Nan Goldin
Nancy Goldin dite « Nan Goldin », née le [1] à Washington, D.C. (États-Unis), est une photographe américaine.
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Domiciles | |
Formation |
School of the Museum of Fine Arts, Boston (en) Université Tufts |
Activité | |
Période d'activité |
- |
A travaillé pour |
Tin Pan Alley (d) |
---|---|
Mouvement |
« Cinq de Boston » (Five of Boston) |
Représentée par | |
Genre artistique | |
Influencée par |
Cookie Mueller, Greer Lankton (en), Jack Smith |
Distinctions | Liste détaillée |
L'œuvre de Nan Goldin est inséparable de sa vie. Marquée par le suicide de sa sœur en 1963, elle évolue tout au long de son existence dans divers milieux qui nourrissent sa créativité. Ses photos prises sur le vif documentent une époque : drogue, prostitution, mouvement gay et lesbien, violence conjugale, crise du sida dans laquelle nombre de ses amis disparaissent.
Depuis sa jeunesse, elle considère la photographie comme le médium idéal pour conserver des traces de vie, permettant ainsi de faire naître une deuxième mémoire.
Nan Goldin mène une campagne contre la famille Sackler, propriétaire de l'entreprise Purdue Pharma qui commercialise l'OxyContin, impliquée dans la crise des opioïdes aux États-Unis. Ses actions aboutissent à ce que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille, et qu'ils effacent leur nom des hommages rendus à leurs mécènes.
Biographie
Nan Goldin naît à Washington DC et grandit dans le Massachusetts, dans une famille juive de la classe moyenne[2]. Lorsqu'elle a 11 ans, sa sœur aînée Barbara se suicide après plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques[3]. À quinze ans, elle s’initie à la photographie, poussée par un de ses professeurs de la Satya Community School de Lincoln (Massachusetts).
Dans une interview à The Advocate, elle déclare être activement bisexuelle depuis le début de sa vie sexuelle[4]. Elle indique par ailleurs avoir été largement inspirée et influencée par la communauté LGBT, qui l'a entourée depuis son adolescence[4].
En 1972, elle entre à l’école de musique à Boston où elle rencontre le photographe David Armstrong. Ce dernier devient drag queen, ce qui permet à Nan Goldin de côtoyer ce milieu très marginalisé qu'elle photographiera tout au long de sa vie. À cette époque, Nan Goldin utilise surtout les couleurs primaires. Après avoir déménagé à New York, en 1978, elle commence à réaliser des photos aux couleurs saturées, plongées dans une lumière artificielle. Elle tombe enceinte d'un père anonyme.
Durant ces années commence à naître l’œuvre qui la rendra célèbre et qui met plus de 16 ans à être élaborée, The Ballad of Sexual Dependency, constituée de plus de 800 diapositives projetées en boucle et accompagnées de chansons issues d’univers et d’inspirations très divers, tels que James Brown, Maria Callas ou The Velvet Underground.
Les principaux thèmes évoqués sont la fête, la drogue, la violence, le sexe, l’angoisse de la mort. Pourtant, Goldin a avant tout le désir de photographier la vie telle qu'elle est, sans censure. Or, selon elle, ce qui est intéressant, c'est le comportement physique des individus. Elle traite de la condition humaine, de la douleur et de la difficulté de survivre.
Nan Goldin n’a pas de tabou, allant même jusqu'à se photographier peu après avoir été battue par son petit ami de l’époque, ce qui avait manqué de lui faire perdre un œil. Ce fameux cliché fait partie de la série intitulée All By Myself qui évoque et qui atteste son propre délabrement, physique et mental. C’est en étalant publiquement sa vie et son histoire qu’elle réussit à mieux se comprendre et à s’accepter, tout en s’identifiant dans la société.
Nan Goldin est confrontée au début des années 1980 à l’apparition du sida, qui décime ses amis proches et ses modèles, qu’elle considère comme sa propre famille, et qu’elle photographie de leur vie quotidienne à leur cercueil. C'est le cas par exemple de Cookie Mueller, morte à 40 ans le , à qui Goldin consacre une exposition en 1991. À cette occasion est publiée La Dernière Lettre (A Last Letter) de son amie, qui décrit le drame de la génération du début du baby-boom fauchée par l'épidémie.
Nan Goldin vit depuis 2007 entre Londres et Paris. Son travail évolue vers des ambiances moins destructrices et plus tendres que ne l'étaient ses travaux des années 1980.
En 2014, comme elle souffre d’une tendinite au poignet gauche, un médecin berlinois lui prescrit de l’OxyContin. Ce puissant anti-douleur crée chez elle une addiction, si bien qu'en , elle doit suivre une cure de désintoxication. Nan Goldin décide alors de mener une campagne contre la famille Sackler, en possession de Purdue Pharma, l'entreprise qui vend l'OxyContin aux États-Unis. Elle souhaite notamment que les musées n'acceptent plus le mécénat de cette famille[5] - [6].
DĂ©coration
- 2006 : Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres[7] - [8]
Ĺ’uvre
Nan Goldin et ses photographies forment un ensemble singulier où le spectateur se sent « aspiré » par leur monde. Archétypes communs, mémoire collective, histoires dans lesquelles il s'identifie et/ou s'interroge, la photographie de Nan Goldin renvoie le spectateur à ses propres questionnements.
Son travail est considéré comme un miroir tendu à sa génération ou comme un répertoire désenchanté d'évènements récents de notre expérience collective. Il soulève notamment les problèmes de la relation entre vérité et simulation, entre prose et poésie.
Diaporamas
- 1981-1996 : The Ballad of Sexual Dependency
- 1987 : The Ballad of Sexual Dependency, Les Rencontres d'Arles (projection)
- 1994 : The Other Side: 1972-1992
- 1994-1995 : Trio to the End of Time
- 1992-1996 : All By Myself
- 1997 : The Ballad of Sexual Dependency, Les Rencontres d'Arles (projection au théâtre antique le mercredi )
- 2001 : Heartbeat
- 2004 : SĹ“urs, Saintes et Sibylles
- 2008 : The Other Side, 1972 - 2006
- 2008 : The Ballad of Sexual Dependency, 1981-2006
- 2009 : The Ballad of Sexual Dependency, 1981-2006, Les Rencontres d'Arles (projection au théâtre antique), musique live : Tiger Lillies
Principales expositions
- 1987 : « The Ballad of Sexual Dependency », Arles
- 1992 : « Désordres », galerie du Jeu de Paume
- 1997 : « Nan Goldin », Arles
- 2000[9] : « Nan Goldin, le feu follet », Centre Pompidou, Paris
- 2004[10] : « Sœurs, Saintes et Sibylles », installation et diaporama dans la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, Paris
- 2009 : directrice artistique des Rencontres d'Arles
- 2010-2011[11] : « Poste Restante », Fotomuseum, Rotterdam
- 2010-2011[12] : « Nan Goldin, Berlin Work », Berlinische Galerie, Berlin
- 2017: «Weekend Plans», Musée irlandais d'Art moderne, Dublin[13]
- 2018[14] : « Fata Morgana », Condette, château d'Hardelot
Collections publiques
- Collection Lambert, Avignon
Prix
- 2006: Ordre des Arts et des Lettres
- 2007 : Prix international de la Fondation Hasselblad
- 2013 : Prix d'honneur du festival international du livre d'art et du film (Perpignan) pour l'ensemble de son Ĺ“uvre[15] - [16]
- 2018: MĂ©daille du centenaire de la Royal Photographic Society [17]
Publications
- The Ballad of Sexual Dependency, Aperture, 1986 (ISBN 978-0893812362)
- Cookie Mueller (catalogue d'exposition), Pace/MacGill Gallery, New York, 1991 (ISBN 1-879532-00-X)
- Vakat, Watler Konig, Cologne, 1993
- The Other Side, Perseus Distribution Services, 1993 (ISBN 1881616037)
- Tokyo Love, Hon don do, Tokyo, 1994
- A Double Life, Scalo, Zurich, 1994
- Desire by Numbers, Artspace, San Francisco, 1994
- The Golden Years (catalogue d'exposition), Yvon Lambert, Paris, 1995
- I'll Be Your Mirror (catalogue d'exposition), Scalo Publishers, 1996 (ISBN 978-3-931141-33-2)
- Love Streams (catalogue d'exposition), Yvon Lambert, Paris, 1997
- Emotions and Relations (catalogue d'exposition), Taschen, Cologne, 1998
- Ten Years After: Naples 1986-1996, Scalo Publishers, 1998 (ISBN 978-3931141790)
- Couples and Loneliness, Korinsha Press, Tokyo, 1998
- Nan Goldin, 55, Phaidon, Londres, 2001 (ISBN 978-0714840734)
- Le Terrain de jeu du diable, (Devils Playground), Phaidon, 2003 (ISBN 0-7148-9371-4)
- SĹ“urs, Saintes et Sibylles, Ă©ditions du Regard/Festival d'automne Ă Paris, 2005 (ISBN 2-84105-179-X)
- The Beautiful Smile, Steidl, 2007 (ISBN 978-3865215390)
- Variety, Textuel, Paris, 2009 (ISBN 978-2-84597-351-0)
Notes et références
- Notice d'autorité personne du catalogue général de la BNF.
- (en-GB) Sean O'Hagan, « Nan Goldin: 'I wanted to get high from a really early age' », The Observer,‎ (ISSN 0029-7712, lire en ligne, consulté le ).
- « Arles, 40 ans et Nan Goldin », sur Télérama, .
- (en) The Advocate, 15 oct. 1996, p. 68.
- Maud Darbois, « Addiction aux opioïdes : la photographe Nan Goldin s’attaque à l'industrie pharmaceutique américaine », sur Les Inrocks, Les Inrocks, (consulté le ).
- « Nan Goldin en campagne contre le médicament OxyContin et la famille Sackle », sur L'Œil de la Photographie Magazine, (consulté le ).
- Insignes remis par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, le 27 juin 2006.
- Discours prononcé par le ministre.
- Du 11 octobre au 31 décembre.
- Du 16 septembre au 1er novembre.
- Du 2 octobre 2010 au 2 janvier 2011.
- Du 20 novembre 2010 au 28 mars 2011.
- (en) « Nan Goldin », sur IMMA (consulté le )
- Du 2 juin au 11 novembre 2018.
- Philippe Régnier, « Le FILAF lance sa troisième édition à Perpignan », Le Quotidien de l'art, no 407, 26 juin 2013.
- Art Media Agency, 21 juin 2013.
- « The Royal Photographic Society Awards 2018 - RPS », sur web.archive.org, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Christoph Heinrich (sous la dir. de) (trad. de l'allemand), Émotions & relations : Nan Goldin, David Armstrong, Mark Morrisroe, Jack Pierson, Philip-Lorca diCorcia, Köln - New York, Taschen, , 200 p. (ISBN 3-8228-7507-4)
- Guido Costa (trad. de l'anglais), Nan Goldin, Paris, Phaidon, coll. « 55 », , 125 p. (ISBN 0-7148-9148-7)
- « Nan Goldin ou la politique de l'intimité », Frédéric Martel, La Nouvelle Revue française, Gallimard, , no 559, p. 274–289
Filmographie
- Contacts, Jean-Pierre Krief, France, 2000, 14 min, Arte
- Toute la beauté et le sang versé (All the Beauty and the Bloodshed), documentaire américain réalisé par Laura Poitras, sorti en 2022. Nan Goldin y montre son combat qui finit par aboutir au retrait du nom de la famille Sackler (propriétaire de Purdue Pharma) associé à des salles ou des ailes entières de grands musées. La philanthropie de la famille Sackler est qualifiée de blanchiment de réputation à partir des bénéfices tirés de la vente d'opiacés.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- Galerie nationale de Finlande
- MusĂ©e national centre d'art Reina SofĂa
- Tate
- (en) Art Institute of Chicago
- (en) Art UK
- (en) Auckland Art Gallery
- (en) Grove Art Online
- (da + en) Kunstindeks Danmark
- (en) Musée d'art Nelson-Atkins
- (de + en) Musée Städel
- (en) Museum of Modern Art
- (en) MutualArt
- (en) National Gallery of Art
- (en) National Gallery of Victoria
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) IMDb
- Ressources relatives Ă la musique :
- Discogs
- (en) MusicBrainz
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (fr) Autour de Nan Goldin - Portfolio créé à l'occasion de la rétrospective au Centre Pompidou
- (fr) Biographie de Nan Goldin sur arts.fluctuat.net
- (en) Entretien par Adam Mazur et Paulina Skirgajllo-Krajewska - « If I want to take a picture, I take it no matter what »
- (en) Présentation de la série Noyades intimes
- (en) Série d'œuvres au musée d'Art moderne de San Francisco