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Musique en réseau

Un concert de musique en rĂ©seau ou de tĂ©lĂ©musique consiste en une ou des interactions en temps rĂ©el, en direct et Ă  distance, assurĂ©es par un rĂ©seau informatique (et tĂ©lĂ©matique) qui permet aux musiciens rĂ©partis dans diffĂ©rents lieux distants de jouer ensemble de la mĂȘme maniĂšre que s'ils Ă©taient dans le mĂȘme espace et dans la mĂȘme salle de concert[1]. Les applications actuelles comprennent des concerts publics[2], des rĂ©pĂ©titions d'ensembles instrumentaux et d'orchestres[3], des sessions de musique improvisĂ©e et des sessions pĂ©dagogiques tels que des master-classes[4]. Ce nouveau type de "scĂšne" (« stage ») se dĂ©veloppe donc autant dans la musique la plus actuelle (contemporaine, improvisĂ©e, Ă©lectronique[5]) et dans la musique classique (concerts, rĂ©pĂ©titions, concours internationaux, master-classes).

Les musiciens utilisent des connexions soit standards comme Internet ou ADSL, soit issues de l'informatique musicale en combinant le langage MIDI, l'Ethernet et l'Internet, soit encore de trĂšs haut dĂ©bit, ISDN et Internet2. Ces derniĂšres sont des connexions multiplex audio et video de haute fidĂ©litĂ©[6]. Le dĂ©veloppement informatique de la musique en rĂ©seau a permis d'Ă©laborer ou de s'appuyer sur des outils logiciels de collaboration Ă  distance[7] et des logiciels spĂ©cifiques (tels que « Quintet.net » de Georg Hajdu, et, au milieu des annĂ©es 1990, « ResRocket ») ou des ajouts de fonctions Ă  des logiciels existants la plupart modulaires (tels que Max/MSP et PureData). Lorsqu'elle ne se substitue pas au concert traditionnel, les musiciens et les auditeurs Ă©tant dans la mĂȘme salle de concert, la musique en rĂ©seau correspond Ă  un dispositif utilisĂ© lorsque la coprĂ©sence des musiciens, et des auditeurs, est impossible. Dans ses aspects les plus avancĂ©s, la musique en rĂ©seau permet l'approche de nouvelles formes d'expression musicale. Le dispositif en rĂ©seau peut aussi intĂ©grer des audiences Ă  distance, public rĂ©parti, ou permettre des configurations dans lesquelles par exemple la direction d'orchestre est exĂ©cutĂ©e Ă  distance[8].

De nouvelles initiatives voient le jour, proposĂ©es au grand public comme aux musiciens professionnels en exploitant les capacitĂ©s du rĂ©seau internet et l'amĂ©lioration des codecs. Le service zikandjam.com qui repose sur le logiciel open source Jamulus permet la crĂ©ation en temps rĂ©el d'Ɠuvres jouĂ©es par des musiciens distants de plusieurs milliers de kilomĂštres avec une latence infĂ©rieure Ă  25ms et une qualitĂ© audio rĂ©glable ainsi qu'un choix entre une Ă©coute/diffusion en mono ou en stĂ©rĂ©o. Cette tendance est dĂ©sormais connue sous ne nom de Jam Session online ou Jam Session en ligne.

Situation

Un instrumentarium ?

Les dĂ©veloppements et la pratique de la musique en rĂ©seau sont animĂ©s par un dĂ©bat en cours : l'objectif est-il de reproduire la configuration du concert tel que nous le connaissons et ainsi de plier les conditions techniques existantes afin de les optimiser et de supprimer les effets de distance et ceux rĂ©siduels de la tĂ©lĂ©prĂ©sence ? ou faut-il considĂ©rer que la distance et la rĂ©partition (des acteurs d'un concert), ainsi que les conditions techniques des flux (streaming), modifient les constituants musicaux, instrumentaux et compositionnels et permettent d'envisager de nouvelles formes musicales d'interprĂ©tation, de composition et de public ? Ce mĂȘme type de question, identifiĂ© par Marc Battier (en) en tant que "paradoxe de la lutherie Ă©lectronique"[9], avait Ă©tĂ© posĂ© lors de l'apparition des instruments Ă©lectroniques comme avec les synthĂ©tiseurs : devaient-ils simplement reproduire les instruments classiques (voire les remplacer) ou devenir des instruments Ă  part entiĂšre avec leur propre registre, facture, rĂ©pertoire et palette sonore et ainsi solliciter des modes et formes nouveaux d'Ă©criture et de composition ?

La musique en rĂ©seau (ou tĂ©lĂ©musique) peut apparaĂźtre moins comme l'identification d'un genre musical en tant que tel (c’est-Ă -dire s’appuyant sur son propre langage et crĂ©ant ses propres codes) qu’une mise Ă  jour des conditions musicales — c'est-Ă -dire un renouvellement des conditions de la musique et de celles de faire de la musique. Ou alors, hypothĂšse corollaire, faudrait-il l’apparenter aux autres instrumentariums et auditoriums (tels que la musique de chambre, la musique Ă©lectroacoustique, etc.), et aux dispositifs qu’ils constituent respectivement pour produire et reprĂ©senter de la musique ; chacun de ceux-ci prĂ©sentant aussi des variations de conditions qui leur sont propres ou qui interagissent entre eux, et qui retracent des gĂ©nĂ©alogies : historiques, techniques, d’écoute, etc.

Ces investigations prolongent les rĂ©flexions visionnaires d'Edgard VarĂšse lorsqu'il Ă©nonçait en 1917 : « Il faut que notre alphabet musical s'enrichisse. Nous avons aussi terriblement besoin de nouveaux instruments. [...] Les nouveaux instruments ne doivent ĂȘtre aprĂšs tout, que des moyens temporaires d'expression. Les musiciens doivent aborder cette question avec le plus grand sĂ©rieux, aidĂ©s par des ingĂ©nieurs spĂ©cialisĂ©s. J'ai toujours senti dans mon Ɠuvre personnelle, le besoin de nouveaux moyens d'expression. Je refuse de ne me soumettre qu'Ă  des sons dĂ©jĂ  entendus. Ce que je recherche, ce sont de nouveaux moyens techniques qui puissent se prĂȘter Ă  n'importe quelle expression de la pensĂ©e et la soutenir. »[10]; ou encore dans un Ă©crit ultĂ©rieur de 1936 : « Moreover, the new musical apparatus I envisage, able to emit sounds of any number of frequencies, will extend the limits of the lowest and highest registers, hence new organizations of the vertical resultants: chords, their arrangements, their spacings, that is, their oxygenation. [...] I am sure that the time will come when the composer, after he has graphically realized his score, will see this score automatically put on a machine which will faithfully transmit the musical content to the listener.»[11]

L'attention et la conscience inter-active

Les conditions d'un systĂšme de musique en rĂ©seau participent aux questions actuelles Ă  propos des interactions Ă  distance mĂ©diatĂ©es par les rĂ©seaux Ă©lectroniques, dont notamment celles concernant les communications inter-individuelles. Selon Gutwin et Greenberg[12], les notions de perception, d'attention et de conscience (sensible) dans une situation face-Ă -face, notamment dans les configurations d'Ă©changes, de conversation et de collaboration de travail, font partie intĂ©grante de la communication consĂ©quentielle, de l'alimentation de la conversation inter-individuelle et de la communication intentionnelle (ce que nous pourrions appeler la distinction entre destinataire et destinateur, c'est-Ă -dire toutes les conventions d'adresse et d'adressage). La configuration d'un concert traditionnel est un exemple de couplage serrĂ© et de collaboration synergĂ©tique dans lesquels les participants acquiĂšrent un degrĂ© Ă©levĂ© d'attention et de conscience collective. Alfred SchĂŒtz dans son article « Faire de la musique ensemble » a relevĂ© cet aspect de la relation sociale qui est particuliĂšre Ă  la situation musicale; nous pourrions aussi nous reporter Ă  des ouvrages plus anciens tels que « Comment Écouter » (« Peri tou akouein ») de Plutarque[13], et quelques extraits des Livres I et III des « Essais » de Montaigne dont « la parole est Ă  moitiĂ© Ă  celui qui parle, moitiĂ© Ă  celui qui l'Ă©coute »[14]. Les gestes, expressions faciales et mouvements corporels des musiciens partenaires, tout autant que les sons Ă©mis par leurs instruments sont des indices signifiants et intentionnels pour les autres musiciens[15]. D'autres recherches indiquent que les musiciens sont aussi trĂšs sensible Ă  la rĂ©ponse (feedback) acoustique de l'environnement dans lequel ils jouent[16]. IdĂ©alement, un dispositif de musique en rĂ©seau devrait faciliter un haut degrĂ© d'attention individuelle et collective similaire Ă  celui dont les instrumentistes font l'expĂ©rience dans une configuration de concert traditionnel.

La syntonie

Dans son article « Faire de la musique ensemble » (1951)[17] Alfred SchĂŒtz analyse la situation musicale constituĂ©e d’un groupe d’interprĂštes et d’auditeurs ensemble, s’orientant les uns les autres Ă  partir d’indices et de rĂ©actions d’interprĂ©tation au long d’un temps musical (ce qu'il appelle la « syntonie ») : « Chaque action de chaque interprĂšte s’oriente non seulement selon la pensĂ©e du compositeur et sa relation au public mais, aussi, de façon rĂ©ciproque, selon les expĂ©riences dans les temps externe et interne des autres interprĂštes ; [...] [c]hacun d’eux doit, par consĂ©quent, prendre en compte ce que l’Autre doit interprĂ©ter simultanĂ©ment. [...] Tout musicien de chambre sait Ă  quel point une disposition qui les empĂȘche de se voir peut ĂȘtre dĂ©rangeante »[18].

Ces situations de syntonie basĂ©es sur les Ă©lĂ©ments phatiques et de prosodie musicale dans la tĂ©lĂ©musique dans laquelle les musiciens sont acousmates, sont essentielles pour les concerts en rĂ©seau de musique improvisĂ©e expĂ©rimentale (c'est-Ă -dire sans partition ni direction des musiciens) tels qu'ils se dĂ©veloppent aujourd'hui (nomusic.org, Le Placard, Sobralasolas !, etc.). Dans ces cadres d’improvisation voire de cocomposition, les musiciens construisent des configurations spĂ©cifiques qui leur permettent de se syntoniser, d'engager des et de suivre une conduite commune aussi minimale soit-elle (pour, par exemple, la gestion du dĂ©but et de la fin d'un set), en plus du suivi effectuĂ© par l'Ă©coute : par exemple, en utilisant une interface textuelle de communication (de type IRC, « chat »), ou une communication visuelle (de type « Skype »), ou encore en proposant que le point d'Ă©mission Ă  domicile (« at home ») de chaque musicien lorsque ceux-ci sont tous rĂ©partis, soit le lieu d'accueil d'un public local. Ainsi il y a autant de lieux d'Ă©mission que de lieux de rĂ©ception publique, le public Ă©tant distribuĂ©. Une derniĂšre proposition est d'ouvrir Ă  un public internaute (dissĂ©minĂ©, pouvant Ă©couter chez eux) en mettant Ă  disposition sur les rĂ©seaux l'accĂšs Ă  l'Ă©coute du stream gĂ©nĂ©ral de la prestation collective[19].

Il s'agit d'explorer les conditions des ensembles instrumentaux distribuĂ©s et des systĂšmes de jeux et d’écriture qu’elles engagent vis-Ă -vis d’un dispositif initial issu des formes concertantes et performatives : les places du public, de l’audience, de l’auditeur et des musiciens s’ajustent sur cette question de participation et de syntonie. C'est l'enjeu, aujourd’hui, de plusieurs projets d’Ɠuvres et de composition musicales en rĂ©seau sont menĂ©s par les compositeurs[20]. Durant les annĂ©es 1980, le collectif The Hub[note 1] pratiquait Ă©galement lors de concerts ce type d’improvisation informatique sur une configuration en rĂ©seau Ă  laquelle les exĂ©cutants sur scĂšne Ă©taient tous reliĂ©s, interagissant les uns les autres ; nous pouvons aussi nous rĂ©fĂ©rer aux improvisations Ă©lectroniques qui se sont dĂ©veloppĂ©es antĂ©rieurement Ă  cette date (David Tudor, John Cage, AMM, Karlheinz Stockhausen, etc.)[21], mĂȘme si ces structures de participation peuvent sembler plus Ă©loignĂ©es.

L'Ă©coute et le direct

La composition peut s'emparer aujourd'hui de cette question fondamentale, aprĂšs que celle-ci a traversĂ© successivement dans l'Histoire de la musique, l'interprĂ©tation instrumentale (comme moyen d'Ă©clairer et de moduler plus ou moins une Ɠuvre Ă©crite, ou allographique), les pratiques d'arrangement de musiques existantes[22] et le dĂ©veloppement des supports d'Ă©coute qui sont devenus jouables (Djs, iPod battles, etc.). Les moyens de l'Ă©coute s'Ă©tant multipliĂ©s Ă  partir des techniques d'enregistrement et des tĂ©lĂ©communications, il est possible d'Ă©couter Ă  prĂ©sent chez soi, Ă  domicile, ou encore de maniĂšre ambulatoire (radio, walkman, lecteurs mp3, tĂ©lĂ©phones mobiles) des musiques enregistrĂ©es en diffĂ©rĂ© que nous pouvons reproduire Ă  l'infini (et ceci depuis le dĂ©but du XXIe siĂšcle). Il est possible d'envisager avec la musique en rĂ©seau ce qui serait une extension des pratiques en direct avec la radio (duplex, full duplex), des musiques jouĂ©es en direct simultanĂ©ment Ă  distance grĂące aux techniques de streaming et composĂ©es spĂ©cialement pour ce medium. La musique en rĂ©seau poursuit donc l'aventure de la musique diffusĂ©e (par la radio, et ensuite celle composĂ©e « pour » la radio) en intĂ©grant dans son dispositif de rĂ©alisation (ou d'exĂ©cution) et de composition les conditions du direct et de la prĂ©sence simultanĂ©e Ă  distance (« hic et nunc », « illic et simul »).

Il semble important de ne pas ignorer Ă©galement l’intervention interprĂ©tative de l’auditeur / internaute en tant qu’acte crĂ©atif et interprĂ©tatif, et par lĂ , de souligner que son auteur/auditeur devient un crĂ©ateur en droit[23]. il participe lui-mĂȘme activement Ă  la transformation de la musique en une expĂ©rience « environnementale » d’un genre nouveau, qui est proprement une expĂ©rience esthĂ©tique, engagĂ©e au-delĂ  de la simple manipulation des cadrans et des boutons (G. Gould[24]) et du pilotage (C. Kihm[25]) de machines d'Ă©coute ou de fonctions prĂ©-programmĂ©s de logiciels.

Objectifs

Les objectifs d'un concert en rĂ©seau pourraient ĂȘtre rĂ©sumĂ©s ainsi :

  • Il devrait permettre aux musiciens et Ă©galement aux auditeurs (et/ou chef d'orchestre) de pouvoir collaborer et interagir Ă  distance
  • Il devrait crĂ©er et proposer un espace virtuel immersif et rĂ©aliste (c-a-d qui donne l'impression d'une situation rĂ©elle, ou dont les conditions n'empĂȘchent pas la perception de la rĂ©alitĂ© de la situation) pour optimiser les interactions synchrones
  • Il devrait garantir l'attention et la conscience sensible collective des participants afin qu'ils soient conscients des actions des autres partenaires prĂ©sents dans l'espace virtuel commun, et faciliter toutes les formes de communication entre eux.

DĂ©finitions et approches

Nous sommes certainement au dĂ©but d’une Ăšre musicale marquant le dĂ©veloppement des formes musicales de collaboration et de participation en ligne et en rĂ©seau. SimultanĂ©ment Ă  cette exploration nous devons continuer Ă  interroger les notions historiques musicales et Ă  Ă©lucider les nouveaux problĂšmes et problĂ©matiques qui progressivement apparaissent au sein de ces pratiques, d’auteur et d’auditeur, impliquĂ©es dans les relations et les intrications entre musique et technologies, tout autant que les modifications et corrĂ©lations sociales qu’elles dĂ©cĂšlent ou prolongent.

Depuis 2000, des publications et articles importants[26] ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur cette question de la musique en rĂ©seau, et dans le mĂȘme temps plusieurs approches d’une dĂ©finition de la musique en rĂ©seau ont Ă©tĂ© Ă©noncĂ©es :

  • une reprĂ©sentation en rĂ©seau a lieu lorsque le comportement de l’instrument de l'exĂ©cutant reçoit en entrĂ©e une source autre que l'exĂ©cutant lui-mĂȘme, ou lorsque ce comportement est modifiĂ© par une influence extĂ©rieure (Stephan Moore & Timothy A. Place)[27]
  • la musique en rĂ©seau est une situation musicale dans laquelle les connexions traditionnelles orales et visuelles entre les musiciens sont augmentĂ©es, mĂ©diatĂ©es, relayĂ©es ou remplacĂ©es par des connexions contrĂŽlĂ©es Ă©lectroniquement (Jason Freeman) [28]
  • dans l’art audio et la musique, l’expression « en rĂ©seau » implique communĂ©ment une distribution spatiale multi-sites de points de transmission et de rĂ©ception, et d’interactions simultanĂ©es entre ces sites distants : captures sonores Ă  distance, acoustiques Ă  distance, interconnexions entre lieux physiques et virtuels, et Ă©mergences au travers de ce dispositif de collectifs distribuĂ©s de “joueurs” (Locus Sonus)[29];
  • Dans la mĂȘme veine que l’approche prĂ©cĂ©dente, la notion d’ensembles ou de groupes distribuĂ©s peut ĂȘtre un point d’entrĂ©e : un ensemble musical distribuĂ© consiste en un groupe de musiciens qui est distribuĂ© entre deux lieux ou plus. Quand la prestation d’un ensemble musical traditionnel repose sur un espace acoustique commun entre le musicien et les auditeurs, les prestations d’un ensemble musical distribuĂ© ont besoin de prendre en compte la superposition d’espaces acoustiques diffĂ©rents et distants : acoustiques Ă  distance, paysages sonores distants, improvisation laptop en rĂ©seau (Alain Renaud & Pedro Rebelo) [30]

Ceci peut comprendre une palette de nombreux aspects :

  • concernant le public : audiences partagĂ©es et distribuĂ©es, pratiques en rĂ©seau d’écoute [31]
  • les rĂ©seaux en tant qu’instrument et source musicale [32]
  • les interconnexions d’espaces [33]
  • les conditions techniques et contraintes internes des rĂ©seaux : temps rĂ©el, synchronicitĂ©, latence, dĂ©lais et retards, bande passante, qualitĂ© sonore, feedbacks et Ă©chos [34]...
  • crĂ©ativitĂ© sociale, interactions, collaborations et facilitateurs impliquĂ©s dans les systĂšmes collectifs d’attention [35]
  • Ă©vĂ©nements multicast ou unicast en direct et en temps rĂ©el sur Internet, et tĂ©lĂ©prĂ©sence.

Ces transports de sons, ou de donnĂ©es relatives du son, amĂšnent plusieurs types de dispositif et d’action : dĂ©placements, transmissions, contrĂŽles de dispositifs sonores distants, captations Ă  distance, interactions, etc.

La nature d’un contenu en flux continu permet d’emblĂ©e son utilisation comme Ă©lĂ©ment de variabilitĂ© entre deux dispositifs :

  • un flux variable de donnĂ©es Ă  distance peut nourrir et contrĂŽler le comportement d’un processus local,
  • des interactions de variables respectivement localisĂ©es crĂ©ent de l’empathie et de la sympathie entre des processus et leurs comportements,
  • des dĂ©placements et transmissions sonores entre diffĂ©rents lieux contrĂŽlĂ©s et jouĂ©s collectivement en direct et en temps rĂ©el (streaming, duplex, unicast, multiplex, multicast), etc. : les contenus sonores, Ă©mis et reçus, sont diffusĂ©s d’un lieu Ă  l’autre.

Afin d’illustrer cette approche et pour commencer une typologie d’états et de natures d’espace modifiĂ© par la transmission du son Ă  distance, voici quelques repĂšres et catĂ©gories d’utilisation d’espaces distants en tant que lieux sonores gĂ©nĂ©ratifs et diffusĂ©s, dans les domaines de la musique en rĂ©seau et Ă©galement de l'art sonore et audio.

Acoustiques Ă  distance

  • acoustiques entrelacĂ©es : des envois et transferts de son via Internet viennent exciter l’acoustique d’espaces distants avec la possibilitĂ© de retour d’écoute des rĂ©sultantes dans un autre espace, en l’occurrence, personnel (« Silophone » du collectif The User, « Netrooms — The Long Feedback » de Pedro Rebelo)
  • espace virtuel et acoustique : Ă  partir d’un instrument « Ă©tendu » entre deux lieux connectĂ©s, des capteurs manipulĂ©s par le public excitent et activent l’acoustique et les rĂ©sonances virtuelles des rĂ©seaux (« Global String » de Atau Tanaka et Kasper T. Toeplitz, « Le Poulpe » d’Apo33 (Jean-François Rolez, Sophie Gosselin, Emmanuel Leduc, Julien Ottavi) [36]
  • transmission entre des milieux sonores non-aĂ©riens : enregistrement et diffusion sonores dans des milieux diffĂ©rents, comme en milieu aquatique (« Water Whistle » de Max Neuhaus, « Underwater Music » de Michel Redolfi)

Transmissions Ă  distance

  • matĂ©riaux sonores distants : avant l’Internet, l’utilisation de tĂ©lĂ©phones ouverts pour capter et transmettre Ă  distance des ambiances et du matĂ©riau sonore, qui sont ainsi mixĂ©s dans un travail musical (« Variations VII » de John Cage, durant l’évĂ©nement “Nine Evenings” produit par E.A.T.), ou qui sont mixĂ©s Ă  l’antenne Ă  la radio (« Public Supply », « RadioNet » de Max Neuhaus), ou encore mis Ă  disposition via Internet sur une interface en ligne comme ressources publiques disponibles Ă  l’utilisation (« SoundExplorer » de Yoshihiro Kawasaki, « Resonance fm London Soundscape » de Tom Wallace, « Locustream SoundMap » de Locus Sonus)
  • transmissions sonores continues en direct et insĂ©rĂ©es dans des lieux distants : un ou des rĂ©seaux ou dispositifs de microphones localisĂ©s captent des ambiances et environnements sonores et ces captations sont transfĂ©rĂ©es d’un lieu Ă  un autre et diffusĂ©es dans ce dernier par des haut-parleurs (« Sound Field Insertion » de Bill Viola, « Oscillating Steel Grids along the Cincinnati-Covington Suspension Bridge » et « Landscape Sculpture with Fog Horns » de Bill Fontana, « City Links » de Maryanne Amacher, et par extension « Hole in Space » de Kit Galloway & Sherrie Rabinowitz, « Locustream » de Locus Sonus)
  • reprĂ©sentations en direct Ă  l’aide de systĂšmes multipartites de tĂ©lĂ©confĂ©rences et de transmissions via satellite (« The Last 9 minutes » Ă  la Documenta 6 de Douglas Davis, Nam June Paik, Charlotte Moorman et Joseph Beuys) et concerts « at home » (Ă  domicile) diffusĂ©s en direct par streaming vers un rĂ©seau d’auditeurs et de radios (« ISDN » de FSOL, « Festival X », « Arenas », « Tournaments » et « Battles » organisĂ©s par nomusic.org).

composition et interactions Ă  distance

  • composition en direct et jeu en inter-communication en rĂ©seau, distant et local : interactions de flux de donnĂ©es sonores entre exĂ©cutants en local, puis plus tard Ă  distance, pour crĂ©er une musique rĂ©active basĂ©e sur des principes de dĂ©cision partagĂ©s et distribuĂ©s (concerts et reprĂ©sentations de The League of Automatic Composers et de The Hub)
  • Ă©coute distribuĂ©e et jeu distribuĂ© en streaming : construction d’interfaces en ligne de mixage en direct de sources streamĂ©es simultanĂ©es, soient captĂ©es soient jouĂ©es, et d’écoute partagĂ©e par des contrĂŽles multi-utilisateurs (« RadioMatic » de radiostudio.org & JĂ©rĂŽme Joy, « userradio » de August Black)
  • reprĂ©sentation en direct distribuĂ©e et collaborative : interactions entre des exĂ©cutants dissĂ©minĂ©s dans diffĂ©rents lieux en utilisant une interface en ligne commune (« Brain Opera » de Tod Machover, « FMOL » de Sergi Jorda, « mp3q » de Atau Tanaka, « Auracle » de Max Neuhaus)
  • Ă©coute en direct distribuĂ©e basĂ©e sur la structure des rĂ©seaux utilisĂ©e en tant que systĂšme de synthĂšse sonore et de support de composition, Ă  l’image d’un “studio Ă©tendu” et d’un systĂšme distribuĂ© de diffusion : composition Ă  l’aide de programmations de processus sonores en direct, gĂ©nĂ©ratifs, infinis et continus, en utilisant les protocoles web et de relais d’information (serveurs, machines clientes), les contraintes techniques des rĂ©seaux (latences et retards dus au trafic) et les ordinateurs personnels et les espaces acoustiques locaux des auditeurs (audience “à la maison”) (« Hypermusic — Vocales » de JĂ©rĂŽme Joy)
  • envoi et Ă©changes de fichiers son en vue d’une composition collaborative : corollaire au peer-to-peer, Ă©changer des fichiers sonores via les rĂ©seaux Ă©lectroniques et ainsi composer Ă  plusieurs Ă  partir de fichiers et de matĂ©riaux communs, Ă  l’image de palimpsestes, a permis de joindre la dimension collective (liĂ©e gĂ©nĂ©ralement Ă  l’improvisation) dans les pratiques de composition (« Phonographic Migrations » de Yannick Dauby), et par extension de considĂ©rer le peer-to-peer et le streaming comme des pratiques collectives de l’écoute (« Collective JukeBox » et « RadioMatic » de JĂ©rĂŽme Joy, The Thing et RadioStudio.org), qualifiĂ©e dans ce cas, d'Ă©coute partagĂ©e (Yannick Dauby)

Spatialisation sonore à distance et sons localisés

  • extension de la spatialisation sonore dans des espaces articulĂ©s et interactifs, du local au distant (et vice-versa) par l’amplification Ă©lectroacoustique, la tĂ©lĂ©phonie mobile et l’Internet, jusqu’aux espaces virtuels (field spatialization, Locus Sonus) : des espaces synthĂ©tiques et acoustiques peuvent ĂȘtre joints ensembles et rĂ©agir les uns aux autres par la navigation de l’auditeur et le jeu avec des objets sonores mobiles, dĂ©placĂ©s, qui excitent ces espaces, afin de les faire rĂ©sonner selon leurs propriĂ©tĂ©s naturelles ou calculĂ©es, et selon la position de l’auditeur (« New Atlantis » de Locus Sonus et SAIC Sound Department Chicago)
  • organisation de sources sonores et de diffusions dans des espaces publics, Ă©loignĂ©s des studios et des salles d’exposition et de concert : campagne et scĂ©nario d’enregistrement et de prise de son Ă  partir de trajets gĂ©ographiques (« A Dip in the Lake » de John Cage), diffusĂ© en direct sur des frĂ©quences radio FM que les auditeurs peuvent captĂ©es dans des pĂ©rimĂštres dĂ©finis (« Drive-in Music » de Max Neuhaus)
  • transmissions spatialisĂ©es de sons entre deux lieux : prise de son mobile et contrĂŽlĂ©e, transmise en direct et simultanĂ©ment dans un autre lieu (« Virtual acoustic-space system » de Ron William, « Wimicam » de Locus Sonus), ou captations microphoniques en direct basĂ©es sur plusieurs lieux contrĂŽlĂ©es et traitĂ©es par des processus sur un serveur qui les fait utilise comme matĂ©riaux de composition sonore et d’installation dans les espaces de ces lieux (« Le Poulpe » d’Apo33)
  • re-crĂ©ation de points d’écoute multi-sites : enregistrements microphoniques simultanĂ©s en plusieurs points, plus ou moins Ă©loignĂ©s, d’un mĂȘme site ou environnement (« Kirribilli Wharf » de Bill Fontana)

Cartographie sonore et son géo-taggé et géo-localisé

  • en construisant des reprĂ©sentations visuelles de localisations sonores, le plus gĂ©nĂ©ralement situĂ©es dans des environnements extĂ©rieurs, Ă  l’aide de cartes gĂ©ographiques ou auditives Ă  partir desquelles les auditeurs peuvent accĂ©der aux sĂ©quences sonores enregistrĂ©es or aux streams sonores captĂ©s sur les lieux indiquĂ©s (« Acoustic World Atlas » de Thomas Gerwin, « SoundBum » par un collectif japonais, « H|U|M|B|O|T » durant net_condition ZKM, « fmwalks » d’Udo Noll, « Soinu Mapa » d’Audiolab Arteleku, « Phonographic Migrations / Paysages Sonores PartagĂ©s » de Yannick Dauby, « SoundTransit » de Derek Holzer et al., « Radio Aporee » d’Udo Noll, « NY SoundMap Seeker » de NYSAE, « World Listening Project » basĂ© Ă  Chicago, « Locustream SoundMap » de Locus Sonus)
  • en reprĂ©sentant le procĂ©dĂ© d’une campagne d’enregistrement de prises de son (« A Sound Map of the Hudson River » d’Annea Lockwood), en reliant et en associant une production sonore Ă  des lieux spĂ©cifiques celle-ci Ă©tant enregistrĂ©e (les soundwalks de Janett Cardiff), ou en streaming Ă  l’aide de techniques satellitaires ou de gĂ©olocalisation, tel que le GPS - Global Positioning System (disponible depuis 2000) -, les rĂ©seaux de tĂ©lĂ©phonie et de smart phones (« Audio Nomad » de Nick Mariette, « Aura » de Steve Symons, « SIGNAL_SEVER! - TRANSIGNAL 1 » du Projekt Atol, Makrolab et Pact Systems, « Net_dĂ©rive » d’Atau Tanaka)

Détournements et sonification de données à distance

La sonification de donnĂ©es peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la contrepartie acoustique de la visualisation graphique des donnĂ©es, c'est-Ă -dire la traduction de donnĂ©es dans le domaine sonore[37]. Ce terme dĂ©signe toute diffusion d’un son – qui ne contient pas de paroles – ayant pour but de traduire en son une donnĂ©e qui n’est a priori pas sonore[38].

  • lorsque le son est gĂ©nĂ©rĂ© ou contrĂŽlĂ© par des fluctuations de sources distantes non-sonores, telles que des variations Ă©lectriques, Ă©lectromagnĂ©tiques, d’ondes courtes et d’ondes HF/ELF/VLF (« Natural VLF Radio Phenomena » de Stephen McGreevy, « Pygmy Gamelan » de Paul DeMarinis, « Electrical Walks » de Christina Kubisch, « Radio Astronomy » d’Adam Hyde, « The Bio-Kinetic Sonusphere Interrogator » de Robin McGinley, « Sky Ear » d’Usman Haque, «xxxxx» de Martin Howse), des mouvements visuels et des captures vidĂ©o de dĂ©placements de corps dans l’espace (« VNS » de David Rokeby), ou encore de variations de flux de donnĂ©es provenant d’activitĂ©s robotisĂ©es ou d’interfaces visuelles et tactiles manipulĂ©es (« Space Bodies » de Mia Zabelka, « Piano-as image media » de Toshiro Iwai), ou de flux d’information sur Internet (« The Messenger » de Paul DeMarinis, « Ping » de Chris Chafe, « Ping Melody » de Pawel Janicki), ou finalement tout autre flux d’information qui peut ĂȘtre captĂ© et numĂ©risĂ©.
  • lorsque le son captĂ© Ă  partir de sources en direct de communication privĂ©e ou publique, devient un matĂ©riau dans un processus musical ou sonore (les prestations de l'artiste et musicien anglais Scanner qui capte et syntonise (illicitement) les conversations sur les tĂ©lĂ©phones cellulaires Ă  partir d’un scanner, « AudioTrace » de NoMusic par la captation des frĂ©quences radio de la police, des radars et de la CB).

Conditions techniques d'un concert de musique en réseau

Telles qu'elles sont listées dans l'ouvrage de Xiaoyuan Gu[39], les facteurs techniques liés à la réussite d'un concert en réseau sont la sollicitation de la bande passante de la connexion, la sensibilité de la latence et l'optimisation de la synchronisation requise pour une transmission en streaming audio. Ces différents facteurs sont décrits avec plus de détails ci-dessous.

Les commentaires actuels proposent d’accentuer la perfectibilitĂ© technique, c’est-Ă -dire que l’influence des appareils sur le rendu doit ĂȘtre supprimĂ©e au maximum avant de pouvoir parler vĂ©ritablement de l’exĂ©cution et de la rĂ©alisation d’une Ɠuvre musicale.

Bande passante

Le streaming[40] audio de haute définition (de trÚs haut débit et de type « full audio ») utilisé pour rendre les concerts en réseau aussi « réaliste » que possible, requiert une bande passante trÚs optimisée et large et donc une technologie trÚs avancée qui dépasse la configuration standard de connexion.

Toutefois, et selon l'objectif fixĂ©, il est tout Ă  fait possible de monter des configurations assez sophistiquĂ©es (multipoints) de concerts en rĂ©seau sur des connexions de type ADSL, en sachant que les taux de compression audio et les temps de latences seront dans un registre correspondant Ă  la qualitĂ© de la bande passante. Dans ce cas, plusieurs paramĂštres peuvent venir perturber la rĂ©ception et l'Ă©mission des streams, et causer, d'une part, la nĂ©cessitĂ© de prendre une compression basse ou standard, et, d'autre part, des pertes de donnĂ©es (drops, clicks). Ces effets peuvent ĂȘtre pris en compte en tant que matĂ©riau sonore (gĂ©nĂ©rĂ© par le systĂšme) par les musiciens.

Temps de latence

Un des plus grands problĂšmes de la musique en rĂ©seau est que le temps de latence fait partie intĂ©grante du son car il est gĂ©nĂ©rĂ© par le systĂšme local du musicien et envoyĂ© au travers du systĂšme en rĂ©seau. Pour que l'interaction musicale dans un concert en rĂ©seau soit perçue comme « naturelle », le temps de latence doit ĂȘtre infĂ©rieur Ă  30 millisecondes, en dessous du seuil de la perception humaine[41]. S'il a trop de dĂ©lai (retard) dans le systĂšme en rĂ©seau, cela rend difficile la jouabilitĂ© collective si les musiciens veulent adjuster leur jeu et se coordonner en fonction des sons qu'ils entendent (reçoivent) et qui sont jouĂ©s par les autres instrumentistes et musiciens[42]. Toutefois, la tolĂ©rance Ă  cette difficultĂ© liĂ©e au temps de la latence est fixĂ©e par le caractĂšre, la nature et la structure de l'Ɠuvre jouĂ©e, les musiciens, et les types d'instruments ou systĂšmes utilisĂ©s[16]. Des Ă©lĂ©ments de synchronisation autres que l'Ă©coute directe (ou plus justement, mĂ©diatisĂ©e) peuvent ĂȘtre utilisĂ©s dans un concert en rĂ©seau, afin de rendre possible un jeu musical rĂ©actif et interactif dans le cadre de temps longs de latence[42].

Synchronisation des streams audio

Les points d'émission et de réception d'un systÚme en réseau multipoints doivent synchroniser les streams audio afin de garantir une présentation homogÚne et intégrale de la musique selon le degré de perfection choisi[43]. C'est l'enjeu actuel de la musique en réseau.

Un point de vue intĂ©ressant est de considĂ©rer les imperfections de la synchronisation musicale en rĂ©seau, Ă  titre d'exemple, comme faisant partie des qualitĂ©s et des propriĂ©tĂ©s du dispositif en rĂ©seau, qu’il faut exploiter[44]. Par exemple, la latence et le retard (delay) sont perçus dans les systĂšmes de streaming (de ruissellement selon l’adaptation franco-quĂ©bĂ©coise), quel que soit le dĂ©bit technique de transfert autorisĂ© par la structure de communication, comme des dĂ©fauts qu’il resterait Ă  amĂ©liorer pour obtenir une synchronisation quasi parfaite (Ă  l’égal d’une synchronisation d’évĂ©nements dans un mĂȘme espace).

Ces dĂ©fauts peuvent rĂ©introduire des effets de « distance », et ainsi induire une acoustique artificielle et fluctuante liĂ©e aux variations de transferts de donnĂ©es sur le rĂ©seau ; cette « presqu’acoustique » s’additionne Ă  l’acoustique de l’espace d’émission/captation et Ă  celle de l’espace de diffusion oĂč le son transmis est rĂ©injectĂ©. Les effets de latence influant sur cette acoustique « artificielle » crĂ©ent, d’une part, des dĂ©calages temporels (delays), et, d’autre part, des erreurs de transferts — et qui peuvent sembler ĂȘtre des parasites dans le son transmis — . À titre d'exemple, sur un systĂšme de streaming standard en Icecast, les variations de latence peuvent aller de 10 secondes Ă  30 secondes. Ces erreurs sont principalement causĂ©es par des pertes de paquets lors du parcours des donnĂ©es, par des dĂ©synchronisations lors des procĂ©dures de compression et de dĂ©compression, et par d’autres artĂ©facts alĂ©atoires liĂ©s Ă  la communication, le tout influant sur la reconstitution intĂ©grale du signal envoyĂ©.

Ces dĂ©fauts prĂ©senteraient tout de mĂȘme une propriĂ©tĂ©, celle de faire apparaĂźtre une matĂ©rialitĂ© (i.e. du grain, de « l’immatĂ©riau ») liĂ©e Ă  la technique des flux en streaming, qui peut ĂȘtre acceptĂ©e en tant que matĂ©riau sonore. En l’état actuel, ces effets ou artĂ©facts de matĂ©rialitĂ© ne sont ni contrĂŽlables ni jouables en tant que tels (Ă  part dans le cas d’un bouclage du systĂšme en feedback et en modifiant volontairement des paramĂštres et des fonctions des organes contrĂŽlant les transferts et l’encodage/dĂ©codage) ; par contre, ils peuvent ĂȘtre interprĂ©tables dans le jeu musical. Cette propriĂ©tĂ© de granularitĂ© acoustique rĂ©sultante produite par le systĂšme tĂ©lĂ©matique peut prendre une importance dans la perception de la traversĂ©e d’un troisiĂšme environnement, jusqu’à prĂ©sent, peu tangible, entre l’espace destinateur et l’espace destinataire.

Le contexte historique de la musique en réseau

La musique en réseau poursuit et participe à tout un cortÚge de problématiques qui animent l'histoire de la musique.

Il semble opportun de considĂ©rer et de bĂątir aujourd’hui un historique de la tĂ©lĂ©musique, c’est-Ă -dire de mettre Ă  jour un corpus, d'une part, de visions et d'anticipations littĂ©raires, et, d'autre part, d’expĂ©riences et de rĂ©alisations artistiques qui ont explorĂ© la prise en compte d’interconnexions d’espaces (par les transports de sons) et de l’écoute Ă  distance au sein mĂȘme du processus musical et de la rĂ©alisation sonore[45].

L'extension des matériaux sonores et de la lutherie

Le développement de nouveaux instruments est une question majeure dans la musique du XXIe siÚcle depuis la naissance de l'électroacoustique, mais aussi depuis l'exploration du timbre musical et de la microtonalité au début du siÚcle dernier qui a pu amener les compositeurs à intégrer des modifications ou préparations d'instruments, voire la création d'instruments. Quelques exemples emblématiques sont ceux de John Cage avec le piano préparé (à la suite d'Henry Cowell), d'Harry Partch avec ses instruments fabriqués à partir d'accordages non tempérés, et de Conlon Nancarrow avec la musique mécanisée.

De mĂȘme, les instrumentistes n'ont cessĂ© durant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle d'explorer les modes techniques de jeux qui ont permis d'Ă©tendre la palette sonore acoustique (puis Ă©lectroacoustique) des instruments Ă  partir de leur facture historique. Chaque famille d'instruments a ainsi Ă©largi son vocabulaire en se basant d'une part sur un prolongement des modes de jeux connus en leur offrant une variabilitĂ© plus fine et plurielle en termes de timbre et d'articulation de jeux (par exemple, les doigtĂ©s pour les instruments Ă  vent), d'autre part en intĂ©grant dans le jeu les registres autrefois dĂ©laissĂ©s ou Ă©cartĂ©s car considĂ©rĂ©s comme exogĂšnes Ă  la musique (les sons bruitĂ©s, sons des mĂ©caniques, etc.), et finalement en rĂ©investissant les connaissances physiques et organologiques des instruments (les multiphoniques, les sons transitoires, etc.). Ceci a pu se dĂ©velopper jusqu'Ă  l'intĂ©gration de l'instrumentiste comme matĂ©riau sonore lui-mĂȘme, ou parfois en tant qu'acteur (dans le sens du thĂ©Ăątre musical et parfois pour rĂ©pondre et problĂ©matiser le concert en tant qu'Ă©vĂ©nement audio-visuel); dans certains cas la voix de l'instrumentiste en tant qu'excitateur supplĂ©mentaire de l'instrument a Ă©tĂ© trĂšs souvent employĂ©e pour construire des sonoritĂ©s plus complexes. La conjonction entre l'exploration des limites instrumentales par les compositeurs dans l'Ă©criture et celle dĂ©veloppĂ©e par les instrumentistes pour offrir des registres instrumentaux Ă©largis, a permis l'invention de notations et de modes nouveaux d'Ă©criture. Un peu plus tard, les dĂ©couvertes et recherches en psycho-acoustique et en physique / acoustique instrumentale (notamment Ă  l'IRCAM) ont poursuivi ces investigations menĂ©es par les compositeurs et les instrumentistes, et ont permis d'envisager la construction d'extensions d'instruments, voire d'articuler des parties virtuelles (ou prothĂšses) aux instruments existants (par exemple, la flĂ»te virtuelle dĂ©veloppĂ©e Ă  l'IRCAM) et de midifier des instruments en les assemblant avec des processus de contrĂŽle (« controllers ») et de captation (capteurs) — un des exemples notables est celui du Disklavier. Il s'agit en quelque sorte d'une nouvelle lutherie combinant Ă©lectronique et acoustique (ainsi qu'informatique) Ă  la fois sollicitant et rĂ©pondant Ă  un nouveau rĂ©pertoire, accompagnant Ă©galement l'arrivĂ©e des synthĂ©tiseurs et Ă©chantillonneurs dans l'instrumentarium de la musique contemporaine. Ceci prolonge la construction d'instruments depuis l'avĂšnement de l'Ă©lectricitĂ© dont quelques exemples sont notoires : Ondes Martenot, Theremin, etc. (Ă  la suite du saxophone (1846), tuba Wagner (1875), sousaphone (1898), tubax (1999), etc.). L'Ă©volution de la facture instrumentale et de la lutherie n'a jamais cessĂ© et il est tout Ă  fait lĂ©gitime de penser que la musique en rĂ©seau peut mettre Ă  jour Ă  nouveau des questions de facture, d'organologie et de lutherie.

En parallĂšle, de nouveaux modes de composition liĂ©s Ă  l'intĂ©gration de l'alĂ©atoire et de processus de variabilitĂ© (des jeux, des matĂ©riaux, des combinatoires; comme chez John Cage, Cornelius Cardew ou Earle Brown, jusqu'aux partitions graphiques qu'ils ont rĂ©alisĂ©es[note 2]) se sont dĂ©veloppĂ©s; ce qui n'avait rien d'inĂ©dit si nous nous rĂ©fĂ©rons Ă  la « Musikalisches Opfer » (L'Offrande Musicale) de J.S. Bach (1747), Ɠuvre dans laquelle l'instrumentation n'est dĂ©terminĂ©e qu'en partie, ou encore au « Musikalisches WĂŒrfelspiel » (Jeu de dĂ©s musical) de W.A. Mozart (1787). Par ailleurs, la composition combinatoire a trouvĂ© un de ses aboutissements dans la musique minimaliste (« Vexations » d'Erik Satie, les Ɠuvres de Steve Reich) et dans la musique dodĂ©caphonique (Ă  l'exemple des Ɠuvres d'Anton Webern) et sĂ©rielle.

L'électroacoustique (et la musique acousmatique), de son cÎté, a permis d'intégrer entre autres la manipulation des sons à partir de leur enregistrement et de leur diffusion dans des dimensions spatiales (par le biais de l'amplification et de la construction de systÚmes voire d'orchestre de haut-parleurs), et le développement de la synthÚse électronique des sons a élargi la palette des matériaux sonores et des timbres.

À peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque, l'apparition des techniques de tĂ©lĂ©communication, notamment avec le tĂ©lĂ©phone, a donnĂ© la possibilitĂ© de dĂ©velopper des instruments pour jouer et Ă©couter Ă  distance la musique et d'envisager ainsi le dĂ©veloppement actuel de la musique en rĂ©seau. Deux rĂ©fĂ©rences historiques sont le « Telharmonium » de Thaddeus Cahill en 1897, et l'« Aconcryptophone » (ou « Acoucryphone » ou encore « Enchanted Lyre) de Charles Wheatstone en 1821 (et son « Diaphonicon » en 1822)[46]; nous pourrions y associer aussi plusieurs rĂ©fĂ©rences littĂ©raires qui ont imaginĂ© la musique en rĂ©seau et le transport des sons Ă  distance par des techniques de transmission, dont, par exemple: la description d'un concert en rĂ©seau par Jules Verne dans « Une Ville IdĂ©ale » (1875)[47] (en parallĂšle de sa description d'un concert acousmatique, qu'il appelle « concert Ă©lectrique », dans son ouvrage « Paris au XXe siĂšcle »[48]); le globe terrestre sonore sur lequel le toucher d'un lieu permet d'entendre en direct les sons de l'environnement qui y est captĂ© Ă  distance par l'entremise de tuyaux, dans « Giphantie » de Tiphaigne de la Roche[49] (ce qui rappelle la description des « sound-houses » de Francis Bacon dans « New Atlantis » en 1627[50]); et Ă  une Ă©poque plus rĂ©cente, le piano microphonique dĂ©crit par Guillaume Apollinaire dans « Le Roi-Lune »[51], chaque touche Ă©tant reliĂ©e Ă  un microphone placĂ© dans diffĂ©rents lieux du monde; deux derniĂšres rĂ©fĂ©rences peuvent ĂȘtre aussi associĂ©es, la premiĂšre plus Ă©loignĂ©e Ă©tant celle des « Paroles GelĂ©es » citĂ©e par Rabelais[52], et la seconde au dĂ©but du XXe siĂšcle, Ă©tant le texte « La ConquĂȘte de l'UbiquitĂ© » par Paul ValĂ©ry en 1928[53].

Nous retrouvons au XXe siĂšcle quelques rĂ©alisations musicales qui avant l'Internet en font Ă©cho : « Credo in Us (en) » de John Cage en 1942 avec l'utilisation de radios comme matĂ©riau musical, investigation qu'il a poursuivie dans « Imaginary Landscape No. 4 for Twelve Radios » crĂ©Ă©e en 1951[54] et dans d'autres Ɠuvres dont notamment en 1966 avec les « Variations VII » qui intĂšgrent des sons provenant en direct de tĂ©lĂ©phones dĂ©crochĂ©s dans certains lieux de la ville de New York (Variations (Cage) (en)); les « City Links » de Maryanne Amacher en 1967 constituĂ©s de prises de sons continues Ă  l'aide de microphones placĂ©s dans des lieux dissĂ©minĂ©s, et transmises de maniĂšre permanente par tĂ©lĂ©phone ; « RadioNet » et surtout « Public Supply » de Max Neuhaus en 1966 qui consistent en des sons envoyĂ©s par les auditeurs par tĂ©lĂ©phone, et mixĂ©s en direct Ă  la radio par l'auteur; et, enfin, comme dernier exemple, la plupart des Ɠuvres de Bill Fontana utilisent la transmission en direct des sons de lieux Ă  d'autres, Ă  partir de « Kirribilli Wharf » en 1976, jusqu'Ă  « Sound Island » rĂ©alisĂ© Ă  Paris en 1994 et « Cologne San Francisco Sound Bridge » en 1987. En , plusieurs musiciens et artistes participent Ă  un Ă©vĂ©nement de « telephone music » Ă  partir de trois lieux (durant 20 minutes) : Artpool (Budapest), Blix/ÖKS (Vienne) et la galerie Aufbau-Abbau (Berlin).

Une des rĂ©fĂ©rences majeures est le collectif « The Hub »[55] (issu de The League of Automatic Composers) actif de 1976 Ă  1987, qui jouait sur des configurations informatiques et Ă©lectroniques interconnectĂ©es. « The Hub » a expĂ©rimentĂ© des concerts en rĂ©seau basĂ©s sur des communications MIDI sur Internet et distribuĂ©s sur plusieurs lieux — toutefois, "il a Ă©tĂ© plus difficile que prĂ©vu de rĂ©soudre les problĂšmes logiciel sur chacun des ordinateurs placĂ©s dans chaque lieu Ă  cause de la disparitĂ© des OS et des vitesses de CPU"[56]. Le CIRM Ă  Nice organise un concert transatlantique avec l'Electronic Cafe Ă  Santa Monica : Terry Riley improvise sur ses claviers en Californie et pilote en mĂȘme temps un Disklavier Ă  Nice, la liaison (MIDI) s'effectuant par modem et visiophone avec le logiciel MidiPhone[57]. En 1993, l'University of Southern California Information Sciences Institute a commencĂ© Ă  rĂ©aliser des concerts en rĂ©seau sur Internet[16]. Le collectif ResRocket (Willy Henshall, Tim Bran, Matt Moller et Canton Becker) a dĂ©veloppĂ© en 1995 une application permettant de faire des concerts MIDI en rĂ©seau, chaque musicien ayant son « studio virtuel » et Ă  l'aide de ce programme, baptisĂ© « DRGN » (Distributed Realtime Groove Network), participe Ă  des jam sessions et compose ensemble simultanĂ©ment sur le mĂȘme morceau. Entre 1992 et 1998, le CIRM a rĂ©alisĂ© plusieurs types de concert en rĂ©seau : au Festival Manca en 1995, concert durant lequel David Hykes chantait avec son ensemble vocal Ă  New York (The Harmonic Choir), le son Ă©tant transportĂ© via ISDN et diffusĂ© dans l'espace acoustique rĂ©verbĂ©rant (12 secondes) de l'Abbaye du Thoronet dans le Sud de la France, et ainsi « traitĂ© », retransmis en temps rĂ©el dans la salle de concert de The Kitchen; en 1997, la voix d'une chanteuse Ă  Nice est traitĂ©e en temps rĂ©el par Lawrence Casserley Ă  Londres et rediffusĂ©e dans la salle de concert en France, la chanteuse jouant ainsi en direct avec sa propre voix traitĂ©e, filtrĂ©e et harmonisĂ©e Ă  distance; en 1997, JĂ©rĂŽme Joy crĂ©e « Gestes » au Festival Manca[58], un Ɠuvre instrumentale et Ă©lectroacoustique en rĂ©seau (en ISDN) avec des musiciens Ă  Nice et Ă  Londres (d'oĂč la combinaison avec le Festival Lust Ă  I.C.A., les deux lieux accueillant un public. La communication visuelle Ă©tait prĂ©vue mais malheureusement des problĂšmes de compatibilitĂ© avec les standards anglais (BBC) ont empĂȘchĂ© son utilisation. Il avait rĂ©alisĂ© l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente en 1996, « Vocales », une Ɠuvre d'hypermusique (ou tĂ©lĂ©musique) entiĂšrement conçue sur des protocoles Internet (rĂ©fĂ©rence LibĂ©ration)); la mĂȘme annĂ©e, Luc Martinez organise un concert en rĂ©seau pour la sĂ©ance d'ouverture de l'Union internationale des tĂ©lĂ©communications Ă  GenĂšve : un percussionniste (Alex Grillo) joue sous terre sur les stalactites des grottes de Saint-CĂ©zaire dans les environs de Nice, les sons Ă©tant retransmis via des lignes ISDN en Suisse[59]. Comme il est mentionnĂ© dans « From remote media immersion to Distributed Immersive Performance » de Sawchuk en 2003, un concert entre des musiciens rĂ©partis Ă  Varsovie, Helsinki et Oslo, a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 1998 sur un dispositif en rĂ©seau Ă  partir de technologies RealMedia. Trois Ɠuvres de ces musiciens rĂ©partis furent crĂ©Ă©es : « MĂ©lange Ă  Trois » (Shinji Kanki), « Nanawatai » (HĂ„kon Berge) et « AV-Quintet plus many » (Maciej Walczak).

Ces premiers concerts en réseau ont tous fait face à des problÚmes liés à des conditions de latence, de synchronisation des signaux, et d'écho et de feedback, rendant difficile la restitution de la dimension potentielle (audio et vidéo) de tels concerts qui à l'époque n'étaient pas encore complÚtement immersifs[60].

L'espace et la distance comme paramĂštres dans la composition

Les questions de l'instrument et de la composition live (en direct) en tant que modes d'expĂ©rimentation parcourent tout un pan de la musique du XXe siĂšcle. Ces dimensions expĂ©rimentales reprĂ©sentent une partie des conditions de la musique actuelle et dĂ©finissent les enjeux d'un horizon musical : celui engagĂ© par Karlheinz Stockhausen dans « Mikrophonie (I et II) » (1964/1965), Ɠuvre dans laquelle expĂ©rimenter l'instrument fait Ɠuvre (Mikrophonie), par David Tudor dans « Rainforest » (1968/1976), par John Cage dans « Cartridge Music » (1960), Ă  propos de l'intĂ©gration du direct dans la composition, ou encore les enjeux lancĂ©s par les initiatives permettant de prendre l'enregistrement comme support de crĂ©ation (comme avec la « GrammophonMusik » envisagĂ©e par Alexander Dillmann (en 1910) et Heinz Stuckenschmidt (en 1925), puis rĂ©alisĂ©e en 1929 par Paul Hindemith et Ernst Toch avant que Pierre Schaeffer ne lance l'aventure de la musique concrĂšte, puis Ă©lectroacoustique et acousmatique).

Ces expĂ©rimentations riches en formes et en contenus semblent rejoindre une autre question, celle concernant l'intention de jouer et de faire sonner le rĂ©el au sein d'une Ɠuvre : Ă  l'image de l'utilisation d'emprunts dans les Ɠuvres de Charles Ives, de Gustav Mahler, voire de Bela Bartok (mais aussi, au travers d'exemples plus Ă©loignĂ©s dans le temps, comme dans certaines Ɠuvres de Jean-Philippe Rameau[61]) jusqu'Ă  celles, avant l'accĂšs aux techniques d'Ă©chantillonnage (ou sampling), de John Cage (« Roaratorio » en 1979), Luciano Berio (« Sinfonia », 1968), Karlheinz Stockhausen (« Telemusik », 1966 , « Hymnen », 1967) et de la musique Ă©lectroacoustique (Luc Ferrari avec ses « Presque-Rien », 1967-1998), pour arriver Ă  des Ɠuvres plus rĂ©centes liĂ©es aux techniques de sonification pour gĂ©nĂ©rer du matĂ©riau sonore et musical Ă  partir de variations de donnĂ©es captĂ©es dans des environnements (Andrea Polli). De mĂȘme la prise en compte de l'environnement dans une Ɠuvre avait trouvĂ© son apogĂ©e dans « 4'33" » de John Cage lorsque le cette Ɠuvre (silencieuse) avait Ă©tĂ© crĂ©Ă©e par David Tudor dans une salle de concert (le Maverick Concert Hall) dont l'arriĂšre Ă©tait ouvert directement au plein air, laissant le mixage fortuit des sons environnants venant de l'extĂ©rieur et du public faire « Ɠuvre ».

Quant aux expĂ©rimentations liĂ©es Ă  l'espace et aux multi-dimensionnalitĂ©s acoustiques qui peuvent se dĂ©ployer dans une rĂ©alisation musicale, elles sont prĂ©sentes dans la musique depuis de nombreux siĂšcles — un seul exemple avec les « Cori Spezzati » de Giovanni Gabrieli (1557-1612) —, et le dĂ©veloppement de dimensions instrumentales liĂ©es Ă  l'espace trouve aujourd'hui son expression par l'appropriation et la musicalisation des techniques informatiques[62] ainsi que de celles liĂ©es aux rĂ©seaux et au techniques de streaming. Concernant l'utilisation de la distance par le positionnement, le parcours ou le dĂ©placement des musiciens au-delĂ  des murs d'une salle de concert, afin de crĂ©er des effets acoustiques d'intensitĂ© et de relief, Hector Berlioz dans son livre « Les SoirĂ©es de L'Orchestre », et plus spĂ©cifiquement dans une fiction intitulĂ©e « Euphonia ou la Ville Musicale »[63], dĂ©crit des concerts monumentaux de plus de dix mille musiciens rĂ©partis dans la ville. Un autre exemple est celui de Charles Ives et de sa « Universe Symphony » de 1911, restĂ©e inachevĂ©e, pour laquelle il imagine plusieurs orchestres et ensembles instrumentaux, chacun accordĂ© sur des systĂšmes harmoniques diffĂ©rents et jouant simultanĂ©ment tout en Ă©tant rĂ©partis dans les montagnes et les vallĂ©es. De son cĂŽtĂ©, Karlheinz Stockhausen avec ses Ɠuvres « Sternklang — Parkmusic » pour 5 groupes d'instrumentistes pour une durĂ©e d'environ 3 heures (1971) et « Musik fĂŒr ein Haus » (1968) consistant en des compositions collectives donnĂ©es simultanĂ©ment dans quatre piĂšces d'une mĂȘme maison[64], ou encore « Alphabet fĂŒr LiĂšge » (1972) une Ɠuvre de 4 heures rĂ©partie dans quatorze salles ouvertes les unes sur les autres que les auditeurs traversaient et parcouraient (dans les sous-sols du Palais des CongrĂšs de LiĂšge qui Ă©tait alors en chantier). D'autres Ɠuvres dĂ©ambulatoires (les musiciens et/ou les auditeurs) sont celles plus rĂ©centes de Rebecca Saunders dont la sĂ©rie des « Chroma » (2003), Ɠuvre instrumentale « spatialisĂ©e » jouant sur la distribution des musiciens dans diffĂ©rents espaces acoustiques d'un mĂȘme bĂątiment[65]. De son cĂŽtĂ©, le groupe de recherche « Locus Sonus » explore au travers des espaces sonores en rĂ©seau la notion de « field spatialization » (spatialisation de terrains, ou spatialisation ambulatoire)[66] dans laquelle les sons peuvent traverser et ĂȘtre diffusĂ©s dans des espaces acoustiques de natures diffĂ©rentes (naturels ou synthĂ©tiques, en proximitĂ© ou Ă  distance — de la diffusion sur haut-parleurs dans un espace local, dans des espaces « outdoor » parcourus, Ă  la diffusion par streaming dans des espaces disjoints et distants, jusqu'Ă  des intrications de diffusions et d'acoustiques entre espaces physiques et virtuels), chacun de ceux-ci donnant ses qualitĂ©s propres de rĂ©verbĂ©ration et d'ambiance selon la position des auditeurs qui peuvent ĂȘtre rĂ©partis Ă©galement dans ces diffĂ©rents espaces (physiques, virtuels, mobiles, etc.)[67].

MĂ©taphores

Une variĂ©tĂ© de mĂ©taphores prĂ©sentes dans la littĂ©rature sont utilisĂ©es pour les transports de sons Ă  distance, enregistreurs, musiciens et musiques en rĂ©seau : les sons capturĂ©s et transportĂ©s d’un lieu Ă  un autre par des Ă©ponges (Charles Sorel, 1632), et des paroles gelĂ©es (Mandeville, 1356 ; Balthasar de Castillon, 1528 ; Rabelais, 1552) — en ayant soin de bien choisir la saison —, ou encore dans une canne de bambou (lĂ©gende de Chine) et conduits et tuyaux (Francis Bacon, 1627); il s’agit aussi d’inventer des interfaces tel que ce globe tissĂ© de canaux imperceptibles (Tiphaigne de la Roche, 1760), et ce clavier ou orgue Ă  microphones en multiplex, chaque touche dĂ©clenchant le fonctionnement de microphones distants autour de la planĂšte, l’ensemble jouant la symphonie du monde (« Le Roi-Lune », Apollinaire, 1916), ou de les remplacer par un cortĂšge de machines et appareils inventĂ©s dont le « tĂ©lĂ©chromophotophonotĂ©troscope » imaginĂ© par Didier de Chousy dans « Ignis » (1883) et des capteurs microphoniques Ă  distance, comme ceux installĂ©s par TĂ©lek (« Le ChĂąteau des Carpathes », Jules Verne, 1892) et le « tĂ©lĂ©phonoscope », proposĂ© en 1878 par George DaphnĂ© du Maurier, imaginĂ© par Camille Flammarion en 1894 pour relier la Terre Ă  la planĂšte Mars (« La fin du monde ») ou permettant de suivre Ă  distance et en direct les reprĂ©sentations musicales ou thĂ©Ăątrales (« Le VingtiĂšme SiĂšcle - La Vie Électrique », Albert Robida, 1883). Jules Verne dĂ©crit en 1875 un concert en rĂ©seau par le pianiste Pianowski jouant Ă  Moscou sur des pianos Ă  distance situĂ©s dans diffĂ©rentes salles de concert autour du globe (« Une Ville IdĂ©ale », Jules Verne, 1875). De son cĂŽtĂ©, Philip K. Dick imaginent des concerts « psychokinĂ©tiques » jouĂ©s et transmis Ă  distance, sans le toucher des instruments et la diffusion acoustique ou Ă©lectroacoustique, par le pianiste Richard Kongrosian (« Simulacres », 1963).

Le développement de la téléphonie puis de la radio à la fin du XIXe siÚcle et au début du XXe siÚcle, techniques de communication qui ont été conçues pour la transmission du son, a permis de soulever les enjeux quasi anthropologiques liés aux transports de son et à l'écoute à distance. Citons deux extraits de Paul Valéry, le premier relevant l'opposition de l'homme mobile et de l'homme enraciné dans un texte de 1937, et le second datant de 1928, s'appuyant sur l'avenir d'un monde tout-connecté :

« Un monde transformĂ© par l’esprit n’offre plus Ă  l’esprit les mĂȘmes perspectives et les directions que jadis ; il lui impose des problĂšmes entiĂšrement nouveaux, des Ă©nigmes innombrables. (
) AprĂšs votre dĂźner, et dans le mĂȘme instant de votre perception ou de votre durĂ©e, vous pouvez ĂȘtre par l’oreille Ă  New York (et bientĂŽt, par la vue), tandis que votre cigarette fume et se consume Ă  Paris. Au sens propre du terme, c’est lĂ  une dislocation, qui ne sera pas sans consĂ©quence. »[68]

« Je ne sais si jamais philosophe a rĂȘvĂ© d’une sociĂ©tĂ© pour la distribution de RĂ©alitĂ© Sensible Ă  domicile. (...) Cette circonstance, jointe aux rĂ©cents progrĂšs dans les moyens de transmission, suggĂ©rait deux problĂšmes techniques : I. – Faire entendre en tout point du globe, dans l’instant mĂȘme, une Ɠuvre musicale exĂ©cutĂ©e n’importe oĂč. II. – En tout point du globe, et Ă  tout moment, restituer Ă  volontĂ© une Ɠuvre musicale. Ces problĂšmes sont rĂ©solus. Les solutions se font chaque jour plus parfaites. » [69]

Bibliographie

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Notes et références

Notes
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  4. Alexandraki, C.; Koutlemanis, P.; Gasteratos, P.; Valsamakis, N.; Akoumianakis, D.; Milolidakis, G.; Vellis, G.; Kotsalis, D., Towards the implementation of a generic platform for networked music performance: The DIAMOUSES approach, In EProceedings of the ICMC 2008 International Computer Music Conference (ICMC 2008), p. 251-258
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  7. IrC, chat, ResRocket, etc.
  8. Voir note 2 ci-dessus
  9. Marc Battier, « Une nouvelle géométrie du son : le paradoxe de la lutherie électronique », Cahiers de l'IRCAM no 7, 1995
  10. (VarÚse, Edgar (1917), « Verbe » & « Que la musique sonne », REVUE 391, n° 5, New York, June 1917, p. 1 & p. 3.)
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  18. SchĂŒtz, Alfred. 1951. Op. Cit. p. 136.
  19. comme dans les concerts réalisés par les collectifs « Sobralasolas ! » et « nnybinap », ainsi que dans le cadre des événements « nomusic » et du « Placard » (Emmanuelle Gibello).
  20. Par exemple : Pedro Rebelo (« NetRooms — The Long Feedback », http://www.sarc.qub.ac.uk/~prebelo/netrooms/), Georg Hajdu (« Net.Quintet », http://www.quintet-net.org/), et le collectif « Sobralasolas! » initiĂ© par JĂ©rĂŽme Joy, http://sobralasolas.org/).
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  36. Sophie Gosselin, Apo33, Sound mutations: from radio diffusion to radio communication, http://apo33.org/poulpe , publiĂ© dans “Radio Territories”, Ă©ditĂ© par Errant Bodies.
  37. « Sonification is the use of non-speech audio to convey information data to sound ». (G. Kramer, B. Walker, T. Bonebright, P. Cook, J. Flowers, N. Miner, and J. Neuhoff, “Sonification report: Status of the field and research agenda,” Tech. Rep., International Community for Auditory Display, 1999, http://www.icad.org/websiteV2.0/References/nsf.html); et aussi, Barrass, S. et Kramer, G. (1999), Using sonification. In Multimedia Systems, Vol. 7, No 1, 1999, p. 23-31.
  38. Demersseman, Corentin (2009), Le Flobule : un dispositif de sonification d’une captation physiologique sur le corps d’un musicien en jeu, MĂ©moire de fin d'Ă©tudes, ENS Louis LumiĂšre, Paris.
  39. Gu, X.; Dick, M.; Noyer, U.; Wolf, L., NMP - a new networked music performance system, in Global Telecommunications Conference Workshops, 2004. GlobeCom Workshops 2004. IEEE, p. 176-185. http://ieeexplore.ieee.org/xpl/freeabs_all.jsp?arnumber=1417570
  40. Le streaming (en français : lecture en continu ou ruissellement), aussi appelée lecture en transit ou encore diffusion en mode continu ou diffusion de flux continu, désigne un principe utilisé principalement pour l'envoi de contenu en « direct » (ou en léger différé). TrÚs utilisée sur Internet, cette technique permet la lecture d'un flux audio ou vidéo à mesure qu'il est diffusé. Elle s'oppose (ou se différencie de) à la diffusion par téléchargement qui nécessite de récupérer l'ensemble des données d'un morceau ou d'un extrait vidéo avant de pouvoir l'écouter ou le regarder.
  41. Kurtisi, Z; Gu, X.; Wolf, L., Enabling network-centric music performance in wide-area networks, Communications of the ACM, 2006, vol. 49, no 11, p. 52-54. http://doi.acm.org/10.1145/1167838.1167862
  42. Lazzaro
  43. Gu, 2004
  44. Tanaka, Atau, Tokui, Nao & Momeni, Ali. 2005. Facilitating Collective Musical Creativity. In Proceedings of MM’05, Singapore, 2005 November 6-11; Föllmer, Golo. 2001. Soft Music. In Crossfade – Sound Travels on the Web, San Francisco Museum of Modern Art. http://crossfade.walkerart.org/
  45. C'est la mission actuelle du « NMSAT — Networked Music & SoundArt Timeline » dĂ©veloppĂ© et Ă©ditĂ© par JĂ©rĂŽme Joy et Locus Sonus, http://locusonus.org/nmsat/.
  46. Munro, John (1891), “Heroes of the Telegraph”, Published by BiblioBazaar, 2008, Chapter 1, p. 22-23, and Published by Icon Group International Inc (Webster’s French Thesaurus Edition), p. 14.
  47. Verne, Jules (1875), “Une Ville IdĂ©ale en l’an 2000”, Édition annotĂ©e par Daniel CompĂšre, maĂźtre de confĂ©rence Ă  l’UniversitĂ© de Paris III Sorbonne Nouvelle, Édition CDJV - La Maison de Jules Verne, sous la direction de Jean Paul Dekiss, Amiens, 1999, p. 18-29.
  48. Verne, Jules (1863), « Paris au XXe siÚcle », Hachette, Le Cherche Midi éditeur, Le Livre de Poche, 1994, p. 61 et p. 163-164.
  49. Tiphaigne de la Roche, C-F (1760), « Giphantie », In “Voyages aux pays de nulle part”, Ă©d. Francis Lacassin, Paris, Robert Laffont (Coll. Bouquins), 1990.
  50. Bacon, Francis (1627), « The New Atlantis », In “The Works of Francis Bacon”, collected and edited by James Spedding, Robert Leslie Ellis, Douglas Denon Heath, Vol. V, New York: Hurd and Houghton, Boston: Taggard and Thompson, 1864; Bacon, Francis (1627), « La Nouvelle Atlantide », translated by MichĂšle le DƓuff et Margaret Llasera, Paris : GF Flammarion (1995), 2e Ă©dition revue 2000.
  51. Apollinaire, Guillaume (1916), « Le Roi-Lune », Mercure de France, 1916; In “Le PoĂšte AssassinĂ©â€, 1917 & “Le PoĂšte AssassinĂ©, contes”, L'Édition, BibliothĂšque de Curieux, 1916; Ed. Mille et Une Nuits, texte intĂ©gral, 1995.
  52. Rabelais, François (1552), « Gargantua and Pantagruel », Livre IV, Chap. LV - fabulae LXXXIX - VOCES FRIGORE CONCRETÆ, p. 80-84, et Livre IV, Chap. LVI - Comment entre les parolles gelees Pantagruel trouva des mots de gueule, p. 86-91, In “ƒuvres de Rabelais”, Édition variorum, avec des remarques de Le Duchat, de Bernier, de Le Motteux, de l’AbbĂ© de Marsy, de Voltaire, de GinguenĂ©, etc., Tome SeptiĂšme, “Commentaire historique - Livre IV, Chapitre LV, Dalibon Libraire, Paris, Palais Royal, Galerie de Nemours, Imprimerie Jules Didot aĂźnĂ©, imprimeur du roi, Rue du Pont-de-Lodi, no 6, MDCCCXXIII, 1823.
  53. ValĂ©ry, Paul (1928), « La ConquĂȘte de l’UbiquitĂ© », In “PiĂšces sur l’Art’, and in “De la musique avant toute chose” (textes de Paul ValĂ©ry, Henri Massis, Camille Bellaigue, etc.), Ă©ditions du Tambourinaire, Paris, 1928; Reprint in “ƒuvres”, vol.II, Coll. "La PlĂ©iade", Gallimard, Paris, 1960, p. 1284-1287.
  54. Les instructions prĂ©cisaient que l'Ɠuvre « used radio transistors as a musical instrument. The transistors were interconnected thus influencing each other.» Pritchett, J. (1993). The Music Of John Cage. Cambridge University Press, Cambridge, UK.
  55. Bischoff, J.; Brown, C., http://crossfade.walkerart.org/brownbischoff/
  56. « It was more difficult than imagined to debug all of the software problems on each of the different machines with different operating systems and CPU speeds in different cities », Bischoff, J.; Brown, C., http://crossfade.walkerart.org/brownbischoff/
  57. Martinez, Luc (1999), Réseau Haut-Débit. Territoire de Création Musicale, JIM 99, Paris, 17-19 mai 1999.
  58. « Gestes »(1997) de JérÎme Joy, avec Alex Grillo (« KAT midi percussion controller et vibraphone, Nice), Daniel Biro (piano, London), Lawrence Casserley (« sound treatments, London) et JérÎme Joy (bande magnétique et diffusion, Nice)
  59. Martinez, Luc (1999).
  60. Sawchuk, (2003). Joy, (1998).
  61. Cf. l'introduction de Zaïs avec les clusters instrumentaux trÚs bruités rappelant le son du tonnerre et le chaos.
  62. Avec la réalisation des « spatialisateurs » tel que l'« Holophon » développé au GMEM à Marseille/
  63. Berlioz, Hector (1852), “Euphonia ou la Ville Musicale”, In “Les SoirĂ©es de l’Orchestre”, Paris : Michel LĂ©vy FrĂšres, libraires-Ă©diteurs, Rue Vivienne, 2bis, 1852. And In second edition, 1854, p. 292-354.
  64. « Dans une reprĂ©sentation que j’ai donnĂ©e Ă  Darmstadt avec une piĂšce qui s’appelle « Musik fĂŒr ein Haus », (Musique pour une maison), nous avons, comme je l’ai dit, mis toute une maison sous musique. Pendant le concert, nous enregistrions ce que nous jouions sur des bandes magnĂ©tiques que nous passions ensuite sur haut-parleurs ; Ă  la fin, nous sommes partis les uns aprĂšs les autres. Pendant toute la soirĂ©e, les musiciens changeaient de piĂšce, s’assemblaient toujours de maniĂšre diffĂ©rente dans des piĂšces diffĂ©rentes, et nous Ă©tions convenus que vers minuit, nous n’irions plus dans une piĂšce diffĂ©rentes, mais que nous sortirions peu Ă  peu de la maison, les uns aprĂšs les autres. Les gens sont restĂ©s longtemps encore, ne sachant pas s’il y avait encore des musiciens. Les enregistrements passaient toujours sur les haut-parleurs et, pour ainsi dire, il n’y avait pas de fin. Finalement, les gens se sont dit : " Bien. rentrons Ă  la maison." » (Karlheinz Stockhausen, In « La musique du XXe siĂšcle », Éd. Robert Laffont, 1975)
  65. Gallet, Bastien (2004), Composer des Étendues — L'art de l'installation sonore, ESBA Genùve.
  66. Joy, JĂ©rĂŽme et Sinclair, Peter (2008), Networked Sonic Spaces, In Proceedings ICMC'08, SARC Belfast, Queen's University.
  67. « LS in SL » (2007), « New Atlantis » (2008/2010), http://locusonus.org/
  68. Valéry, Paul. 1945 [1937]. Notre Destin et les Lettres. In Regards sur le Monde Actuel et Autres Essais. Paris: Gallimard.
  69. ValĂ©ry, Paul. 1928. La ConquĂȘte de l’UbiquitĂ©. In “PiĂšces sur l’Art’, and in “De la musique avant toute chose”, Paris: Éditions du Tambourinaire, 1928 ; et aussi, In “ƒuvres”, vol. II, Coll. La PlĂ©iade, (p. 1284-1287). Paris: Gallimard. 1960.
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