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Océanographie physique

L'océanographie physique est l'étude de l'état et des processus physiques au sein de l'océan, principalement des mouvements et des propriétés des masses d'eau océaniques.

L'océanographie physique est une des cinq branches que compte l'océanographie, les quatre autres étant la biologie marine, l'océanographie chimique, la géologie marine et la météorologie marine. L'océanographie physique s'intéresse à des cas particuliers de la dynamique des fluides géophysiques.

Température globale de surface observée en juillet 2010

Introduction

Matthew Maury, un des pionniers de l'océanographie a dit en 1855 : Notre planète est recouverte par deux immenses océans ; l'un visible, l'autre invisible ; l'un sous nos pied, l'autre au-dessus de notre tête ; l'un l'enveloppe entièrement, l'autre couvre environ les deux tiers de sa surface. Le rôle fondamental des océans dans le façonnement de la Terre est reconnu par les écologistes, les géologues, les géographes et tous ceux qui s'intéressent au monde physique. Le caractère unique de notre planète est en grande partie dû à la présence d'océans.

Environ 97 % du volume d'eau sur la Terre se trouve dans les océans et ce sont ces mêmes océans qui constituent la principale source de vapeur d'eau pour l'atmosphère et par conséquent des précipitations sous forme de pluie ou de neige sur les continents (Pinet 1996, Hamblin 1998). D'autre part, l'énorme capacité calorifique des océans modère le climat de la planète, et l'absorption par l'océan de nombreux gaz affecte la composition de l'atmosphère. L'océan va jusqu'à modifier la composition des roches volcaniques au fond des océans, tout comme la composition des gaz et magmas créés dans les zones de subduction. Une Terre sans océan serait certainement méconnaissable.

Morphologie

Les ocĂ©ans sont bien plus profonds que les continents ne sont Ă©levĂ©s. L'Ă©lĂ©vation moyenne des terres Ă©mergĂ©es de notre planète n'est que de 840 mètres, alors que la profondeur moyenne ocĂ©anique est de 3 800 mètres. MalgrĂ© cette diffĂ©rence importante, les extrema comme les dorsales et les fosses sont rares aussi bien pour les fonds marins que pour les terres Ă©mergĂ©es.

  • Fosse de Puerto-Rico
    Fosse de Puerto-Rico
  • BathymĂ©trie globale des ocĂ©ans
    Bathymétrie globale des océans

Les processus océaniques rapides

Les mouvements rapides sont largement dominés par les ondes de gravité, en particulier les vagues et la marée. Les vagues assurent un rôle primordial dans les interactions entre l'océan et l'atmosphère car elles déterminent (et sont aussi déterminées par) le "frottement" du vent à la surface de l'océan. D'autres ondes de gravité, les ondes internes, puisent leur énergie des ondes de surface et jouent aussi un rôle important, en particulier lors de leur déferlement dans les grandes profondeurs, ce qui entraîne un mélange partiel des eaux profondes et permet de maintenir la circulation océanique actuelle. Toutes ces ondes produisent des mouvements turbulents lors de leur déferlement ou bien à cause du frottement sur le fond. Les processus océaniques rapides peuvent être étudiés de façon dynamique ou énergétique.

Les processus océaniques lents

L'un des phénomènes lents le plus observé en océanographie est la circulation globale engendrée par le vent, la densité des masses d'eau ainsi que la bathymétrie. Cette circulation est aussi appelée circulation thermohaline car la salinité et la température des masses d'eau influent fortement sur le contenu halin de l'eau, on trouve aussi le terme anglais MOC (Meridional Overturning Circulation). Une des illustrations, bien connue du grand public, de la circulation thermohaline est le Gulf Stream.

Les outils de l'océanographie physique

Pour mesurer des tendances, des corrélations entre différents paramètres physiques, vérifier des théories, les océanographes disposent de plusieurs outils :

Les observations

Les observations in-situ ont été les premières sources d'information sur l'océan. Des instruments très divers ont été produits au cours de l'histoire de l'océanographie, actuellement parmi tous les appareils de mesure, on peut citer :

  • des flotteurs dĂ©rivants (par exemple le rĂ©seau de flotteurs Argo)[1]
  • des mesures de thermosalinographe embarquĂ©e Ă  bord de navire de commerces, militaires ou ocĂ©anographiques
  • des XBT[2] (Xpendable Bathythermograph) lancĂ©s en mer par les militaires surtout avant les annĂ©es 2000.
  • des animaux Ă©quipĂ©s de capteurs (salinitĂ© et tempĂ©rature pour la plupart mais aussi accĂ©lĂ©romètre ou oxygène). Parmi ces animaux, il y a les Ă©lĂ©phants de mer[3] ou les phoques [4] mais aussi des albatros, des manchots, des requins et bientĂ´t des orques. Ils permettent d’acquĂ©rir des donnĂ©es dans des rĂ©gions très inhospitalières (surtout l'Antarctique et les TAAF), Ă  des coĂ»ts bien moins important que les bateaux ocĂ©anographiques, durant des pĂ©riodes longues et les rĂ©sultats sont utilisables Ă  la fois par les biologistes et les physiciens.
  • des bouĂ©es ancrĂ©es Ă  des positions dĂ©finies (près des cĂ´tes, dans les estuaires mais aussi au large)
  • des sondes CTD (Conductivity, Temperature, Depth) gĂ©nĂ©ralement rĂ©alisĂ©es lors de campagnes ocĂ©anographiques[5]
  • des marĂ©graphes
  • des gliders sous-marins[6]

Certaines de ces mesures sont financées par le projet européen MyOcean, et sont collectées par les DAC [7] : - AOML (USA). - MEDS (Canada). - JMA (Japon). - CORIOLIS (France). - BODC (UK). - CSIRO (Australie) ... Toutes ces observations sont stockées dans des bases de données telles que Coriolis gérée par l'Ifremer ou le WOD[8] de la NOAA. Les données sont consultables et téléchargeables [9].

Les modèles

Les modèles utilisĂ©s par les ocĂ©anographes physiciens sont des reprĂ©sentations mathĂ©matiques-informatiques de variables physiques tel que les courants, les vagues, les marĂ©es, les niveaux de l'ocĂ©an, la tempĂ©rature, la salinitĂ©,... Ces modèles ocĂ©aniques peuvent ĂŞtre forcĂ©s par des observations ou rĂ©analyses atmosphĂ©riques (vents, flux de chaleur, flux d'eau douce, flux de gaz ou de matière) pour l'Ă©tude de la rĂ©ponse ocĂ©anique aux fluctuations atmosphĂ©riques ; ils peuvent ĂŞtre couplĂ©s avec un modèle atmosphĂ©rique pour l'Ă©tude ou la prĂ©vision du climat, ou couplĂ©s avec des modèles biochimiques pour l'Ă©tude des Ă©cosystèmes marins. Ce sont des outils complexes qui ont beaucoup progressĂ© depuis les annĂ©es 1980. Les modèles ocĂ©aniques aux Ă©quations primitives procurent aujourd'hui des reprĂ©sentations assez rĂ©alistes des Ă©volutions observĂ©es dans la nature en trois dimensions. Les simulations de l'ocĂ©an global ou de sous-rĂ©gions diffèrent notamment par leur rĂ©solution horizontale : les simulations globales les plus fines actuellement ont des rĂ©solutions de l'ordre du 1/10° (une dizaine de kilomètres Ă  l'Ă©quateur), et les simulations rĂ©gionales peuvent atteindre 100 m de rĂ©solution horizontale ou davantage. Les simulations numĂ©riques complètent les connaissances issues des observations ou de dĂ©veloppements thĂ©oriques, mais requièrent une Ă©valuation prĂ©cise au regard de ces informations. Lorsque cela est nĂ©cessaire (initialisation de prĂ©visions, synthèse des observations passĂ©es), l'assimilation de donnĂ©es ocĂ©aniques spatiales et in-situ permet de contraindre l'Ă©tat simulĂ© des ocĂ©ans Ă  rester proche de son Ă©tat mesurĂ©, en prenant en compte les incertitudes des observations et des modèles eux-mĂŞmes.

L'altimétrie

Des satellites comme ERS2 apportent d'autre informations sur la surface océanique comme la rugosité de l'eau (les vagues), la couleur de l'eau (turbidité), la hauteur des océans (Sea Surface Heigth), ou encore la salinité. Ces données altimétriques alimentent également des modèles d'océans et sont parfois croisées avec les données in-situ.

Les théories

De nombreuses théories issues de la dynamique des fluides ont été appliquées en océanographie pour expliquer des courants, des ondes, des circulations. Parmi les plus connues, on peut citer celles de Harald Sverdrup et de Vagn Walfrid Ekman (Transport d'Ekman) qui établissent des ponts entre océan et atmosphère.

Les laboratoires français

AbréviationNom du laboratoireLocalisation
LOPS[10]Laboratoire d'Océanographie Physique et SpatialeIUEM, Brest, Plouzané Technopole
LOCEAN[11]Laboratoire d’Océanographie et du ClimatParis Institut Pierre-Simon-Laplace
IGE[12]Institut des Géosciences de l’EnvironnementGrenoble
MEOM Research Group[13]MultiscalE Ocean Modelling groupGrenoble
LEMAR[14]Laboratoire des Sciences de l'Environnement MarinIUEM Brest, Plouzané
LOV[15]Laboratoire d’Océanographie de VillefrancheVillefranche-sur-Mer
LEGOS[16]Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie SpatialesToulouse, Cotonou, Nouméa
MIO[17]Institut Méditerranéen d'OcéanologieMarseille

Laboratoires et institutions internationaux

AbréviationNom de l'institutionLocalisation
NODC[18]National Oceanographic Data CenterSilver Spring Maryland USA
CSIRO[19]Commonwealth Scientific and Industrial Research OrganisationClayton South, Victoria, Australie
WHOI[20]Woods Hole Oceanographic InstitutionWoods Hole, Massachusetts, USA
BODC[21]British Oceanographic Data CenterLiverpool UK
AOML[22]Atlantic Oceanographic and Meteorological LaboratoryMiami, Floride USA
KORDI[23]Korean Oceanographic Research and Development InstituteAnsan-si, Corée
INCOIS[24]Indian National Center for Ocean Information ServiceHyderabad Inde
JMA[25]Japan Meteorological AgencyTokyo Japon
CSIO[26]China Second Institute of OceanographyChine

Notes et références

  1. (en) « Argo Data », sur coriolis.eu.org via Wikiwix (consulté le ).
  2. http://www.aoml.noaa.gov/goos/uot/xbt-what-is.php
  3. http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1396.htm
  4. Karine Delord, « Projet ArgoNIMAUX - ArgoNautica_CNES Education Equipe Ecologie des Oiseaux et… », sur cnrs.fr via Wikiwix (consulté le ).
  5. (en) « Instruments - Woods Hole Oceanographic Institution », sur Woods Hole Oceanographic Institution (consulté le ).
  6. « Les Gliders au sein de l'Ifremer », sur mouren.beaussier.free.fr (consulté le ).
  7. (en) « Argo Data Management », sur argodatamgt.org (consulté le ).
  8. (en) Hernan E. Garcia, Olga Baranova, Tim Boyer, « Downloading and reading WOD09 data », sur nodc.noaa.gov (consulté le ).
  9. (en) « Data selection », sur coriolis.eu.org via Wikiwix (consulté le ).
  10. « Laboratoire d'Océanographie Physique et Spatiale », sur Laboratoire d'Océanographie Physique et Spatiale (consulté le )
  11. « LOCEAN », sur upmc.fr (consulté le ).
  12. « Institut des Géosciences de l’Environnement », sur Institut des géosciences de l’environnem… (consulté le ).
  13. « MEOM Research Group », sur meom-group.github.io (consulté le ).
  14. « Laboratoire lemar umr 6539 - laboratoire des sciences de l'environnement marin », sur univ-brest.fr (consulté le ).
  15. (en) « LOV - Laboratoire d'Océanographie de Villefranche », sur obs-vlfr.fr (consulté le ).
  16. « LEGOS », sur obs-mip.fr (consulté le ).
  17. « Institut Méditerranéen d'Océanologie », sur Institut Méditerranéen d'Océanologie (consulté le ).
  18. (en) « National Centers for Environmental Information », sur nodc.noaa.gov (consulté le ).
  19. (en) « Oceans », sur csiro.au via Wikiwix (consulté le ).
  20. (en) « Woods Hole Oceanographic Institution », sur Woods Hole Oceanographic Institution (consulté le ).
  21. (en) « British Oceanographic Data Centre (BODC) — oceanographic and marine data », sur British Oceanographic Data Centre (consulté le ).
  22. (en) « Physical Oceanography Division », sur NOAA's Atlantic Oceanographic and… (consulté le ).
  23. (ko) « Korea Ocean Research & Development Institute », sur kordi.re.kr via Wikiwix (consulté le ).
  24. http://www.incois.gov.in/Incois/incois1024/index/index.jsp?res=1024
  25. « The Second Institute of Oceanography,SOA », sur sio.org.cn via Wikiwix (consulté le ).

Liens externes

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