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Villa Abd-el-Tif

La villa Abd-el-Tif (arabe : ۯۧ۱ Űčۚۯ Ű§Ù„Ù„Ű·ÙŠÙ) est un petit palais situĂ© dans la campagne de la commune de Belouizdad (Wilaya d'Alger). Exemple d'architecture des djenans du XVIIIe siĂšcle, il a hĂ©bergĂ© de 1907 Ă  1962 des peintres venus de mĂ©tropole sur le principe de la villa MĂ©dicis Ă  Rome et, plus tard, de la Casa VĂ©lasquez Ă  Madrid.

Villa Abd-el-Tif
Le bassin de la villa Abd-el-Tif.
Présentation
Type
Destination initiale
Villa privée du Dey d'Alger
Destination actuelle
Style
Construction
1715
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
36° 44â€Č 42″ N, 3° 04â€Č 24″ E
Carte
La villa Abd-el-Tif.

Le prix Abd-el-Tif, décerné sur concours, créé en 1907, en a fait une institution qui a beaucoup contribué au rayonnement artistique de l'Algérie.

Abandonnée aprÚs l'indépendance du pays, la villa, classée monument historique en 1967, a été restaurée. Rouverte le , elle abrite désormais le siÚge de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC).

Historique

La villa a été construite par un dignitaire du pouvoir deylical au XVIIIe siÚcle. Le premier acte qui en fasse mention date de 1715 et la décrit comme « campagne sise au quartier El Anasser par Bab Azoun, au-dessus de la fontaine du Hamma ».

En 1717, Ali ben Mohammed Agha la vend à Sidi Ali ben Mohammed el-Sabbagh, lecteur de Coran à la mosquée, pour une somme de 325 réaux d'argent. Puis elle appartient à Osman, syndic des janissaires, ensuite à un droguiste, puis à un janissaire. En 1790, elle est la propriété de Hadj Mohammed Khodja, ministre de la Marine et, par la suite, vendue à Si Mahmoud Abd-el-Tif qui l'acheta en 1795 pour deux mille dinars d'or. En 1830, la famille Abd el-Tif est toujours propriétaire de la maison et il semble qu'elle le soit restée jusqu'en 1831.

AprÚs 1831, ce djenan revient à l'administration coloniale française et est affecté à l'infirmerie de la Légion étrangÚre, jusqu'en 1836, date du départ de la Légion pour l'Espagne. La campagne, abandonnée, est restituée à la famille représentée par Sid Mahmoud Abd el-Tif qui finit par la vendre aux Domaines en 1846.

Il y a peu d'informations concernant les vingt annĂ©es suivantes, mais on sait qu'elle fut transformĂ©e en ambulance pour les soins aux cholĂ©riques du au . Puis elle tombe dans l'oubli jusqu'en 1905, servant d'annexe au jardin d’essai.

En , le critique d'art ArsĂšne Alexandre Ă©crit Ă  Charles Jonnart, gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'AlgĂ©rie : « Il devrait exister Ă  Alger, en dehors des musĂ©es, une maison des artistes. Cette maison peut ĂȘtre crĂ©Ă©e sans une aussi grande dĂ©pense que l'on pourrait le croire. Son emplacement existe et il est merveilleux. C'est la maison des Abd-el-Tif au-dessus du Jardin d'Essai et elle est en train de tomber en ruine. Cette demeure qui est encore ravissante, malgrĂ© son Ă©tat de dĂ©labrement, est placĂ©e de telle sorte que les plus belles leçons de la lumiĂšre et les plus belles richesses de la nature s'y trouveraient, en quelque sorte, sous la main des artistes qu'on y logerait. La terrasse, sa colonnade, sa cour intĂ©rieure encore dĂ©corĂ©e de brillantes cĂ©ramiques, son entourage de luxuriante verdure en feraient un sĂ©jour enviable. La maison des Abd-el-Tif est certes en mauvais Ă©tat [
] mais remise en Ă©tat et logeant des artistes [
] cette sorte de villa Medicis d'Alger deviendrait aussi cĂ©lĂšbre qu'enviĂ©e. » En dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e, le critique d'art publie dans l'hebdomadaire L'Akhbar, dirigĂ© par Victor Barrucand, une Ă©tude sur « les arts et les industries d'art en AlgĂ©rie » et propose la crĂ©ation d'une Maison des artistes.

LĂ©once BĂ©nĂ©dite, conservateur du musĂ©e du Luxembourg Ă  Paris et fondateur de la SociĂ©tĂ© des peintres orientalistes français, reprend l'idĂ©e et la fait aboutir en dĂ©cidant le gouverneur gĂ©nĂ©ral Jonnart Ă  restaurer les bĂątiments et Ă  les affecter Ă  une rĂ©sidence d'artistes. En 1907, un arrĂȘtĂ© du gouvernement fait de la villa Abd-el-Tif la maison des artistes mĂ©tropolitains. L'architecte Gabriel Darbeda fut chargĂ© de la restauration des bĂątiments y faisant quelques amĂ©nagements mineurs. Les ateliers individuels, clairs et spacieux, ne furent installĂ©s qu'en 1925 dans une annexe de la villa.

La villa et ses jardins ont été classés sur la liste des monuments historiques en .

Le prix Abd-el-Tif, décerné sur concours, est créé en 1907 sous l'impulsion de Léonce Bénédite et Charles Jonnart, gouverneur général de l'Algérie. C'est la Société des peintres orientalistes français qui est chargée de l'attribution du prix : un séjour de un à deux ans en Algérie. Paul Jouve et son ami Léon Cauvy sont les premiers pensionnaires de la villa Abd-el-Tif en 1907. Cette villa, qui n'avait pas de direction, était gérée directement par les résidents. Les Abd-el-Tif sont au nombre de quatre-vingt-sept, dont soixante-sept peintres et graveurs, dix-sept sculpteurs et un architecte.

Description

Terrasse et patio vus du premier Ă©tage.

Une description donnĂ©e en 1910[1] la dĂ©crit ainsi : « À signaler dans cette villa, l'ancien Bassin des Femmes que borde un portique Ă  parure d'Ă©mail, la cour intĂ©rieure oĂč se dĂ©veloppe une galerie Ă  double ligne d'arceaux soutenus par d'Ă©lĂ©gantes colonnettes Ă  cannelures torses. En face, le porche d'entrĂ©e, Ă©levĂ© sur douze colonnes et abritant sous ses ogives, une porte Ă  clous et Ă  heurtoir de bronze. Au-delĂ  des voĂ»tes du vestibule et de l'escalier d'aspect monacal, c'est le bain maure puis, au premier Ă©tage, le patio tout de marbre, entourĂ© d'arcades et dĂ©corĂ© de faĂŻences oĂč s'Ă©panouissent de curieuses floraisons stylisĂ©es. Sous les arceaux, de hautes portes donnant accĂšs en des salles surmontĂ©es de coupoles Ă  claustras multicolores. Au centre, un pavillon Ă  dĂŽme polygonal s'Ă©tend la vue, sur la baie et la campagne. Au sommet, la terrasse, offrant le charme de l'entier panorama algĂ©rois. »

Une autre description de la villa telle qu'elle se prĂ©sentait en 1942 a Ă©tĂ© donnĂ©e par la revue Algeria : « En gravissant les marches Ă©troites de l'entrĂ©e, en pĂ©nĂ©trant dans le jardin paisible qui prĂ©cĂšde la villa, on subit dĂ©jĂ  le charme de cette solitude parfumĂ©e d'effluves vĂ©gĂ©taux [
] Il faut passer sous ce dais fĂ©Ă©rique, gravir encore quelques degrĂ©s pour accĂ©der Ă  l'esplanade qui s'Ă©tend devant la sereine demeure. C'est lĂ  que l'on aime s'arrĂȘter: l'impression brusquement ressentie de surgir au centre d'un incomparable dĂ©cor immobilise le visiteur charmĂ©. Tout autour ce ne sont que lianes en cascades, arbres aux cimes fleuries, et, s'Ă©tendant Ă  l'infini devant le regard Ă©bloui, la mer et le ciel, qui confondent leurs turquoises dans l'indicible lumiĂšre. [
] Donnant par une Ă©troite ouverture sur cette esplanade, la cour intĂ©rieure Ă©lĂšve Ă  droite, sur des colonnettes Ă  cannelures torses, la double ligne de ses arceaux dĂ©licats. La grĂące des chapiteaux, le coloris des faĂŻences rehaussant l'architecture, le dessin capricieux des tiges grimpantes appuyĂ©es aux colonnades, quelques pots de gĂ©raniums Ă©clatants posĂ©s de ci de lĂ , composent un ensemble d'une originale et fine beautĂ©. Face Ă  la galerie, se trouve le porche d'entrĂ©e de la villa. Majestueux, il s'Ă©lĂšve sur douze colonnes, et sa porte garnie de clous avec son vieux heurtoir de bronze, s'encadre, avec somptuositĂ©, d'une vĂ©ritable “broderie de pierre”. »

Quelques artistes ayant séjourné à la villa Abd-el-Tif

Peintres

Graveurs

Sculpteurs

Galerie

  • La cour.
    La cour.
  • Colonnades.
    Colonnades.
  • Le patio.
    Le patio.
  • Une entrĂ©e.
    Une entrée.
  • Vue partielle depuis la terrasse.
    Vue partielle depuis la terrasse.

Notes et références

  1. ComitĂ© du Vieil Alger, les Feuillets d'El-DjezaĂŻr (fondateur Henri Klein), Éditions du Tell, rĂ©Ă©dition de l'ouvrage paru aux Éditions L. Chaix Ă  Alger en 1937.

Annexes

Bibliographie

  • Élisabeth Cazenave, La villa Abd-el-Tif : Un demi-siĂšcle de vie artistique en AlgĂ©rie 1907-1962, Paris, Association Abd-el-Tif, , 319 p. (ISBN 2-9509861-1-0).
  • Dalila Mahammed Orfali, Chefs-d'Ɠuvre du MusĂ©e National des Beaux-Arts d'Alger, MusĂ©e National des Beaux-Arts d'Alger, 1999.
  • Marion Vidal-BuĂ©, Alger et ses peintres, Éditions Paris-MĂ©diterranĂ©e, 2000.
  • Colette Juilliard-Beaudan, « Abdel tif, la villa MĂ©dicis d’Alger », Les Cahiers de l'Orient, no 89,‎ , p. 141–148 (DOI 10.3917/lcdlo.089.0141).
  • Collectif (Alain Cartron, Olivier Lazzarotti, Laurence Joignerez, Dominique-Paul Boitel, Marion Vidal-BuĂ©, Michel Riousset, Jean-Pierre Pophillat), Maurice Boitel, d'Alger Ă  Nuits-Saint-Georges, Éditions MusĂ©e de Nuits-Saint-Georges, 2011.
  • Marion Vidal-BuĂ©, Villas et Palais d'Alger , Paris, Éditions Place des Victoires, 2012.

Articles connexes

Liens externes

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