Musée national Zabana d'Oran
Le musĂ©e national Zabana d'Oran (en arabe : ۧÙÙ ŰȘŰÙ Ű§ÙÙŰ·ÙÙ ŰŁŰÙ ŰŻ ŰČۚۧÙŰ©) est un musĂ©e algĂ©rien situĂ© Ă Oran. Ses collections vont de la PrĂ©histoire aux arts visuels contemporains.

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m2 |
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19 boulevard Zabana |
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35° 41âČ 45âł N, 0° 38âČ 43âł O |

Historique

La crĂ©ation du musĂ©e municipal DemaĂ«ght dans la ville d'Oran est due Ă Louis DemaĂ«ght, archĂ©ologue et Ă©pigraphiste, qui rĂ©unit en 1882 divers objets issus de ses propres collections et rĂ©partis en trois sections : la numismatique (13 piĂšces), les antiquitĂ©s romaines et africaines (16 piĂšces), l'histoire naturelle, objets auxquels s'ajoutent dĂšs l'ouverture du musĂ©e les deux remarquables mosaĂŻques romaines de Portus magnus dĂ©placĂ©es du site dit du « Vieil Arzew » Ă Bethioua : la grande mosaĂŻque en quatre tableaux, et la petite reprĂ©sentant le DĂ©part de Bacchus vers les Indes[1]. Plus tard, dâautres sections comme la PrĂ©histoire et l'ethnographie, la peinture, la sculpture, l'art graphique et la gravure, furent ajoutĂ©es. Face Ă l'augmentation du fonds, un nouveau local sâimposa bientĂŽt.
ĂdifiĂ© en 1933, le bĂątiment actuel, situĂ© au 19, boulevard Zabana, est officiellement inaugurĂ© le dans les locaux du palais des beaux-arts et est appelĂ© dans un premier temps « musĂ©e DemaĂ«ght ». Ce grand bĂątiment comprend non seulement le musĂ©e, mais aussi la bibliothĂšque municipale et l'Ă©cole des beaux-arts d'Oran. En 1963, aprĂšs l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie, le musĂ©e est placĂ© sous la tutelle de lâAssemblĂ©e populaire communale de la ville dâOran, et ce jusquâen 1986. Depuis cette date, il est sous la tutelle du ministĂšre de la Culture algĂ©rien et a Ă©tĂ© rebaptisĂ© musĂ©e national Zabana en hommage Ă Ahmed Zabana (1926-1956), combattant de la rĂ©volution algĂ©rienne.
Collections
Le musĂ©e s'est dotĂ© d'une riche collection d'Ćuvres rĂ©partie en sept sections. De la prĂ©histoire Ă l'art contemporain, de la peinture aux arts dĂ©coratifs en passant par les dessins et les sculptures, toutes les formes d'art sont reprĂ©sentĂ©es au sein des Ćuvres conservĂ©es. Il ne cesse dâenrichir ses collections notamment par des dons ou des achats.
Section beaux-arts
Une importante collection sây trouve, bien que ne bĂ©nĂ©ficiant que de peu de moyens. Cette section regroupe 718 Ćuvres de peinture et de sculpture d'AlgĂ©riens et d'Ă©trangers[2]. Elle est reconnue internationalement comme ayant reçu en dotation l'essentiel des Ćuvres de l'ancien musĂ©e des beaux-arts d'Oran, et notamment une importante collection de peintres franco-algĂ©riens ou ayant travaillĂ© en AlgĂ©rie comme AndrĂ© SurĂ©da (donation de la veuve de l'artiste en 1948[3]), ou de pensionnaires de la villa Abd-el-Tif[4] comme Ămile Bouneau, ainsi que des Ćuvres de Francis Harburger, un ancien Ă©lĂšve de lâĂcole des beaux-arts dâOran.
On y trouve des Ćuvres de peintres cĂ©lĂšbres de l'Ăcole d'Alger, comme Jean Launois, AndrĂ© HĂ©buterne, Maurice Bouviolle, LĂ©on Cauvy, Marius de Buzon, Pierre Deval, LĂ©on CarrĂ©, Paul Ălie Dubois ou Georges Halbout du Tanney, ou le fondateur de la peinture algĂ©rienne moderne Azouaou Mammeri, sans oublier le peintre corse Dominique Frassati avec une (MaternitĂ©).
Les Ćuvres du XIXe siĂšcle des Ă©coles europĂ©ennes reflĂštent le romantisme hĂ©ritĂ© d'EugĂšne Delacroix, chez EugĂšne Fromentin (Paysage de Laghouat) et Alfred Dehodencq (Le Conteur), lâorientalisme chez Prosper Marilhat (La Caravane), Gustave Guillaumet (Paysage dâOran), Ămile Gaudissard (Bouquet de fleurs), Gabriel-Charles Deneux (Lâantique puits de Sidi BoumediĂšne), Nasreddine Dinet (Femmes au repos), (Vent chaud) et (L'Air Ă©tait embrasĂ©, le sol ardent et rouge comme des rubis), Jean-François Millet (La BecquĂ©e) etc.
Les collections conservent aussi des Ćuvres de diverses tendances modernes comme lâimpressionnisme et le surrĂ©alisme.
La peinture algĂ©rienne occupe une place de choix et constitue un ensemble national tĂ©moignant de la production de lâart algĂ©rien depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle jusqu'Ă nos jours. Les pionniers de lâart algĂ©rien sont prĂ©sents dans cette section tels que Baya, M'hamed Issiakhem, Abdelkader Guermaz, Saad Houari, Zerrouki Boukhari et autres.
On y trouve aussi, une remarquable tapisserie des Gobelins du XVIIe siÚcle représentant Moïse frappant le rocher avec sa baguette, et un buste en bronze de Victor Hugo signé Auguste Rodin[5].
Section art musulman

Dans la section Arts de l'Islam, le musĂ©e conserve des piĂšces choisies parmi les monuments les plus caractĂ©ristiques qui montrent lâĂ©volution civilisationnelle des diffĂ©rentes dynasties musulmanes du Maghreb, en particulier celles de lâAlgĂ©rie et du Maroc, ainsi que de l'Andalousie. On y trouve par exemple des cĂ©ramiques, poteries, faĂŻences, calligraphies, miniatures, Enluminures, textiles, tissages, armurerie, et des objets en bois.
Section El Moudjahid
Cette section a Ă©tĂ© inaugurĂ©e le en hommage aux chahids (martyrs) et moudjahidine qui se sont sacrifiĂ©s pour l'AlgĂ©rie. Elle regroupe les tĂ©moignages de la rĂ©volution (1954-1962). Sây trouvent, en particulier, les archives de la Wilaya V.
Section numismatique
Les collections de la numismatique retracent lâhistoire des peuples nord-africains Ă travers le temps, de l'AntiquitĂ© jusqu'Ă l'Ă©poque contemporaine.
Section préhistoire
Cette section renferme un nombre important dâindustries lithiques. La diversitĂ© instrumentale est un tĂ©moin du passage des hommes primitifs sur le sol algĂ©rien, et en particulier Ă lâouest.

Section du vieil Oran

De Unica Colonia Ă Wahran, en passant par Ifri, l'histoire d'Oran remonte au-delĂ de la conquĂȘte arabe. La section renferme des collections tĂ©moignant de son passĂ© pendant les diffĂ©rentes pĂ©riodes.
Section ethnographie
Les collections ethnographiques renferment les vestiges matĂ©riels des composantes ethniques du Maghreb, notamment de lâAlgĂ©rie, du Maroc et de la Tunisie.
Section histoire naturelle
Les collections appartiennent Ă la zoologie, Ă la botanique, Ă la minĂ©ralogie, Ă la palĂ©ontologie, Ă l'entomologie et Ă lâanatomie comparĂ©e[6].
Expositions
- En , et dans le cadre de la JournĂ©e mondiale de la langue arabe cĂ©lĂ©brĂ©e le 18 dĂ©cembre de chaque annĂ©e, le musĂ©e a organisĂ© une exposition sous le thĂšme Calligraphie arabe histoire, art et crĂ©ativitĂ©, prĂ©sentant une collection de monnaies frappĂ©es au caractĂšre arabe maghrĂ©bin datant des Ă©poques ottomane, de lâEmir Abdelkader et des dynasties Saadien, Almohade et MĂ©rinide, qui est conservĂ©e au musĂ©e. Aussi, une collection de tableaux dâart de calligraphie arabe du plasticien Taleb Mahmoud, a Ă©tĂ© exposĂ©e au musĂ©e[7].
- En , le musĂ©e a organisĂ© une exposition de tableaux du peintre français AndrĂ© SurĂ©da. Au total, 23 tableaux dâart de l'artiste conservĂ©s au musĂ©e ont Ă©tĂ© exposĂ©s[8].
- En , le musĂ©e a abritĂ© une exposition collective de trois artistes algĂ©riens connus pour leur expĂ©rience dans lâart abstrait et lâart contemporain. Au total 76 toiles des peintres Kaf Nemr Abdelouahab, Ahmed Mebarki et Mohamed Bendima ont Ă©tĂ© exposĂ©es. Des portraits du fondateur de lâEtat algĂ©rien moderne, lâEmir Abdelkader, et des toiles comportant des symboles adaptĂ©s du patrimoine populaire algĂ©rien et dâautres de la fantasia[9].
- En , le musĂ©e a organisĂ© Ă lâoccasion de la journĂ©e internationale des femmes, une exposition sous le thĂšme Les crĂ©ations de le femme algĂ©rienne : passĂ© et prĂ©sent. Des collections conservĂ©es au musĂ©e ont Ă©tĂ© exposĂ©s, Ă lâinstar des vĂȘtements traditionnels, blouza oranaise, caftan, karakou dâAlger et mendil (foulard) du XXe siĂšcle, des poteries et des produits en alfa rĂ©alisĂ©es par des femmes algĂ©riennes, tous datant des XIXe siĂšcle et XXe siĂšcle, ainsi que deux peintures de la cĂ©lĂšbre artiste Baya Mahieddine, et des livres Ă©crits par des femmes Ă©crivains[10].
- Le , la salle des Beaux arts du musĂ©e a abritĂ© une exposition de collections dâarts plastiques dont des tableaux rĂ©alisĂ©s par des peintres algĂ©riens, europĂ©ens et orientalistes . Au total 49 peintures et sculptures ont Ă©tĂ© exposĂ©es, datant des XVIe siĂšcle, XVIIIe siĂšcle, XIXe siĂšcle, jusqu'au XXe siĂšcle[11].
Actes de vol

Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1985, deux tableaux de Gustave Courbet dont La Vierge et l'Enfant et La Biche morte ont Ă©tĂ© volĂ©s au musĂ©e. Le tableau La Biche morte de Gustave Courbet rĂ©apparaĂźt dans le catalogue d'une vente publique Ă Paris, au George V, le 19 dĂ©cembre 2001. Il est retirĂ© de la vente Ă la demande de la direction des musĂ©es de France et saisi par les services de police. LâĆuvre a Ă©tĂ© officiellement remise Ă la direction des musĂ©es de France par l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels le 9 octobre 2002. L'arrĂȘtĂ© de fin de dĂ©pĂŽt au musĂ©e d'Oran est signĂ© les jours suivants et lâĆuvre est transfĂ©rĂ©e au musĂ©e d'Orsay, le 29 octobre 2002[12]. LâĆuvre intĂšgre la base MNR Rose-Valland, catalogue français des Ćuvres spoliĂ©es par les Nazis pendant l'occupation en attente de restitution au lĂ©gitime propriĂ©taire. La biche morte porte le numĂ©ro MNR 652. En AlgĂ©rie, la non-restitution du tableau au musĂ©e d'Oran soulĂšve beaucoup d'interrogations[13] - [14]. Toutefois, en retraçant l'histoire de lâĆuvre, il apparaĂźt que le musĂ©e d'Oran n'Ă©tait pas propriĂ©taire de lâĆuvre, mais simplement dĂ©positaire du tableau depuis 1953. En effet, ce dernier est saisi entre septembre et novembre 1942 par la Möbel Aktion-Bilder et transfĂ©rĂ© en Allemagne Ă la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lors de la dĂ©bĂącle allemande, il est rapatriĂ© vers la France en 1947, puis attribuĂ© au musĂ©e du Louvre (dĂ©partement des peintures) par l'Office des biens et intĂ©rĂȘts privĂ©s en 1951. Il est dĂ©posĂ© au musĂ©e d'Oran, alors sous administration française, en 1953[15]. En 2019, Ă lâoccasion du bicentenaire de la naissance du peintre Gustave Courbet, un court mĂ©trage rĂ©alisĂ© par Philippe Di Folco, avec le soutien de KANAL-Centre Pompidou[16], raconte l'histoire du tableau La biche morte[17]. Mais avant la visite officielle du prĂ©sident François Hollande en AlgĂ©rie les 19 et 20 dĂ©cembre 2012, lâĂlysĂ©e a envisagĂ© de restituer ce tableau de Gustave Courbet, et dont les deux Ă©tats en revendiquent la propriĂ©tĂ©, chose qui n'a pas Ă©tĂ© faite[18].
En 1985, La Becquée (1848) une toile qui représente une paysanne donnant à manger à ses trois enfants sur le pas de sa porte de Jean-François Millet a disparu du musée d'Oran, mais récupérée à Paris par les autorités algériennes en 2014[19].
Galerie
Inscription commémorative pour la construction d'un magazin par ordre de Mustapha Bouchelaghem
Derbouka ancienne d'Algérie, du 19 siÚcle
MosaĂŻque romaine de Bethioua
Jarres antiques du littoral oranais
Karakou d'Alger, du 19 siĂšcle
Ghlila de Tlemcen, du 19 siĂšcle
Carreau de céramique de la période ottomane
Conservateurs
- François Doumergue
- Gustave Vuillemot
- François Fauck
- Bouchra Salhi
- Salah Amokrane
Notes et références
- Article de Louis Demaëght sur Portus Magnus paru dans le Bulletin trimestriel des antiquités africaines, 1884, p. 117.
- « MusĂ©e dâOran Ahmed Zabana, Une expo de peintres algĂ©riens de renommĂ©e », sur L'expression, (consultĂ© le )
- Ălisabeth Cazenave, Les artistes de l'AlgĂ©rie, 2001, p. 416.
- Cette villa d'Alger reçut de 1907 Ă 1961, en pension pendant deux ans, les laurĂ©ats du concours Abd el Tif, rĂ©servĂ© Ă de jeunes peintres mĂ©tropolitains. Il s'agissait d'encourager leur intĂ©rĂȘt pour l'AlgĂ©rie (cf. Marion Vidal-BuĂ©, Alger et ses peintres, 2000, p. 240).
- https://www.elmoudjahid.com/fr/culture/musee-national-zabana-d-oran-un-patrimoine-culturel-remarquable-3123
- Musée national Zabana d'Oran.
- https://www.aps.dz/culture/99002-journee-mondiale-de-la-langue-arabe-l-art-de-la-calligraphie-maghrebine-mise-en-exergue-au-musee-ahmed-zabana-d-oran
- https://www.aps.dz/culture/116071-oran-exposition-des-tableaux-de-l-artiste-peintre-andre-sureda-au-musee-ahmed-zabana
- « Oran: trois artistes peintres exposent au Musée "Ahmed Zabana », sur APS, (consulté le )
- « Oran: une manifestation culturelle sur les créations de la femme, passé et présent », sur APS, (consulté le )
- « MusĂ©e dâOran: une exposition dâarts plastiques Ă la salle des Beaux arts », sur APS, (consultĂ© le )
- « Biche morte », sur musee-orsay.fr (consulté le ).
- Rachid Lourdjane, « Sur les traces de « La biche morte » : Un courbet volé à Oran retrouvé à Paris », sur elwatan.com, (consulté le ).
- Mounir Kechar, « La biche morte" un Courbet inestimable volĂ© Ă Oran retrouvĂ© au musĂ©e dâOrsay Ă Paris... », sur algerlablanche.com, (consultĂ© le ).
- https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/mnr/MNR00652
- « La biche morte », sur kanal.brussels.fr (consulté le ).
- Philippe Di Folco, « La biche morte », sur vimeo.com (consulté le )
- « France â AlgĂ©rie : deux chevaux, un tableau, un livre, une sculpture... les cadeaux de la rencontre Hollande-Bouteflika », sur JeuneAfrique, (consultĂ© le )
- « Restitution Ă l'AlgĂ©rie de lâĆuvre de Jean-François Millet « Femme faisant manger ses enfants » dite aussi « la becquĂ©e » », sur Ambassade d'AlgĂ©rie Ă Paris, (consultĂ© le )
