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Mucine

Une mucine ou mucigĂšne[1] est une glande protĂ©ine fortement glycosylĂ©e et entrant dans la composition de nombreux mucus recouvrant les cellules en contact avec le milieu extĂ©rieur. Les propriĂ©tĂ©s lubrifiantes de cette glycoprotĂ©ine interviennent dans la protection des Ă©pithĂ©liums contre toutes sortes d’agressions d’origine endogĂšne ou exogĂšne (sucs digestifs, microorganismes, polluants, toxines). Certaines mucines sont liĂ©es aux membranes cellulaires Ă  cause de la prĂ©sence d'un domaine hydrophobe autour de la membrane qui favorise la rĂ©tention dans la membrane plasmique, les autres sont sĂ©crĂ©tĂ©es sur des surfaces muqueuses et, chez les mammifĂšres ou d'autres animaux, dans la salive (sialomucines).

Les mucines sécrétées sur des surfaces muqueuse et dans la salive

Elles ont des fonctions importantes de protection des épithéliums des voies aériennes et digestives.

Les gÚnes des mucines encodent les monomÚres des mucines qui sont synthétisés sous forme de noyaux d'apomucine en forme de bùtonnets qui sont modifiés par une glycosylation post-transcriptionnelle exceptionnellement abondante. Deux régions bien distinctes sont trouvées sur les mucines matures :

  • les rĂ©gions terminales (amino- et carboxy-) sont trĂšs lĂ©gĂšrement glycosylĂ©es, mais riches en cystĂ©ine, qui sont probablement impliquĂ©es dans l'Ă©tablissement de ponts disulfure au sein des monomĂšres et entre les monomĂšres ;
  • une grande rĂ©gion centrale formĂ©e de multiples rĂ©pĂ©titions en tandem de 10 Ă  80 sĂ©quences de restes parmi lesquels jusqu'Ă  la moitiĂ© des acides aminĂ©s sont des sĂ©rine ou des thrĂ©onine. Cette zone finit par se saturer de centaines d'oligosaccharides Ă  liaison O. Des oligosaccharides Ă  liaison N sont Ă©galement prĂ©sents dans les mucines, mais en bien plus faible proportion.

L'« enrobage sucrĂ© » dense des mucines leur donne un considĂ©rable pouvoir hygroscopique et les rend de plus rĂ©sistants Ă  la protĂ©olyse, ce qui peut ĂȘtre important pour maintenir les barriĂšres muqueuses.


GĂšnes

Depuis 1987, au moins 21 gĂšnes sont impliquĂ©s dans leur production chez l'ĂȘtre humain : MUC1, MUC2, MUC3A, MUC3B, MUC4, MUC5AC, MUC5B, MUC6, MUC7, MUC8, MUC12, MUC13, MUC15, MUC16, MUC17, MUC19, MUC20 et MUC21. Ces gĂšnes codant des glycoprotĂ©ines qui possĂšdent le plus souvent un domaine peptidique de type mucin-like, riche en proline, thrĂ©onine et sĂ©rine, et organisĂ© en rĂ©pĂ©titions en tandem de motifs Ă©lĂ©mentaires plus ou moins conservĂ©s. Cette terminologie tend donc Ă  faire perdre toute signification fonctionnelle au terme mucine[2].

Chez la méduse

Les mĂ©duses sĂ©crĂštent une quantitĂ© importante de mucine (0,1 % du poids humide, soit 3 % du poids sec), dans tous leurs organes et dans la peau, probablement pour la rĂ©gĂ©nĂ©rer et la dĂ©fendre contre les prĂ©dateurs et les organismes opportunistes qui pourraient s'y fixer. Une mucine de mĂ©duse dite « qniumucine » peut ĂȘtre extraite par purification et lyophilisation.

Significations cliniques

Une augmentation de la production de mucine se produit dans de nombreux adĂ©nocarcinomes, y compris les cancers du pancrĂ©as, du poumon, du sein, de l'ovaire, du cĂŽlon et d'autres tissus. Les mucines sont Ă©galement surexprimĂ©es dans les maladies pulmonaires telles que l'asthme, la bronchite, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou la mucoviscidose. Deux membranes mucines, MUC1 et MUC4, ont Ă©tĂ© largement Ă©tudiĂ©es par rapport Ă  leur implication pathologique dans le processus de la maladie[3] - [4] - [5]. Les mucines sont suspectĂ©es d'ĂȘtre de possibles marqueurs diagnostiques pour les tumeurs malignes et les autres processus de la maladie dans laquelle elles sont le plus souvent sur- ou mal exprimĂ©es.

Des dĂ©pĂŽts anormaux de mucine sont responsables des indurations de l'ƓdĂšme facial constatĂ©s dans des cas d'hypothyroĂŻdie non-traitĂ©es. Cet ƓdĂšme est aussi prĂ©sent dans la zone prĂ©tibiale[6].

Applications

La mucine est un émulsifiant. On l'utilise dans le domaine des cosmétiques et en médecine et pharmacie.

Certains individus prĂ©sentent un dĂ©ficit en mucine, qu'on compensait par apport de mucine bovine ou ovine jusqu'Ă  l'arrivĂ©e de la maladie de la vache folle qui a motivĂ© une interdiction de vente de ces produits. En 2007, des chercheurs de l'UniversitĂ© Tƍkai ont isolĂ© la qniumucine (mucine extraite de mĂ©duses gĂ©antes) qui pourrait remplacer ce mĂ©dicament si elle passe avec succĂšs les tests cliniques d'innocuitĂ© pour l'organisme humain[7].

Notes et références

  1. « isto.ucl.ac.be/safe/epitgld1.h
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  2. Nicole Porchet, Jean-Pierre Aubert, « Les gĂšnes MUC Mucin or not mucin ? That is the question », M/S : mĂ©decine sciences, vol. 20, no 5,‎ , p. 569 (lire en ligne).
  3. (en) Ajay P. Singh, Nicolas Moniaux, Subhash C. Chauhan, Jane L. Meza et Surinder K. Batra, « Inhibition of MUC4 expression suppresses pancreatic tumor cell growth and metastasis », Cancer Research, vol. 64, no 2,‎ , p. 622–30 (PMID 14744777, DOI 10.1158/0008-5472.CAN-03-2636).
  4. (en) Ajay P. Singh, Subhash C. Chauhan, Sangeeta Bafna, Sonny L. Johansson, Lynette M. Smith, Nicolas Moniaux, Ming‐Fong Lin et Surinder K. Batra, « Aberrant expression of transmembrane mucins, MUC1 and MUC4, in human prostate carcinomas », The Prostate, vol. 66, no 4,‎ , p. 421–9 (PMID 16302265, DOI 10.1002/pros.20372).
  5. (en) Ajay P. Singh, Pallavi Chaturvedi et Surinder K. Batra, « Emerging roles of MUC4 in cancer: a novel target for diagnosis and therapy », Cancer Research, vol. 67, no 2,‎ , p. 433–6 (PMID 17234748, DOI 10.1158/0008-5472.CAN-06-3114).
  6. Hanberg, Allen "Medical Surgical Nursing: clinical management for positive outcomes" Black and Hawk (Eds.). ElSevier 2009.
  7. Kiminori USHIDA, article du "Journal of Natural Products" du 14 juin 2007 (DOI 10.1021/np060341b), repris par Asahi Shimbun (2 juin 2007) et Science (2 juillet 2007), repris par une brÚve ADIT (brÚve n°43551)

Voir aussi

Articles connexes

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