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Avro Canada TR.4 Chinook

L’Avro Canada TR.4 Chinook fut le premier turborĂ©acteur canadien, conçu par Turbo Research et assemblĂ© par A.V. Roe Canada Ltd. (en), nommĂ© d'après le Chinook, un vent chaud qui souffle dans les montagnes Rocheuses. Seulement trois exemplaires furent construits et aucun ne fut utilisĂ© opĂ©rationnellement. Le Chinook fut nĂ©anmoins un concept extrĂŞmement bĂ©nĂ©fique en termes d'introduction de nouvelles technologies et de nouveaux matĂ©riaux, puis, après Ă©tĂ© poussĂ© de 12 Ă  29 kN, devint l'un des moteurs les plus respectĂ©s des dĂ©buts de l'ère de la propulsion Ă  rĂ©action, le TR.5 Orenda[1].

Avro Canada TR.4 Chinook
Constructeur • Drapeau du Canada Turbo Research
• Drapeau du Canada A.V. Roe Canada Ltd. (en)
Premier vol
Utilisation Aucune (développement)
Caractéristiques
Type Turboréacteur axial simple flux monocorps
Longueur 3 300 mm
Diamètre 810 mm
Masse 570 kg
Composants
Compresseur Axial Ă  9 Ă©tages
Chambre de combustion 6 tubes à flamme indépendants
Turbine Axiale Ă  1 Ă©tage
Performances
Poussée maximale à sec 13,34 kN
Température Entrée Turbine 650 °C

DĂ©veloppement

Fin 1942, le National Research Council of Canada (NRC) envoya le Dr J.J. Greene et Malcolm Kuhring en Angleterre pour se tenir au courant des différentes avancées technologies et projets alors en cours, et surtout pour voir si le Canada pouvait avoir un rôle à y jouer[2]. L'un des nombreux sujets importants du rapport qui résulta de cette mission fut la présentation des travaux menés sur les moteurs à réaction menés par Frank Whittle à Power Jets. Le Department of Munitions and Supply (en) (DMS) trouva qu'il s'agissait là d'une incroyable opportunité de démarrer une activité « en partant de zéro » à propos d'une nouvelle technologie en voie de développement, une que le pays pourrait relativement facilement intégrer à ses activités et qui permettrait, en passant, de réduire sa dépendance envers les fournisseurs étrangers pour l'obtention de moteurs d'avion.

Début 1943, une nouvelle mission, incluant le Dr Ken Tupper et Paul Dilworth, du NRC, et C.A. Banks, du DMS, partit pour l'Angleterre spécifiquement pour étudier le moteur à réaction et déterminer dans quelle mesure le Canada pourrait contribuer à l'effort que nécessitait sa conception. Le rapport résultant, connu aujourd'hui sous le nom de « Banks Report », suggéra deux lignes de recherche. L'une faisait mention qu'aucune entité de cette industrie naissante n'avait réellement compris les effets de la météo réelle sur l'utilisation des moteurs à réaction, en particulier dans les conditions givrantes[2]. Le rapport suggéra de créer un centre de recherches spécifiquement dans le but d'étudier ce problème[2]. Le rapport en vint à suggérer la création d'une compagnie motoriste privée.

Presque immédiatement après leur retour au Canada, Dilworth démarra les travaux sur ce qui allait devenir le « Cold Weather Testing Station » (CWTS, Station de tests par temps froid), a Winnipeg (Manitoba)[2]. Ils prirent livraison d'un Whittle W.1 original, et plus tard d'un Junkers Jumo 004 capturé. Leurs recherches démontrèrent que l'ingestion d'eau diminuait les performances de presque 20 %, ce qui ne surprit finalement pas grand monde, mais par contre la consommation de carburant avait doublé, ce qui fut là une réelle surprise. Des travaux plus approfondis sur l'étude de ce problème mena à la conception de nombreux nouveaux éléments, qui seraient plus tard intégrés sur les futurs moteurs à réaction canadiens.

Alors que le CWTS était en train de se mettre en route, le gouvernement travailla également sur la deuxième partie du Banks Report, et acquit formellement l'entreprise Turbo Research, à Leaside (Toronto), le . Dilworth repartit du CWTS pour mener une série d'études de conceptions basées sur le compresseur centrifuge de style « Whittle », qui reçurent les désignations TR.1, TR.2 et TR.3. Cependant, ces concepts furent abandonnés en faveur d'un nouveau concept à compresseur axial, le TR.4[Note 1], probablement à cause de la présence du moteur allemand Jumo 004 dans leurs locaux. Dans l'année qui suivit, l'équipe fut entièrement constituée, à grand renfort d'ingénieurs, dont Winnett Boyd, Joe Purvis, Burt Avery, et Harry Keast, de Power Jets. La conception détaillée du moteur fut finalisée début 1947 et le moteur fut démarré pour la première fois le .

Ă€ l'Ă©poque Ă  laquelle le Chinook fut conçu, Avro n'avait qu'une faible capacitĂ© de production et aucune expĂ©rience dans la fabrication de moteurs. Ils sous-traitèrent la fabrication de pièces Ă  1 200 compagnies diffĂ©rentes, fournissant des Ă©lĂ©ments de toutes sortes, des engrenages aux roulements, en passant par les pales de compresseur ou de turbine. Une grande part des techniques de fabrications employĂ©es n'avaient jamais Ă©tĂ© nĂ©cessaires au Canada, prĂ©cĂ©demment, et cette situation mena Ă  une mini-rĂ©volution industrielle, car la plupart des techniques mises au point le furent pour ce projet. Parmi les nombreux avantages apportĂ©s Ă  l'industrie canadienne pour le programme Chinook, l'entreprise Light Alloys Ltd. investit dans leur premier moule Ă  aluminium, alors que Shawinigan Chemicals fit de mĂŞme pour les aciers inoxydables.

Alors que l'Ă©quipe avait dĂ©jĂ  en tĂŞte la conception du successeur au Chinook, le TR.5 Orenda, les travaux sur les exemplaires du TR.4 continuèrent, afin de gagner de l'expĂ©rience en construction et en utilisation de ces moteurs. Frank Whittle vit personnellement le moteur en 1948. Seulement six ensembles de pièces moteurs furent fabriquĂ©s, desquels furent fabriquĂ©s trois moteurs complets et une section de compresseur. En , les moteurs avaient fonctionnĂ© plus de 1 000 heures et Ă©taient montĂ©s Ă  plus de 13,34 kN de poussĂ©e.

Caractéristiques

La conception se basant sur un hypothétique chasseur bimoteur, assez probablement similaire au Messerschmitt Me 262, la conception du TR.4 fut sur de nombreux points analogue à celle du Jumo 004.

La diffĂ©rence principale de conception entre ces deux moteurs fut l'emploi de six chambres de combustion (« flame cans ») sĂ©parĂ©es[2] au lieu d'une chambre annulaire, comme sur le moteur allemand. ComparĂ© au Jumo, le Chinook Ă©tait plus petit et plus lĂ©ger : Il avait Ă  peu près le mĂŞme diamètre, mais Ă©tait 50,8 cm plus court et plus lĂ©ger d'environ 136 kg. En dĂ©pit de ces caractĂ©ristiques, il produisait presque le double de sa poussĂ©e, en grande partie grâce aux nouveaux matĂ©riaux, en particulier dans la turbine, qui autorisaient des tempĂ©ratures de fonctionnement plus Ă©levĂ©es.

Le compresseur axial du Chinook consistait en neuf étages[2]. Les deux premiers étaient faits d'acier inoxydable, pour encaisser l'ingestion d'éventuels débris, mais les sept restants étaient faits dans un alliage d'aluminium. Ils étaient attachés à des supports qui étaient eux-aussi essentiellement en aluminium, mais le neuvième disque était lui maintenu par des supports en acier.

Derrière le compresseur Ă©taient situĂ©es six tubes Ă  flammes, qui dĂ©bouchaient sur un Ă©tage de turbine unique[2] en acier. La tempĂ©rature d'Ă©chappement finale (EGT, Exhaust Gas Temperature) Ă©tait de 650 °C. L'air pour le refroidissement de la turbine Ă©tait procurĂ© par des tubes reliant le milieu du compresseur au dĂ©but de la turbine, installĂ©s entre les tubes Ă  flamme. Une section d'accessoires Ă©tait entraĂ®nĂ©e par un arbre Ă  l'avant du moteur Ă  cĂ´tĂ© du roulement principal avant. Ce dernier Ă©tait installĂ© Ă  l'intĂ©rieur d'un cĂ´ne de nez proĂ©minent qui s'Ă©tendait bien au-delĂ  de l'avant du moteur. Un rĂ©servoir d'huile entourait le moteur Ă  environ 4 heures, lorsque l'on regardait le moteur de face.

Notes et références

Notes

  1. (en) Winnett Boyd, « Winnett Boyd fonds. -- 1907-1983. -- 5.25 m of textual records and other materials », Trent University (consulté le )

Références

  1. (en) « Jet progress abroad », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 59, no 2207,‎ , p. 567 (lire en ligne [PDF])
  2. (en) « The Chinook - Jet developements in Canada : First Avro Gas Turbine », Flight International magazine, Flight Global/Archives,‎ , p. 101 (lire en ligne [PDF])

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article (en) Anthony L. Kay, Turbojet : History and development 1930–1960, vol. II : USSR, USA, Japan, France, Canada, Sweden, Switzerland, Italy, Czechoslovakia and Hungary, Marlborough, Wiltshire (England), Crowood Press, , 1re Ă©d., 240 p. (ISBN 978-1-86126-939-3), p. 215-216

Liens externes


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