Musée des copies
Le musée des copies est un ancien musée français projeté en 1871, inauguré au printemps 1873 au Palais de l'Industrie et des Beaux-arts sur les Champs-Elysées à Paris, et fermé à la fin de la même année.
Ouverture |
Avril 1873 |
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Fermeture |
DĂ©cembre 1873 |
Dirigeant |
Genre |
Copie de peinture et de sculpture |
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Article dédié |
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Historique
Le musée est créé sur la suggestion de Charles Blanc, reprenant une idée émise en 1834 par Adolphe Thiers. Sa demande reçoit un accueil très favorable de Jules Simon, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts du gouvernement de la Troisième République[1]. Son but « est de réunir et de mettre sous les yeux, dans un même local, les copies des tableaux des grands maîtres disséminés, soit dans les départements, soit à l'étranger, soit dans les galeries particulières »[2], afin « d'instruire les jeunes artistes par l’exemple et de permettre au public de former son jugement esthétique »[3]. Le musée est rapidement l'objet de vives critiques, tant sur le principe même de sa conception que sur la sélection des œuvres copiées[4]. Avant même son ouverture, un article de l'hebdomadaire politico-satirique La Mascarade publié à Lyon présente une liste fantaisiste de titres d'œuvres exposées, brocardant le monde politique au pouvoir[2].
Ce projet d'envergure n'eut qu'une existence éphémère : inauguré en [1], il fut déjà abandonné à la fin de l'année 1873, soit neuf mois après son ouverture au public, à la suite de la démission de son créateur Charles Blanc[5] - [6]. À la demande du nouveau directeur des Beaux-Arts, Charles-Philippe de Chennevières-Pointel, nommé en remplacement de Charles Blanc, les collections furent réparties entre les établissements de l'État, principalement l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et différents musées de province[7] - [8].
Œuvres exposées
Lors de l'inauguration, la collection est constituée d'environ 130 tableaux[4] : une salle entière est consacrée aux fresques du Vatican, et d'autres copies de Raphaël, dues notamment à Ingres, Paul Baudry et Bon Boullogne, sont disséminées dans les galeries[9]. Une place importante y est aussi réservée à Michel-Ange, Andrea del Sarto et Giotto di Bondone, dont les œuvres sont copiées, entre autres, par Jules Lenepveu, Louis Charles Timbal et Louis-Casimir Hénault, tandis qu'une seule Madone de Léonard de Vinci a été retenue[10]. Les grands peintres italiens sont encore représentés par Titien, Le Tintoret, Carpaccio, Fra Bartolomeo, Le Dominiquin, Le Pérugin, Le Sodoma et Le Corrège, dans des copies réalisées par Victor Mottez, Blanchard, Franz Adolf von Stürler, Jean-Louis Bézard, Jules Quantin et Félix-Henri Giacomotti ; tandis que des copies de Rembrandt et Paulus Potter, par Léon Bonnat et Félix-Hippolyte Lanoüe, figurent l'école hollandaise ; Nicolas Poussin est le seul représentant de l'école française, avec notamment une copie de la main de Jacques Stella[11].
Au total, durant la brève existence du musée, 199 œuvres y sont rassemblées[12], parmi lesquelles :
- no 124 : Vénus couchée de Victor Mottez, d'après la Vénus d'Urbin du Titien, Mâcon, musée des Ursulines[13] ;
- L'Ivresse de Noé de Paul Baudry, d'après Michel-Ange, Paris, musée d'Orsay[14] ;
- no 113 : La Vision d'Ézéchiel de Xavier-Alphonse Monchablon, d'après Raphaël[9], Paris, École nationale supérieure des beaux-arts[15] ;
- no 133 : Mise au tombeau de Jean-Charles Nicaise Perrin, d'après Le Caravage, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts[16].
Notes et références
- Boime 1964, p. 238.
- H.D., « le Musée des copies », La Mascarade, Lyon, vol. 5e année, no 207,‎ , p. 2-3 (lire en ligne, consulté le ).
- Séverine Sofio, « Les vertus de la reproduction : Les peintres copistes en France dans la première moitié du XIXe siècle », Travail genre et société, vol. 19, no 1,‎ , p. 23-39 (lire en ligne, consulté le ).
- Delaborde 1873.
- Boime 1964, p. 239.
- (de) Pierre Vaisse, « Charles Blanc und das "Musée des Copies" », Zeitschrift für Kunstgeschichte, vol. 39, no 1,‎ , p. 54-66 (lire en ligne, consulté le ).
- Ph. de Chennevières, « Rapport à M. le Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, sur le Musée des copies (26 décembre 1873) », Bulletin administratif de l'instruction publique, vol. 16, no 325,‎ , p. 154-1056 (lire en ligne, consulté le ).
- Ph. de Chennevières, « Second rapport à M. le Ministre sur le Musée des copies (31 décembre 1873) », Bulletin administratif de l'instruction publique, vol. 16, no 325,‎ , p. 1056-1057 (lire en ligne, consulté le ).
- Delaborde 1873, p. 213.
- Delaborde 1873, p. 216.
- Delaborde 1873, p. 216-217.
- Duro 1985.
- « Vénus couchée », sur Joconde (consulté le ).
- « Paul Baudry, L'ivresse de Noé, entre 1828 et 1885 », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
- « Vision d'Ézéchiel, copie », sur Cat'zArts (consulté le ).
- « Mise au tombeau, copie », sur Cat'zArts (consulté le ).
Annexes
Bibliographie
- Henri Delaborde, « Le musée des copies », Revue des Deux Mondes, vol. 105,‎ , p. 209-218 (lire en ligne).
- (en) Albert Boime, « Le Musée des copies », Gazette des Beaux-Arts,‎ , p. 237-247 (lire en ligne, consulté le ).
- Bruno Foucart, « IV. Le XIXe siècle : Les modèles élusifs et le « Musée des copies » », Revue de l'art, vol. 21,‎ , p. 23-27.
- Paul Duro, « Le Musée des copies de Charles Blanc à l'aube de la III° République. Catalogue », Bulletin, Société d'Histoire de l'art français, no 113,‎ .