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Blitz (Malte)

Le blitz maltais est à l'image du blitz britannique, il consiste en des bombardements aériens ayant pour objectif de démoraliser la population en prenant préférentiellement pour cible les villes et les civils plutôt que des objectifs militaires.

Blitz allemand à La Valette, le 1er mai 1942.

Contexte

Dès la déclaration de guerre de l'Italie à la France et au Royaume-Uni, la Regia Aeronautica bombarde Malte dès le . Les troupes italiennes de Libye affrontent aussi directement les troupes britanniques d'Égypte. Malte est immédiatement perçue par les Italiens comme une position stratégique que les Britanniques avaient négligée, les îles maltaises avaient été déclarées indéfendables[1], ils avaient déménagé la Mediterranean Fleet de Malte à Alexandrie en , en compensation, ils avaient renforcé la défense aérienne avec des canons anti-aériens[2]. La RAF n'était pas en meilleure position à Malte, l'ensemble des historiens reprennent souvent la légende qui voudrait que l'archipel n'était défendu que par trois avions biplans Gloster Gladiator au nom prédestiné de Faith (Foi), Hope (Espérance) and Charity (Charité)[1]. En fait, ce n'était pas beaucoup mieux, l'aérodrome Ħal-Far disposait au moins de six Gloster Gladiator en ordre de vol et six autres en caisses prêts au montage et aussi des Hawker Hurricane ainsi que quelques appareils de sauvetage en mer ou de chasse sous-marine à la base d'hydravions de Kalafrana. Rapidement, l'état-major du Royaume-Uni va se mobiliser pour mettre en défense sa dépendance qui va devenir l'« île porte-avions ».

En , les Italiens tentent de reprendre l'initiative en réalisant une invasion de l'Égypte, qui tourne court. En , c'est au tour des Britanniques de réaliser l'invasion de la Libye, avec l'opération Compass, qui est un succès. Devant la faiblesse italienne, l'Allemagne nazie vient alors en aide aux Italiens en envoyant le général Erwin Rommel qui, à la tête du Deutsches Afrikakorps, met les Alliés en sérieuse difficulté. Rommel est lucide sur l'importance de Malte, en , il affirme que « sans Malte, l'Axe finira par perdre le contrôle de l'Afrique du Nord »[3]. L'Allemagne nazie reprend à son compte les attaques et la Luftwaffe poursuit les bombardements de Malte jusqu'au . L'objectif des Allemands était différent de celui des Italiens, les premiers voulaient simplement annihiler la puissance nocive de Malte, les seconds souhaitaient débarquer sur l'archipel pour l'incorporer à la Grande Italie. Si les Allemands faillirent remplir leur objectif, les Italiens ne furent jamais en mesure à un moment ou l'autre de réussir le leur. Il fallut beaucoup de sacrifices à la RAF, à la Royal Navy et à la population maltaise pour sauver Malte.

Déroulement du blitz

1940

Le lendemain de la déclaration de guerre de l'Italie, la Regia Aeronautica à 6 h 30 du matin, 55 bombardiers escortés de 21 chasseurs lâchent 142 bombes sur les bases britanniques, plus tard, une deuxième vague de 10 bombardiers et 20 chasseurs frappent de nouveau. Dans l'après-midi une troisième vague de 38 bombardiers et 12 chasseurs frappent la capitale La Valette malgré les tirs de barrage du HMS Terror et des canonnières HMS Aphis (en) et HMS Ladybird (en). Ce premier jour de guerre, les Italiens planifient 8 raids aériens sans véritables oppositions, un seul Gladiator de la RAF ayant réussi à prendre l'air face à 55 bombardiers et 20 chasseurs[4].

Le , un avion de reconnaissance italien est abattu, c'est la première victoire des forces anti-aériennes[5]. le , 12 Fairey Swordfish du 757 Training Squadron des Fleet Air Arm s’échappant du sud de la France pour se rendre en Tunisie atterrissent à l'aérodrome Ħal-Far. Ils sont ensuite à l'origine du premier raid aérien à partir de Malte sur le port d'Augusta en Sicile[6]. Le la RAF enregistre la première victoire aérienne en combat dans le ciel de Malte.

Le , le porte-avions HMS Argus livre à Malte douze avions de chasse Hurricane. Les Britanniques mettaient Malte en état de défense et au cours des opérations Club Run ils réussirent à livrer à Malte 719 Hurricane, Spitfire, Swordfish et Albacore sur 762 envoyés. Mais après seulement huit semaines de combat les Hurricane sont cloués au sol par manque de pièces de rechange[7]. À partir d'Alexandrie et de Gibraltar, en septembre, la Navy réussit à escorter jusqu'à Malte 36 000 tonnes de matériels et de munitions, c'est l'opération Hats[8].

La fin de l'année 1940 voit la montée en puissance de l'aviation basée à Malte. Elle est largement impliquée dans la préparation de la bataille de Tarente, toutes les reconnaissances sont effectuées à partir de Malte avec des Martin Maryland jusque dans la soirée du , quelques heures avant l'attaque avec un hydravion Sunderland.

L'année 1940 se termine avec 45 avions italiens abattus revendiqués par la RAF, les Italiens admettent 35 pertes (23 bombardiers et 12 chasseurs) et 187 bombardiers et 7 chasseurs endommagés principalement par les batteries anti-aériennes[9].

Conséquences

Malte est une des zones les plus bombardées de la Seconde Guerre mondiale, il est tombé plus de bombes sur Malte que pendant toute la bataille d'Angleterre[10]. Le nombre de maisons détruites ou endommagées a été estimé à 85% pour Il-Furjana , 80% à L-Isla, 75% à Ħal Kirkop et La Valette, 70% à Ħal Luqa, Il-Kalkara et Bormla, 65% à Il-Birgu et 60% à Il-Gżira, au total les destructions s'élèveraient à environ 30 000 bâtiments[11]. Entre le et le , les pertes civiles s'élèvent à 1 190 tués plus 296 morts de leurs blessures et 54 portés disparus présumés morts soit 1 540 morts dont 703 hommes, 433 femmes et 404 enfants, auxquels s'ajoutent 1 846 blessés graves et 1932 plus légèrement blessés soit 3 778 blessés.

Notes et références

  1. Taylor (1974) p. 181
  2. Holland (2003) p. 22
  3. Taylor (1974) p. 182
  4. Spooner (1996) p. 15
  5. Bradford (2003) p. 5
  6. Spooner (1996) p. 15.
  7. Holmes (1998) p. 112
  8. Hague (2000) p. 192-193
  9. Shores (1985) p. 81
  10. Holland (2003) p. 417
  11. Spooner (1996) p. 11

Sources bibliographiques

  • (en) Ernle Bradford, Siege : Malta, 1940-1943, Barnsley, Pen & Sword Military, , 248 p. (ISBN 978-1-84884-584-8, lire en ligne).
  • Arnold Hague, The Allied Convoy System 1939-1945, Naval Institute Press, Annapolis, 2000.
  • (en) James Holland, Fortress Malta : an island under siege 1940-1943, Londres, Phoenix, , 485 p. (ISBN 978-0-304-36654-5).
  • (en) Anthony Rogers, Battle over Malta : aircraft losses & crash sites, 1940-42, Stroud, Gloucestershire, Sutton, , 244 p. (ISBN 978-0-7509-2392-7).
  • (en) Tony Spooner, Supreme gallantry : Malta's role in the Allied victory, 1939-1945, Londres, J. Murray, , 358 p. (ISBN 978-0-7195-5706-4).
  • Taylor, Mayer et autres, A History of World War Two, Octopus Books, London, 1974.


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