autour du moteur Ă©tait supersonique et les accessoires Ă©taient protĂ©gĂ©s en Ă©tant dissimulĂ©s Ă  l'intĂ©rieur du carĂ©nage du compresseur[1] - [2]. La partie avant du moteur Ă©tait protĂ©gĂ©e du givrage par de l'air chaud prĂ©levĂ© au niveau des compresseurs, procĂ©dĂ© assez classique dans ce domaine. Le moteur ayant Ă©tĂ© prĂ©vu pour fonctionner Ă  hautes vitesses, il crĂ©ait une traĂ®nĂ©e aĂ©rodynamique importante lorsqu'il Ă©tait en-dessous de Mach 1,0, et la tuyère d'Ă©jection des gaz dut ĂŞtre particulièrement travaillĂ©e pour compenser ce problème, en laissant passer l'air Ă  grande vitesse sur l'extĂ©rieur du moteur[2].

Exemplaires conservés

Le Canada Aviation and Space Museum, à Ottawa, détient la section avant (nez + cockpit) de l’Arrow RL 206, en plus de nombreuses autres pièces d'ailes et de fuselage, ainsi qu'un Iroquois-2 complet, numéro de série 117. Un exemplaire de l'Iroquois-1 est visible au Canadian Warplane Heritage Museum, à Mount Hope, près d'Hamilton, en Ontario. Un autre Iroquois-2 est en possession d'un collectionneur privé à Fort St. John, en Colombie Britannique[7].

Notes et références

  1. (en) « Aero Engines 1959 », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 75, no 2617,‎ , p. 396-397 (lire en ligne [PDF]).
  2. (en) « Iroquois : Orenda Engines' Great Supersonic Turbojet », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 72, no 2537,‎ , p. 412-413 (lire en ligne [PDF]).
  3. (en) « Engines - Most powerful turbojet », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 74, no 2589,‎ , p. 402 (lire en ligne [PDF]).
  4. (en) « The Canadian Industry », Flight Magazine International, Flight Global/Archives, vol. 74, no 2587,‎ , p. 264 (lire en ligne [PDF]).
  5. (en) Rossiter 2002, p. 55-56.
  6. (en) « B-47/Canadair CL-52 » [archive du ], b-47.com (consulté le ).
  7. (en) [vidéo] The Assembly Begins sur YouTube.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


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