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Avro Canada TR.5 Orenda

L’Avro Canada TR.5 Orenda est le premier turborĂ©acteur de production de la division turbines Ă  gaz du motoriste canadien Avro Canada (en). D'une conception similaire Ă  celle des premiers turborĂ©acteurs existants, tels les Rolls-Royce Avon ou General Electric J47, l’Orenda a toutefois surpassĂ© ses rivaux dans la plupart des domaines, et les Canadair Sabre motorisĂ©s par des Orendas furent parmi les plus rapides de tous les chasseurs Ă  rĂ©action de première gĂ©nĂ©ration. Plus de 4 000 Orendas de plusieurs versions furent livrĂ©s au cours des annĂ©es 1950, ce qui en fit le plus gros succès d'Avro au niveau motorisation.

Avro Canada TR.5 Orenda
(caract. Orenda 9)
Vue du moteur
Vue en coupe partielle d'un Orenda à Carleton University. Le bouclier d'entrée visible derrière de cône de nez indique que cette version était utilisée dans un CF-100.

Constructeur Avro Canada (en)
Premier vol [1]
Utilisation • CF-100 Canuck
• Canadair Sabre
Caractéristiques
Type Turboréacteur simple flux monocorps
Longueur 3 660 mm
Diamètre 1 100 mm
Masse 1 160 kg
Composants
Compresseur Axial Ă  10 Ă©tages
Chambre de combustion 6 tubes à flamme indépendants
Turbine Axiale Ă  1 Ă©tage
Performances
PoussĂ©e maximale Ă  sec Ă  7 800 tr/min : 29 kN
Taux de compression 5,5 : 1
Rapport Poids/Poussée 40 kg/kN

DĂ©veloppement

La conception de l'Orenda démarra au cours de l'été 1946, lorsque la Royal Canadian Air Force (RCAF) passa une commande à Avro Canada pour un nouveau chasseur tout-temps pouvant opérer de jour comme de nuit. Pour propulser ce concept, Avro décida de construire ses propres moteurs. Ils venaient d'ailleurs récemment d'acheter la société Turbo Research, une ancienne entreprise d'état installée à Leaside, Toronto, pour développer des moteurs à réaction.

Turbo Research Ă©tait alors Ă  mi-parcours de la conception de son premier moteur, le TR.4 Chinook[2], de 13 kN de poussĂ©e, qui pouvait facilement ĂŞtre agrandi pour convenir au nouveau chasseur en cours de conception. Il fut toutefois dĂ©cidĂ© de continuer Ă  travailler sur le Chinook afin d'accumuler de l'expĂ©rience, mĂŞme si la sociĂ©tĂ© n'avait aucunement l'intention de le produire en sĂ©rie.

Alors que le travail sur le Chinook continuait, la toute fraĂ®chement crĂ©Ă©e « Gas Turbine Division » d'Avro dĂ©marra les travaux pour concevoir le plus gros moteur (de 27 kN de poussĂ©e) nĂ©cessaire pour le contrat de la RCAF. Winnett Boyd (en) dĂ©marra la conception dĂ©taillĂ©e en automne 1946, et un contrat formel fut reçu en . La seule modification majeure qui fut appliquĂ©e au concept initial fut l'ajout d'un dixième Ă©tage en acier inoxydable au compresseur, et le changement du matĂ©riau du troisième Ă©tage, qui Ă©tait en aluminium[3], pour le passer Ă©galement Ă  l'acier. Les travaux de conception furent achevĂ©s le , juste avant la première mise en route du moteur Chinook, le . Pendant la phase de conception, Joseph Lucas, au Royaume-Uni, reçut un contrat pour aider l'Ă©quipe Ă  concevoir la chambre de combustion, ce qui mena Ă  un lĂ©ger retard dans le programme, car il fallut utiliser une chambre plus longue que celle prĂ©vue initialement. Le TR-5 rĂ©sultant fut dĂ©signĂ© « Orenda », un mot iroquois signifiant « Ă‚me indienne sur le droit chemin »

Avec l'expĂ©rience acquise sur le Chinook, et grâce au fait que les deux concepts Ă©taient proches sur bien des points[3], les progrès sur l'Orenda furent rapides. Les premières pièces arrivèrent en 1948, et le premier moteur fut assemblĂ© puis dĂ©marrĂ© pour la première fois le . Avro Ă©tait si confiante en ce concept qu'elle invita des officiels de haut-rang de la RCAF et du gouvernement canadien Ă  venir voir de leurs propres yeux ce tout premier test, qui s'est dĂ©roulĂ© sans anicroche après la rĂ©solution d'un problème Ă©lectrique mineur. Dans les deux mois qui suivirent, le moteur avait dĂ©jĂ  passĂ© les 100 heures de fonctionnement, et il atteignit le sa poussĂ©e prĂ©vue de 27 kN. Ă€ cette pĂ©riode, il Ă©tait le turborĂ©acteur le plus puissant au monde, bien que ce record de poussĂ©e fut rapidement rattrapĂ© par le Rolls-Royce Avon RA.3 l'annĂ©e suivante.

Le , il passa le cap des 500 heures de fonctionnement, dont 477 avaient Ă©tĂ© effectuĂ©es avant de nĂ©cessiter une rĂ©vision. En septembre de la mĂŞme annĂ©e, il Ă©tait sur le point de passer le cap des 1 000 heures lorsqu'une veste de technicien (qui contenait des lames de rasoir) fut aspirĂ©e complète par le moteur[3]. Dès lors les tests furent effectuĂ©s avec une sĂ©rie de grilles de protection en mĂ©tal devant l'entrĂ©e d'air afin d'Ă©viter de reproduire ce phĂ©nomène d'ingestion de corps Ă©trangers. Après avoir rĂ©parĂ© les dommages subis, le moteur retourna aux essais, dĂ©sormais rejoint par deux nouveaux exemplaires fraĂ®chement assemblĂ©s de l'Orenda 1. Ensemble, ils passèrent le cap des 2 000 heures de fonctionnement le . Ă€ ce moment-lĂ , un problème de criques de fatigue structurelles dans les septièmes et huitièmes Ă©tages du compresseur fit apparition, ce qui imposa aux ingĂ©nieurs de les redessiner et de les concevoir plus rĂ©sistants. Cette modification rĂ©solut le problème et au mois de juillet les trois moteurs avaient passĂ© le cap des 3 000 heures de fonctionnement.

Les tests en vol dĂ©marrèrent avec un Avro Lancaster modifiĂ© (s/n FM-209[2] - [4] - [5]), l'un des nombreux Mk.10 construits Ă  l'usine Victory Aircraft (en) (dĂ©sormais Avro) pendant la guerre[6]. Les deux moteurs Rolls-Royce Merlin extĂ©rieurs furent remplacĂ©s par des Orendas, et le nouvel avion prit l'air le . Les pilotes d'essais d’Avro prirent beaucoup de plaisir Ă  piloter cet appareil au-dessus du lac Ontario jusqu'Ă  la zone de Buffalo, près de New York, oĂą ils purent aisĂ©ment distancer les P-47 Thunderbolt de l’Air National Guard qui furent envoyĂ©s l'identifier[7]. Lors d'un accident pendant un meeting aĂ©rien, les quatre moteurs de l'avion furent Ă©teints en vol par erreur, mais grâce au court temps de redĂ©marrage des Orendas, l'avion put Ă©viter l'accident[7].En , Ă  la fin de cette phase de tests, l'avion avait accompli 500 heures de vol dans cette configuration. Il fut malheureusement dĂ©truit dans un feu de hangar le .

Production

L’Orenda 2 fut le premier modèle de production, passant ses tests de qualification en . Cette version montra de nouvelles criques de fatigue dans le neuvième étage du compresseur, et des mesures de renforcement furent appliquées comme celles qui avaient été faites pour le premier modèle. Avant même d'être qualifié, le moteur fut installé dans l'Avro CF-100 et vola le , avec un escadron d'avions Mk.2 de pré-production entrant en service dans la RCAF le 17 octobre. L’Orenda 3 fut similaire, mais avait subi de nombreuses modifications lui permettant d'être installé dans le Sabre à la place du J47. Un exemplaire fut produit et envoyé à North American Aviation.

Le premier vrai modèle de production fut l’Orenda 8, qui fut le groupe propulseur du CF-100 Mk.3. Ce modèle vola pour la première fois en et entra en service en 1953. Il fut rapidement suivi par le Mk.4 propulsĂ© par l’Orenda 9, qui vola le , puis par le Mk.4A armĂ© de roquettes Ă©quipĂ© de l’Orenda 11 de 33 kN de poussĂ©e. L’Orenda 11 demandait un plus gros dĂ©bit d'air Ă  travers le moteur et fut donc Ă©quipĂ© d'un second Ă©tage de turbine pour entraĂ®ner le compresseur plus imposant. Le 11 allait devenir la première version de production pour le CF-100, propulsant le Mk.4A et toutes les versions suivantes, avec plus de 1 000 moteurs produits.

Alors que les travaux sur le CF-100 continuaient, la RCAF commença Ă  chercher un nouveau chasseur de jour, et sĂ©lectionna finalement le F-86 Sabre de North American[2] - [3]. Un seul Sabre 3 fut construit avec un moteur Orenda 4, avec des performances similaires Ă  celle des modèles amĂ©ricains. La production se tourna ensuite vers le Sabre 5, avec l’Orenda 10, puis vers le Sabre 6, avec l’Orenda 14 de 32,36 kN dĂ©rivĂ© de l’Orenda 11. Le Sabre rĂ©sultant fut Ă  la fois plus lĂ©ger et plus puissant que ses congĂ©nères Ă  moteur J47[3], et parvint Ă  Ă©tablir une sĂ©rie de records de vitesse aĂ©rienne. La plus notable d'entre elles fut le vol supersonique de Jacqueline Cochran dans l'unique exemplaire de Sabre 3, que Canadair lui prĂŞta pour l'Ă©vènement. Canadair construisit un total de 1 815 Sabres, 937 d'entre-eux Ă©tant Ă©quipĂ©s de moteurs Orenda. Plusieurs exemplaires, notamment chez Boeing, servaient encore dans les annĂ©es 1970.

Le moteur eut un tel succès que la « Gas Turbine Division » de la compagnie Avro fut renommĂ©e Orenda Engines (en), lorsque Hawker Siddeley rĂ©organisa ses acteurs canadiens en 1955. Vers 1953 l’Orenda aurait dĂ» ĂŞtre rejoint par un moteur dans la gamme des 44 kN, le « Waconda »[8].

Caractéristiques

Côté architecture, l'Orenda était plutôt conventionnel, construit avec trois parties principales : Compresseur, chambre de combustion et turbine/tuyère.

À l'avant se situait la section du compresseur, contenant le compresseur axial à dix étages[3] à l'intérieur d'un bouclier en alliage de magnésium. Ce bouclier était usiné avec des cavités qui maintenaient en place les stators. À l'avant du compresseur était installé un cône de nez proéminent contenant le roulement principal avant. Quatre ailettes guides maintenaient le cône en place, avec un arbre de transmission passant à l'intérieur de l'une d'entre-elles pour entraîner le groupe d'accessoires monté sur le dessus de l'ensemble. Le cône de nez contenait également le moteur électrique de démarrage, qui agissait ensuite comme une génératrice, une fois que le moteur était allumé et stabilisé en fonctionnement. Les moteurs utilisés dans le CF-100 contenaient également une invention canadienne unique, deux ailettes proéminentes à l'extrême avant du moteur, qui pulvérisaient de l'alcool à l'intérieur de l'entrée d'air pour agir comme système de dégivrage. Les CF-100 disposaient également des cages anti-débris mentionnées plus tôt.

Le compresseur avait dix étages axiaux de construction mixte aluminium et acier[3]. Dans les Orendas originaux des versions 8, 9 et 10, le taux de compression était de 5,5 : 1, comparé au taux de 3,5 des moteurs conçus en temps de guerre. L'ensemble consistait en trois disques d'aluminium contenant les neuf premiers étages, et un disque d'acier boulonné à la fin, maintenant le dixième disque de compresseur. Le carénage central maintenait l'arbre de transmission turbine/compresseur et était fait d'alliage de magnésium. Autour se situaient les six tubes à flamme indépendants[3] assurant la combustion du mélange air/carburant.

La turbine était faite d'ailettes solides en Inconel[3] attachées à un autre carénage. Elles étaient refroidies par de l'air sous pression prélevé au niveau du cinquième étage du compresseur et transmis par des tuyaux vers l'avant de la turbine. Ces tuyaux étaient installés entre les tubes à flamme. La section de tuyère était faite de feuilles d'acier soudées entre-elles.

Versions

Orenda 14
  • Orenda 1 : Prototypes originaux, 27 kN de poussĂ©e ;
  • Orenda 2 : Premier modèle de production ;
  • Orenda 3 : Un Orenda 1 modifiĂ© pour ĂŞtre installĂ© dans un North American F-86A Sabre, devenant le premier Orenda Ă  voler sur sa propre puissance[1] ;
  • Orenda 8 : FiabilitĂ© amĂ©liorĂ©e, 27 kN de poussĂ©e ;
  • Orenda 9 : PoussĂ©e augmentĂ©e, 29 kN, il imposa quelques changements sur les nacelles ;
  • Orenda 10 : Orenda 9 adaptĂ© au Sabre ;
  • Orenda 11 : Version de production principale pour le CF-100, 33 kN de poussĂ©e ;
  • Orenda 14 : Similaire Ă  l'Orenda 11, 32,36 kN de poussĂ©e, utilisĂ© Ă  la fois sur le CF-100 et le Sabre ;
  • Orenda 17 : Version combinant le compresseur du 9 avec la turbine du 11, en plus d'une postcombustion, 37,8 kN avec PC.

Applications

Notes et références

  1. (en) Leonard Bridgman, Jane's all the World's Aircraft 1955-56, Londres (Royaume-Uni), Jane's Publishing Co. Ltd., .
  2. (en) « Jet progress abroad », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 59, no 2207,‎ , p. 567 (lire en ligne [PDF]).
  3. (en) « Avro Orenda : Canada's Second Turbojet Shows Great Promise », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 56, no 2136,‎ , p. 709 (lire en ligne [PDF]).
  4. (en) « Canadian-Built Avro Lancasters », sur http://www.bombercommandmuseum.ca/index.html, Bomber Command Museum of Canada (consulté le ).
  5. (en) Richard Banigan, « Photos du FM-209 », sur http://www.bombercommandmuseum.ca/index.html, Bomber Command Museum of Canada (consulté le ).
  6. (en) « The Canadian Lancasters », sur http://www.bombercommandmuseum.ca/index.html, Bomber Command Museum of Canada (consulté le ).
  7. (en) Milberry 1981, p. 46.
  8. (en) « British Power Units 1953 », Flight International magazine, Flight Global/Archives, vol. 64, no 2328,‎ , p. 331 (lire en ligne [PDF]).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Larry Milberry, The Avro Canada CF-100, Toronto (CAN), McGraw Hill Ryerson, (ISBN 0-9690703-0-6).
  • (en) Anthony L. Kay, Turbojet : History and development 1930–1960, vol. 2 : USSR, USA, Japan, France, Canada, Sweden, Switzerland, Italy, Czechoslovakia and Hungary, Marlborough, Wiltshire (England), Crowood Press, , 1re Ă©d., 240 p. (ISBN 978-1-86126-939-3), p. 215-216.

Liens externes


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