NicolĂĄs Molero
NicolĂĄs Molero Lobo (AlcalĂĄ de Henares, 1870 - Barcelone, 1947) Ă©tait un militaire et homme politique espagnol.
NicolĂĄs Molero NicolĂĄs Molero Lobo | |
Naissance | AlcalĂĄ de Henares |
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DĂ©cĂšs | Barcelone |
Allégeance | DeuxiÚme République espagnole |
Arme | Infanterie |
Grade | Général de division |
AnnĂ©es de service | Mars 1893 â juillet 1936 |
Commandement | Commandant de la 7e région militaire (Valladolid) |
Conflits | Guerre d'indépendance cubaine ; Guerre du Rif ; Guerre civile espagnole |
Autres fonctions | Ministre de la Guerre dans le cabinet Portela (décembre 1935-février 1936) |
Famille | Ignacio Molero SĂĄez (pĂšre), Juana Lobo Sanz (mĂšre) |
DiplĂŽmĂ© de lâAcadĂ©mie militaire de TolĂšde en 1893, il mena dâabord une carriĂšre dans des unitĂ©s combattantes (Cuba, Maroc), avant dâengager un parcours professionnel dans la MĂ©tropole espagnole et dâescalader tous les Ă©chelons, jusquâau grade de gĂ©nĂ©ral et un poste de commandant de la 7e rĂ©gion militaire Ă Valladolid. SollicitĂ© en par le premier ministre Portela de prendre, en tant que technicien, la tĂȘte du ministĂšre de la Guerre dans le nouveau gouvernement, il accepta, se contentant pendant son bref mandat de mettre en Ćuvre la rĂ©forme militaire conçue par son prĂ©dĂ©cesseur Gil-Robles et censĂ©e abroger en partie celle dâAzaña de 1931.
Au lendemain du scrutin de fĂ©vrier 1936, il proposa, sur les instances de Franco, mais en vain, que lâĂ©tat de guerre soit proclamĂ© afin de juguler les troubles consĂ©cutifs Ă la victoire Ă©lectorale du Front populaire. Lorsque, au dĂ©clenchement du coup dâĂtat militaire de juillet 1936, il fut sommĂ© dans son bureau de Valladolid par les gĂ©nĂ©raux putschistes Saliquet et Ponte de se joindre au mouvement rebelle, il rechigna et fut alors violemment apprĂ©hendĂ© lors dâune fusillade, puis, quelques mois plus tard, dĂ©fĂ©rĂ© en procĂ©dure expĂ©ditive devant un conseil de guerre, qui le condamna en deuxiĂšme instance Ă 30 ans de rĂ©clusion, peine commuĂ©e par Franco en 12 ans de prison.
Biographie
Formation et carriĂšre militaire
Inscrit en Ă lâAcadĂ©mie militaire dâinfanterie de TolĂšde, NicolĂĄs Molero en sortit diplĂŽmĂ© en , avec le rang de lieutenant en second. Il monta au grade de lieutenant en premier en , Ă celui de capitaine deux annĂ©es plus tard, Ă la fois pour mĂ©rites de guerre et par effet dâanciennetĂ©, puis Ă celui de commandant en . Il prit part aux campagnes militaires de Cuba et, en 1914, Ă la guerre du Rif, oĂč, dĂ©fendant le fortin de Bibane, il fut griĂšvement blessĂ© le , devant rester hospitalisĂ© jusquâen dĂ©cembre. Il fut promu lieutenant-colonel en et colonel en , se voyant alors confier le commandement du rĂ©giment dâinfanterie AlcĂĄntara nÂș 58, stationnĂ© Ă Barcelone[1].
Molero était membre de la franc-maçonnerie[2].
Ministre de la Guerre
En , il prĂȘta serment de fidĂ©litĂ© Ă la RĂ©publique espagnole nouvellement proclamĂ©e, et le , alors titulaire du grade de gĂ©nĂ©ral, dirigea au sein du cabinet ministĂ©riel de Manuel Portela le ministĂšre de la Guerre, succĂ©dant Ă ce poste Ă JosĂ© MarĂa Gil-Robles. Celui-ci, victime de la chute de son parti, la CEDA, laquelle entraĂźna la constitution dâun nouveau gouvernement de centre-droit sous la direction du premier ministre Portela, nâaura ainsi occupĂ© la fonction que pendant six mois. Portela, qui avait fini par adopter le principe de dĂ©signer des techniciens pour les ministĂšres de la Guerre et de la Marine, rĂ©solut de placer dans son gouvernement deux militaires professionnels, dont les noms avaient Ă©tĂ© proposĂ©s par AlcalĂĄ Zamora, Ă savoir le gĂ©nĂ©ral Molero et lâamiral Francisco Javier de Salas, ce dernier ayant dĂ©jĂ Ă©tĂ© ministre de la Marine dans lâĂ©phĂ©mĂšre cabinet ministĂ©riel dâavril. Du reste, Molero aussi avait auparavant acceptĂ© le portefeuille de la Guerre dans le gouvernement que Miguel Maura avait tentĂ© en vain de mettre sur les rails dans les jours prĂ©cĂ©dents, en vue de quoi Molero avait quittĂ© Valladolid, pour sâapercevoir, une fois arrivĂ© Ă Madrid, que Maura avait entretemps abandonnĂ© la partie. Pendant quâon sâactivait pour rĂ©soudre la crise, Molero se prĂ©senta devant son prĂ©dĂ©cesseur Gil-Robles, qui Ă©tait alors encore son ministre de tutelle et qui, courroucĂ© par le cours des Ă©vĂ©nements et peu enclin Ă fraterniser avec un militaire proche de Manuel Azaña et choisi par Portela, ordonna son arrestation pour dĂ©sobĂ©issance et abandon de poste ; câest donc Ă©crouĂ© dans la forteresse de Pampelune que Molero apprit sa nomination comme ministre dans le gouvernement Portela. Parmi ses premiĂšres mesures, Molero dĂ©cida dâĂ©vincer Fanjul et Goded â tous deux nommĂ©s par Gil-Robles â de leurs fonctions de sous-secrĂ©taire Ă la Guerre et dâinspecteur gĂ©nĂ©ral de lâarmĂ©e, respectivement[3].
Durant son bref mandat, Molero maintint le gĂ©nĂ©ral Franco comme chef dâĂ©tat-major, et fut chargĂ© de mettre en Ćuvre la loi portant rĂ©forme de lâarmĂ©e, Ă©laborĂ©e par son prĂ©dĂ©cesseur et censĂ©e annuler la rĂ©forme militaire dâAzaña, mais que Gil-Robles nâavait guĂšre eu le temps de faire entrer en vigueur. En rĂ©alitĂ©, hormis en ce qui avait trait Ă la juridiction militaire, ladite loi ne mettait pas vraiment en cause les dispositions maĂźtresses de la loi Azaña, en particulier â question alors fort sensible â admettait-elle la modalitĂ© dâavancement automatique par simple anciennetĂ©, sans formation complĂ©mentaire, des sous-officiers pouvant justifier dâune longue durĂ©e de service[4].
Dans le sillage des Ă©lections du 16 fĂ©vrier 1936, Ă mesure que les rĂ©sultats arrivaient Ă la connaissance du public au cours de la journĂ©e du lendemain 17 fĂ©vrier, la rĂ©action de jubilation populaire donna lieu, chez les partisans du Front populaire, Ă des dĂ©bordements assortis de plusieurs altercations et de troubles Ă lâordre public, de nature, selon Calvo-Sotelo, Ă fausser les rĂ©sultats du scrutin. Franco, aprĂšs avoir essayĂ© vainement de convaincre le gĂ©nĂ©ral Pozas, inspecteur gĂ©nĂ©ral de la Garde civile, dâintervenir, sut persuader Molero de tenter dâamener Portela, qui avait dĂ©jĂ repoussĂ© les requĂȘtes de Gil-Robles dans le mĂȘme sens, Ă rĂ©unir le gouvernement afin de dĂ©crĂ©ter lâĂ©tat de guerre ; câest Franco qui fournit Ă Molero lâargumentaire quâil aurait Ă employer devant Portela. Le gouvernement cependant, sâil accĂ©da dâabord Ă la requĂȘte de Franco, se heurta dans lâaprĂšs-midi Ă lâopposition du chef de lâĂtat AlcalĂĄ Zamora et dĂšs lors ne consentit plus Ă dĂ©crĂ©ter que lâĂ©tat dâalerte[5] - [6]. Molero dĂ©missionna le et fut affectĂ© au commandement de la 7e rĂ©gion militaire (VII DivisiĂłn OrgĂĄnica), avec siĂšge Ă Valladolid[1].
Mise en contexte
La Guerre civile (1936-1939) connut un dĂ©roulement inĂ©gal dans les diffĂ©rentes provinces de lâactuelle rĂ©gion autonome de Castille-et-LĂ©on. Dans la province de Valladolid, la garde d'assaut se souleva Ă 5 heures de lâaprĂšs-midi du [7], puis les militaires insurgĂ©s prirent dans la nuit du 18 au le commandement des forces militaires aprĂšs avoir brutalement apprĂ©hendĂ© le gĂ©nĂ©ral Molero, leur chef lĂ©gitime. Valladolid devint ainsi la premiĂšre grande ville de lâEspagne mĂ©tropolitaine oĂč le coup dâĂtat rĂ©ussit Ă lâemporter[8].
Ensuite, grĂące Ă lâappui des phalangistes et des monarchistes alphonsins de RenovaciĂłn Española, ils eurent tĂŽt fait dâavoir mis sous leur domination la totalitĂ© de la province, puis sâattelĂšrent Ă mettre sur pied une colonne qui entreprit de marcher sur Madrid en passant par les cols de Guadarrama (Alto del LeĂłn) et de Navacerrada, initiative qui donna lieu Ă la premiĂšre bataille de la Guerre civile, Ă savoir la bataille de Guadarrama. DĂšs le dĂ©but du conflit, la province se retrouva, et allait rester, au-dedans de la zone insurgĂ©e, ne faisant Ă aucun moment partie du front pendant toute la guerre civile. NĂ©anmoins, la province eut Ă subir de la part du camp nationaliste une violente rĂ©pression, se traduisant par un nombre de personnes assassinĂ©es estimĂ© Ă plus de 2 500, prĂ©cipitĂ©es pour la plupart dans des fosses communes, et par plus 7 000 victimes de reprĂ©sailles[9].
Si la province de Valladolid fut ainsi lâune des provinces les plus impitoyables dans la rĂ©pression, câest avec la circonstance aggravante que la province se trouvait trĂšs Ă lâĂ©cart des fronts de combat et quâelle Ă©tait exempte de tensions internes graves. En examinant la liste des premiĂšres victimes, on constate certes la prĂ©sence, dans les premiers jours, de personnes des deux camps, et en particulier, dans le camp nationaliste, celle du caudillo de Castille, OnĂ©simo Redondo, auquel sâajouteront plus tard les nationalistes assassinĂ©s par ceux qui, dans le camp rĂ©publicain, entendirent faire justice eux-mĂȘmes[10]. Ainsi quâil ressort des annonces militaires dĂ©crĂ©tant lâĂ©tat de guerre, lâarmĂ©e suspendit sur-le champ la juridiction civile commune, pour lui substituer le Code de justice militaire, ce qui entraĂźna la mise en place de procĂ©dures accĂ©lĂ©rĂ©es (sumarĂsimas) menĂ©es devant des tribunaux militaires et eut pour effet que dans lâEspagne nationaliste lâapplication du droit ordinaire nâĂ©tait plus que rĂ©siduelle[11]. LâopĂ©ration de « nettoyage » eut sa phase la plus intense (quant au nombre des persĂ©cutĂ©s, environ 70,8% du total) au cours du second semestre de 1936, ce que certains ont attribuĂ© Ă la nĂ©cessitĂ© de contrĂŽler Ă©troitement le territoire dâarriĂšre-garde ; câest aussi la pĂ©riode qui se signale par le chiffre des morts imputables Ă des Ă©lĂ©ments « incontrĂŽlĂ©s »[12].
Attitude de Molero lors du coup dâĂtat de juillet 1936
Ă lâĂ©clatement de la Guerre civile, consĂ©cutivement au pronunciamento du 18 juillet 1936, Molero, alors gĂ©nĂ©ral de division et commandant de la 7e rĂ©gion militaire Ă Valladolid, avait regagnĂ© son bureau aprĂšs une rĂ©cente intervention chirurgicale, alors quâil se trouvait encore en pleine convalescence et que des rumeurs de plus en plus insistantes circulaient sur lâimminence dâun soulĂšvement militaire[13].
Les militaires insurgĂ©s, emmenĂ©s par les gĂ©nĂ©raux Saliquet et Ponte, et accompagnĂ©s de quelques officiers de la garnison locale et dâun civil de RenovaciĂłn Española, purent le vers 22 h 30 pĂ©nĂ©trer dans le bĂątiment de lâancienne Capitainerie (siĂšge de la 7e rĂ©gion militaire), grĂące Ă la complicitĂ© du capitaine GĂłmez Caminero, chef du dĂ©partement des Affectations, qui les reçut avec la garde dĂ©ployĂ©e. Saliquet et Ponte eurent une entrevue avec le gĂ©nĂ©ral Molero, interloquĂ© par cette visite intempestive, et le conjurĂšrent de prendre la tĂȘte du mouvement, ou sinon de cĂ©der le commandement. Le refus de Molero donna lieu Ă une vive altercation, puis Ă un Ă©change de coups de feu oĂč Molero et ses deux assistants furent blessĂ©s, et oĂč pĂ©rit le milicien civil de RenovaciĂłn Española[14] - [15] - [16] (certains auteurs, comme Antony Beevor, ont erronĂ©ment indiquĂ© que Molero fut fusillĂ© peu aprĂšs[17] - [18]). Les assistants de Molero, Ăngel Liberal et Roberto RiobĂło, griĂšvement atteints, allaient succomber quelques jours plus tard Ă leurs blessures[19]. Il est Ă noter dâune part quâau moment de lâattaque de Saliquet contre la Capitainerie, la ville de Valladolid avait dĂ©jĂ basculĂ© dans le camp nationaliste, puisque phalangistes et gardes dâassaut sâĂ©taient prĂ©alablement rendus maĂźtres des locaux de Radio-Valladolid, de lâimmeuble de la Poste et du gouvernement civil[20], et dâautre part que la prise de contrĂŽle de la VIIe Division organique fut lâĆuvre, non de lâĂ©tat-major de Molero lui-mĂȘme â qui, mis Ă part un dĂ©nommĂ© LĂłpez Maristany, nâeut aucun rĂŽle dans le putsch de Valladolid â, mais dâun groupe de militaires dâĂ©tat-major dĂ©pĂȘchĂ©s de Madrid (et donc Ă©trangers Ă ladite division), sous le commandement de Saliquet[21].
Ce coup de force fit de Valladolid la premiĂšre place en MĂ©tropole oĂč le soulĂšvement lâemporta dĂšs le soir du [22]. Saliquet proclama ensuite lâĂ©tat de guerre dans la province de Valladolid, et plaça sous sa tutelle la VIIe Division organique et tous les territoires relevant de lâautoritĂ© de celle-ci[15] - [1].
ProcĂšs et condamnations
La trajectoire qui allait conduire NicolĂĄs Molero jusquâĂ son procĂšs sumarĂsimo (câest-Ă -dire en procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e) commence au moment oĂč il fut admis Ă lâHĂŽpital militaire pour y faire soigner les blessures contractĂ©es lors de la fusillade au siĂšge de la Division organique. De lĂ , il fut transfĂ©rĂ© Ă Burgos, puis, le , vers le forteresse-prison San CristĂłbal, non loin de Pampelune. AprĂšs rĂ©daction Ă Valladolid de lâacte de mise en examen le et la notification au prĂ©venu deux jours plus tard, Molero fut transfĂ©rĂ© Ă la prison militaire de Valladolid le [23], et passa en jugement le dans cette mĂȘme ville devant un conseil de guerre, lequel le condamna Ă la peine relativement lĂ©gĂšre de trois ans et un jour dâemprisonnement pour dĂ©lit de « nĂ©gligence ». Lâauditeur, en dĂ©saccord avec la sentence, sâĂ©tant pourvu en appel, un nouveau procĂšs, devant le Haut Tribunal de justice militaire, cette fois sur lâincrimination dâ« adhĂ©sion Ă la rĂ©bellion militaire », aboutit Ă un verdict de trente annĂ©es de rĂ©clusion. En toutefois, la peine fut commuĂ©e par Franco en peine dâincarcĂ©ration de douze ans et un jour[18] - [24], dont Molero pourtant ne purgera que quelques annĂ©es, aprĂšs avoir Ă©tĂ© expulsĂ© de lâarmĂ©e[13]. En effet, en 1940, il lui fut accordĂ© la libertĂ© conditionnelle, encore quâil ait Ă©tĂ© poursuivi dans le mĂȘme temps par le Tribunal des responsabilitĂ©s politiques. Il dĂ©cĂ©da de mort naturelle Ă Barcelone en 1947[25].
Références
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Bibliographie
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- (es) Arturo GarcĂa Ălvarez-Coque, « Los militares de Estado Mayor en la Guerra Civil española (1936-1939) », Madrid, universitĂ© complutense de Madrid / FacultĂ© de gĂ©ographie et histoire / DĂ©partement dâhistoire contemporaine, (thĂšse de doctorat, sous la direction de Juan Pablo Fusi AizpurĂșa et dâĂngel Bahamonde Magro).
Liens externes
- (es) Juan Blåzquez Miguel, « Nicolås Molero Lobo », sur Diccionario biogråfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, (consulté le )
- (es) Ignacio MartĂn JimĂ©nez, « La sublevaciĂłn del 18 de julio en Valladolid », sur Los nueve de Valdestillas, Valladolid, AsociaciĂłn para la RecuperaciĂłn de la Memoria.