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Opération Herkules

L'opération Herkules (allemand : Unternehmen Herkules ; italien : Operazione C3) est le nom de code d'un plan militaire de l'Axe prévoyant l'invasion de l'île de Malte pendant la Seconde Guerre mondiale.

Opération Herkules
Description de l'image General map of Malta.svg.
Type Invasion
Localisation Malte, Mer Méditerranée
Planifiée par Kurt Student
Objectif
  • Éliminer Malte comme base aĂ©rienne et navale britannique
  • Assurer un flux d'approvisionnement ininterrompu Ă  travers la MĂ©diterranĂ©e
Date Prévue pour la mi-juillet 1942
Issue Annulé en

En débarquant sur l'île par des moyens aériens et maritimes, les Italiens et les Allemands espéraient éliminer Malte comme base aérienne et navale britannique et assurer un flux ininterrompu de ravitaillements à travers la mer Méditerranée aux forces de l'Axe en Libye et en Égypte.

Malgré de nombreux préparatifs, l'opération a été reportée après la victoire de l'Axe à la bataille de Gazala ( au ), la capture de Tobrouk le et l'opération Aïda, la poursuite des Britanniques lors de leur retraite en Égypte. Prévue pour la mi-, elle fut définitivement annulée en au profit du Blitz.

Origines

Le plan de l'’Axe visant à envahir Malte tire son origine des études militaires italiennes menées au cours de la seconde guerre italo-éthiopienne au milieu des années trente. En 1938, le Comando Supremo, l'état-major de l'armée italienne, avait prévu le volume de transport maritime nécessaire pour le déplacement des forces militaires en Afrique du Nord, estimant la saisie de Malte au préalable. Un plan d'ensemble pour un assaut par la mer fut élaboré et révisé périodiquement, la Regia Marina montrant peu d'intérêt pour celui-ci[1].

Ce concept d'invasion fut remis au goût du jour et approuvé lors d'une réunion entre Adolf Hitler et Benito Mussolini du 29 au 30 avril 1942.

Plans de l'Axe et préparations

Bombardement italien du grand port de Malte ().

Le commandement de la composante aéroportée de l'opération a été confié au Generalmajor Kurt Student. L'appui aérien était composé de la 2e flotte aérienne allemande (sous les ordres du Generalfeldmarschall Kesselring) fut transférée sur les aérodromes siciliens, pour renforcer les unités italiennes de Sicile et de Sardaigne.

Le corps d'armĂ©e d'invasion, commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral Vittorio Sogno, comprenait 62 000 hommes, 700 canons et 1 600 vĂ©hicules. Il se compose de troupes terrestres toutes italiennes :

  • le 30e Corps d'armĂ©e, composĂ© des divisions d'infanterie Superga, Friuli et Livorno, ainsi que du 10e Groupe blindĂ©
  • le 16e Corps d'armĂ©e, composĂ© des divisions d'infanterie Assietta et Napoli
  • troupes spĂ©ciales de dĂ©barquement, avec rĂ©giment d'infanterie de marine San Marco, bataillons de Chemises noires, unitĂ©s d'Ă©lite (appelĂ©es « Arditi » par les Italiens)[2]

S'y ajoutent la division aéroportée Spezia et la division parachutiste Folgore (créée spécialement pour l'occasion), qui aurait été renforcée par la brigade Fallschirmjäger de Ramcke. Les Allemands s'étaient engagés à fournir les planeurs[3].

Enfin, les forces navales auraient Ă©tĂ© composĂ©es des grosses unitĂ©s de la Regia Marina, ainsi que d'une flotte de navires d'assaut : comprenant les cuirassĂ©s Littorio, Vittorio Veneto, Caio Duilio et Andrea Doria, quatre croiseurs lourds, huit croiseurs lĂ©gers et 21 destroyers[4]. Les chantiers de Palerme construisirent pour le compte des Allemands des chalands de dĂ©barquement (une quinzaine en tout), appelĂ©s « Marine Fährprams ». Les Italiens dĂ©veloppèrent un modèle lĂ©gèrement modifiĂ©, appelĂ© « Bette MZ ». Soixante-cinq engins de ce type furent construits. Leurs caractĂ©ristiques sont les suivantes : 47 mètres de long, dĂ©placement de 174 tonneaux, vitesse de 10 nĹ“uds (19 km/h), autonomie de 1 400 milles marins (2 593 km) ; capables d'emporter une charge de 65 tonnes, avec un Ă©quipage de 12 hommes, et un armement (1 canon et 1 mitrailleuse).

D'autres unités furent réquisitionnées (des ferrys et des vaporetti) et des chaloupes motorisées et armées furent construites. D'autre part, une escadrille de vedettes lance-torpilles basée à Augusta, en Sicile, devait faire des missions d'embuscade devant La Valette, afin d'attaquer des navires qui sortiraient du port. Les sous-marins italiens et allemands devaient rechercher et intercepter les forces navales britanniques qui tentaient d'interférer avec les débarquements en mer[5]. Un sous-marin devait être stationné à mi-chemin entre la Sicile et Malte, pour servir de balise de guidage pour les avions de transport se dirigeant vers les zones de largage[4].

La flotte d'invasion devait embarquer Ă  partir des ports de Sicile, Ă  savoir Syracuse, Catane, Licata et Agrigente[3].

Plan de l'opération Herkules.
1 - Premier parachutage
2 - Deuxième parachutage et débarquement amphibie
3 - Invasion vers l'Est
4 - Capture de La Valette et débarquement de troupes supplémentaires

DĂ©fenses de Malte

En 1942, la garnison de Malte Ă©tait composĂ©e de 15 bataillons d’infanterie (11 du Commonwealth et 4 de Malte) rĂ©partis en quatre brigades reprĂ©sentant au total 26 000 hommes. Le soutien des chars Ă©tait fourni par la 1re troupe indĂ©pendante du Royal Tank Regiment, dĂ©barquĂ©e en , initialement Ă©quipĂ©e de quatre chars d'infanterie Matilda II, armĂ©s de canons de 2 livres (40 mm) et de deux chars lĂ©gers Vickers Mk.VIC, armĂ©s de deux mitraillettes (tous les chars faisant partie des dĂ©tachements du 7e rĂ©giment royal de chars et du 3e The King's Own Hussars). Celles-ci ont Ă©tĂ© renforcĂ©es en par huit chars supplĂ©mentaires (quatre chars Cruiser Mk I et trois chars Cruiser Mk IV et un char lĂ©ger Vickers Mk.VIC), ces chars Ă©tant armĂ©s de canons de 40 mm (ils faisaient partie d'un dĂ©tachement du 6e rĂ©giment royal de chars)[6] - [7] - [8] - [9].

L’appui de l’artillerie provenait du 12e Field Regiment, Royal Artillery, équipé de vingt-quatre canons Ordnance QF 25 pounder, capables de fournir un appui-feu dans une plage de 11 km (6,8 mi) et couvrant la majeure partie de l'île tout en restant dans des positions statiques protégées[10].

L'artillerie cĂ´tière de Malte comprenaient 19 canons cĂ´tiers lourds (dont la taille variait de 12 Ă  16 pouces - bien que ces armes de l’époque victorienne aient toutes Ă©tĂ© dĂ©saffectĂ©es), 130 canons cĂ´tiers plus petits (de 6 livres Ă  9,2 pouces), 112 canons antiaĂ©riens lourds et 144 autres plus lĂ©gers[11] - [12] - [1] - [13].

Les canons côtiers les plus petits étaient composés de[14] :

Conséquences

Une date proche de la mi- a été fixée pour l'invasion, en partie pour laisser le temps d'acheminer des troupes d'autres positions sur la ligne de front. Le maréchal Erwin Rommel, commandant des troupes de l’Afrikakorps, soutenait le plan de Malte et a fait part à Hitler de sa demande de troupes d'invasion. Ses raisons de soutenir cette opération visaient à gêner les troupes alliées combattant en Afrique, ainsi qu'à éliminer la menace qui pesait sur les convois se dirigeant vers les forces italo-allemandes avec du ravitaillement, du pétrole et des hommes. Rommel est lucide sur l'importance de Malte, en , il avertit que « sans Malte, l'Axe finira par perdre le contrôle de l'Afrique du Nord »[15].

Il donna la priorité à l'attaque au point de vouloir déplacer des unités de son front pour l'attaque. Le chef de la Luftwaffe, Hermann Göring, s'opposa quant à lui à l'invasion, craignant que celle-ci ne se transforme en une nouvelle déroute pour ses parachutistes, notamment lors de la bataille de Crète. Le Generalfeldmarschall Albert Kesselring, fervent partisan de l'opération, finit par être dissuadé lorsqu'il devient évident que trop d'unités aériennes et terrestres avaient été siphonnées pour soutenir l'entraînement de l'Axe en Égypte, réduisant ainsi les chances de succès. Hitler, manquant de confiance en ses divisions de parachutistes après l'invasion de la Crète et en la capacité de la marine italienne à protéger la flotte d'invasion des attaques de la marine britannique, annula définitivement le plan et mit en place un Blitz sur Malte en bombardant continuellement l'île jusqu'au 21 mai 1943.

L'objectif des Allemands étaient différent de celui des Italiens, les premiers voulaient simplement annihiler la puissance nocive de Malte, les seconds souhaitaient débarquer sur l'archipel pour l'incorporer à la Grande Italie. Si les Allemands faillirent remplir leur objectif, les Italiens ne furent jamais en mesure à un moment ou l'autre de réussir le leur. Il fallut beaucoup de sacrifices à la RAF, à la Royal Navy et à la population maltaise pour sauver Malte.

Notes et références

  1. Greene / Massignani, p. 64
  2. « Forum Histoire - Passion Histoire • Consulter le sujet - Opération Herkule: l'invasion de Malte », sur passion-histoire.net (consulté le )
  3. « Forum Le Monde en Guerre - Malte », sur www.39-45.org (consulté le )
  4. Greene / Massignani, p. 70
  5. Greene / Massignani, p. 209-213
  6. « RTR Independent Troop - Malta », Axis History Forum, (consulté le )
  7. « British Tanks on Malta », World War 2 Mailing List, (consulté le )
  8. « British Forces – MkVIc on Malta », ww2incolor.com, (consulté le )
  9. « British Tanks on Malta », robomod.net, (consulté le )
  10. Greene / Massignani, p. 68
  11. « The place of Malta in British strategic Policy », University College London, (consulté le )
  12. « Malta Garrison 1942 », axis history forum, (consulté le )
  13. « Could Royal Navy save Malta? », groups.google.com, (consulté le )
  14. Hogg
  15. Taylor (1974) p. 182

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Walter Ansel, Hitler and the Middle Sea, Duke University Press, , 514 p. (ISBN 978-0-8223-0224-7)
  • Cajus Bekker, The Luftwaffe War Diaries, Ballantine Books, , 448 p. (ISBN 978-0-306-80604-9)
  • Mariano Gabriele, Operazione C3 : Malta, Rome, Ufficio Storico della Marina Militare, (OCLC 560391306)
  • William Green, Warplanes of the Third Reich, New York, Doubleday, , 672 p. (ISBN 978-0-356-02382-3)
  • Jack Greene et Alessandro Massignani, The Naval War in the Mediterranean 1940–1943, Chatham Publishing, (ISBN 978-1-86176-057-9)
  • Jack Greene et Alessandro Massignani, The Summer of '42 : The Proposed Axis Invasion of Malta, Conshohocken, PA, Command Magazine, jan–feb 1993 (ISSN 0198-7313)
  • Wolf Heckmann, Rommel's War in Africa, Doubleday, , 366 p. (ISBN 978-0-385-14420-9)
  • Ian Hogg, British & American Artillery of World War Two, Greenhill Books, , rev. Ă©d., 255 p. (ISBN 978-1-85367-478-5)
  • (en) Martin Kitchen, Rommel's Desert War : Waging World War II in North Africa, 1941–1943, Londres, Cambridge University Press, , 598 p. (ISBN 978-0-521-50971-8)
  • Laddie Lucas, Malta : The Thorn in Rommel's Side, Leicester, Ulverscroft Large Print, , Large Print Ă©d. (ISBN 978-0-7089-3169-1)
  • Alan J. Levine, The War Against Rommel's Supply Lines, 1942–43, Mechanicsburg, PA, Stackpole Books, , 230 p. (ISBN 978-0-8117-3458-5)
  • Tullio Marcon, I Mule del Mare, Parme, Albertelli, coll. « Storia militare », , 237 p. (ISBN 978-88-87372-02-1)
  • (en) Vincent P. O'Hara, Struggle for the Middle Sea : The Great Navies at War in the Mediterranean Theater, 1940–1945, Annapolis (Md.), Naval Institute Press, , 324 p. (ISBN 978-1-59114-648-3)
  • Helmut Ritgen, The Western Front 1944 : Memoirs of a Panzer Lehr Officer, J.J. Fedorowicz Publishing, , 330 p. (ISBN 978-0-921991-28-1)
  • James J. Sadkovich, The Italian Navy in World War II, Greenwood Press, , 379 p. (ISBN 978-0-313-28797-8)

Liens externes

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